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1850 : La nouvelle église
et ses premiers desservants

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Par la presse d'époque,
construction et consécration de la nouvelle église.



Mercredi 21 juin 1848
Pose de la première pierre.
Le lundi de la Pentecôte on a posé à Woippy la première pierre d’une nouvelle église dont Mlle Rose Marcus, si connue par sa générosité et sa piété, a fait tous les frais. Les plans, dans le style roman, sont de M. Gautiez, et l’entreprise est confiée à MM. Sturel ; il y a donc lieu d’espérer un monument qui contribuera à illustrer la Lorraine moderne.
Les constructions dureront deux ans ; c’est de l’ouvrage assuré aux ouvriers de la commune et des environs pendant ce laps de temps ; à ce point de vue, le bienfait de Mlle Marcus grandit encore.
Quelques médailles, à l’effigie de Pie IX et du patron de la fondatrice, ont été glissées sous la première pierre, dans laquelle on a incrusté une plaque de métal revêtue d’une inscription latine portant que la bénédiction et la pose ont eu lieu le 12 juin 1848, sous le règne de la République, et contenant en outre les noms de Mlle Rose Marcus, du vicaire-général, président de la cérémonie ; du curé de Woippy, de l’architecte et des entrepreneurs.
Une messe solennelle a été chantée par M. Vonner, curé de Notre-Dame de Metz ; les prières marquées au Rituel pour ces sortes de cérémonies ont été dites par M. Chalandon, vicaire-général, assisté de l’officiant et de M. Barthélemy, curé de Woippy. Cette fête a été terminée par des allocutions de M. le maire et de M. l’adjoint à la foule venue de toute les communes environnantes. (Le Vœu National)

Jeudi 23 novembre 1848
Un accident grave est arrivé avant-hier à Woippy.
Une pierre de taille, qu’on élevait pour la construction de l’église de ce village, s’étant détachée, un malheureux ouvrier a été tué, dit-on, et deux autres blessés.(Le Courrier de la Moselle)

Dimanche 3 décembre 1848
Un cruel accident est arrivé dernièrement à Woippy, où, grâce à la munificence d’une pieuse et charitable propriétaire de l’endroit, s’élève une superbe église : tandis qu’on montait une des plus grosses pierres de l’édifice, un des crochets qui la soutenait a faibli, et la pierre, en tombant, a entraîné deux maçons, dont l’un, fils d’un vigneron de Woippy, est resté mort sur place ; l’autre, qui est de Plappeville, y a été ramené dans un bien triste état.(Le Vœu National)

Déclaration en mairie de Woippy du décès du maçon François Charaux
( Registres d'état civil de Woippy, année 1848, acte n° 63).

Le mardi 21 novembre 1848 à 11 heures, est décédé François Charaux, âgé de 34 ans, maçon, domicilié à Woippy où il est né, époux de Anne Bourguignon, âgée de 32 ans, sans profession, fils de Jean-Baptiste Charaux, âgé de 57 ans, vigneron, et de Geneviève Paulin, âgée de 56 ans, sans profession.
Décès déclaré par Joseph Charaux, 29 ans, propriétaire, frère ; et Joseph Paulin, 50 ans, jardinier, beau-frère.
François Charaux et Anne Bourguignon s'étaient mariés à Woippy le 10 janvier 1843 et avaient eu un enfant, Nicolas, le 26 janvier 1844.
Devenue veuve, Anne Bourguignon se remaria le 20 novembre 1850 avec Louis Nicolas Mangenot de Bellevue et eut trois enfants :
Louis Nicolas (1851), Catherine (1854) et Nicolas (1859).
L'enfant de son premier lit, Nicolas, est décédé le 19 mars 1870 à Woippy, en temps que célibataire et caporal au 8ème de ligne (Archives départementale de la Moselle, 7 E 753).

Dans son dernier testament du 26 septembre 1855, Mlle Rose Marcus donnait à Nicolas Charaux, fils de François Charaux, six mille francs, sous la condition que sur ce legs de six mille francs, il sera fait une rente viagère de cent francs à Jean-Baptiste Charaux, son grand père ; et à sa mère, Anne Bourguignon, femme Mangenot, il lui sera fait également une rente viagère de cent francs (A.D.M. 48 E 175).

Mardi 30 avril 1850
Mercredi 1er mai aura lieu l’inauguration de la délicieuse église gothique de Woippy, construite par MM. Sturel, sur les dessins de M. Gautiez, architecte. Pourquoi l’évêque a-t-il choisi ce jour? Nous l’ignorons. Ce qu’il y a de certain, c’est que cette église n’est dédiée ni à saint Jacques ni à saint Philippe, dont on célèbre la fête le 1er mai. Dernièrement, à la chapelle Sainte-Chrétienne, lors du baptême de deux négresses habillées en turc, on a distribué en guise de pain bénit, des amandes blanches et roses ; à Woippy, sans doute on y ajoutera le bleu, pour avoir un pain bénit de circonstance, c’est-à-dire tricolore.(Le Courrier de Metz)

Mercredi 1er mai 1850
C’est mercredi, 1er mai, qu’aura lieu la consécration de la charmante église de Woippy, dont la construction, qui fait tant d’honneur au talent de M. Gautiez, architecte, et qui est due à la générosité d’une personne que tout le monde bénit, mais que personne n’ose nommer, dans la crainte de blesser sa modestie.
Mgr l’évêque de Metz, assisté d’un nombreux clergé, procédera lui-même à cette touchante cérémonie, qui, suivant le rite catholique, doit commencer aujourd’hui par une pieuse veille que le prélat doit faire sur les lieux mêmes.(Le Vœu National)

Dimanche 5 mai 1850
Comme nous l’avons annoncé, l’inauguration de la belle église de Woippy a eu lieu mercredi 1er mai au milieu d’un grand concours de personnes, venues de Metz et des environs. Cette belle cérémonie, à laquelle la présence de Mgr l’évêque imprimait un imposant caractère, a profondément ému les assistants.
Cet empressement de fidèles toujours si nombreux partout ou une occasion se présente de glorifier le nom de Dieu, est un sûr garant que la foi est encore vivace dans les cœurs ; c’est une consolation pour le présent ; c’est un espoir pour l’avenir!...(Le Vœu National)

Jeudi 9 mai 1850
Consécration de la nouvelle église de Woippy.
C’est le 1er mai qu’a eu lieu la consécration de la nouvelle église de Woippy, cette solennité était d’autant plus digne d’intérêt, qu’elle renouvelait un antique et pompeux cérémonial du pontifical romain, que nos pères déployaient à une autre époque de ferveur et de foi.
Les populations des villages voisins s’étaient réunies en foule pour assister à cette imposante cérémonie et pour participer aux faveurs spirituelles que notre pieux évêque répandait sur elles.
Le style de la nouvelle église de Woippy est l’ogival primitif à lancette, époque la plus pure du XIIIe siècle ; sa coupe est celle des anciennes basiliques, elle est remarquable par l’élégance de ses formes, par l’heureuse harmonie de ses lignes, par la sage distribution des ornements et surtout par sa parfaite unité.
Le portail est surmonté d’une tour composée d’un corps carré et d’une flèche entourée de quatre pyramides à jour ; la tour est accompagnée de deux tourelles qui renferment les escaliers.
La face antérieure de la tour est percée, au-dessus du portail, d’une charmante rose qui appartient à l’époque de transition, ainsi que la croix qui couronne le portail.
L’intérieur de l’église offre une nef principale et deux bas-côtés ; la nef, qui forme avec le transept une croix latine, est séparée des bas-côtés par des groupes de colonnes couronnées de chapiteaux richement sculptés qui soutiennent une voûte en pierre coupée par des nervures ornées à leur intersection de clés sculptées d’une dessin varié.
Le chœur, de forme polygonale, se compose d’un avant-chœur avec bas-côtés, et du sanctuaire, où se trouve le maître-autel qui, à lui seul, est un véritable petit monument qui contribue puissamment à la décoration intérieure de l’édifice. Les quatre piliers du fond du chœur sont ornés des figures des quatre évangélistes, supportés sur de riches culs-de-lampe et couronnés de dais du XIIIe siècle.
Disons en passant, que cet édifice eût considérablement gagné, si les deux tourelles qui accompagnent la tour principale eussent été couronnées de flèches en pierre ; toutefois, malgré ce défaut qu’on ne doit pas craindre de signaler dans une œuvre sérieusement conçue et consciencieusement exécutée, la nouvelle église de Woippy fait le grand honneur à son architecte, M. Gautiez, qui a déjà doté notre contrée de plusieurs monuments du Moyen Âge.
Cette église due à la munificence d’une âme pieuse, restera comme un monument authentique de la charité et de la foi de sa fondatrice dont le nom vivra à jamais dans l’histoire de l’art chrétien au XIXe siècle.
Exprimons à cette occasion un vœu : c’est celui de voir le style ogival appliqué désormais à la construction de nos monuments religieux. Ce style est à la fois le mieux approprié aux cérémonies du culte catholique, et le plus en harmonie avec son symbolisme ; enfin, et c’est surtout par cette considération qu’à nos yeux il doit l’emporter sur l’art antique, c’est qu’il rompt complètement avec les traditions de l’art païen, comme la religion du Christ a rompu avec le polythéisme.(Le Vœu National)

Nota : cette description est reprise dans l’Annuaire de Verronnais 1850-1851 avec toutefois deux précisions :
- au nom de M. Gautiez sont accolés : MM. Sturel, entrepreneurs ;
- et après « Cette église due à la munificence d’une âme pieuse » : Mlle Rose Marcus, fille d’un ancien pharmacien de Metz.
On retrouve aussi cette description dans le Supplément à la Statistique de la Moselle, édité par Verronnais, à Metz, 1851, pages 353-354.
René Paquet complète cette description en y ajoutant quelques détails : les vitraux du chœur, les autels latéraux, la chaire à prêcher et les bancs. Pour lire : - clic -


La nouvelle église de Woippy
(Gravure de Bellevoye, 1866)

Lors de la consécration de la nouvelle église, le desservant est l'abbé Remy-Simon BARTHÉLEMY, curé de Woippy depuis mars 1841, il démissionne de son poste en novembre 1852. Son remplaçant, l'abbé Dieudonné ADAM, est installé le 21 novembre suivant. Ce dernier est remplacé par l'abbé Jean-Baptiste GAUTIEZ le 10 mars 1858.

Jean-Baptiste GAUTIEZ
Curé de Woippy de 1858 à 1890

   L'abbé Jean-Baptiste GAUTIEZ arrive à Woippy le 10 mars 1858. Il a 35 ans et vient de Villers-la-Montagne. Il prendra sa retraite en 1890 à l'arrivée de son remplaçant, l'abbé Louis-Auguste LAURENT.
L'abbé Gautiez est décédé à Woippy le 12 juillet 1892 à l'âge de 69 ans. Il est inhumé au cimetière communal.

Ci-dessous, le procès-verbal de l'installation de l'abbé Gautier à la cure de Woippy, le 10 mars 1858.




Vers 1890 ?
L'abbé Gautiez et l'abbé Laurent devant la grotte
Cette grotte, érigée par une pieuse demoiselle dans les années 1870,
se situait derrière l'hôtel de ville et fut démolie lors de construction de celle-ci.

Vendredi 9 mars 1883 (Gazette de Lorraine)
On nous écrit de Woippy, le 6 mars : Dimanche dernier, une cérémonie aussi rare que touchante a eu lieu à Woippy. Les habitants ont célébré le 25ème anniversaire de l'entrée de M. l'abbé Gautiez dans la paroisse. A cette occasion, les habitants ont voulu offrir un souvenir à M. le curé. Pour réaliser ce vœu, une souscription a été ouverte par le Conseil municipal. La souscription a réussi au-delà de toute attente et a produit plus de 800 marks, qui ont servi à l'achat d'un magnifique calice et d'un saint ciboire aussi riche. C'est samedi soir, au son des cloches et des boîtes, que les deux souvenirs ont été offerts à M. le curé au nom de tous les habitants par le Conseil municipal et le conseil de fabrique, après un compliment bien senti adressé à M. le curé par M. le maire. Le lendemain, la fête, que favorisait un temps exceptionnel, a été générale. Toute la population est allée chercher en procession M. le curé au presbytère. A l'entrée de l'église, une petite fille a adressé à M. le curé en termes très touchants un nouveau compliment pour le remercier de son dévouement pour ses paroissiens depuis vingt-cinq ans. L'église, ornée d'une manière splendide, regorgeait de monde : c'est certainement ce qui a dû compléter la joie bien douce de M. le curé. A la messe, un enfant de la paroisse*, curé-archiprêtre de Pournoy-la-Grasse, est monté en chaire, a rappelé en termes très éloquents les devoirs du bon pasteur et en a fait l'application à M. le curé. De nouvelles décharges des boîtes de la commune ont annoncé le commencement des offices et la bénédiction du Saint-Sacrement. En un mot, la journée de dimanche a été un beau jour pour les habitants de Woippy depuis le pasteur jusqu'au petit enfant et leur laissera un souvenir ineffaçable.
Ajoutons que M. le curé mérite à tous égards la confiance et l'affection de ses paroissiens qui lui sont acquises depuis longtemps.
Je ne puis passer sous silence la généreuse offrande envoyée par une famille de la paroisse, après l'achat des objets donnés à M. le curé, pour être affectée à la construction d'un confessionnal en rapport avec le style de l'église.
Un enfant de Woippy .
* Il s'agit de Jean-Dominique Pierret, né à Woippy le 22 septembre 1842, décédé à Metz le 15 mai 1915, inhumé à Woippy. Curé de Pournoy-la-Grasse de 1882 à 1900, archiprêtre du canton de Verny, puis chanoine honoraire de la cathédrale.

Jeudi 14 juillet 1892 (Metzer-Zeitung)
Obsèques aujourd'hui du curé abbé J. B. Gautiez, âgé de 70 ans, avec une participation d'une foule nombreuse. Il avait été curé de la paroisse pendant 32 ans, de 1858 à 1890. Il était le dernier survivant d'une famille de 10 enfants.

(Même date, Le Lorrain) : Monsieur l'abbé J-B Gautiez, ancien curé de Woippy, est mort hier dans sa 70ème année, muni des sacrements de la sainte l'Eglise. Depuis 2 ans, il jouissait, dans son ancienne paroisse d'un repos bien mérité puisque pendant 32 ans il a administré l'église de Woippy avec un dévouement et un zèle parfaits.
Poli, doux, pieux et modeste, M. Gautiez avait dans la meilleure société de Metz d'excellentes relations ; les émigrations successives l'ont laissé solitaire, lui comme bien d'autres, et il s'en retourne à Dieu en laissant après lui une mémoire justement honorée.

Mardi 19 juillet 1892 (Le Lorrain)
Les funérailles de M. l'abbé Gautiez, célébrées jeudi dernier, ont été un véritable triomphe.
L'église de Woippy, bien grande cependant, ne l'était pas assez pour la circonstance.
La parfaite tenue, la piété, les fleurs de toute une population qui perdait non seulement un ami, mais un père, furent le plus éloquent des panégyriques. Vingt-cinq prêtres, dont plusieurs archiprêtres et chanoines, étaient accourus de près et de loin, M. l'archiprêtre de Saint-Vincent, de Metz, présidant la cérémonie funèbre.
Le cercueil du regretté défunt disparaissait sous les fleurs et des couronnes généreusement offertes par les paroissiens.
On n'avait point voulu de corbillard. Malgré la distance, le corps fut porté de l'église au cimetière sur les épaules de MM. les conseillers de la fabrique et de la commune.
Au cimetière, M. Pierret, ancien maire, tira de son cœur, en quelques mots, un magnifique éloge du cher défunt; ... M. le curé, s'est-il écrié, ... si votre dévouement a été sans bornes, notre reconnaissance sera sans limites...!
De telles manifestations religieuses honorent les prêtres et les paroissiens.
Dans la même sépulture repose le Père Marie-Nicolas Boucheré (1846-1912), missionnaire au Su Tchen en Chine.



La tombe de l'abbé Gautiez au cimetière de Woippy.

Pour terminer cette page, un petit souvenir de communion :


Félicie Reiter a fait sa 1ère communion
dans l'église de Woippy le 29 mai 1887


Cette image souvenir, de grande dimension (30 cm sur 45 cm environ),
était destinée à être encadrée.

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