2 - Les maisons situées en face du château
Sur le bail ci-dessous daté du 20 septembre 1667, il ressort que le tresencier Charles de Colombet, laisse à bail pour 9 années consécutives une maison située devant le château avec jardin derrière, les appartenances et dépendances moyennant un loyer de 12 écus messins payable chaque année le jour de Noël.
A cette époque, aucun plan n'existe, et pour toute indication qui pourrait permettre d'imaginer l'implantation des lieux, le preneur doit « faire une porte cochère pour entrer un char ou carosse à l’entrée de ladite maison, et donner place et lieu suffisant dans l’écurie aux chevaux dudit sieur laisseur, toutefois et quand lui ou ses gens se rendront à Woippy, et aussi faire faire une porte
dans l’étable à vaches joignant la grange de la maison ».
Ci-dessous, le bail en question :
( ADM 3 E 3648 ) |
Bail pour Mr de Colombet
20 7bre 1667
« Par devant les notaires royaux establis à
Metz soubsignés furent présents en personnes
Monsieur Maître Charles Colombet, conseiller du Roy
en sa cour de parlement de Metz, chancellier
et chanoine de l’église cathédrale, et
trescensier du château de Voippy et ses
dépendances d’une part, et Claude
Domballe mulnier au moulin dudit Voippy
d’autre, lesquelles parties ont fait le traité
qui ensuit :
scavoir est que ledit sieur de
Colombet a recognu avoir laissé à tiltre
de bail pour neuf années consécutives
l’une suivant l’autre, sans interval, à commencer au jour de Noël prochain
audit Domballe présent et acceptant une
petite maison scituée devant le château
dudit Voippy avec le jardin derrière et
les appartenances et dépendances comme
le tout se contient, moyennant la
somme de douze escus messins de loyer
annuel, payable au jour de Noël de
chacune année, dont le premier payement
commencera au jour de Noël prochain
de l’année prochaine que l’on comptera
mil six cent soixante huit, à charge
et condition aussy, que ledit Lombard
sera tenu et obligé de faire une porte
cochère pour entrer un char ou carosse
à l’entrée de ladite maison laissée
et donner place et lieu suffisant
dans l’escurie de ladite maison aux chevaux
dudit sieur laisseur, toutefois et quantes
luy ou ses gens iront audit Voippy,
comme aussi de faire faire une porte
dans l’estable à vaches joignant la
grange de ladite maison, le tout aux frais
dudit Domballe, sans que ledit sieur de
Colombet soit obligé que luy fournir
quatre pièces de bois sur le pied à
prendre ez bois de Messieurs de chapitre,
à condition aussi que ledit Domballe
sera obligé d’entretenir ladite maison laissée
et ses dépendances de toutes réparations
grosses et menues, à la réserve des
vilains fondoirs, et veult bien et consent
ledit sieur de Colombet qu’en conséquence
dudit bail, ledit Domballe jouisse pendant
lesdites neuf années de la pesche des
fossés du château dudit Voippy, à charge
de l’alviner et d’y laisser à la fin dudit
bail, la quantité de cent carpes d’alvins
et cent tanches, et à condition de payer
annuellement trente frans messins de
loyer au terme cy-dessus déclaré, à
quoy ledit Domballe s’est volontairement
submis et ne pourra ledit Lombard
ce que dessus, relaisser n’y mettre
hors de ses mains que du gré adveu
et consentement dudit sieur de Colombet
et par escrit promettant, obligeant,
renonceant. Fait à Metz le XXe septembre
mil six cent soixante sept, et ont signé. »
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Si le bail ci-dessus ne décrit absolument pas la petite maison en question, le document ci-dessous, daté du 27 janvier 1746, décrit en partie une maison en face du château, mais quatre-vingt-dix ans plus tard, s'agit-il encore des mêmes bâtiments ?
« 27 janvier 1746
L'an mil sept cent quarante six le 27 janvier
Sur la réquisition verbale à nous faite par Messire Protais Du Perier prêtre chanoine de l'Eglise cathédrale de Metz, de lui donner une déclaration des maisons, terres, prés et vignes de son trescens qu'il a eu du chapitre après la mort de Mr Rollin Lainé et d'affirmer que nous l'intruisons de toute l'étendue et dépendances dudit trescent.
Nous Maire et Gens de Justice de la seigneurie de Woippy avons procédé comme il s'ensuit :
Premièrement.
Devant le château de Woippy est une maison de maître située entre cour et jardin consistant en une salle d'entrée, salle de compagnie, chambre haute, cabinet et greniers avec cuisine, grange et un caveau, un jardin potager de vingt une verges de longueur sur seize de largeur fermé pour un tiers d'un mur et les deux autres tiers de palissades, au milieu dudit jardin est un colombier élevé sur quatre piliers de pierres et couvert en ardoise.
Attenant ladite maison en est une autre pour loger le vigneron consistant à une cour d'entrée, une salle avec un cabinet, étable à vaches et une pour des porcs avec un jardin à côté planté de différents arbres fruitiers de la contenance d'environ trois quarts de jour de terre.
Il dépend desdites maisons une pièce de vigne lieu-dit au Chaneu de la reine contenant environ vingt mouées, aboutissant au nord sur le sentier de Lorry et au midi sur le pré ci-dessous appartenant au possesseur, joingnant à l'orient les héritiers de Mr le Président Fery et à l'occident plusieurs particuliers.
Plus un pré d'environ deux fauchées et demie aboutissant au nord sur la pièce de vigne ci-dessus et au midi sur les terres du possesseur séparé par le ruisseau de la bonne Fontaine joignant à l'orient le pré des héritiers de Mr le Président Fery au couchant.
Plus une pièce de terre d'environ trois quarterons aboutissant au nord sur le ruisseau de la bonne Fontaine et le pré ci-dessus et au midi sur une haie vive qui sépare les vignes joignant à l'orient les terres de Mr le Président Balhunné et à l'occident ...
Protais Duperier : né à Dinan (Bretagne), reçu chanoine le 22 juin 1741, est mort le 1er février 1787.
Jean-François Rollin : boursier du chapitre, mort en 1744. |
Toutes lesquelles maisons, terres, prés et vignes sont de temps immémorial à la jouissance paisible de nos seigneurs les vénérables chanoines de l'église cathédrale de Metz.
Ce que nous attestons véritable. Fait à Woippy le jour et ans que ci-dessus. »
D'après le premier plan de 1809, les maisons en face du château
Trois maisons sont dessinées : 111, 112, 114. Le petit carré rouge au bas, n° 110, est une petite maison dite « de jardinier » d'une superficie de 18 m
2.
A cette date de 1809, ces quatre maisons appartiennent : 110-111, à M. Poncelet ; 112, à M. Fauconnier ; 114, à la Veuve Bouland.
Au sujet des documents précédents, il devrait s'agir de l'une de ces trois maisons.
Historique (récent) de ces maisons :
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Maison n° 111 (inclus n° 109 et 110)
Cette maison fut acquise au District de Metz le 26 avril 1792 par
Nicolas Francin, évêque constitutionnel du département de la Moselle, qui ce même jour achetait aussi la maison n° 112.
Après sa mort, ces deux maisons furent vendues par sa sœur Madeleine Francin : n° 111, à Claude Poncelet le 10 floréal an XI ; n° 112, à Jacques Barrault.
Voir l'acte de vente du 10 floréal an XI (30 avril 1803) : - clic -
Gaspard de Besse de la Richardie : né le 10 mars 1715 à Auriac (Puy-de-Dôme), docteur de la Sorbonne, reçu chanoine le 29 mars 1743, nommé chantre par le roi en 1747, résigna cette dignité en 1786. Il est mort à Metz le 15 novembre 1791, dans sa maison canoniale, rue aux Ours.
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D'après René Paquet (p. 160), la maison n° 111 a été construite en 1769 par M. de Besse, chanoine et grand chantre de la cathédrale.
L'évêque de Metz, Mgr Louis-Joseph de Montmorency-Laval y a fréquemment séjourné en été.
Les propriétaires qui depuis s'y succédèrent furent M. Guéden, 22 novembre 1831 (acte de vente : ADM 350 U 38) ; M. Mangin, 6 septembre 1859 ; M. Berveiller, 12 mars 1867. (René Paquet, p. 161)
Cette maison est en vente sur le journal
Le Courrier de la Moselle les 17 octobre, 31 octobre et 1er décembre 1863 et 5 mars 1864.
Ci-dessous, la maison "111", maison Berveiller, côté jardin (trois photographies réalisées par Mlle Madeleine Berveiller aux alentours de 1900).
Une vue du jardin |
(Phototypie A. Bergeret & Cie, Nancy) |
(Imprimeries Réunies, Nancy) |
(E. Grégoire, Librairie Hauser, Metz) |
Extraits de cartes postales de 1900 |
Cette demeure fut en partie démolie lors de la libération de Woippy en 1944. Après sa démolition complète dans les années 1950, un nouveau bâtiment fut reconstruit.
Ci-contre, janvier 2011.
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Maison n° 112 (inclus n° 113)
Nous l'avons vu ci-dessus, pendant la révolution, elle appartenait à Nicolas Francin, évêque constitutionnel de la Moselle, qui l'avait acquise au District de Metz le 26 avril 1792. Le terrain n° 113 a une superficie de 18,36 ares.
Le 10 floréal an 11 (30 avril 1803), cette maison est achetée par Jacques BARRAULT et Catherine FAUCONNIER
(ADM 350 U 2).
Cette demeure, composée de cour, chambres, cabinet, grenier, cave, jardin, aisances, appartenances et dépendances, située entre Mr Poutet au midi, d'une part, et Mme Bouland, d'autre part, le jardin en dépendant au levant et la route au couchant, est vendue le 10 mars 1809 à Nicolas Benoît Victor de BECCARY, ancien officier, demeurant à Metz, place Ste-Croix
(ADM 349 U 5).
Le 1er septembre 1813, elle est acquise par Jean-François MATHIEU, rentier, habitant Metz, rue Ste-Marie
(ADM 358 U 14).
Après le décès de ce dernier le 23 août 1838 et celui de son épouse Elisabeth Barbe Geisler le 9 août 1838, ses deux enfants, Anne Barbe Mathieu, épouse Jacques Etienne Bellisent, et Suzanne Mathieu se partagent la succession. Et le 1er avril 1839, cette maison revient à Suzanne Mathieu
(ADM 349 U 60).
Le 8 février 1854, la maison est vendue à la municipalité et devient le presbytère, qui précédemment se situait en haut de Nachy.
En 1894, cette maison presbytérale est mise en vente suite à l'achat de la maison rue de Biche pour en faire le presbytère actuel.
Annonce ci-contre (Dimanche 8 avril 1894, journal
Le Lorrain).
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Maison n° 114 (inclus n° 100)
En 1809, le relevé cadastral indique que la maison, d'une superficie de 5,16 ares, appartient à la Veuve Bouland, rentière ; le terrain attenant n° 100 a une superficie de 34,80 ares.
Par la suite, cette maison (de ferme) appartient à Mlle Rose Marcus.
De son vivant, cette demoiselle (décédée le 5 octobre 1855) et le maire de Woippy, avaient échangé verbalement une partie de son terrain jouxtant la maison présbytérale contre une partie à peu près équivalente dans le jardin du presbytère situé derrière sa propriété. Ceci pour permettre l'agrandissement du presbytère en vue de la construction de chambres.
Après le décès de Rose Marcus, ses biens furent vendus et la maison de ferme fut acquise par Mr Roget.
Il est à supposer que cet échange n'était pas stipulé lors de la vente, car en mars 1857, le nouveau propriétaire règle cet échange. Après visite sur les lieux, quoique de superficies inégales, les deux parcelles sont déclarées de valeurs identiques.
Voir le procès-verbal : - clic -
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Après ces trois maisons, en continuant notre chemin, nous apercevons quelques constructions dont une assez importante, elle porte sur le plan le numéro 116.
En 1809, le propriétaire est le laboureur Michel Delatte. La superficie du bâtiment est de 9,56 ares, le terrain attenant, n°115, totalise 47,90 ares.
D'après des anciens de Woippy, à l'époque, il y aurait eu là un relais de Poste.
Peut-être l'annonce ci-dessous du Courrier de la Moselle, du 3 janvier 1863, confirme-t-elle leurs dires ... |
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Pour la petite histoire, en 1874, lorsqu'il était question de créer un service de tramways hippomobiles à Metz, Georges Braun, demeurant à cette époque à Metz, rue du Pont-St-Marcel, se présenta pour obtenir la concession : « Je possède de grandes écuries et de grandes remises, j'ai des harnais pour atteler 50 chevaux et tous les accessoires d'une grande exploitation, personne ne peut être prêt plus tôt que moi à exploiter un tramway à Metz. Je sais où prendre des petits wagons pour les avoir en peu de temps.... »
Cette personne qui, avec d'autres, partageait à cette date un service d'omnibus à Metz et dans les environs avait déjà essayé un service entre Metz et Woippy en 1865. On relève à ce sujet dans le Courrier de la Moselle du 20 octobre 1866, la vente de 10 chevaux provenant des Omnibus de Woippy et Plappeville dont le service cessera cette année le vendredi 26 octobre courant. (Ci-dessous) |
Et plus récemment, 2019, voir les travaux en cours en face du rond-point, soit le N° 7, rue de Briey | clic |.
Encore plus récemment : un nouveau magasin d'alimentation tout de suite après le virage : un magasin CARREFOUR | clic |.