Dimanche et lundi 21 et 22 janvier 1906
A partir du 20 courant, les réseaux téléphoniques locaux de Boulay, Château-Salins, Delme, Kurzel, Morhange, Remilly, Sarrebourg et Saint-Avold seront reliés aux villes de Bruxelles et d'Anvers, ainsi qu'à leurs faubourgs; tandis que les réseaux locaux de Bouzonville, Dieuze, Phalsbourg, Sarreguemines et Uckange seront reliés aux villes de Bruxelles et d'Anvers, à l'exclusion des faubourgs. La taxe est de 3 marks. (LM)
Vendredi 26 janvier 1906
La téléphotographie.
Tient-on enfin la découverte tant attendue, tant escomptée de la téléphotographie, ou phototélégraphie? Peu importe le nom, pourvu qu'on ait la chose.
L'an dernier, des inventeurs crurent bien la tenir. Sous les auspices de M. Bérard, ils firent des expériences entre Paris et Rouen. On assura même qu'ils avaient merveilleusement transmis de Rouen à Paris des photographies et des dessins. Puis on n'entendit plus parler de rien.
Or, voici qu'à Munich, la semaine passée, le professeur Korn a exposé devant l'association électro-technique le résultat de ses études sur la possibilité de transmettre par le télégraphe photographies et dessins d'une respectable dimension, et ce, dans un délai qui varie de dix à vingt minutes.
Le professeur Korn affirme qu'il a résolu le problème si difficile, auquel tant de savants ont donné jusqu'ici des solutions imparfaites, et qu'avant peu, grâce à son système, la téléphotographie entrera dans la pratique.
Que l'ombre de Niepce l'entende ! (LM)
Vendredi 9 février 1906
Châtiment.
N'injuriez jamais les demoiselles du téléphone ; vous ne soupçonnez pas jusqu'où pourrait vous entraîner un tel manquement aux élémentaires usages de la galanterie. Oyez plutôt : Un jeune et riche propriétaire d'hôtel, à Kiel, tournait l'autre jour la manivelle de son téléphone en dansant d'impatience ; au bout de 10 minutes, rien, la demoiselle ne répondait pas; au bout de 20 minutes, rien encore, la demoiselle restait sourde, pire qu'un pot, à son carillonage effréné; enfin, après 45 minutes, alors que, fou de rage, et le poignet ankylosé, il allait sauter à pieds joints sur son appareil, il entendit une douce voix, tranquille et suave, le prier de ne pas s'énerver et de lui dire ce qu'il voulait.
- Ce que je veux? S...?!
Le mot qu'il proféra est tellement gros qu'il n'entrerait pas dans les colonnes de ce journal.
Aussi, dès le lendemain, se voyait-il assigné à comparaître devant la justice de son pays, et, huit jours après, il s'entendait condamné à une amende de quelques 100 mark. Le jeune propriétaire d'hôtel est riche, 100 marks à passer aux profits et pertes, ne l'auraient pas empêché de recommencer; mais ce n'est pas tout: au tribunal, il avait rencontré la demoiselle à la voix douce, tranquille et suave; hélas! elle était encore plus suave que sa voix.
Ce fut le coup de foudre; le malheureux sentait sa colère se fondre comme neige au soleil!
Abrégeons, ils viennent de se marier. (LM)
Mercredi 14 février 1906
Télégraphes et téléphones.
On croit généralement dans le public que l'administration des postes possède de bonnes sources de recettes dans le service des Télégraphes et des Téléphones. Il n'en est rien. D'après une communication faite au Reichstag par le secrétaire d'Etat des Postes, le service des Télégraphes et des Téléphones exige une subvention annuelle de 18 millions de marks. (LM)
Mardi 20 février 1906
Chronique parisienne.
Le Coup de Téléphone.
L'être humain est ainsi bâti qu'il a tôt fait de détourner de leur but les plus éclatantes comme les meilleures découvertes pour les mettre au service de ses passions. A peine le téléphone était-il vulgarisé, apportant dans les relations ordinaires de la vie une simplification qui ne tardera pas à devenir une source de complications, que des esprits ingénieux songèrent au parti à tirer de cette nouvelle facilité.
Au premier rang se signalent les fumistes. C'est ainsi que l'on vit, certain jour à la même heure, tous les établissements de bains chauds de la ville, expédier un bain complet au domicile de la belle Madame Z. qui le leur avait commandé par téléphone.
Une autre fois ce fut un défilé de patronats porteurs de provisions de petits fours pour un imaginaire « five o'clock » donné par l'aimable Mme X. D'où colère des dames en question, fureur des fournisseurs dérangés inutilement, et joie intense des mystificateurs anonymes.
Puis, nous avons les amoureux. Du fond de la garçonnière qui abrite ses coupables amours, Madame téléphone à monsieur qu'elle est chez sa couturière, fatiguée par un essayage compliqué, et qu'elle ne veut pas quitter la maison sans envoyer ses meilleurs baisers au chéri qui travaille pour lui gagner la fortune destinée à solder les factures. Excellent alibi, sécurité à domicile.
Ensuite viennent les escrocs. Le prince Machinakoff téléphone rue de la Paix qu'on envoie à son choix, à l'Hôtel, d'étincelantes rivières de brillants ou des colliers de perles du plus pur orient. Le gros négociant avise son banquier de la présentation d'un chèque (faux bien entendu) qu'un compère se prépare à toucher. D'audacieux malfaiteurs sachant Monsieur parti en automobile et Madame seule au logis, téléphonent à l'épouse qu'une catastrophe est survenue à l'autre bout de la ville où son mari blessé réclame ses soins. Et, après l'avoir vu sortir, affolée, ils entrent dans l'appartement qu'ils cambriolent tout à leur aise. Et tant d'autres procédés destinés à surprendre la confiance des gens dont il s'agit de faire des victimes ou des dupes !
Gardons-nous d'oublier l'employé carottier, sous prétexte d'une course urgente, il a quitté le bureau avant l'heure pour se rendre au café où l'attendent des camarades. Là, tout en se livrant aux émotions d'une partie de manille, il téléphone à son patron le résultat de ses démarches, résultat qu'il connaissait avant de quitter le bureau.
Mentionnons encore la femme jalouse qui cherche à prendre en défaut son mari et téléphone afin de savoir s'il est bien à l'endroit où il a prétendu qu'il se rendait. Citons aussi le monsieur qui manque de mémoire et prétend, à la réflexion, n'avoir jamais conclu le marché accepté par téléphone, mais dont on a négligé de lui demander la commande par lettre.
Tout cela n'est déjà pas mal et témoigne d'une certaine fertilité d'invention.
Il était réservé à la magistrature de trouver mieux et de se placer du coup au premier rang! Un juge d'instruction, porteur du nom d'une localité du Midi célèbre pour ses melons, vient de se distinguer entre tous ses collègues pour arracher des aveux aux plus récalcitrants.
Ne pouvant obtenir d'un témoin l'adresse de son frère, inculpé dans une grave affaire d'escroquerie, voici comment il s'y prit. Tandis que le témoin regagnait son domicile, notre juge manda la maîtresse de l'inculpé, femme vindicative dont il se sert habilement.
Il lui ordonna de téléphoner au témoin et de lui poser certaines questions compromettantes auxquelles ce dernier ne pouvait manquer de répondre. Le fil de l'Administration devenait ainsi un véritable fil conducteur à travers le labyrinthe de l'instruction. Ainsi fut fait, et le témoin reconnaissant la voix de l'amie de son frère, se laissa, paraît-il, aller à en dire plus long qu'il ne l'avait voulu en présence du magistrat. Mais ce dernier, roublard, avait pris soin d'aposter dans la cabine téléphonique son secrétaire et un gardien de la paix.
Fort de leur témoignage, il griffonnait aussitôt un mandat d'arrêt et faisait écrouer la victime de sa ruse.
Il n'y a là, jusqu'à présent, qu'un exemple isolé. Espérons qu'il ne sera pas suivi; car, si ce juge au nom de cucurbitacée faisait école, on se demande où nous en arriverions! Somme toute, les pouvoirs qu'il détient de la société, il les exerce au nom de la morale et dans un but de justice. Or, nous ne voyons pas que la justice ni la morale aient rien à démêler avec l'emploi de procédés aussi tortueux, pour ne pas dire plus ?
Il semble résulter de tout ceci que nous ayons à nous méfier terriblement du coup du téléphone. Signaler le mal n'est rien, il faudrait pouvoir indiquer le moyen d'y remédier. Nous avouons n'en pas connaître. Il existe toutefois une bonne précaution qu'on néglige trop souvent d'employer en cas de doute ou d'ignorance. Une fois la conversation terminée, vous résonnez et demandez à la demoiselle avec quel numéro elle vient de vous mettre en communication. Si vous tombez sur un jour où cette employée est de bonne humeur, elle vous donnera satisfaction, mais je ne saurais rien vous garantir.
G. de Raulin (Reproduction interdite) (LM)
Mardi et mercredi 27 et 28 février 1906
Télégraphes.
L'administration des Télégraphes fait procéder en ce moment dans son immeuble à de grands travaux ayant pour objet d'améliorer les services et d'en augmenter le rendement. En raison de cela, le fonctionnement pourra en subir quelque gêne momentanée que l'administration s'efforcera de réduire de son mieux, tout en priant le public de vouloir bien en tenir compte. L'administration qui tient à satisfaire aux exigences des intéressés, nous assure qu'elle va pousser les travaux le plus vite possible afin de hâter la reprise normale des services. (LM)
Dimanche et lundi 4 et 5 mai 1906
Le téléphone en Allemagne.
Il y avait au 31 décembre 1905 en Allemagne 4 062 réseaux téléphoniques comprenant 34 930 localités, avec 510 831 abonnés. La longueur totale des lignes allemandes était de 1 865 000 kilomètres, soit plus de 46 fois le tour de la Terre à l'équateur, qui se décomposent comme suit : Lignes aériennes 497 340 kilomètres, lignes souterraines (câbles) 1 367 578 kilomètres en mettant bouts à bouts les différents fils qui composent chaque câble. Il y a par conséquent en Allemagne trois fois plus de lignes souterraines qu'aériennes.
Cette proportion augmente encore tous les jours, parce que l'expérience a démontré que les lignes souterraines éprouvent moins de dérangements; elles ne sont plus sujettes ni à l'influence atmosphérique, ni à l'induction, ni au danger de contact avec des lignes à haute tension. Le cuivre employé à la fabrication des câbles et le bronze des lignes aériennes ne pèsent pas moins de 14 millions de kilogrammes, ce qui, au cours actuel de ces métaux, représente une valeur intrinsèque de 28 millions de marks.
Le réseau de Berlin compte annuellement 74 836 abonnés et 196 698 kilomètres de lignes exploitées. Hambourg vient ensuite avec 31 707 abonnés, Francfort en compte 14 104, Leipzig 13 159, Dresde 12 917, Cologne 11 163, Breslau 9 364. Les différents réseaux allemands sont reliés entre eux par 5 234 lignes doubles d'une longueur totale de 503 494 kilomètres.
Les lignes les plus longues du réseau sont celles de :
Berlin-Paris 1192 km
Berlin-Posen-Bromberg-Elbing-Koenigsberg-Insterbourg-Tilsit-Meme l944
Berlin-Budapest 941
Berlin-Stuttgart-Bâle 914
Berlin-Osterode (Prusse orientale)-Koenigsberg 709
Berlin-Vienne 686
Berlin-Nuremberg-Munich 665
Berlin-Dusseldorf 651
Francfort-s-M-Paris 651
Berlin-Mannheim 635
Berlin-Cologne 633
Berlin-Coblenz 594
Berlin-Francfort-s-M 574
Berlin-Oppeln-Gleiwitz 553
Leipzig-Stuttgard 519
Cologne-Leipzig 518
Francfort-s-M-Hambourg 513
Hambourg-Kiel-Flensbourg-Fredericia-Odense-Nyborg-Korsoer-Copenhague 492
Les dépenses d'établissement de tous les réseaux téléphoniques de l'Allemagne s'élevaient à la fin de l'année 1905 à la somme de 322 millions de marks.
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Allô ! Allô !
Connaît-on l'origine de l'expression « allô », formule consacrée de nos appels téléphoniques ?
Elle viendrait tout simplement de « Au loup! »
Cette expression, introduite par les Normands, avait été adoptée par les bergers du Leicestershire pour signaler la présence d'un loup dans le voisinage d'un troupeau. « Au loup » s'est transformé en « halloup », dont les Anglais ont fait « hallo » et dont ils se servent pour un appel quelconque.
D'après le journal anglais qui signale le fait, nous aurions simplement repris le mot « hallo! » sans en changer le son, mais en supprimant l' « h » et sans autre transformation. (LM)
Samedi 31 mars 1906
Pour les abonnés du téléphone.
A la suite de modifications dans l'installation technique du bureau central des téléphones à Metz, la manière d'établir les communications sera simplifiée à partir du 1er avril par la suppression de quelques prescriptions.
1) A l'avenir, l'abonné avec lequel on désire être mis en communication sera appelé par le bureau central. L'invitation « Veuillez appeler » (Bitte rufen) qui figure dans la liste des abonnés page 11, alinéas 3 et 4 sera supprimée.
2) L'alinéa 1, page 12 de la liste des abonnés du réseau local à Metz est supprimé. Les abonnés « ne devront » plus indiquer à la fin d'une conversation en tournant la manivelle, parce qu'un signe indiquant la fin de la conversation apparaît automatiquement au bureau central dès que le récepteur est accroché à l'appareil. (LM)
Jeudi 12 avril 1906
Télégraphie sans fil et lumière.
Des expériences ont démontré que la télégraphie sans fil donne de meilleurs résultats la nuit que le jour. Des navires de guerre américains ont communiqué sur l'océan Atlantique entre eux, pendant le jour, à une distance de 1000 kilomètres ; la nuit, avec les mêmes appareils, et dans des circonstances absolument identiques, des télégrammes ont été échangés jusqu'à 2040 kilomètres. On ne sait encore exactement à quoi il faudrait attribuer ce curieux phénomène. D'aucuns pensent que c'est la chaleur et la lumière du soleil qui, pendant le jour, s'opposent à la pleine action des ondes. (LM)
Dimanche et lundi 13 et 14 mai 1906
Le téléphone baromètre.
Sait-on que le téléphone peut servir en guise de baromètre, à prédire le temps qu'il fera ? M. Emile Gautier nous apprend que rien n'est plus certain.
Il faut pour cela adjoindre à l'appareil téléphonique un dispositif spécial, mais ce dispositif est tout ce qu'on peut rêver de plus simple, à la condition d'avoir libre accès dans une cour ou dans un jardin. Sur la voie publique, en effet, ce serait un peu scabreux, comme on va le voir.
Vous prenez deux tiges de fer fourchues à leur extrémité inférieure -plus grande sera la surface de contact, mieux cela vaudra- et vous les enfoncez dans le sol à cinq ou six mètres l'une de l'autre. Après quoi vous reliez chacune de ces tiges au fil conducteur du téléphone le plus voisin.
Un point, c'est tout, sauf que vous ne ferez pas mal d'en arroser le pied, tous les huit ou dix jours, avec une faible solution de chlorhydrate d'ammoniaque.
Vous aurez ainsi la certitude d'être prévenu, douze ou quinze heures à l'avance, des perturbations atmosphériques en voie de préparation; grâce à sa sensibilité infinie, le téléphone se chargera de jouer le rôle d'avertisseur.
Quand, en effet, le temps sera à se mettre à l'orage, vous entendrez chanter la plaque vibrante; un grésillement -quelque chose comme le bruit de la grêle sur un toit en zinc- qui ira en augmentant d'intensité au fur et à mesure que l'orage se rapprochera.
Quant aux changements de température, ils se caractérisent par un murmure assourdi, comme qui dirait le gazouillement lointain d'une troupe de petits oiseaux. (LM)
Jeudi 17 mai 1906
Télégraphie sans fil souterraine.
Pendant que les électriciens cherchent à perfectionner la télégraphie sans fil aérienne, le Père Joseph Murgas, un savant ecclésiastique de Wilkesbarre, en Pensylvanie, promet de révolutionner tous les modes actuels de correspondance rapide par un système de télégraphie souterraine, qui fait quelque bruit de l'autre côté de l'Atlantique.
Sans vouloir entrer dans des détails trop précis, disons seulement que l'inventeur a combiné les données connues de la télégraphie sans fil et de la syntonie, en les alliant à une nouvelle machine à écrire qui permettrait d'envoyer plusieurs groupes de mots pour chaque mouvement du commutateur.
Des trous sont creusés dans le sol, plus ou moins profonds, suivant la distance à laquelle l'on veut communiquer. Des puits de 120 mètres assurent déjà, à travers les couches conductrices de la terre, des relations télégraphiques très sures à grande distance. On pourrait facilement établir un réseau souterrain sans fil entre la France et l'Amérique, au moyen d'un puits de 870 mètres seulement.
C'est du moins ce que prétend le père Murgas, qui ajoute que son système, vingt fois plus rapide que tous les appareils actuellement employés, permettrait, en outre, d'expédier des dépêches aux quatre coins du monde, pour quelques centimes.
Jeudi 12 juillet 1906
Les déclarations en vue d'obtenir des raccordements au téléphone dans le district de la direction supérieure des Postes à Metz, pour la seconde moitié de l'année budgétaire, doivent parvenir jusqu'au 1er août au plus tard aux bureaux de poste à Metz, ou au bureau du télégraphe. (LM)
Mercredi 18 juillet 1906
A partir de maintenant, et en tant qu'il existe dans le Luxembourg des postes téléphoniques publics, des personnes seront appelées pour les conversations dans le service téléphonique entre l'Allemagne et le Luxembourg. La taxe pour appeler la personne demandée est de 25 pf. (LM)
Mardi 24 juillet 1906
Les communications téléphoniques entre Metz et Bad-Kissingen sont établies. Le prix de la conversation est de 1 mark. (LM)
Mercredi 19 septembre 1906
Strasbourg.
Téléphone et injures. La direction supérieure des Postes de Strasbourg a fait connaître aux employés des téléphones qu'une plainte en diffamation ne peut être déposée contre un abonné que si l'abonné se permettait des injures graves et touchant l'honneur, mais non pas lorsque l'abonné dans le premier moment d'indignation se laisse entraîner à quelques propos déplacés. (LM)
Mardi 9 octobre 1906
Le congrès de télégraphie sans fil à Berlin.
« Plus vite » semble être la devise du vingtième siècle. Tout va plus vite, même le progrès. Autrefois, les inventions nouvelles avaient grande peine à se faire adopter et, une fois adoptées, les perfectionnements arrivaient lentement et difficilement, se heurtant au mauvais vouloir des uns, aux droits acquis des autres, à l'indifférence surtout, c'est-à-dire à l'insouciance et à la paresse.
La paresse est bien près d'être supprimée du monde, excepté chez quelques poètes et écrivains, dont plus d'un, sans avoir le talent de Mürger, dit volontiers comme lui : « Il y a des années où l'on n'est pas en train de travailler ! ».
Les automobiles datent de dix ans, à peine; on les a adoptées aussitôt et les perfectionnements sont de tous les jours.
La télégraphie sans fil date aussi de dix ans, et les premières expériences de cinq ans à peine.
Le principe, l'utilisation des ondes électriques découvertes par Hertz, a été trouvé, on le sait, par un Français, le docteur Branly, professeur à l'Institut catholique.
Il ne restait qu'à organiser un appareil pouvant émettre, recevoir et enregistrer les décharges électriques.
C'est un Italien, M. Marconi, qui a imaginé le premier appareil, mais il n'a pas été le seul inventeur de ce genre, et il prétend aujourd'hui à un monopole universel que plusieurs puissances refusent d'accepter, parce qu'elles ont leurs inventeurs et leurs appareils.
Toute la raison d'être de la conférence de Berlin réside dans cette lutte contre les appareils Marconi ; mais, réunie depuis trois jours, elle fera d'autre besogne encore.
Au premier abord, la télégraphie sans fil ressemble à un des nombreux mystères de la nature. Rien n'est plus simple.
Elle consiste à produire un petit éclair entre deux boules de cuivre, c'est-à-dire une décharge électrique. Cet éclair est plus ou moins fort, selon la distance des boules qu'on appelle des électrodes et selon la puissance des batteries électriques.
Toute décharge électrique produit, comme un caillou dans la mare aux grenouilles, des ondes qui s'élargissent en rond. Les ondes électriques, au lieu d'être en surface, sont en boule. Elles s'en vont en haut, à droite, à gauche, partout, ce qui fait qu'un télégramme de télégraphie sans fil s'en va de tous côtés et qu'on peut le recueillir de tous les postes qui l'environnent.
Une décharge électrique produit une onde qui va avec la rapidité de l'éclair à une distance proportionnée à la force d'émission. Pour la recevoir, le docteur Branly avait imaginé un tube de verre dans lequel se trouvait de la limaille de fer qui a la propriété de se soulever au passage de chaque onde, et tout le mécanisme du récepteur est là.
On l'a perfectionné, cependant, et ce qu'on appelait le cohéreur, autre appareil destiné à ramener la limaille de fer à sa place, a été remplacé par ce qu'on appelle « le détector magnétique ».
L'alphabet de la télégraphie sans fil est celui de l'appareil Morse: des traits plus ou moins longs assemblés de différentes façons.
On a augmenté également les distances d'émission pour les ondes hertziennes, jusqu'à quinze cents et deux mille kilomètres. J'ai assisté aux premières expériences de M. Marconi, en 1901 ; il envoyait des télégrammes d'Antibes au cap Corse, et cela paraissait merveilleux; ce n'est plus que jeu d'enfant. Mais M. Marconi prétend envoyer des radio-télégrammes jusqu'en Amérique, de son poste de Poldhu, à l'extrémité ouest de l'Angleterre, jusqu'au poste de Cap Cod, aux Etats-Unis, et c'est un fait qui demande explication: quatre-vingt-cinq paquebots et six ou sept cents bateaux de la marine anglaise sont munis d'appareils Marconi. Il s'en trouve toujours en route, entre l'Angleterre et New-York, et ils servent de relais à ces télégrammes. De l'un à l'autre, ils reçoivent et renvoient la dépêche qui finit par arriver à la terre ferme.
La distance à laquelle on peut envoyer une onde dépend aussi du nombre de fils émetteurs et de leur hauteur.
En 1901, on se contentait d'une antenne au sommet d'un mât de vingt mètres de hauteur.
Aujourd'hui, on élève pour un poste quatre mâts de cinquante mètres reliant un fil circulaire, sur lequel vont s'accrocher, en éventail, quarante à cinquante fils qui sortent du poste et transmettent la même décharge électrique. M. Marconi va établir, en Irlande, un mât de quatre-vingt mètres, pour tâcher de n'avoir que ce relais entre l'Irlande et le Canada.
M. Marconi n'est pas seulement un heureux inventeur, c'est aussi un homme d'affaire très avisé. Il a donné son invention à l'Italie à condition qu'elle n'emploierait jamais d'autre appareil et qu'elle lui louerait ces appareils. Il a fait un traité semblable avec l'Angleterre et voilà deux puissances liées avec cet inventeur.
M. Marconi ne vend jamais ses appareils. Aux paquebots aussi bien qu'aux Etats, il loue ses appareils avec des employés à lui, et il donne l'ordre à ses employés de ne recevoir de télégrammes que de ses postes à lui, et de ne communiquer qu'avec eux.
Arrivé le premier, il a établi des stations télégraphiques sur tout le littoral anglais et italien, et il a imposé ses appareils aux transatlantiques, par la raison que l'Angleterre est plus près de l'Amérique que la France.
On conçoit combien cet abus de pouvoir a excité de récriminations et de justes réclamations. La France et l'Allemagne, qui ont chacune leurs appareils spéciaux et leur stations côtières, sont les premières à réclamer.
Il est même arrivé que le prince Henri de Prusse, frère de l'empereur, allant en 1903 aux Etats-Unis, voulut envoyer de son bord un radiotélégramme à New-York. Le télégramme fut reçu à Cap Cod, mais l'employé de Marconi refusa de le communiquer, parce qu'il ne venait pas d'un appareil de sa maison.
Dès lors, l'Allemagne entreprit de régler la question. Un premier congrès de télégraphie sans fil fut aussitôt réuni à Berlin, mais l'Angleterre et l'Italie refusèrent d'y envoyer des représentants, en faisant valoir les engagements pris et les droits acquis.
L'Allemagne a recommencé et, après bien des délais, on est arrivé au congrès qui s'est réuni le 3 de ce mois à Berlin, dans la salle des séances du Reichstag.
Le président est Allemand, mais on a décidé que les discussions auraient lieu en français.
L'Angleterre et l'Italie ne pouvant se soustraire à l'évidence des inconvénients soulevés par un monopole arbitraire, se sont fait représenter et sont disposées à prendre des arrangements, quittes à indemniser la Compagnie Marconi.
Cependant, M. Marconi ne s'est pas oublié. L'Italie n'osant pas le choisir comme un de ses délégués, il est arrivé à Berlin, délégué... du Monténégro.
La France a neuf représentants à ce congrès: quatre des postes et télégraphes, deux du ministère de la guerre, deux de la marine et un des colonies. Il y a en tout une centaine de délégués à ce congrès, qui n'a que voix délibérative, mais qui est chargé de préparer et de proposer la solution de plusieurs questions : organisation d'un bureau international pour trancher les différends, et d'un bureau technique pour étudier les perfectionnements proposés; fixation d'un tarif international; obligation pour tous les postes de recevoir et d'expédier tous les télégrammes, quelles qu'en soient l'origine et la destination, pénalités pour qui y manquerait; droits des neutres en cas de guerre; distinction à faire entre les postes internationaux, les postes nationaux et les postes militaires, syntonisation des appareils internationaux, c'est-à-dire mise au point des appareils pour qu'ils puissent tous communiquer entre eux.
(« Gaulois ») Jean Villemer. (LM)
Mercredi 21 novembre 1906
Léy.
Un bureau de télégraphe avec service téléphonique permettant de signaler les accidents à Maizières-Azoudange et Vic, a été adjoint au bureau de poste auxiliaire à Léy. (LM)
Mercredi 28 novembre 1906
Des cabines téléphoniques publiques ont été installées dans les agences postales de Condé-Northen, Ladonvillers, Pange et Tetingen. (LM)
Samedi 15 décembre 1906
Nouvel Hôtel des postes.
Hier, jeudi, devait avoir lieu l'adjudication des travaux de construction du nouvel Hôtel des postes en face de la gare.
Les soumissions suivantes avaient été présentées : (le plus disant: Duren, 973842 marks ; le moins disant : les héritiers Flügge, 780994 marks)
Les tailleurs de pierres ayant réclamé à Berlin une adjudication spéciale pour leurs travaux, l'administration des postes a dû annuler la soumission d'hier, c'est pourquoi elle a décidé d'adjuger les travaux de nouveau en trois lots : maçonnerie, taille des pierres et charpentes. (LM)
Samedi 26 janvier 1907
Les bureaux de télégraphe chargés de transmettre les résultats électoraux le 25 janvier, date des élections pour le Reichstag resteront ouverts jusqu'à 10 heures du soir au moins, et plus tard s'il est nécessaire, jusqu'à ce que les télégrammes électoraux auront été expédiés.
Pour assurer le service téléphonique, tous les bureaux téléphoniques resteront ouverts jusqu'à minuit en cas de besoin. (LM)
Mardi 29 janvier 1907
La taxe téléphonique à Metz.
Le nombre des abonnés du téléphone à Metz ayant dépassé le chiffre de 1000 au premier janvier 1907, la taxe à payer en bloc sera portée à 160 marks et l'abonnement initial à 75 marks à partir du 1er avril prochain. Les abonnés ont le droit de dénoncer le raccordement pour l'entrée en vigueur de ces augmentations, au plus tard jusqu'au 1er mars prochain. Les abonnés qui avaient payé jusqu'ici la taxe en bloc, peuvent se faire inscrire pour le paiement de l'abonnement initial de 75 marks (auquel s'ajouteront les taxes de 5 pf. par conversation demandée). Les demandes et les dénonciations de raccordement devront être adressées au bureau du télégraphe à Metz jusqu'au 1er mars. (LM)
Dimanche et lundi 11 et 12 février 1907
Les demandes de raccordement au réseau téléphonique dans le district de la direction supérieure départementale à Metz pour le premier semestre de l'exercice en cours doivent être adressées au plus tard jusqu'au 1er mars aux bureaux de poste des localités respectives, à Metz au bureau du télégraphe où l'on donnera d'autres renseignements. Des raccordements demandés après ce délai ne peuvent être exécutés qu'exceptionnellement et à la condition que le requérant supportera les dépenses supplémentaires résultant de l'exécution. (LM)
Jeudi 14 février 1907
Le nouvel hôtel des postes.
Vendredi a eu lieu pour la seconde fois la soumission pour les travaux de construction du nouvel hôtel des postes près de la gare. Cette fois, les travaux avaient été partagés en trois lots.
Les offres suivantes ont été présentées :
1er lot, travaux de maçonnerie et matériaux ainsi que travaux d'asphaltage. (le plus disant: Heister avec 550926 marks, le moins disant : Krauser de Sarreguemines avec 470156 marks)
2ème lot, fourniture et mise en place des pierres de taille. (le plus: M. et Jos. Heins, Strasbourg, 355462 m. ; le moins: Rahm, Kaiserslautern, 248628 m.)
3ème lot, travaux de charpentes. (le plus: Beudler, Strasbourg, 51887 m. ; le moins: Société lorraine de construction, 38843 m.)
Le délai d'exécution est de deux ans. Il résulte des soumissions qu'il s'agit d'un bâtiment très important. (LM)
Dimanche et lundi 17 et 18 février 1907
Transmission de la photographie par le télégraphe
La phototélégraphie ou la transmission de la photographie par le télégraphe a été cherché souvent. On avait imaginé autrefois un balancier qui passait successivement sur tous les points d'une photographie ou d'une page d'écriture et envoyait à distance, par télégraphe, l'impression plus ou moins forte des noirs et des blancs.
Ce système, très long, très difficile et peu satisfaisant, n'eut aucun succès.
Ce que nous avons vu ces jours derniers dans la salle des fêtes de l'Illustration, rue Saint-Georges, est la réalisation d'un rêve qu'on croyait destiné à se perdre dans les nuages.
C'est un Allemand qui a imaginé ce curieux appareil. Hâtons nous de dire, pour nous consoler, que cet Allemand, le professeur Korn, de Munich, a fait une partie de ses études à Paris, où il a été l'élève de M. Poincaré, de l'Académie des Sciences, et de MM. Picard et Bouty.
Le constructeur de ces appareils très délicats, M. Carpentier, est Français et Parisien ; il a bien voulu nous fournir avant la séance publique, toutes les explications les plus détaillées.
Le système consiste à prendre un cliché sur pellicule et à reproduire à distance un cliché semblable.
De chaque côté de la tribune qui faisait face aux spectateurs, il y avait d'un côté l'appareil transmetteur, et, de l'autre, l'appareil récepteur. Il n'y avait pas plus de deux mètres de distance entre les deux appareils et l'on dira que l'expérience n'était guère probante ; mais il faut savoir que, grâce à la complicité du sous-secrétaire d'Etat aux postes et télégraphes, chacun de ces deux appareils était relié à un fil télégraphique de Paris à Lyon, en sorte que le courant faisait, à deux mètres de distance, un voyage de mille kilomètres, aller et retour. L'expérience passait par Lyon, pour revenir à Paris.
Dans un manchon de métal, un cliché photographique sur pellicule en forme de manchon. C'est un cliché de 13/23 représentant la physionomie de M. Fallières.
Il s'agit de reproduire à mille kilomètres de distance un cliché semblable.
Pour cela, un rayon de lumière électrique est envoyé, à travers une lentille dans une ouverture infinitésimale du manchon métallique, et vient frapper le cliché en un point quelconque de son sommet. Le cliché étant rond tourne sur lui-même, et il tourne en montant très doucement, grâce à un pas de vis.
Le cliché qui est transparent, va donc, lentement et successivement, sur chacune de ses parties, laisser passer le rayon lumineux. Rien du cliché n'échappera au rayon.
Après avoir traversé le cliché, le rayon lumineux va heurter, au centre du manchon, un prisme immobile qui le renvoie au bas du manchon, sur une petite plaque d'ardoise entourée de fils électriques qui ne se touchent pas, mais qui sont reliés par une mince couche de sélénium.
Ceci est la partie la plus scientifique du système.
Le sélénium est un métalloïde bizarre qui a la propriété singulière de transformer la lumière en électricité.
La couche de sélénium transmet donc aux fils télégraphiques, qu'il recouvre, une impression électrique plus ou moins vive, selon l'intensité du rayon qu'il reçoit. Et ce rayon est plus ou moins lumineux, selon qu'il a traversé une partie claire ou opaque du cliché.
Il est bien évident, par exemple, que le nez de M. Fallières doit projeter une ombre assez forte et que le sélénium ne transmettra en conséquence qu'une impression faible.
Tel est l'appareil transmetteur. Il faut ajouter cependant que le tournoiement ascendant du cliché dans le manchon de métal est réglé par un volant électrique qui fait quatre-vingt-dix-neuf tours à la seconde.
Cela a son importance, car l'appareil récepteur devra avoir un synchronisme aussi exact que possible, c'est-à-dire que le même volant devra exister avec le même nombre de tours, ce qui est fort difficile. On compense alors la légère différence par un système très ingénieux.
On comprend aisément que, pour faire un cliché semblable à distance, il faut que la pellicule préparée pour servir de nouveau cliché, et roulée aussi dans un manchon de métal, doit tourner et monter avec la même vitesse que le cliché qu'elle doit reproduire.
Le courant électrique arrive donc plus ou moins intense à l'appareil récepteur, et il agit sur un obturateur, presque infinitésimal, en aluminium, placé à l'entrée d'une minuscule ouverture.
Un lampe électrique envoie sa lumière à travers ce petit trou, et va frapper dans le manchon métallique le cliché tournant qui est préparé.
Selon que le courant est fort ou faible, l'obturateur agit instantanément, laissant passer plus ou moins de lumière sur les parties successives du cliché préparé et ainsi, en spirale imperceptibles, viennent se reproduire les sombres et les clairs du cliché envoyeur, mais en sens inverse, le second cliché étant positif si le premier est négatif.
L'opération demande de six à douze minutes pour que les deux clichés aient simultanément tourné sur eux-mêmes de bas en haut. Le second cliché est prêt: il ne reste plus qu'à le développer.
Ce serait tout, s'il ne fallait y ajouter un appareil compensateur, au départ, pour le sélénium qui est paresseux à se débarrasser de la lumière reçue; mais cette explication serait vaine pour l'ensemble de la découverte.
Ce qui est merveilleux, c'est qu'on peut transmettre une photographie aux journaux, en un instant, de Nice à Paris, et à plus forte raison l'écriture, dont la reproduction cependant paraît moins utile, à moins qu'il ne s'agisse de vérifier rapidement une signature.
C'est le professeur Korn lui-même qui a fait la conférence devant une nombreuse assistance, dans laquelle on remarquait: M. Barthou, le prince de Radolin, M. Simyan, le prince Roland Bonaparte, le comte Tornielli, M. Kurino, les ministres de Chine et de Perse, M. Paul Béziné, M. Henri Lavedan, de l'Académie française; M. Emile Picard, le comte de La Vaulx, M. Santos-Dumont, M. Abel Hermant.
Gaulois (LM)
Note : Arthur KORN (20 mai 1870 - 21 décembre 1945).
Samedi 23 février 1907
Les appareils téléphoniques fonctionnant d'une manière automatique et qui sont accessibles au public de Metz et dans les localités de la banlieue, permettant des conversations avec les localités de la première zone téléphonique dans un rayon de 25 kilomètres. Toutefois, des conversations urgentes, des conversations à inscrire à l'avance et des conversations pour lesquelles il faut appeler une personne au téléphone ne peuvent être effectuées.
Les instructions sur l'utilisation des appareils pour les conversations avec le dehors et les localités avec lesquelles des communications peuvent être obtenues, sont mentionnées sur un avis affiché près de l'appareil. Cette installation n'est provisoirement qu'un essai. (LM)
Samedi 9 mars 1907
La direction supérieure des Postes nous informe que, dorénavant, le service télégraphique sera supprimé les dimanches et jours fériés de 5 heures à 6 heures de l'après-midi dans les localités de Baudrecourt, Ancy-sur-Moeslle, Bambidestroff, Béchy, Bettnach, Condé, Courcelles-sur-Nied, Distroff, Freialtroff, Ham-sous-Varsberg, Héming, Jouy-aux-Arches, Lorry-lès-Metz, Mittelbronn, Moyenvic, Neunkirchen (arrondissement de Sarreguemines), Nieder-stinzel, Pange, Peltre, Philippsbourg, Rémelfing, Réchi-court, Roncourt, Rosselange, Saint-François, Saint-Privat-la-Montagne, L'Hôpital, Sthalheim, Welferding et Woippy.
Le bureau du télégraphe du chemin de fer ou le bureau de télégraphe le plus proche seront chargés pendant cet intervalle de l'expédition et de la distribution des dépêches. (LM)
Jeudi 14 mars 1907
Des bureaux de poste auxiliaires seront ouverts le 1er avril à Sainte-Barbe, Budange-sous-Justemont et Fameck. (LM)
Mercredi 20 mars 1907
Le 1er avril, des bureaux de poste auxiliaires seront ouverts à Buding, circonscription postale de Metzerwiese, Laumesfeld près Monneren, Ranguevaux et Morlange (circonscription postale de Hayange). (LM)
Dimanche et lundi 21 et 22 avril 1907
Bureau de poste central.
C'est plutôt principal qu'il faudra dénommer ce nouveau bâtiment qui va s'élever dans la zone d'agrandissement, vis-à-vis la nouvelle gare. Les fondations sont commencées, elles se composent de pilotis comme les bâtiments de la gare et de la poste. Les derniers arbres qui ornaient autrefois les promenades de la porte Saint-Thiébault sont en train de disparaître. Dès que les fondations seront achevées, on entreprendra le nivellement de la grand place et celui des rues avoisinantes. (LM)
Samedi 11 mai 1907
Aux abonnés du téléphone.
Le Tribunal régional de Düsseldorf a rendu ces jours derniers un jugement intéressant. Un employé de commerce ayant, pour téléphoner, tourné trop brusquement la manivelle (contrairement au règlement qui commande de tourner une seule fois doucement) a occasionné à la demoiselle du bureau central des lésions qui l'ont rendue sourde. Le patron, actionné par la demoiselle en question, a été condamné à payer à cette dernière une pension annuelle équivalente à la somme de son traitement actuel et cela jusqu'à sa 65 ème année d'âge. On fera bien de ne pas trop appuyer sur la manivelle et de surveiller ses nerfs, que ces demoiselles du téléphone mettent quelquefois à l'épreuve. (LM)
Mardi 14 mai 1907
L'inventeur du téléphone.
Nous croyons communément que l'inventeur du téléphone est l'Américain Graham Bell. Pas du tout! On nous annonce maintenant que c'est un Français. Et le plus piquant, c'est que ce sont justement les Américains qui nous l'apprennent.
L'Association des Abonnés au téléphone, présidée par le marquis de Montebello, vient de faire la curieuse découverte, dans une revue américaine, d'une conférence faite récemment dans une grande ville des Etats-Unis, et dans laquelle l'orateur rend pleine justice à cet inventeur, en citant à l'appui de son assertion des documents probants.
Plus de vingt ans avant Bell, en 1854, un jeune électricien qui faisait son temps de service en Afrique, Charles Bourseuil, avait eu l'idée de transmettre la parole au moyen d'un conducteur électrique. Mathématicien et physicien consommé, il construisit un appareil, dont on peut voir la description dans les journaux du temps. Et il déclarait, à la profonde stupéfaction de ses contemporains, qui le considéraient comme un illuminé, qu'à l'aide de ce procédé, la parole dite à Vienne, pouvait instantanément être transmise à Paris. Naturellement, le pauvre soldat d'Afrique ne trouva pas de capitaux pour exploiter son invention, et mourut pauvre et méconnu. (LM)
Samedi 1er juin 1907
Le réseau téléphonique de Metz vient d'être relié à ceux de Breslau et Lissa. La taxe est de 1 mark 50 par communication. (LM)
Samedi 6 juillet 1907
Le 15 juillet, des nouveaux bureaux de poste auxiliaires seront ouverts à Berveiller et Reimeringen, circonscription postale de Hargarten.
Le service téléphonique a été installé dans les agences postales de Bliesbrucken et Woelflingen. (LM)
Mardi 9 juillet 1907
Des bureaux de télégraphe avec service téléphonique ont été adjoints aux bureaux de poste auxiliaires à Bad-Marienau et Wiesweiler. (LM)
Mardi 16 juillet 1907
Les demandes de nouveaux raccordements au réseau des téléphones pour la deuxième partie de l'exercice 1907 devront être adressées aux bureaux de poste locaux, à Metz au bureau du télégraphe, au plus tard jusqu'au 1er août. (LM)
Jeudi 18 juillet 1907
L'Office Impérial des Postes examine une réforme du tarif pour les conversations téléphoniques à grande distance. Il est question en particulier d'abaisser de 1 mark à 75 pfennige la taxe pour les conversations échangées à des distances de 101 à 250 kilomètres. (LM)
Dimanche et lundi 21 et 22 juillet 1907
Le bureau de poste du Congrès eucharistique.
Pendant la durée du Congrès eucharistique, un bureau de poste avec cabine téléphonique publique sera installé à l'Hôtel Terminus. (...) (LM)
Mercredi 21 août 1907
Des bureaux de télégraphe avec service téléphonique sont adjoints aux bureaux de poste auxiliaires à Colligny et Moyeuvre-Petite. (LM)
Vendredi 18 octobre 1907
La direction supérieure des Postes invite les employés préposés au service téléphonique à garder leur sang-froid jusqu'à l'extrême et à ne porter plainte pour insulte que dans le cas où ces dernières atteindraient l'honneur des employés. (LM)
Jeudi 24 octobre 1907
Le secret de la correspondance téléphonique.
Un journal berlinois signale le fait suivant, qui présente un intérêt plus général :
M. A qui a pris un billet de théâtre pour le soir, se trouve indisposé au moment de partir. Alors, pour ne pas perdre la place et pour obliger en même temps son ami B, il avise ce dernier par téléphone qu'il lui envoie le biller par un « messenger boy » cycliste. Ainsi est fait, et M. B assiste à la représentation théâtrale. Le lendemain M. A reçoit de l'administration des Postes, avis qu'il aura à payer une amende de trois mark pour avoir porté atteinte à son privilège de transport des lettres. Il refuse de payer et, de là, un procès à juger prochainement.
La cause sera intéressante au point de vue principal, car, à qui n'est-il pas arrivé de faire porter une lettre par un commissionnaire ? Mais une question subsidiaire non moins intéressante se posera. La loi assure le secret de la correspondance épistolaire et télégraphique, mais elle a oublié la correspondance téléphonique. Cet oubli sera réparé au cours de la prochaine législature. En attendant, l'administration des téléphones va échapper aux sanctions sévères prévues pour la sauvegarde de la correspondance entre particuliers. (LM)
Dimanche et lundi 27 et 28 octobre 1907
L'automate du téléphone pour la ville installé au rez-de-chaussée du bureau des télégraphes de la rue de l'Esplanade, vient d'être entouré d'une cabine qui empêche le bruit de la rue de molester le public en train de causer à quelqu'un en ville. (LM)
Samedi 9 novembre 1907
Nouvelle poste. Le bâtiment, qui servira de bureau principal vis à vis la nouvelle gare, commence à sortir de terre. Les fondations sont complètement achevées. Ce fut un travail semblable à celui de la gare et de la poste y attenante. On a dû construire sur pilotis à cause du sol mouvant. Les travaux sont arrêtés en ce moment; ils ne seront continués qu'au printemps. (LM)
Samedi 23 novembre 1907
Téléphonie sans fil.
Après la télégraphie, la téléphonie sans fil. Les expériences nous en viennent d'Amérique.
Le principe de la téléphonie sans fil est celui de la télégraphie sans fil. On produit au poste de départ des ondes hertziennes. Dans la télégraphie, avec un manipulateur convenable, on interrompt les ondes de façon à donner des signaux comme dans la télégraphie Morse; au poste d'arrivée, les ondes transmises agissent par l'intermédiaire d'une pile locale sur l'appareil récepteur qui, en général, reproduit sur un papier les signaux Morse. Dans la téléphonie, c'est l'appareil lui-même qui fait fonction de manipulateur: automatiquement, le microphone modifie les ondes en raison des vibrations de la voix; au poste d'arrivée, les ondes sont reçues dans un petit appareil, appelé « audion », qui est un redresseur de courants. L'amirauté des Etats-Unis a fait récemment des expériences officielles sur deux de ses navires, et le résultat fut probant. La voix est fort bien parvenue à une distance de 20 milles, soit 37 kilomètres. Un des avantages de la radiotéléphonie sur la radiotélégraphie, c'est la vitesse des transmissions et leur bon marché. Rapidité, bon marché! Que voilà donc des qualités qui manquent aux communications par fil. (LM)
Mardi 3 décembre 1907
De la campagne.
Endommagement des lignes télégraphiques.
C'est à cette époque de l'année que les lignes du télégraphe ou du téléphone sont le plus exposées à être détériorées par suite de l'abattage des arbres malades ou de l'élagage , opérations qui se font généralement avant les grands froids. A cette occasion nous croyons utile de rappeler aux intéressés que le Code pénal allemand punit de très fortes amendes ou même de peines d'emprisonnement les personnes qui endommagent ou démolissent d'une façon intentionnelle ou par négligence les lignes télégraphiques ou téléphoniques. Avant l'abattre un arbre qui se trouve près d'une ligne télégraphique, on fera bien de s'adresser au prochain bureau de poste, qui enverra un employé, auquel incombe le soin de prendre toutes les dispositions nécessaires pour éviter que la conduite ne soit détériorée. Cet agent est envoyé absolument gratuitement. Le propriétaire qui néglige de prendre cette précaution, risque fort de payer une forte amende et tous les frais de réparation. (LM)
Mardi 10 décembre 1907
La lettre télégramme.
On signale de France cette intéressante innovation postale: la lettre-télégramme. Bien entendu elle sera mise en usage en France seulement. Mais on est fondé à présumer qu'ayant fait ses preuves, la carte-télégramme sortira des frontières de France et sera adoptée par la suite dans les différents pays, en attendant qu'elle devienne internationale. Voici en quoi elle consiste :
L'administration des Postes et des Télégraphes s'est aperçue que ses fils télégraphiques, surchargés le jour, pourraient être utilisés la nuit au plus grand profit du commerce, de l'industrie et des particuliers en général. Telle personne, qui habitera par exemple Calais, hésitera à envoyer un télégramme coûteux à son destinataire habitant Lyon par exemple. Et, si elle se résout à écrire, sa lettre mettra un temps considérable à parvenir. Perte de temps et peute-être perte d'argent! Avec la lettre-télégramme, la solution est trouvée. C'est-à-dire que bientôt on pourra envoyer la nuit -dans les villes où il y a un service de nuit ou service de minuit- un long télégramme qui, au matin, sera distribué par le facteur. La taxe perçue sera au minimum de 50 centimes pour vingt mots; au-dessus de vingt mots, le mot coûtera un centime.
Et pour éviter les longues stations devant les guichets encombrés, on collera sur le manuscrit un nombre de timbres correspondant en centimes au nombre de mots contenus dans la lettre. (LM)
Dimanche et lundi 22 et 23 décembre 1907
Des bureaux de télégraphe avec service téléphonique ont été adjoints aux bureaux de poste auxiliaires à Flasdorf et à Gavisse. (LM)
Samedi 4 janvier 1908
Modification des taxes pour le téléphone.
Le secrétaire d'Etat de l'Office impérial des postes a invité des représentants de l'industrie, du commerce, de l'agriculture et du métier à une assemblée qui se tiendra le 7 janvier à Berlin. On y traitera la question des modifications à apporter aux taxes actuellement en vigueur pour le téléphone. Les personnages invités ont reçu un mémoire contenant les propositions de l'Office impérial des postes. Voici en substance le nouveau tarif qu'on doit y discuter :
1° Les redevances en bloc sont supprimées. Les abonnements ne seront plus établis que sur la base des taxes fondamentales et des taxes par conversation.
2° Les taxes fondamentales sont :
Pour les réseaux de 1 à 1000 abonnements, de 50 marks ; pour les réseaux de 1001 à 5000 abonnements, de 65 m. ; pour les réseaux de 5001 à 20000 abonnements, de 80 m. ; pour les réseaux de 20001 à 70000 abonnements, de 90 m. ; et pour les réseaux de plus de 70000 abonnements, de 10 marks en plus pour tout nouveau groupement de 50000 abonnés.
3° Pour toute communication, il sera établi une taxe spéciale de 5 pfennige. Si un abonné a par an plus de 2000 communications, la taxe se réduit pour les communications de 2000 à 6000 d'un demi-pfennig par communication et d'un pfennig pour toute communication au-delà de 6000.
4° Les abonnés peuvent exiger de tierces personnes une redevance pouvant atteindre 10 pfennige pour chaque conversation dans le rayon du réseau local.
5° Les taxes pour les communications à distance sont de 20 pfennige jusqu'à 25 kilomètres ; de 25 pf. jusqu'à 50 km; de 50 pf. jusqu'à 100 km; de 75 pf. jusqu'à 250 km; d'un mark jusqu'à 500 km ; de 1 m. 50 jusqu'à 750 km ; de 2 m. jusqu'à 1000 km ; pour les distances au-delà de 1000 km, la taxe augmente de 50 pf. par 250 km. (LM)
Vendredi 14 février 1908
Les abonnés du réseau téléphonique de Metz peuvent communiquer avec ceux de Cuxhaven. La taxe pour une conversation est de 1 m. 50. (LM)
Mardi 17 mars 1908
Un nouveau prodige.
Le télégraphe sans fil sur la flotte américaine.
La science moderne semble décidément avoir juré de réaliser chaque jour un nouveau progrès dans le domaine de la fantasmagorie. L'imagination la plus fertile, la plus formidablement féconde d'un Jules Vernes ou d'un Wells, ne pouvait rêver des découvertes plus sensationnelles que celles auxquelles nous assistons aujourd'hui. La dernière en date, du moins à notre connaissance, car, bien que récente, elle n'est pas d'hier, est de toutes peut-être la plus fabuleuse.
Voici la scène à laquelle aujourd'hui on pourrait assister si, par hasard, une indiscrétion permettait à un de nos lecteurs de se transporter à bord d'un des magnifiques vaisseaux qui vont porter le pavillon de la jeune République américaine jusqu'à San-Francisco.
Allô! Allô!
Et d'abord la mise en scène: Une cabine comme toutes les cabines. Au mur, un appareil téléphonique un peu plus compliqué, mais pas beaucoup plus que ceux sur lesquels s'escriment les infortunés abonnés de Paris. Un grand mât sur le pont, du genre de ceux qu'a popularisé la télégraphie sans fil. Des antennes aussi. Un officier entre dans la cabine. Il s'assoit devant l'appareil, se coiffe d'une espèce de casque téléphonique, comme ceux qui siéent si bien à nos gracieuses demoiselles.
Devant lui un parleur du modèle des parleurs ordinaires. L'officier s'installe, un appel bref : « Allô! l'Ohio! Où êtes-vous? » Et tout de suite à son oreille résonne la voix d'un officier de l'Ohio : « A quinze milles en avant! » C'est déjà étonnant, me direz-vous, mais enfin cela prouve simplement que, par un système quelconque, de fils téléphoniques relient les vaisseaux de la flotte américaine et que les agents correspondant à nos demoiselles sont plus expéditifs que celles-ci!
Eh bien! vous n'y êtes pas. Entre les vaisseaux qui communiquent, pas de fils d'aucune espèce, pas de câbles, aucune liaison, rien, l'atmosphère bleue ou grise, le ciel pur ou les nuages orageux au-dessus des vagues molles ou déchaînées, rien, rien, rien. C'est sans fils, sans câbles, sans liaison, sans rien, que cet officier cause avec son collègue, qu'il lui communique des ordres ou qu'il fait avec lui un brin de conversation. Et aucun appareil n'est nécessaire pour traduire le message qui s'envole ainsi à travers l'air et qui vient, naturellement, se répéter clair et distinct dans le microphone que le causeur porte à son oreille.
A 200 kilomètres de distance!
Avouez que c'est merveilleux, que c'est insensé, qu'un Jules Vernes lui-même resterait un moment abasourdi devant la réalisation d'un prodige pareil. Cependant, je vous entends d'ici dire : « Sans doute, c'est étonnant, c'est une invention extraordinaire. Mais enfin, à quelle distance peut-on causer avec ce téléphone aérien? A quelques kilomètres, à peine et, sans doute, quand la distance s'accroît, le son devient confus, on ne saisit plus les paroles, etc. »
Eh bien! pas du tout! Ecoutez et soyez convaincus: Un soir que deux navires de la flotte américaine s'entretenaient ainsi amicalement à quelques milles, l'un de l'autre, vint à passer loin de là, oh! très loin, à 110 milles marins (soit à plus de 200 kilomètres), un bâtiment de commerce, que son capitaine, homme avisé, avait muni de l'appareil miraculeux. Et à 110 milles de distance, le capitaine du navire marchand, assis dans sa cabine, entendit ce que se disaient les deux cuirassés!!!
Une grande découverte
Quels horizons merveilleux ouvre pour l'avenir une découverte de cette envergure! L'inventeur de cet extraordinaire appareil, destiné à bouleverser l'avenir, quand son application sera généralisée, est un ingénieur américain, le docteur Lee de Forest, avec lequel notre confrère Georges Weil, de la « République française », eut l'avantage de s'entretenir de ses travaux et qui, jeune encore, plein d'énergie et de vigueur, parle avec une impressionnante tranquillité de cette découverte effarante.
Ce n'est pas un progrès à prévoir déjà, ce n'est pas le premier jalon d'une invention nouvelle. Le système de M. de Forest est aujourd'hui parfaitement pratique, et tous les vaisseaux, vous entendez bien, tous sans exception, qui composent la grande flotte de l'amiral Evans, en route vers San-Francisco, sont munis de son appareil. Ce n'est pas d'ailleurs une des choses dont l'amiral Evans, populairement dénommé « Fighting Bon » (Bob combattant), est le moins fier. Son plus grand désir serait de parvenir à causer avec New-York étant à San-Francisco. Aujourd'hui, ce n'est pas encore possible, mais qui peut affirmer que demain ne verra pas la réalisation de ce tour de force ?
Les portées de la découverte
A l'heure actuelle, la plus grande distance à laquelle les conversations aient pu s'échanger à travers l'atmosphère au moyen des fameuses ondes hertziennes, qu'on retrouve partout, est cette distance de 110 milles dont nous parlions tout à l'heure. Pour communiquer à cette distance, il faut être sur un cuirassé, à bord duquel le mât spécial nécessaire peut s'élever à la hauteur requise de 135 pieds. A bord des croiseurs et des torpilleurs, les mâts ne peuvent atteindre de pareilles hauteurs et, par conséquent, jusqu'ici on ne peut, de ces bâtiments, communiquer à des distances aussi considérables.
Il serait trop long et trop compliqué de donner ici l'explication technique de cette particularité, que la distance couverte est d'autant plus grande que le mât est plus haut. C'est un fait prouvé, qui tient en grande partie, d'une façon sommaire, à ce que la hauteur des ondes diminue au fur et à mesure que la distance augmente par suite de leur absorption par l'eau.
Donc, pour aller loin, il faut qu'au départ, l'onde soit très haute. De même la terre ayant un pouvoir d'absorption plus grand que l'eau, les distances couvertes jusqu'ici par terre, sont sensiblement moindres que celles obtenues en mer. Avec des mâts de 135 pieds, comme ceux en usage à bord des cuirassés, on n'obtiendrait sur terre que des communications à 110 kilomètres environ au lieu de plus de 200 en mer.
A travers les maisons
Mais dans les expériences faites à terre, on a pu constater que les maisons, la pierre, le bois, les obstacles de toute nature, même les immeubles bâtisses de New-York, les « skyscrapers » à trente étages, n'empêcheraient pas les communications de parvenir. Rien ne semble faire obstacle à l'admirable appareil que nous révèle M. de Forest.
On voit d'ici les services que pourra rendre cette téléphonie idéale aux armées en campagne, aux flottes en mer, où elle supprime absolument les signaux à la main, d'un emploi incertain, rendus impossibles par le brouillard ou par la fumée pendant la bataille. La télégraphie sans fil même, cette admirable découverte d'où découle en ligne droite celle qui nous occupe aujourd'hui, la télégraphie sans fil, à laquelle M. de Forest a commencé par consacrer ses recherches, devient elle-même inutile, du moins à des distances modérées.
Ajoutons que les frais d'installation de l'appareil de téléphonie sans fil sont très inférieurs à ceux de l'appareil télégraphique, que de nombreux navires de commerce ont pu déjà l'installer à leur bord au moyen d'une location, qu'il n'y a pas possibilité d'erreur de transmission et que n'importe qui, avec un peu d'habitude et d'expérience, peut facilement en apprendre le fonctionnement.
Enfin, et ceci est très important, les communications ne peuvent être reçues que par un appareil réglé sur l'appareil émetteur, ce qui exclut la possibilité de surprendre un message qui ne vous est pas destiné, à moins d'être réglé soi-même sur le poste d'où provient la communication.
Telle est, dans ses grandes lignes, l'invention merveilleuse qui nous vient aujourd'hui d'Amérique, où encore une fois elle n'est pas à l'essai, où elle est appliquée et donne toute satisfaction. Dans une « Revue », qui fait actuellement les délices du Châtelet, un saint personnage écrase les faibles humains de la supériorité céleste, en leur disant : « Vous avez, vous, la télégraphie sans fil! Nous autres, au Paradis, nous avons la téléphonie sans fil, et je puis, d'ici, converser avec Saint-Pierre ».
Grâce à M. de Forest, qui est d'ailleurs d'origine française, la terre n'a désormais plus rien à envier au Paradis, du moins à ce point de vue !! (LM)
Samedi 28 mars 1908
Poste des pompiers. A partir de cet après-midi, le poste des pompiers sera installé dans le bâtiment portant le numéro 4 rue de la Bibliothèque, téléphone numéro 49. C'est à cette adresse que seront signalés les incendies soit par téléphone ou verbalement. (LM)
Mercredi 1er avril 1908
Au 1er avril prochain, des bureaux de poste auxiliaires seront ouverts à Beux, circonscription postale de Rémilly; La Maxe, circonscription postale de Woippy, Destrich, c. p. de Brulange ; Colmen, c. p. de Neunkirchen (arr. de Boulay) ; Vatimont, c. p. de Baudrecourt ; Narbéfontaine, c. p. de Boucheporne ; Château Rouge, c. p. de Bouzonville ; Piblange, c. p. d'Eberswiller ; Hinkange, c. p. de Boulay ; maison forestière de Koecking, c. p. de Hampont. (LM)
Vendredi 15 mai 1908
Le bureau de poste de Devant-les-Ponts portera à l'avenir la désignation Metz-Devant-les-Ponts. (LM)
Jeudi 21 mai 1908
Des bureaux de télégraphes avec service téléphonique ont été adjoints aux bureaux de poste auxiliaires à Gesslingen, Lellingen et Bühl, près de Sarrebourg. (LM)
Samedi 23 mai 1908
Les abonnés du réseau téléphonique de Metz sont admis à communiquer avec les localités belges ci-après désignées : Arlon, Beauring, Ciney, Dinant, Gedinne, Gesves, Hastière, Havelange, Houyer, Libramont, Mesnil-Saint-Blaise, Namêche, Naninne, Noville-Taviers, Peissant, Profondeville, Rochefort, Saint-Gérard, Spontin, Vresse, Wellin et Yvoir.
La taxe pour une communication ordinaire est de trois marks. (LM)
Vendredi 5 juin 1908
Le courrier de Metz à Woippy sera supprimé dès l'ouverture de la nouvelle gare aux voyageurs de Metz, parce qu'un bureau des postes de 2ème classe fonctionnera dès lors à la nouvelle gare de Woippy. (LM)
Dimanche et lundi 14 et 15 juin 1908
Le nouvel hôtel des postes.
Les travaux de construction du nouvel hôtel des postes, près de la gare, sont poussés activement. On a terminé les fondements et on a commencé la construction des étages. Un certain nombre de grues électriques et mobiles sont nécessaires à cet effet et les parties de ces machines sont actuellement transportées sur le chantier. Les pierres de taille sont façonnées près du chantier par une centaine de tailleurs de pierres au service de la maison Graff et Altmeyer. (LM)
Samedi 20 juin 1908
Abus du téléphone.
Il arrive fréquemment dans des hôtels, cafés et restaurants, que des clients se servent du téléphone pour converser avec l'extérieur et indiquent au patron une conversation pour la ville, ceci afin de se soustraire à la taxe à verser. A la fin du mois, le propriétaire de l'établissement reçoit du bureau central des téléphones la note et est tout étonné d'y trouver des conversations dont il n'avait aucune connaissance. Il y a là un réel abus de confiance, et le fait suivant, dont le tribunal des échevins de Dresde a eu à s'occuper, démontre que les délinquants ne sont pas à l'abri de poursuites. un représentant de commerce avait sollicité dans un café de cette ville l'autorisation de converser avec une personne de la ville; mais au lieu de cela, il demanda lorsqu'il fut dans la cabine, une communication avec Leipzig. Le sommelier avait cependant remarqué le subterfuge du voyageur et se fit délivrer son état civil. Inculpé d'avoir détourné la somme de 50 pf., prix de la conversation, le voyageur s'est vu infligé pour filouterie deux jours de prison. (LM)
Vendredi 26 juin 1908
Des bureaux télégraphiques avec service téléphonique ont été ouverts dans les localités suivantes: Beux, Holling, Fosieux, Lemoncourt, Oron, Rothendorf (Châteaurouge) et Tinery. (LM)
Mardi 30 juin 1908
La télégraphie sans fil.
A partir du 1er juillet, la télégraphie sans fil entre officiellement dans le ressort de l'administration des Télégraphes de l'Empire. Des télégrammes sans fil pourront être échangés entre les stations côtières et les stations établies sur les bateaux en mer. Un règlement a été élaboré pour la transmission de ces télégrammes dont le coût minimum sera de 5 marks 50 pour dix mots. (LM)
Mardi 7 juillet 1908
Télégraphie sans fil.
On procède actuellement près du fort de Queuleu sur une batterie blindée, à la construction d'une antenne qui aura paraît-il près de 80 mètres de hauteur. Un poste de télégraphie sans fil sera installé ici pour la durée des manoeuvres impériales en Lorraine. Cette antenne est construite par M. Schnitzel, entrepreneur, et une section de la compagnie des ouvriers de chemins de fer militaires de Juterborg. (LM)
Vendredi 17 juillet 1908
Les demandes de raccordement au réseau téléphonique pour le deuxième semestre de l'exercice 1908 -octobre 1908 à la fin mars 1909- devront être adressées au plus tard aux bureaux de poste locaux, à Metz au bureau du télégraphe, où l'on recevra tous les renseignements nécessaires. (...) (LM)
Samedi 1er août 1908
Le télégraphe militaire pendant les manoeuvres.
M. le directeur d'arrondissement de Metz-campagne annonce que, pendant les prochaines manoeuvres d'automne, le téléphone et le télégraphe de campagne seront employés sur une grande échelle. Ces conduites jouissent d'une protection particulière et leur détérioration est punie d'après les articles 317 et 318 du Code pénal allemand. (LM)
Vendredi 21 août 1908
Le téléphone Londres-Paris.
Paris. Le « Journal » confirme que la taxe des communications téléphoniques entre Londres et Paris va être réduite prochainement de dix à cinq francs.
Le projet sera appliqué dès que les quatre câbles nouveaux, actuellement en construction, auront été installés. (LM)
Téléphone sans téléphoniste.
Le bruit court à Rome, dans les milieux politiques et journalistiques, que le ministère des postes, en ce moment, fait mystérieusement des essais d'un nouveau système de communications téléphoniques, dû à l'invention de deux Américains et déjà en vigueur dans plusieurs villes d'Amérique. L'avantage de ce système nouveau serait, ni plus ni moins, de supprimer les téléphonistes.
Ce nouveau système n'est, paraît-il, pas excessivement compliqué et l'abonné peut le faire fonctionner au moyen d'un transmetteur automatique de signaux qui ont pour but de diriger les mouvements des divers organes du bureau central, afin de se procurer la communication avec l'abonné que l'on désire. Il suffira, paraît-il, de très peu de signaux à sa disposition pour se procurer d'abord le secteur dont dépend l'abonné que l'on demande, ensuite le numéro de cet abonné.
Dans le cas où le numéro demandé serait déjà occupé, un signal automatique en informerait le demandeur.
On le voit, c'est la suppression pure et simple de la redoutable « demoiselle du téléphone », laquelle pourtant, nous devons le reconnaître, est généralement, à Metz, complaisante et empressée. Le correspondant du « Temps » à Rome dit qu'on a déjà commencé les expériences en Italie avec ce nouveau système. En ce moment, on attend, pour livrer le secret au public, que des appareils attendus soient arrivés d'Amérique et que le résultat définitif soit satisfaisant. M. Schanzen, ministre des Postes et Télégraphes, ne veut pas, évidemment donner de faux espoirs aux abonnés. (LM)
Jeudi 27 août 1908
Service téléphonique de nuit.
Les 26 et 27 août, un service téléphonique de nuit sera ouvert au bureau du télégraphe à Metz. Les communications pourront être demandées de 9 heures du soir à 7 heures du matin, tant pour la ville que pour les localités du dehors. La taxe pour la ville est de 20 pf. par communication, la taxe pour le dehors restera la même que pour les communications pendant la journée. (LM)
Service télégraphique à Frescaty.
Pendant la revue impériale à Frescaty, le 27 août, un bureau de télégraphe, avec cabine téléphonique et guichet pour la vente de timbres-poste, sera installé dans la tribune des spectateurs. Ce bureau sera ouvert de 7 heures du matin jusqu'à la fin de la revue. (LM)
Dimanche lundi 30 et 31 août 1908
La protection des télégraphes militaires.
Le directeur d'arrondissement porte à la connaissance publique que, de même que les lignes télégraphiques ordinaires, les lignes télégraphiques militaires établies pour les grandes manoeuvres impériales jouissent de la protection des lois et que les endommagements sont punis sévèrement. En cas d'endommagements involontaires, on doit en faire la déclaration à l'autorité locale ou à la station la plus proche de la ligne télégraphique qui sera reconnaissable par un grand drapeau blanc marqué d'un grand T en noir. (LM)
Samedi 5 septembre 1908
Les bretelles des téléphonistes.
Connaissez-vous les nouvelles bretelles des téléphonistes françaises ? Car ces demoiselles ont désormais des bretelles, mais qui sont destinées à un tout autre usage que dans le costume masculin.
Ce ne sont pas, en effet, des accessoires de toilette, mais un ingénieux dispositif pour leur permettre d'installer commodément les nouveaux transmetteurs que vient de leur donner l'administration.
Jusque là, les demoiselles du téléphone, pour nous parler, étaient obligées de happer avec la main une « embouchure » d'ébonite, qui se balançait au bout d'un fil, à la hauteur de leur figure, et de l'approcher ensuite de leurs lèvres.
Désormais, elles ont un grand cornet dont l'ouverture est placée en face de leur bouche, et dont la partie inférieure est assujettie à une petite plaque fixée à leur poitrine au moyen de deux bretelles qui se croisent dans le dos. De cette façon, l'opératrice a toujours devant les lèvres son transmetteur qui suit tous les mouvements du buste; elle peut vous parler sans se déranger, dans n'importe quelle position.
Et ainsi, assure-t-on, nous aurons les communications un peu plus vite.
Italie. Le téléphone à 4500 mètres d'altitude.
L'Italie ouvre la première ligne des glaciers alpestres.
Rome, 2 septembre.
L'administration des téléphones italiens vient de livrer à l'exploitation la première ligne téléphonique installée dans la région des glaciers alpins. Elle a été établie entre l'observatoire du Mont Rose (4559 mètres d'altitude) et le refuge Gnifetti, grâce à l'initiative personnelle du sous-secrétaire d'Etat des postes et des télégraphes, M. Bertetti, qui est un fervent alpiniste.
Le câble téléphonique qui part du sommet du mont est formé par un fil d'acier, ayant une épaisseur de 5 mm, étendu le long du glacier. Quelques jours après son installation, une couche épaisse de neige le recouvrait. Une équipe de soldats ouvriers a travaillé longtemps à transporter sur la hauteur à dos d'homme des poteaux et les rouleaux de fil, dont chacun pesait 50 kilos. Il fallut, d'autre part, chercher à trente mètres de profondeur au-dessous du glacier supérieur l'eau libre pour y plonger le câble destiné à la dispersion de l'énergie.
Une méthode nouvelle a été essayée pour fixer les poteaux dans les glaciers: on employa, dans ce but, des chutes d'eau bouillante. Le résultat fut parfait. Des ingénieurs italiens procèdent en ce moment à des études en vue d'établir les règles pour la manutention de la ligne, qui sera du reste continuée de l'abri Gnifetti jusqu'à l'abri Vincent, à 3000 mètres d'altitude. (LM)
Mercredi 9 septembre 1908
Téléphone et tuberculose.
Il paraît qu'il faut se méfier des appareils téléphoniques. Non contents de ne pas vous mettre en rapport avec les personnes à qui vous voulez parler, ces objets semblent contenir de véritables colonies de bacilles. D'après le journal anglais « The Lancet », il a été possible de tuer deux cobayes par la tuberculose en leur injectant les poussières recueillies dans une cabine téléphonique publique, sur la partie de l'appareil au-dessus de laquelle on parle.
Il est vrai que nous respirons ces impuretés et que nous ne nous les injectons pas. Mais les expériences de M. Kuss, faites sur des poussières de crachats, ont montré que les cobayes qui respirent ces poussières sèches étaient plus vivement contaminés que ceux auxquels on les injectait délayées. Et voilà comment le téléphone a encore un inconvénient de plus, cela paraissait pourtant difficile. (LM)
Jeudi 10 septembre 1908
L'inventeur du téléphone.
Le grand Edison, depuis 30 ans, croit qu'il est l'inventeur du téléphone, et voici ce que nous révèle une « correspondance secrète » de 1783 : c'est que le téléphone a été inventé par Lingel, qui dut à son projet d'être tiré de la Bastille. Voici son prospectus :
« Projet d'une machine singulière, ou expérience sur la propagation du son et de la voix sous des tuyaux de fils prolongés à une grande distance, nouveau moyen d'établir une correspondance très rapide entre des lieux forts éloignés.
Si mon projet réussissait, on pourrait avoir avec ses amis éloignés de quelques centaines de lieues une conversation suivie qui deviendrait un peu publique par intervalles ; mais en taisant les points, personne ne serait dans le secret que les interlocuteurs.
A la vérité, si les souscripteurs, dont le nombre augmentera à l'infini, se mettent à converser d'un bout du monde à l'autre, il ne sera plus possible de s'entendre ici-bas, à moins que les tuyaux ne soient tellement disposés qu'ils aboutissent des deux côtés au tuyau de l'oreille de ceux qui converseront ensemble ».
Toute la destinée du téléphone n'est-elle pas dans cet exposé, y compris la communication interrompue, la charivari des appareils et la « conversation qui devient un peu publique ? » (LM)
Mardi 22 septembre 1908
La télégraphie sans fil. M. Marconi perfectionne son système et espère installer de nouveaux services. (LM)
Jeudi 22 octobre 1908
Le secret professionnel au téléphone.
La loi du 28 octobre 1871 sur les postes et télégraphes stipule dans son paragraphe 5 que le secret de la correspondance est inviolable hormis les cas strictement spécifiés. La loi du 6 avril 1892 sur les télégraphes stipule de même, dans son paragraphe 8, que le secret de la correspondance télégraphique est absolu dans les mêmes conditions et avec les mêmes réserves. Mais jusqu'à présent les communications téléphoniques ne profitent pas de la protection des lois et c'est évidemment un moins faible de notre législation.
Un jugement du tribunal correctionnel de Darmstadt vient de révéler cette lacune de la loi. L'assistant des postes Hans Deppe se trouvait, au mois d'août dernier, à l'appareil téléphonique quand il entendit fortuitement une information transmise à un journal de Worms. Il communiqua cette nouvelle à un autre journal. L'affaire s'ébruita et la conséquence fut l'assignation de Deppe en justice pour violation du secret professionnel. Le tribunal a jugé que les lois de 1871 et 1892 n'étaient pas applicables aux communications et en conséquence il a prononcé l'acquittement de l'accusé. Le ministère public avait requis trois mois de prison. (LM)
Samedi 15 décembre 1908
Dorénavant, le service télégraphique, les dimanches et jours de fête, de 5 à 6 heures de l'après-midi, sera supprimé dans les bureaux de poste qui suivant: (...) (LM)
Jeudi 31 décembre 1908
Les personnes qui ont avec le dehors des conversations quotidiennes régulières ou du moins tous les jours de semaine, et à heure fixes, peuvent être inscrites une fois pour toutes. Ces conversations ne peuvent cependant avoir lieu à l'heure retenue par d'autres abonnés. En outre, ces conversations peuvent être annoncées, une fois pour toutes, comme conversations ordinaires, ou comme conversations urgentes. Si l'abonné désire avoir exceptionnellement une conversation urgente au lieu d'une conversation ordinaire ou vice-versa, il aura à en aviser le bureau du téléphone. (LM)