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Description de l'église de Woippy

Source : René PAQUET, « Histoire du village de Woippy près Metz », 1878.

87 - HISTOIRE RELIGIEUSE DE WOIPPY



Nous empruntons à la Statistique (1) de la Moselle la description de la nouvelle église, description que nous complétons par des notes indiquant les dimensions des diverses parties de l'édifice.
Le style de la nouvelle église de Woippy est l'ogival primitif à lancette, époque la plus pure du treizième siècle, sa coupe est celle des anciennes basiliques (2) ; elle est remarquable par l'élégance de ses formes, par l'heureuse harmonie de ses lignes, par la sage distribution des ornements et surtout par sa parfaite unité.
Le portail (3) est surmonté d'une tour composée d'un corps carré et d'une flèche (4) entourée de quatre pyramides
  (1) Supplément à la Statistique de la Moselle. - Metz, Verronnais, 1851, in-8°, p.p. 353, 354.
(2) La longueur totale de l'église, mesurée intérieurement, est de 39, 30 m. Sa largeur, y compris les bas-côtés, est de 16, 72 m.
(3) Le portail a 6, 18 m de hauteur sur 4, 10 m de large ; la porte d'entrée a 3, 21 m de hauteur sur 1, 80 m de largeur.
(4) La hauteur totale de la tour et de la flèche est de 120 pieds.
     
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à jour ; la tour est accompagnée de deux tourelles qui renferment des escaliers. La face antérieure de la tour est percée, au-dessus du portail, d'une charmante rose qui appartient à l'époque de transition, ainsi que la croix qui couronne le portail.
L'intérieur de l'église offre une nef (1) principale et deux bas-côtés (2) ; la nef, qui forme avec le transept (3) une croix latine, est séparée des bas-côtés par des groupes de colonnes (4) couronnées de chapiteaux richement sculptés qui soutiennent une voûte en pierre coupée par des nervures ornées à leur intersection de clés sculptées d'un dessin varié.
Le chœur, de forme polygonale, se compose d'un avant-chœur avec bas-côtés et du sanctuaire (5) où se trouve le maître-autel (6) qui, à lui seul, est un véritable petit monument qui contribue puissamment à la décoration intérieure de l'édifice.
Les quatre piliers du fond du chœur sont ornés des statues des quatre évangélistes, supportées par de riches culs de lampe et couronnées de dais du treizième siècle.
Disons en passant que cet édifice eût considérablement gagné si les deux tourelles qui accompagnent la tour prin-
  (1) Elle a 14, 82 m de hauteur sur 6, 70 m de largeur (cette dernière mesure prise entre la base des colonnes).
(2) Mesurent 6, 50 m de hauteur sur 2, 74 m de largeur (mesure prise entre la base des colonnes).
(3) Le transept a 16, 72 m de longueur sur 7 mètres de largeur.
(4) La circonférence de ces colonnes est de 3, 80 m (mesure prise à hauteur d'homme).
(5) Il a 6, 80 mde longueur sur 7, 70 m de largeur.
(6) A 6, 40 m de hauteur sur 3, 40 m de largeur.
     
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cipale eussent été couronnées de flèches en pierre (1) ; toutefois malgré ce défaut qu'on ne doit pas craindre de signaler dans une œuvre sérieusement conçue et consciencieusement exécutée, la nouvelle église de Woippy fait le plus grand honneur à son architecte, M. Gautiez (2), qui a déjà doté notre contrée de plusieurs monuments du moyen âge, et à MM. Sturel, entrepreneurs.
Cette église restera comme un monument authentique le la charité et de la foi de la fondatrice dont le nom vivra à jamais dans l'histoire de l'art chrétien au XIXe siècle.

Ajoutons quelques détails à cette description :
On remarque dans le chœur sept magnifiques vitraux (3) peints, qui sont l'œuvre de M. Maréchal, l'éminent artiste dont la réputation est universelle.
Le vitrait qui occupe le fond du chœur représente les deux patrons de la nouvelle église : le Sacré-Cœur de Jésus et le Saint-Cœur de Marie ; trois anges prosternés au-dessous adorent l'un et vénèrent l'autre.
Le vitrail de gauche représente saint Etienne, patron de l'ancienne église, et celui de droite sainte
  (1) Elles sont couvertes en ardoise.
(2) M. Charles Gautiez mourut à Metz en l'hôtel Saint-Livier, rue des Trinitaires, le 10 août 1856. Son éloge a été prononcé par M. Blanc, à la séance publique de l'Académie de Metz du 10 mai 1857.
(3) L'église de Woippy est éclairée par 29 croisées (y compris les vitraux) et une rose. Les vitraux du transept n'ont que l'encadrement de colorié, les autres sont dépourvus d'ornements.
     
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Rose, patronne de Mlle Marcus ; restent encore deux autres vitraux représentant, le premier (à gauche), sainte Jeanne (1) de Valois, le second (à droite), saint Dominique (2).
Les extrémités du transept sont ornées de deux autels. Celui de gauche est dédié à la Sainte-Vierge (3) et celui de droite à Saint Joseph (4). Tous deux sont semblables et du même style que le maître-autel, mais de taille moindre (5) et d'un travail plus simple.
La chaire à prêcher, en vieux chêne, appartient également au style gothique ; elle est remarquable par la finesse de ses sculptures et l'harmonie de ses contours.
Les bancs d'œuvre et ceux où s'assoient les fidèles, construits aussi en chêne, sont garnis à chaque extrémité d'élégants clochetons (6).
  (1) Patronne d'une personne de la famille de Mlle Marcus.
(2) Il est représenté debout tenant d'une main le rosaire, dévotion qu'il institua. Les deux derniers vitraux n'offrent que des dessins linéaires.
(3) Il est décoré, au milieu, d'une jolie statue de la Vierge et, sur les côtés, de deux autres statues : sainte Julienne et sainte Marie-Madeleine, ces deux dernières beaucoup plus petites que celle de la Vierge.
(4) On y remarque également trois statues : celles de saint Joseph, saint Augustin et saint Charles Borromée.
(5) Ils ont 6, 05 m de hauteur sur 2, 86 m de largeur.
(6) Les dossiers des bancs sont sculptés à jour.
     
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Enfin, n'oublions pas de mentionner un beau chemin de la Croix, un Christ de grande dimension, un lustre (1) en bronze doré, artistement ciselé, et un orgue que le curé actuel de Woippy, le digne et saint abbé J.-B. Gautiez (2) a fait inaugurer le jour de Pâques de l'an 1873.
Cet instrument a été fourni et posé par M. Verschneider, facteur à Puttelange.
Il a coûté huit mille francs.
Sur les instances du maire, M. Mangenot, et de MM. Dufour et Busy, le Conseil municipal de Woippy a voté trois mille francs pour venir en aide à la Fabrique et cinq mille ont été généreusement donnés par les habitants de la commune.
  (1) Il a coûté 800 fr. ; 600 fr. ont été payés par la Fabrique et 200 fr. ont été donnés par Mesdames Roget et Geisler.
(2) L'abbé Barthélemy fut remplacé le 21 novembre 1852 par M. Dieudonné Adam qui eut pour successeur l'abbé Jean-Baptiste Gautiez, installé le 10 mars 1858.

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