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Dernière mise à jour : 9 juin 2019
La route de Briey (1) |
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1 - Le château
La première question qui vient à l'esprit au sujet de ce château ne peut être que sa date de construction. Dans son Histoire de Woippy, page 164, en présentant ce château, Réné Paquet décrit une fenêtre au second étage « qui paraît être du treizième siècle » (voir plus bas « Description du château »).Bail du château rédigé le 3 février 1668 pour 6 années consécutives.
"Laisseur" : Messire Charles de Colombet, chancellier et chanoine de l'église cathédrale de Metz et conseiller du Roi au parlement dudit Metz.
"Preneur" : Julliot Mangenot, vigneron, demeurant à Woippy.
(Source : ADM 3 E 2723. Transcription : René Mognon. Orthographe respectée)
Par devant les amans soubsdits fut présent Messire Charles de Colombet chancellier et chanoine de l’Eglise cathédrale de Metz et conseiller du Roy au parlement dudit Metz, lequel a recognu avoir laissé à tiltre de bail pour l’espace de six années consécutives l’une suivant l’autre sans interval, à commencer du jour de Noël dernier, à Julliot Mangenot, vigneron, demeurant à Voippy, présent et acceptant le chasteau dudit Voipy que ledit Sieur de Colombet tient de ladite Eglise cathédrale avec les terres, jardins et autres héritages qui en dépendent. Ensemble dix mouées* de vignes scituées au ban dudit Voippy, six au lieu de Voirimont et quatre en Dalle, que ledit Sr laisseur tient aussi de ladite Eglise. Ce présent bail fait soubz la réserve de la chambre haulte et basse dudit chasteau, du colombier et de la cave en cas de besoing pour servir à l’usage dudit Sr laisseur, à charge aussi de donner et d’apporter dans la maison dudit Sr laisseur audit * Une mouée de vigne = 4,433 ares |
Metz, des herbes potagères provenans desdits jardins selon la saison, et la moitié des fruits des arbres fruitiers que ledit Sr laisseur se réserve, à charge aussi de tenir les allées desdits jardins bien nettes, nettoyer les arbres fruitiers, semer et cultiver lesdits jardins en temps et saison, pêcheler (échalasser), avigner, provigner et façonner de tous points lesdites vignes, et entretenir les manoirs que ledit Sr preneur occuppera, de menues réparations auxquelles les locataires sont tenus pour rendre et laisser le tout en bon estat à dire d’expers et vignerons à ce cognoissans. Sera en outre ledit preneur tenu, donner et délivrer annuellement audit Sr laisseur le tier des fruits desdites vignes frans et quitte, et les deux autres tiers au prix et compte d’hoste de cette ville de Metz, sur et en déduction des aydes qui seront fournies annuellement pour la façon et culture desdites vignes que les parties ont limitées à la somme de cinquante escus par an. Accordé aussi que le Sr preneur sera tenu et obligé de payer annuellement la somme de vingt cinq escus pour le loyer dudit chasteau et dépendances d’iceluy, sy mieux il n’ayme défalquer annuellement ladite somme de vingt cinq escus sur lesdites aydes, ce qu’il a opté et bien voulu faire. Et ne pourra ledit preneur prendre aucun bestail à droit de chastel que des mains dudit Sr laisseur, sinon à son refus le tout à peine de tous despens dommages et insterestz, et de privation du présent bail. Si bon semble audit Sr laisseur pour à quoy satisfaire de la part dudit preneur iceluy en a obligé tous et un chacun ses biens meubles et immeubles présentz et futurs. Fait à Metz le 3 février 1668 et a ledit preneur desclaré ne scavoir escrire de ce enquis. Bardot, Bertrand |
Charles Colombet : conseiller clerc au Parlement de Metz, chancelier en 1660, élu doyen à la suite de la démission de Bossuet le 7 novembre 1669, dignité qu'il résigna en mai 1679. Il est mort à Paris en 1685.
(Etudes sur la cathédrale de Metz, Registres capitulaires (1210-1790), Jean-Baptiste PELT, Evêque de Metz, Metz, 1930). (Source identique pour les biographies suivantes) |
Les différents baux du château
Dates | Descriptions résumées | Cotes ADM |
1682 | Transfert et cession. Charles Dubneil chanoine à François Richier chanoine | 3 E 5523 |
1699, 21 octobre | Bail de 6 ans à Joseph Thiriet et Barbe Bertrand | 3 E 5527 |
1699, décembre | Fermier : Pierre Lamiable et Catherine Michel. Caution de Joseph Thiriet | 3 E 5269 |
1716, 6 novembre | Bail de 9 ans Pierre Gigaye | 3 E 5023 |
1724, 14 août | Bail de 9 ans Pierre Gigaye | 3 E 5024 |
1731, 29 juin | Bail de 9 ans Pierre Gigaye | 3 E 5025 |
1743, 7 septembre | Bail de 9 ans Fleurand Estevenet et Claude Cligny | 3 E 5027 |
1746, 22 janvier | Bail aux sieurs Jean Pater et Abraham Milliard | 3 E 4801 |
1754, 9 novembre | Milliard ? | 3 E 4807 |
1763, 23 mai | Bail Jean Poulin et Anne Lapointe | 3 E 4807 |
1770, 29 août | Bail Sébastien Motte | 3 E 4831 |
1779, 14 mars | Bail 9 ans, Dominique Virion et Anne Cointré, sa femme | 3 E 4831 |
1787, 25 mars | Bail 9 ans, Dominique Virion et Anne Cointré, sa femme | 3 E 4833 |
Résumé de ce dernier bail du 25 mars 1787
Par rapport aux premiers baux précédents, « les charges, clauses et conditions » ont considérablement évolué.
Voici la description des lieux pris à bail pour 9 années consécutives et sans intervalle :
- Le château de Woippy, ses appartenances et dépendances, consistant dans ledit château, les logements, écuries enfermées en icelui, cour, jardin, le tout enclos de haies vives en partie,
- une pièce de terre contenant cinq quarterons ou environ, située derrière ledit château,
- deux autre pièces de terre contenant ensemble neuf quarterons ou environ, situés lieu-dit sous les Vignes,
- quinze mouées de vignes en quatre pièces, la première qui contient quatre mouées situées audit canton de Varimont, la seconde contenant deux mouées lieudit en la Cour, la troisième de quatre mouées située lieudit en Burgeotte, et la quatrième de cinq mouées située lieudit au Chiloux,
- un petit parc contenant un quarteron ou environ situé au-dessous des vignes en Chiloux.
Dans le château, les Sieurs du chapitre se réservent la salle qui et au premier étage, pour tenir les plaids annaux.
La prison demeure réservée au chapitre et sera toujours laissée vacante. Les « preneurs » seront chargés de la garde des prisonniers.
Et voici les charges :
Le château et les dépendances sont pris en l’état et les « preneurs » devront les entretenir et se charger des menues réparations dites « locatives ».
Toutes les constructions ou autres ouvrages que les preneurs pourraient faire à l’intérieur du château pour leur commodité, resteront, à la fin du bail, propriété du chapitre, sans espérance de rétribution.
Les ruisseaux dans toute l’enceinte du château devront être entretenus afin que les eaux ne s’écoulent pas hors de leurs lits. De plus, ils devront veiller à ce que personne ne vienne laver leur linge dans lesdits ruisseaux.
Les chènevières et les jardins devront être bien cultivés.
Dans la première année du bail, les preneurs devront planter cent pieds d’arbres fruitiers, au choix du Sieur prévôt dans les lieux qu’il leur indiquera, et de les greffer de bons fruits, d’entretenir tous les arbres, de les remplacer où il en manquera.
Le jardin sera tenu avec une bonne hygiène et sera planté aussi dès la première année du bail.
Les preneurs devront bien labourer, cultiver, fumer, ensemencer, provigner, échalasser, façonner, et faire tous ces ouvrages de façon annuelle sur les vignes.
Les preneurs devront payer la somme de trois cent vingt et une livres de canon, payable chaque année, entre les mains de M. le Boursier du chapitre en sa demeure à Metz, le jour de la St Martin. Ils ne pourront prétendre à aucune réduction ni diminution sur ledit canon pour quelques cas et accidents prévus ou imprévus.
Au bout de la troisième année du bail, les preneurs devront faire rédiger un état des lieux, à leurs frais.
Il est aussi question de dommages et intérêts, d’hypothèques des biens, meubles et immeubles présents et futurs, de cautions, etc., etc.
Petites explications des mots trescens et trescencier. - Trescens ou métairie : domaine consistant en une maison avec ses dépendances, et terres (labourables), prés, vignes, vergers, chènevières, étangs, etc, appartenant au Chapitre cathédrale de Metz. - Trescencier : Les biens du chapitre devaient être entretenus. Ils étaient donc mis en adjudication parmi les membres du chapitre et celui qui offrait le prix le plus élevé devenait alors trescencier du bien adjugé (seuls les chanoines pouvaient être tresenciers). Chaque année, le trescencier devait payer au procureur fiscal du chapitre le prix convenu et veiller au bon entretien du domaine, généralement en l'affermant par bail de 3, 6 ou 9 années à un particulier. Le bail prévoyait un canon (cens ou loyer) annuel et quelques avantages ou réserves pour le trescencier comme par exemple prélever une part sur les récoltes et habiter une partie des bâtiments. Quand un trescens devenait vacant par suite de la mort du trescencier ou de sa renonciation, il était remis en adjudication. Ceci se terminera avec la révolution de 1789. |
1789, la révolution française
Les biens du chapitre sont vendus en tant que biens nationaux. Jean-Joseph Sechehaye achète le château en 1791, qui restera la propriété de cette famille jusqu'à la fin des années 1970.(Que pour le plan ci-contre) - Jean-Joseph Sechehaye (père) 1084 et 1085, jardin, 53 a 09 233 : maison (petit carré rouge à gauche), 0 a 48 - Jean-Philippe Sechehaye (fils) 238 : pré, 42 a 16 ca 239, jardin, 1 a 05 240, friche le long du ruisseau, 0 a 57 241, 242, jardins le long de l'allée, 1 a 90 243, friche le long du ruisseau, 3 a 78 237, château, 5 a 60 236, jardin, 1 h 28 a 87 250, jardin, 14 a 51 251, maison (actuel presbytère), 5 a 40 252, jardin, 12 a 18 |
Source : Histoire du village de Woippy, René Paquet, 1878, pages 161-166 Demeure seigneuriale du Chapitre de la cathédrale, désignée avant la Révolution sous le nom de Château, titre qui lui est resté. |
(1) On trouve, au musée Migette (hôtel de ville de Metz), un dessin de M. Migette représentant le château vu de face. Il est daté du 10 septembre 1867. Nous donnons ci-contre une gravure à l'eau forte de M. Ad. Bellevoye, représentant également ce château dans son état actuel. (2) Sa hauteur est de 11,80 m, et son pourtour mesuré à la base de 36 mètres, soit 9 mètres pour chaque côté. (3) Les créneaux ont été supprimés au XVIIIe siècle, et plusieurs fois depuis ce mur a été réparé dans sa partie supérieure. (4) Sa largeur est de 6 mètres seulement pour chaque côté. (5) Leur diamètre intérieur est de 3,10 m et leur hauteur, mesurée extérieurement à partir de la base jusqu'à la naissance du toit, est de 6,25 m. Chaque tourelle comprend intérieurement un rez-de-chaussée (qui sur le fossé forme premier étage) éclairé par quatre fenêtres solidement grillées, et un étage supérieur (servant actuellement de grenier) éclairé par trois lucarnes très exiguës qui anciennement servaient de meurtrières. |
Voici un plan du château qui permettra aux lecteurs de suivre plus facilement nos descriptions : On monte au premier étage (7) par un escalier de pierre (8) en forme de spirale et très étroit (9). Cet étage consistait autrefois en une vaste pièce où chaque année se tenait l'assemblée des plaids annaux (10) et air siégeait au moyen âge le tribunal échevinal (11). Le second étage sert actuellement de grenier, et sa façade est éclairée par une fenêtre (12) qui parait être du treizième siècle ; à l'angle, se trouve une meurtrière d'où l’on tirait sur la jetée qui conduit au pont-levis (13). Au troisième étage qui maintenant termine (14) l'édifice, on aperçoit aux angles de la façade des meurtrières à doubles ouvertures. (Voy. le dessin ci-dessous.) |
(6) Que représente le dessin ci-inclus. Cette disposition architecturale est propre au XIIIe siècle. On peut en conclure que le château fut construit à cette époque. Cette salle, est, du reste, le seul endroit de l'édifice qui ait conservé son caractère primitif. (7) La muraille a 0,75 m d'épaisseur sur tout le pourtour du premier étage. (8) Cet escalier s'arrête au second étage. Il a 36 marches ; il est à droite, comme l'indique le plan ci-contre. (9) Sa largeur n'est que de 0,80 m. (10) A partir du XVIIIe siècle, elle se tenait plus ordinairement au domicile particulier du maire de justice. (11) Au XVIIIe siècle, le tribunal s'assemblait plus fréquemment au domicile du maire de justice. (12) Elle est divisée en deux fractions par un meneau en pierre orné d'une colonnette. Cette fenêtre est la seule qui soit restée intacte depuis la construction du château ; celle qui éclaire sur la façade la salle du rez-de-chaussée est moins ancienne. (13) Le pont levis n'existe plus, mais la porte d'entrée a été conservée. Elle a 2,55 m de haut sur 1,10 m de large. A gauche, on remarque encore dans le mur le trou par lequel passait la chaîne du pont. (14) Avant la Révolution, il y avait un étage de plus consistant en une plate-forme crénelée. Nous ignorons en quelle année les créneaux furent détruits et la plate-forme remplacée par un toit ordinaire couvert en tuiles. |
Par l'ouverture supérieure, on pouvait braquer une arquebuse ou toute autre arme du même genre, et l'ouverture inférieure, de forme ronde, était assez large pour donner accès à la bouche d'une petite pièce d'artillerie. La tourelle gauche du derrière (voy. le plan ci-dessus) servait de prison. Le rez-de-chaussée n'a pas de fenêtres et n'est autre chose qu'un cachot obscur et voûté (15) dans lequel on pénètre par une porte basse (16), au centre de laquelle est un jour grillé, seul orifice qui permette à l'air d'entrer dans la pièce. Les fossés qui entourent le mur d'enceinte sont présentement desséchés, mais non entièrement comblés. Ils ont 11 mètres de large sur environ 2,50 de profondeur (17), et étaient autrefois alimentés par un bras du ruisseau de Woippy qui les domine et coule à quelques mètres de là. Au château est annexé un domaine qui, avant la Révolution, consistait en « jardins (18) et dépendances, trois jours ou arpents de terres labourables situées au ban de Dasle, un quarteron de pré et seize mouées de vigne dont dix sur le ban de Woippy, le tout laissé à Dominique Virion pour l'espace de neuf années, par bail public passé devant M. Bernard, notaire à Metz, le 25 mars 1781, moyennant un canon annuel de 325 livres (19). » Dix ans avant, en 1771, le fermier de ce domaine était un nommé Sébastien Malte. En 1778, le Chapitre fit exécuter diverses réparations au château (20), qui, en 1791, fut acheté par J. Joseph Sechehaye, et depuis cette époque a toujours appartenu à sa famille. |
(15) Sa hauteur n'est que de 2,80 m. C'est dans ce cachot qu'étaient les sorciers. (16) Elle a 1,60 m de haut sur 0,80 de large et est encore garnie de son ancienne serrure d'énorme dimension que renforçait un verrou extérieur. (17) Depuis le commencement du siècle, époque de leur desséchement, le sol amodié en pré s’est considérablement exhaussé. (18) L'un de ces jardins, nommé le Jard et contigu au château, était alors planté de mûriers. (19) Archives de la famille Sechehaye (communiquées par M. Jules Sechehaye, juge au tribunal civil de Sedan. (20) Extrait d'une feuille intitulée : Délibérations capitulaires - Archives de la famille Sechehaye. |
Photographie de Mlle Madeleine Berveiller (1898) |
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La façade Nord dans les années 1910 (CP - Phototypie Fiacre, Nancy) |
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Façade Sud vers 1950 (CP - Photo Boutault, Metz) |
Au dos de cette carte postale : Le vieux château, forteresse avancée de Metz comme d'autres maisons fortifiées, églises des environs, date de la fin du XIIème siècle. - Construit au carrefour des routes de Briey et du chemin longeant le bas des côtes de Moselle, l'Est (venant de Fèves, Semécourt, Norroy) il barrait la route de Metz à l'entrée N.O. de Woippy. - Sa façade Nord n'avait que des meurtrières étroites. - Il a joué le même rôle en 1944. - A la libération, la terrasse N.O. était garnie de sacs de terre, rondins, briques, matelas, pour tireurs individuels et le donjon percé de meurtrières supplémentaires (vers le N.O.) pour armes automatiques prenant les routes en enfilade. - Sa façade Nord qu'on ne voit pas sur la carte postale était très abîmée par deux obus d'assez gros calibre (tourelles décoiffées, murs percés, trous dans la cuisine et remise) et d'autres projectiles de moindre importance. - Une bombe incendiaire était d'ailleurs tombée en août 44 contre la façade Sud que l'on voit sur la carte mais sans résultat. |
Vers 1938 (CP - H. Brunot, Paris) |
1941 |
« Le Trait d'Union - Le Lorrain des Réfugiés de l'Est » Les hommes s’agitent, les éléments déchaînés s’abattent sur le pauvre monde, mais au milieu de la tempête restent impassibles les solides témoins du passé. Si les pierres ont une âme, elles doivent sourire de la folie des hommes, tel ce vieux château de Woippy, dont la massive silhouette prêche le calme imperturbable. Les saisons passent, et les catastrophes aussi, et la jeune verdure se fait de nouveau câline auprès des vieilles pierres qui ont toujours raison. |
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Dans les années 1950 (CP - Photo Jean Lirot, Moulins-lès-Metz) |
Et aujourd'hui (Photo Denise Himmelsbach) |
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