raconte-moi-woippy Retour menu

  Dernière mise à jour : 9 mars 2011

La route de Briey
(4)

| Retour menu « Rues de Woippy » | Page précédente | Page suivante : Le moulin haut au XIXème siècle |

4 - Le moulin dit « le moulin haut »
du « début » à la révolution de 1789

Après la maison et la ferme (page précédente), il n'y a plus que des jardins et des cultures à perte de vue. En continuant notre marche, environ 200 mètres plus loin, un petit chemin sur la gauche mène, après avoir passé le gué du ruisseau, à un moulin, dit « le moulin haut ».
Il est absolument impossible de situer avec précision la date de construction de ce moulin.
Toutefois, dans les rouleaux des Rôles de bans, conservés aux Archives municipales de Metz, il est déjà question d'un moulin à Woippy en 1241. Est-ce celui-ci ? Ou s'agit-il du moulin situé au centre du village, nommé, en 1335, lou moulin an Valz ? (Le moulin bas se situait sur la place du Champé, à l'emplacement de l'ancienne coopérative fruitière qui a été transformée il y a une dizaine d'années en appartements.)
Pour voir les rôles de bans concernant le ou (les?) moulin(s) de Woippy : - clic -

Ci-contre, aujourd'hui, l'ancien moulin vu depuis la route de Briey.
Présentation des lieux : le premier bâtiment de gauche était à l'époque le deuxième moulin (le moulin neuf) construit en 1843-44. Ce moulin ne comprenait que le rez-de-chaussée. Il fut surélevé au début des années 1960 en même temps que la construction du bâtiment suivant (d'où s'élève la fumée) pour réaliser l'habitation actuelle des propriétaires.
La construction suivante au toit plus élevé, servant d'écurie, date de la fin des années 1940. A la suite, au fond, le bâtiment de l'ancien moulin.
Sur le côté droit, les granges et écuries.
Il serait imprudent d'affirmer que le bâtiment de l'ancien moulin soit exactement celui d'origine, tout en sachant que l'ancien moulin a été « reconstruit presque tout à neuf » dans les années 1822-1824.

Cette remarque restant en suspend, arrivons tout de suite au premier écrit citant le moulin haut : un parchemin daté du 21 septembre 1454.


Document parchemin, dimensions : 420 x 320 mm

Que nous dit ce parchemin ?
Nicolas Dex était trésorier de la cathédrale depuis 1436. Il est décédé le 25 juin 1477.
Le 21 septembre 1454, le chanoine Nicolle Dex, de la grande Eglise de Metz a acquis pour son tréfonds (bien propre) et pour toujours, à Melline, femme de Jehan Clowellat de Woippy, qui fut (décédé), son dowaire (portion de biens donnés par le mari à sa femme, dont elle jouissait, si elle devenait veuve, et qui passait à ses enfants).
Voir le transcription complète : - clic -
La famille Clowellat demeurant au moulin est détaillée dans cet acte :
Melline est veuve de Jehan Clowellat, 4 enfants (soulignés) vivent au moulin : Jennette, épouse Dediet ; Jehan Despillet, mari de Roinette, décédée, et la soeur de Jehan, Collatte ; Maiesson, épouse de Philippe, décédé, et ses deux enfants Jehan et Michiel ; et Didiet (absent du pays).

Description des lieux :

le mollin mollant que ciet à Waippey, le gerdinet daier ledit mollin et le foullon encosté et encor tous l’uzewaire que

audit mollin appant et apartient, devant, daier et encosté. Et tous lez preiz que vont dez ledit mollin

et en jusque au fousseiz du grant prey. Et la close
(écluse) teille

comme elle est d’ancienneteit et l’uzewaire qui appant à ladite close exceptez les saulf que vont sur

le grant prey desoubz la close ; lequelx mollin dessusdit avec ceu qui...


Cette description fait aussi état d'un foulon. Le foulon se composait de pilons verticaux (ou de maillets inclinés) mus par un axe en rotation comportant des cames permettant de manœuvrer les pilons qui frappaient tour à tour sur toutes les parties du drap placé dans une espèce d'auge circulaire contenant des eaux alcalines dans lesquelles on ajoutait de la terre à foulon, et où l'étoffe était tournée et remuée dans tous les sens.
La terre à foulon, délayée dans l'eau et battue, mousse comme le savon, elle a la propriété d'absorber les corps gras.

A cette date de 1454, le moulin bas et le moulin haut appartiennent au chapitre cathédrale de Metz. Ils sont mis en fermage, par bail de 6 ou 9 années. D'après les archives existantes, on peut déduire que le bail était conclu pour les deux moulins. En 1455, le « preneur » est le meunier Collesson, de Verdun.
Ci-dessous, quelques baux, sur parchemins (ADM, G 818) :

13 septembre 1455
Collesson de Verdun

18 octobre 1485
Jean Pullusse et Gérard le Pelletier

10 octobre 1491
aux mêmes

Les différents « preneurs » jusqu'à la révolution de 1789 sont :
- 24 février 1570 : Jehan d'Arlermont, meunier.
- 20 mai 1580 : Claude le Volgien, meunier de Woippy.
- Juillet 1594 : Fremin le Hocquart, meunier des moulins.
- 28 janvier 1595 : Perrin le Hocquart, ci-devant meunier de Woippy, Fremin le Hocquart, son fils à présent meunier.
- Juin 1599 : Jean Lasoury, meunier à Woippy. Le trescencier des moulins est Dominique Bardot, chanoine.
- 27 novembre 1611 : Jean Lasoury remplacé par Nicolas Lasoury, maire de Woippy jusqu'en 1636.
- 20 novembre 1636 : Détails des réfections à réaliser aux deux moulins laissés par feu Nicolas Lasoury, meunier des moulins.
- 1er avril 1651 : Claudin Jeandidier, fermier des moulins de Woippy.
- 15 juillet 1658 : Claudin Jeandidier laisse à bail pour 8 années à Gaspard de Haye dit « la Rivière » et Claudine Pierelz son épouse, les deux moulins à blé.
- 2 septembre 1662 : Jean Pierelz le jeune, fermier des moulins de Woippy. Françoise Corbet son épouse.
- 1er février 1663 : Barthélemy Thomas, fermier des moulins de Woippy, laisse le temps qui reste à Jean Pierelz pour expirer le bail.
- 2 mars 1663 : Jean Pierelz le jeune, fermier des moulins de Woippy.
- 9 septembre 1664 : Bail des deux moulins haut et bas à Claude Domballe, meunier, et Barbe Virion, son épouse.
- 31 mai 1673 : Mathias Rantenot, meunier des moulins et Margte Domballe, sa femme.
- 3 juin 1673 : Compromis et expertise : Femme Barbe Virion délaissée par Claude Domballe.
- 9 juillet 1673 : Bail de 9 ans par Gabriel Bailly, chanoine et prévôt de Woippy, pour Dieudonné Pillat, demeurant à Loyville (commune de Sillegny) et Jean Marchal, meunier à Louvigny.
- 2 juin 1678 : Bail de Claude Domballe expiré, Dieudonné Pillat meunier, et Margt Marchal son épouse. Ce bail expirera le 1er novembre 1682.
1682 : Requête de Dieudonné Pillat, fermier des moulins, contre les laboureurs du lieu.
- 21 juillet 1699 : Contrat de mariage entre Dieudonné Vion, meunier au moulin bas, fils d'Etienne Vion et Margt Virion, et Françoise, fille de Dieudonné Pillat et Margt Marchal, meuniers au moulin haut.
- 27 février 1702 : Bail de 6 ans des moulins de Woippy à Antoine Regnault et Barbe Lawalle (Renonciation de Dieudonné Pillat).
- 9 avril 1706, 1er novembre 1715, 9 février 1719 : Renouvellements du bail ci-dessus. Expire le 1er novembre 1724.
- 11 juin 1726 : Bail de 6 ans (commencé le 1er novembre 1724), à Jean Bertard, meunier à Pierrevillers, et Gouriate Renauld sa femme.
- 22 mai 1730 : Renouvellement du bail ci-dessus.
- 16 mars 1739 : Messire Louis Nicolas, chanoine et prévôt de Woippy fait un bail de 9 ans des moulins à Mathias Louis et Gouriate Renauld, veuve de Jean Bertard ci-dessus.
- 1747 : Renouvellement du bail ci-dessus.
- 21 août 1748 : Les moulins sont tenus par Mathias Louis. (Annonce ci-dessous. ADM, 3 E 4802)

Armes du chapitre cathédral de Metz
- 21 mars 1749 : Bail de 9 ans à Mathias Louis, meunier, et Goeuriotte Renauld, sa femme.
- 25 février 1757 : Bail des moulins à Mathias Melchior et Marie Claisse sa femme.
- 20 octobre 1757 : Cession du bail ci-dessus à Pierre Barrière, meunier au moulin de la Roche à Clouange, et Marie Coruel, son épouse. Bail renouvelé en 1764 pour 9 années, soit 1773 (ligne ci-dessous).
- 29 décembre 1773 : Bail renouvelé pour 9 années, expire le 15 mars 1784. Question aussi du bail du moulin bas passé le 5 août 1765.
- 8 février 1780 : Moulin bas, bail de 9 ans à Claude Villeroy, ancien directeur général de hôpitaux militaires du département des Evêchés, renouvelé le 20 avril 1789.
- 3 septembre 1782 : Suite au décès de Marie Coruel, Dominique Barrière, fils mineur de Pierre Barrière, reconduit un nouveau bail pour une durée de 9 années. Dans ce bail, description du moulin haut (aussi décrit dans les baux précédents) :

Le moulin haut dudit Woippy, ses appartenances et dépendances, ensemble un grand jardin planté en potager et le surplus en chènevières et pâtural situé au-devant dudit moulin haut, attenant des écuries, contenant trois arpents messins plantés d’arbres fruitiers de différentes espèces dans la partie en pâtural ou verger, une pièce de parc contenant au moins trois arpents aboutissant sur l’écluse dudit moulin, une pièce de terre labourable contenant trois arpents située de l’autre côte de ladite écluse, et un terrain contenant un quarteron ou environ, dans lequel il y a plusieurs cerisiers et noyers situés au-dessous dudit moulin, le tout dépendant du domaine dudit chapitre.

2 novembre 1789, confiscation des biens du clergé. Le décret du 19 décembre 1789 autorise leur vente. Mai 1790, début des ventes.

- 5 mai 1791 : Le moulin haut, propriété du Chapitre cathédrale de Metz, est acquis par Nicolas Lapointe, marchand de bois à Woippy, au prix de 19 300 livres pour une mise à prix de 10 000 livres. (Le moulin bas est acquis le 26 février 1792 par Dominique Barrière.)
- 14 juin 1791 : Nicolas Lapointe vend le moulin haut à Joseph Blanc, meunier à Lorry devant-le-Pont (futur Lorry-Mardigny) et Jeanne Badé son épouse.
- 28 mai 1792 : Le bail de Dominique Barrière passé le 3 septembre 1782 (avant la révolution de 1789) est toujours valable (malgré la vente de 1791...) et l'acquéreur Nicolas Lapointe par un acte chez le notaire assigne Dominique Barrière au payement du canon de 600 livres. Cet acte indique le nom de l'épouse de Nicolas Barrière : Barbe Génot.



Petite précision sur les acheteurs du moulin haut le 14 juin 1791, Joseph Blanc (écrit aussi Blan) et Jeanne Badé.
Jeanne Badé a une sœur, Madeleine, mariée à Jean Bérard. Ils achètent à Woippy une maison (de François Lapied) le 14 nivôse an 13 (4 janvier 1805) aujourd'hui au niveau de la grande porte cochère à gauche de l'entrée de la Boucherie Barthélemy-Dier (aujourd'hui Haas depuis novembre 2013). Cette maison fait office d’auberge et plus tard, ils font construire une auberge sur le terrain d'en face, de l'autre côté de la route, lieu-dit Jeu de quilles. Après plusieurs propriétaires, cette auberge est démolie en 1883 pour céder la place à l’école actuelle Jacques-Prévert.
Pour plus de détails, voir la page « Rue du Général-de-Gaulle - Ecole de filles ».

| Retour menu « Rues de Woippy » | Haut de page | Page précédente | Page suivante : Le moulin haut au XIXème siècle |

raconte-moi-woippy Retour menu