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Mademoiselle Marie Rose MARCUS
1793 - 1855
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Les documents présentés sont extraits des Archives départementales de la Moselle ou des Archives municipales de Metz.
Toutes les recherches et études ont été effectuées par M. René MOGNON, membre de la Société d'Histoire de Woippy.

L'église de Woippy
La construction et la donation à la commune de Woippy

Mademoiselle Marie Rose Marcus, âme pieuse et rentière, entreprend au printemps 1848 de faire construire à ses frais, sur un terrain lui appartenant, une église au centre du village, à l’ouest de la place dite de la Chapelle (place « Dessous l'Orme » dans les temps anciens).

Les travaux sont confiés à Emile et Sylvain Sturel, entrepreneurs, d’après les plans de l’architecte messin Charles Gautiez.
La première pierre est posée le lundi de Pentecôte 12 juin 1848.
( A noter que pendant les travaux, un accident mortel endeuille une famille du village - novembre 1848)
La consécration de l’église, dédiée aux Sacrés Saints Cœurs de Jésus et de Marie, a lieu le 1er mai 1850 par l’évêque de Metz, Monseigneur Dupont des Loges.

( Annuaire du Département de la Moselle. Verronnais. Années 1850/51. Pages 86, 87, 88. )


A. Bellevoye - 1866
Mai 1850. - C'est le 1er mai qu'a eu lieu la consécration de la nouvelle église de Woippy, cette solennité était d'autant plus digne d'intérêt, qu'elle renouvelait un antique et pompeux cérémonial du pontifical romain, que nos pères déployaient à une autre époque de ferveur et de foi. Les populations des villages voisins s'étaient réunies en foule pour assister à cette imposante cérémonie.
Le style de la nouvelle église de Woippy est l’ogival primitif à lancette, époque la plus pure du XIIIe siècle ; sa coupe est celle des anciennes basiliques, elle est remarquable par l’élégance de ses formes, par l’heureuse harmonie de ses lignes, par la sage distribution des ornements et surtout par sa parfaite unité.
Le portail est surmonté d’une tour composée d’un corps carré et d’une flèche entourée de quatre pyramides à jour ; la tour est accompagnée de deux tourelles qui renferment les escaliers.
La face antérieure de la tour est percée, au-dessus du portail, d’une charmante rose qui appartient à l’époque de transition, ainsi que la croix qui couronne le portail.
L’intérieur de l’église offre une nef principale et deux bas-côtés ; la nef, qui forme avec le transept une croix latine, est séparée des bas-côtés par des groupes de colonnes couronnées de chapiteaux richement sculptés qui soutiennent une voûte en pierre coupée par des nervures ornées à leur intersection de clés sculptées d’une dessin varié.
Le chœur, de forme polygonale, se compose d’un avant-chœur avec bas-côtés, et du sanctuaire, où se trouve le maître-autel qui, à lui seul, est un véritable petit monument qui contribue puissamment à la décoration intérieure de l’édifice. Les quatre piliers du fond du chœur sont ornés des figures des quatre évangélistes, supportés sur de riches culs-de-lampe et couronnés de dais du XIIIe siècle.
Disons en passant, que cet édifice eût considérablement gagné, si les deux tourelles qui accompagnent la tour principale eussent été couronnées de flèches en pierre ; toutefois, malgré ce défaut qu’on ne doit pas craindre de signaler dans une œuvre sérieusement conçue et consciencieusement exécutée, la nouvelle église de Woippy fait le grand honneur à son architecte, M. Gautiez, qui a déjà doté notre contrée de plusieurs monuments du Moyen Âge, et à MM. Sturel, entrepreneurs.
Cette église due à la munificence d’une âme pieuse, Mlle Marcus, fille d'un ancien pharmacien de Metz, restera comme un monument authentique de la charité et de la foi de sa fondatrice dont le nom vivra à jamais dans l’histoire de l’art chrétien au XIXe siècle.
Exprimons à cette occasion un vœu : c’est celui de voir le style ogival appliqué désormais à la construction de nos monuments religieux. Ce style est à la fois le mieux approprié aux cérémonies du culte catholique, et le plus en harmonie avec son symbolisme ; enfin, et c’est surtout par cette considération qu’à nos yeux il doit l’emporter sur l’art antique, c’est qu’il rompt complètement avec les traditions de l’art païen, comme la religion du Christ a rompu avec le polythéisme.
14 juillet. - Les habitants de la commune de Woippy, pour témoigner leur reconnaissance à Mlle Marcus, de Metz, qui leur a fait bâtir une si jolie église, décident qu'à l'avenir ils célèbreront leur fête patronale le deuxième dimanche de juillet, époque qui concorde avec la fête du Sacré-Cœur, sous l'invocation duquel se trouve placée la nouvelle église de Woippy. Cette année, ils l'ont déjà célébrée avec pompe et munificence.

Quelques mois plus tard, Rose Marcus décide d’aller jusqu’au bout de sa générosité, le 8 novembre 1850, elle rédige un testament dans lequel elle fait don de l’église qu’elle a fait bâtir dans son jardin à la commune de Woippy :


( A.D.M. 48 E 175 )

Ce testament aurait pu en rester là, puis la donation se serait réglée après son décès, mais quatre ans plus tard, le 22 août 1854, Rose Marcus décide d’anticiper la donation et se rend chez son notaire, Me Rollin, pour rédiger l’acte de donation :

Etude de Me A. ROLLIN, Notaire à Metz.
Donation d'une Eglise située au village de Woippy par Mademoiselle Marie-Rose Marcus, rentière, demeurant à Metz, à la commune de Woippy.
22 août 1854.

  Par devant M. Auguste Rollin, notaire à Metz, soussigné, et en présence des témoins ci-après nommés, aussi soussignés ;
a comparu :
Mademoiselle Marie-Rose Marcus, rentière, demeurant à Metz, rue sous Saint Arnould, n°2 ; Laquelle en bonne santé de corps et en parfaire liberté d’esprit, voulant faire une œuvre utile à la commune de Woippy, à laquelle l’attachent des souvenirs de famille en même temps que des intérêts de propriétaires ;
Considérant que l’ancienne église qui était en dernier lieu à l’usage des habitants de cette commune est située hors du village et à une assez grande distance des habitations ; que cet éloignement prive les vieillards et les infirmes de la consolation d’assister aux offices ou les expose à des accidents durant la mauvaise saison et rend difficile même aux personnes valides l’accomplissement de leurs devoirs religieux ;
Considérant d’un autre côté que cette ancienne église est une simple maçonnerie sans aucun goût architectural et d’une disposition intérieure peu convenable ;
A, par ces présentes, déclaré faire donation entre vifs et irrévocable ;
A la commune de Woippy, premier canton de Metz, qui sera invitée à accepter cette libéralité dans les formes légales :
De l’église que la donatrice a fait construire tout récemment, à ses frais, au centre du village de Woippy, et à l’ouest de la place dite de la Chapelle, par les soins de MM. Sturel, entrepreneurs à Metz, d’après les dessins et sur les plans de M. Gautiez, architecte en cette ville, et du sol sur lequel elle est bâtie, ainsi que le terrain qui entoure ce monument et en forme dépendance, tel qu’il est limité de tous côtés par des murs de clôture ; le tout d’une superficie d’environ vingt cinq ares.
Il est fait observer que les murs d’enceinte forment dépendances de l’église et font partie de la donation ; toutefois Mademoiselle Marcus réserve à elle et à ses successeurs le droit de palisser et de cramponner à perpétuité et gratuitement le long de ces murs, du côté de sa propriété, à charge par elle et sesdits successeurs de recrépir du même côté ces mêmes murs quand cela deviendra nécessaire.
Mademoiselle Marcus s’interdit pour elle et ses représentants et autres ayants-cause, à perpétuité, le droit de faire aucun bâtiment ni construction quelconque dans les jardins qui lui appartiennent au midi et au couchant de l’église, à moins toutefois que ces constructions n’aient pas plus de hauteur que les murs de clôture actuels des jardins et au maximum trois mètres, mais si la reconstruction de sa maison de maître actuelle exigeait un plus grand développement du même corps de bâtiment dans le jardin, le propriétaire de cette maison aura le droit de donner ce développement aux constructions nouvelles pourvu qu’il n’empiète pas de plus de huit mètres dans le jardin du côté du nord en dehors des bâtiments actuels ; (Il est entendu que ces constructions auront du levant au couchant tout le développement qu’il jugera à propos).
Cependant cette demoiselle se réserve de maintenir et même d’agrandir et exhausser de son vivant, comme elle le jugera à propos, la serre qui dans ce moment est appliquée au mur de clôture qui est au midi de l’église ; cette serre, après sa mort, ne pourra jamais être augmentée dans ses dimensions.

Origine de la propriété
Le sol de cette église et celui renfermé dans les murs de son enceinte forment un ensemble de terrain qui a été détaché par la donatrice, savoir :
  Pour environ deux tiers de son importance, du jardin dit jardin de la Croix que ladite demoiselle donatrice a hérité en famille par suite des décès successifs de son aieul maternel, M. Nicolas Bouland, de dame Marie-Rose Hennet, son épouse, de madame sa mère, née Jeanne Victoire Bouland, en son vivant épouse de M. Dominique Marcus, décédé ancien pharmacien à Metz, de Messieurs Charles Marcus et Jean-Pierre-Auguste Marcus, ses frères et de Mademoiselle Barbe-Madeleine-Julienne Marcus, sa sœur ; enfin de mondit sieur son père lui-même comme héritier de chacun de ses trois enfants sus-nommés ; lequel jardin provenait originairement à la donatrice et à sesdits frères et soeur des successions desdits aieuls maternels, aux termes d'un partage sous seings privé, daté de Metz, du douze octobre mil huit cent vingt-un, enregistré à Metz, le trente octobre même mois, fo 20 v° C° 4, par M. Rolin qui a reçu cinq francs et cinquante centimes, ainsi que Mlle Marcus le déclare.
  Et pour l'autre tiers environ, d'un jardin qui lui appartient, pour en avoir fait l'acquisition du sieur Cerf Samuel, propriétaire, demeurant à Metz, rue Saint Vincent, ayant agi en qualité de mandataire spécial et par acte public : 1° de M. Adolphe Worms, banquier, demeurant à Metz, et de dame Adèle Brisac, sa femme ; 2° de dame Julie Worms, rentière, demeurant à Metz, veuve de M. Charles Bing, en son vivant avoué en ladite ville et encore comme mandataire public substitué : 1° de M. Hyppolite Worms, banquier à Paris et de dame Séphora Goudechaux, sa femme ; 2° et de dame Caroline Worms, veuve de M. Auguste Bréal, décédé avocat à Landau ; ainsi qu'il résulte d'un contrat de vente passé devant Me Louis Michel Rollin, père et prédécesseur immédiat de Me Auguste Rollin, notaire soussigné et l'un de ses confères, le vingt-trois juin mil huit cent quarante-trois, enregistré et dont une expédition a été transcrite au bureau des hypothèques de Metz, le trente du même mois, vol° 307, n° 66, lequel contrat contient quittance du prix de seize cents francs qui y a été stipulé ;
Sur la transcription de ce contrat et à la date du dix-sept juillet mil huit cent quarante-trois, il a été délivré par M. le conservateur des hypothèques au bureau de Metz, un certificat constatant que ce jardin était libre d'inscription contre les vendeurs et les propriétaires antérieurs à ceux-ci, à la seule exception de l'inscription de l'hypothèque légale de Mesdemoiselles Germaine, Adèle et Aglaé Bing, toutes trois enfants alors mineures, de feu M. Bing, ci-dessus nommé, contre madite dame Bing, née Julie Worms, leur mère, à raison de la tutelle que cette dame avait de sesdits enfants ;
Mlle Marcus garantit à la commune donataire qu'elle ne sera jamais recherchée à raison de cette hypothèque légale ;
M. Adolph Worms, M. Hyppolite Worms et Mesdames Bing et Bréal étaient propriétaires chacun pour un quart de ce même jardin, pour l'avoir recueilli avec d'autres immeubles, dans la succession de M. Lyon Worms, leur père, et dans celle de Madame Rose Levy, son épouse, leur mère, dont ils étaient seuls héritiers chacun pour pareille quotité.

Jouissance.
Pour, de la part de la commune donataire, jouir et disposer en tous droits de propriété et de jouissance de l’église ci-dessus donnée et de ses dépendances, comme de chose lui appartenant au moyen des présentes, à compter d’aujourd’hui, sauf à elle à accepter régulièrement cette donation.

Conditions et charges.
Cette donation est faite aux conditions et charges suivantes :
  1° Melle Marcus promet à la commune de Woippy, la garantie de tous troubles, dettes, hypothèques, cens, rentes et autres empêchements quelconques ; Melle Marcus affirme d’ailleurs qu’aucun cens ni rente ne grève cet immeuble ;
  2° La commune reçoit cet édifice dans l’état où il est aujourd’hui, sans pouvoir exiger de la donatrice aucune construction nouvelle ni autre dépense quelconque ;
  3° La commune supportera à ses risques toutes servitudes passives, apparentes ou occultes, continues ou discontinues qui pourraient grever le bien donné, sauf à elle à s’en défendre si elle s’y croit fondée et à jouir de celles actives, s’il y en avait en faveur du même bien, le tout à ses risques et périls ; toutefois Melle Marcus déclare n’en connaître aucune ni active ni passive.
Melle Marcus se réserve, pendant sa vie, le droit de se rendre du jardin de sa propriété contiguë, à l’église donnée en passant par la porte qu’elle a ouverte dans le mur qui est au sud de l’édifice ; à sa mort cette porte et ce droit de passage seront supprimés ; la baie de la porte sera bouchée aux frais du propriétaire du jardin de Melle Marcus.
  4° La commune devra assurer contre l’incendie l’édifice donné et veiller au renouvellement périodique et exact de l’assurance sans attendre sa péremption ;
  5° La commune devra entretenir à perpétuité et à ses frais cet édifice et ses dépendances, mais la donatrice lui impose l’obligation de ne jamais faire peindre ni badigeonner l’intérieur ni l’extérieur de ce monument ;
  6° Aucune construction ne pourra jamais être faite dans l’enceinte qui entoure ce monument sous quelque prétexte que ce soit ;
  7° La commune paiera et supportera tous impôts qui plus tard pourraient, contre toute attente, être assis sur l’immeuble donné.

Charges spéciales.
Comme conditions formelles de la présente donation il est expressément stipulé :
  1° Que la commune de Woippy devra veiller à perpétuité à ce que l’église donnée ne soit jamais affectée à l’exercice d’aucun culte quelconque autre que le culte catholique romain et à ce qu’elle conserve toujours sa destination ;
  2° Qu’une grande messe devra être dite à perpétuité chaque année le premier septembre et pour la première fois le premier septembre qui suivra l’acceptation régulière de la présente donation, pour le repos des âmes de tous les membres de la famille de la donatrice qui sont décédés et pour le repos de la sienne aussi après sa mort ; cette messe sera célébrée aux frais de la commune de Woippy.

Remise de titre
Mademoiselle Marcus s'oblige à remettre à la commune donataire lors de l'acceptation de la présente donation, une expédition du contrat de vente analysé plus haut, du vingt-trois juin mil huit cent quarante-trois et la commune donataire pourra, si elle le juge à propos, se faire délivrer par M. le receveur de l'enregistrement à Metz, un extrait du partage sous seings privés précité, en ce qui concerne le jardin dont portion vient de cette origine et ce, aux frais de la donatrice.

Déclarations
Mademoiselle Marcus affirme :
  1° qu'elle est célibataire, n'a jamais été mariée ni été tutrice ;
  2° que l'immeuble donné est libre de toutes charges hypothécaires de son chef et que le prix de la construction de l'édifice et de ses accessoires a été entièrement payé par elle ;
Pour la liquidation des droits d'enregistrement des présentes ou de l'acte de leur acceptation, Melle Marcus déclare qu'elle évalue à quatre cents francs le revnu de l'immeuble donné ;
Mademoiselle Marcus se charge de payer et supporter tous les frais auxquels cette donation et les actes qui seront nécessaires pour la régulariser donneront lieu ;

Election de domicile
Pour l'exécution des présentes, la donatrice élit domicile en sa demeure actuelle sus-indiquée.
Fait et passé à Metz, en l'étude.
L'an mil huit cent cinquante-quatre, le vingt-deux août.
En présence de M. Joseph Jérôme, bottier, demeurant à Metz, rue du Heaume, n° 8 et de M. Joseph Nicolas, cordonnier, demeurant à Metz, rue des Clercs, n° 21 ;
Témoins connus et requis ;
Et Mademoiselle Marcus a signé avec les témoins et le notaire, après lecture faite.
La lecture du présent acte par le notaire à la partie et la signature de cet acte par ladite partie ont eu lieu en la présence réelle desdits témoins.

( A.D.M. 48 E 171 )


La commune ayant à charge d’accepter régulièrement cette donation demande à l’architecte Charles Gautiez de lui faire connaître les prix du terrain et de la construction :

Sur la demande de M. le Maire de la commune de Woippy, le soussigné architecte à Metz, invité à faire connaître le prix du terrain sur lequel est construite la nouvelle église ainsi que celui du monument dont mademoiselle Marcus a fit donation à la commune par acte public du 22 août 1854,
Déclare et constate
- que la terrain sur lequel est bâtie cette église, ainsi que celui qui entoure le monument, contient en superficie 25 ares d’une valeur de deux mille cinq cents francs.
- que la dépense résultant de la construction de l’église, des murs et grilles formant l’enceinte et dépendances de l’église, s’élève à la somme de cent quarante mille francs.

( A.D.M. 2 OP 1327 )


Le 1er mars 1855, Rose Marcus s’impatiente : depuis le 22 août de l’année précédente, la régularisation de la donation traîne en longueur, serait-elle oubliée sur un bureau quelconque ? Aussi intervient-elle auprès du préfet pour faire débloquer la situation :

Monsieur le Préfet,
Jedésire vivement que l'autorité supérieure veuille bien activer l'autorisation que sollicite d'elle la commune de Woippy pour accepter la donation que je lui ai faite le 22 août dernier de l'église que j'ai fait bâtir dans le village.
Mon décès arrivant avant la régularisation de cette donation pourrait apporter bien des entraves ou tout au moins des retards à l'exécution de mes dispositions.
J'ai l'honneur Monsieur le Préfet, de vous prier de me prêter votre appui en cette circonstance.

( A.D.M. 2 OP 1327 )


Après ce courrier, la réponse de la préfecture ne se fait point attendre... et le 9 mars suivant :

Arrêté du Préfet du département de la Moselle
du 9 mars 1855

Nous, Préfet de la Moselle, officier de la Légion d’honneur,
Vu l’acte public de donation enregistré en date du 2 août 1854 ;
Le certificat constatant l’existence de Mlle Marcus, donatrice, et la position de sa fortune ;
La délibération du Conseil municipal de Woippy, en date du 15 août 1854, qui autorise le maire à accepter la donation, an nom de la commune ;
Le procès-verbal d’expertise en date du 1er février 1855 ;
La loi du 18 juillet 1837 et le décret du 25 mars 1852 ;
  Considérant que l’ancienne église qui était en dernier lieu à l’usage des habitants de la commune de Woippy, est située hors du village et à une assez grande distance des habitations ; que cet éloignement empêche les vieillards et les infirmes d’assister aux offices paroissiaux, ou les expose à des accidents durant la mauvaise saison et rend difficile même aux personnes valides l’accomplissement de leurs devoirs religieux ; que d’un autre côté, cette ancienne église est une simple maçonnerie sans aucun goût architectural et d’une disposition intérieure peu convenable ;
  Considérant que mlle Marie-Rose Marcus voulant faire une œuvre utile à la commune de Woippy, à laquelle l’attachent des souvenirs de famille, y a récemment fait construire à ses frais une église, au centre du village, par les soins de MM. Sturel, entrepreneurs à Metz, d’après les dessins et sur les plans de M. Gautiez, architecte en cette ville ; que par acte public en date du 22 août 1854, Mlle Marcus a fait donation à ladite commune de cette église et du sols sur lequel elle est bâtie ainsi que du terrain qui entoure ce monument et eh forme dépendance, et qu’il est limité de tous côtés par des murs de clôture qui sont également compris dans cette donation, le tout d’une superficie d’environ vingt-cinq ares ; que ladite donation est acceptée par la commune de Woippy sous les conditions qu’elle lui impose, notamment à charge 1° de veiller à perpétuité à ce que ladite église ne soit jamais affectée à l’exercice d’aucun culte quelconque autre que le culte catholique romain et à ce qu’elle conserve toujours sa destination ; 2° de faire célébrer annuellement et à perpétuité, le 1er septembre, une grande messe pour le repos des âmes de tous les membres de la famille de la donatrice et pour le repos de la sienne ; 3° d’assurer contre l’incendie l’édifice donné et de veiller au renouvellement périodique et exact de l’assurance ; 4° d’entretenir à perpétuité et à ses frais cet édifice et ses dépendances ; enfin ne jamais peindre ou badigeonner l’intérieur ni l’extérieur de ce monument ;
  Considérant que les conditions ne sont pas onéreuses pour la commune de Woippy ; que la donation dont il s’agit présente, au contraire, pour elle de grands avantages, en ce quelle lui assure la possession d’une belle église ayant toute l’étendue nécessaire pour les besoins religieux de la population, qu’elle fait cesser des déplacements pénibles pour les habitants et qu’elle permet d’éviter la dépense de reconstruction de l’ancienne église aux frais de ladite commune ; que pour cet acte de bienfaisance Mlle Marcus s’est acquis des titres à la reconnaissance de la commune de Woippy et de l’administration ;
  Considérant que l’autorité diocésaine a permis la démolition de l’ancienne église, afin que le produit de la vente des matériaux qui en proviendront puisse être employé à des dépenses d’utilité communale ;
  Que le terrain sur lequel est bâtie l’église donnée par Mlle Marcus, ainsi que celui qui entoure le monument sont estimés 2 500 f. et que néanmoins l’acte de donation contient la mention que le revenu de l’immeuble donné est évalué à 400 f. pour la perception des droits d’enregistrement, que la donatrice se charge de payer ;

Arrêtons :

Le Maire de Woippy, au nom de cette commune, est autorisé à accepter la donation à elle faite par Mlle Marie-Rose Marcus, suivant acte passé devant Me Rollin, notaire à Metz, le 22 août 1854, de l’église que la donatrice a fait construire récemment à ses frais, au centre du village de Woippy, et du sol sur lequel elle est bâtie, ainsi que du terrain qui entoure ce monument et en forme dépendance, tel qu’il est limité de tous côtés par des murs de clôture qui font partie de la donation, lesdits terrains ayant une superficie d’environ vingt-cinq ares, estimés 2 500 f., aux charges, clauses et conditions énoncées audit acte, d’où il résulte principalement : 1° que la commune de Woippy veillera à perpétuité à ce que cette église ne soit jamais affectée à l’exercice d’aucun culte quelconque autre que le culte catholique romain, et à ce qu’elle conserve toujours sa destination ; 2° que ladite commune fera célébrer, à ses frais, annuellement et à perpétuité, le 1er septembre, une grande messe pour le repos des âmes de tous les membres de la famille de la donatrice et pour le repos de la sienne ; 3° qu’elle fera assurer contre l’incendie l’édifice donné et veillera au renouvellement périodique et exact de l’assurance ; 4° qu’elle entretiendra à perpétuité et à ses frais cet édifice et ses dépendances, et qu’elle ne fera jamais peindre ou badigeonner l’intérieur ni l’extérieur de ce monuments ; 5° enfin que Mlle Marcus paiera tous les frais auxquels cette donation et les actes qui seront nécessaires pour la régulariser donneront lieu.
Fait à Metz, en l’Hôtel de la Préfecture, le neuf mars mil huit cent cinquante-cinq.

( A.D.M. 48 E 171 )


Le maire de Woippy, François Mangenot, peut enfin accepter et régulariser la donation en l’étude de Me Rollin le 15 mars 1855 :

Acceptation de donation, et dispense de notification de cette acceptation.
du 15 mars 1855

Par devant Me Auguste Rollin, notaire à Metz, soussigné et en présence des témoins ci-après nommés, aussi soussignés ;
A comparu :
Mr François Mangenot, propriétaire, et Maire de la commune de Woippy, demeurant à Woippy ;
Agissant ici en sadite qualité de maire de ladite commune et en vertu d’une autorisation de M. le Préfet du département de la Moselle, contenu dans un arrêté en date du neuf mars présent mois, dont une expédition sur timbre est demeurée ci-annexée après avoir été contresignée par M. le comparant et paraphé par le notaire et les témoins aux fins de droit ;
Lequel, après avoir entendu la lecture que ledit Me Rollin vient de lui faire à l’instant d’un acte passé devant lui en présence de témoins, le vingt deux août mil huit cent cinquante quatre, enregistré, aux termes duquel Mademoiselle Marie-Rose Marcus, rentière, demeurant à Metz, a fait donation à la commune dudit Woippy, de l’église que cette demoiselle a fait construire tout récemment, à ses frais, au centre du village de Woippy et à l’ouest de la place dite de la Chapelle, du sol sur lequel elle est bâtie, ainsi que du terrain qui entoure ce monument et en forme dépendance ;
Le tout d’une superficie d’environ vingt-cinq ares ;
A, par ces présentes, déclaré accepter au nom de ladite commune cette donation aux conditions sous lesquelles elle a été faite et qu’il oblige la commune donataire à exécuter fidèlement ;
Ici est intervenue :
Madite Delle Marie-Rose Marcus, rentière, demeurant à Metz, rue sous Saint-Arnould, numéro 2 ;
Laquelle, après avoir entendu la lecture de l’acte d’acceptation de donation qui précède, a déclaré se le tenir pour bien et dûment notifié et dispenser la commune de Woippy de lui en faire faire la signification.
Fait et passé à Metz, en l’étude ;
L’an mil huit cent cinquante cinq, le quinze mars ;
En présence de MM. Joseph Jérôme, bottier, demeurant à Metz, rue du Heaume, n°8, et Joseph Nicolas, cordonnier, demeurant en la même ville, rue des Clercs, n°21 ;
Témoins commis et requis ;
Et les parties ont signé avec les témoins et le notaire, après lecture faite.
La lecture du présent acte par le notaire aux parties et la signature de cet acte par les dites parties ont eu lieu en la présence réelle desdits témoins.

( A.D.M. 48 E 171 )



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