Deux biographies de Jacques-Bénigne BOSSUET Son père, Bénigne Bossuet, dont la femme était morte vers la fin de l’année 1660, est désigné comme clericus dioecesis Lingonensis (clerc du diocèse de Langres), à sa nomination faite par Bruillard de Coursant à la dignité de grand archidiacre, résignée par son fils devenu doyen ; il est reçu le 21 août 1665. C’est par pure supposition, croyons-nous, et trompé par le titre d’archidiacre, que Le Dieu (1) dit qu’il était diacre. Le 29 mars 1667, Bénigne Bossuet résigna l’archidiaconat et mourut peu après, le 15 août. Il fut enterré dans l’église des Prêcheresses, où reposait déjà sa femme et où leur fille, Marie-Thérèse, veuve d’Isaac Chazot, président au parlement, sera également inhumée après sa mort, survenue le 24 février 1702. Quant à Jacques-Bénigne Bossuet, qui, depuis longtemps, avait le titre d’aumônier et de prédicateur ordinaire du roi, ayant été nommé précepteur du dauphin et évêque de Condom, il résigna la canonicat de Metz et le décanat le 19 octobre 1669. Il fut nommé évêque de Meaux le 2 mai 1681, mourut à Paris le 12 avril 1704, et reçut la sépulture à la cathédrale de Meaux. ___________________ (1) L’abbé Le Dieu, Mémoires et Journal sur la vie et les ouvrages de Bossuet, publiés par M. l’abbé Guettée, Paris, 1856, p. 102, parlant du père de Bossuet, qu’il appelle faussement « Jacques », écrit : « Depuis son veuvage, sa piété l’avoit entièrement détaché du monde et attaché à l’Eglise ; élevé au diaconat, il remplissait avec honneur et avec édification la dignité de grand archidiacre de Metz ». Les Series, aussi bien que les autres documents concernant Bénigne Bossuet, ne lui donnent jamais le titre de « clericus ». C’est ainsi que, dans le registre intitulé : Relevé des institutions aux bénéfices (archives de l’Evêché), il est dit : « Collation de la dignité de grand archidiacre vacante par la démission de M. Jacques Bénigne Bossuet expédiée en faveur de Bénigne Bossuet, clerc du diocèse de Langres, et père dudit Jacques Bénigne Bossuet, élu doyen. Du 27 may 1665 ». – L’ordre du diaconat n’était nullement nécessaire pour recevoir et remplir la charge d’archidiacre ; la simple tonsure suffisait, même pour l’épiscopat, comme c’était le cas pour Henri de Bourbon. Source : Etudes sur la cathédrale de Metz. Textes extraits principalement des REGISTRES CAPITULAIRES (1210-1790) publiés par Jean-Baptiste PELT, Docteur en théologie et en Droit canonique, Evêque de Metz. Metz, Imprimerie Lorraine, rue des Clercs, 14-16, 1930. Pages 396-397. - 2 -
L'Académie est indulgente à qui veut l'intéresser par l'exposé sincère du modeste fruit de ses recherches, surtout quand il s'agit d'un sujet comme celui qui vous est signalé. Bossuet, Chanoine de Metz ; il y aura dans cette étude plus que cela - car il était embarrassant d'aller prendre à ses origines celui qui vint répandre quelque chose de son lustre sur sa cité d'adoption. Il n'y aura pourtant pas ici toute la carrière, même messine, de l'illustre chanoine, mais dans une vue d'ensemble, la phase de préparation, plutôt que celle de l'action. L'activité de Bussuet à Metz comporte plusieurs points dont chacun pourrait, pourra même être l'objet suffisant d'une monographie. Bossuet appartient à Metz par la première partie de sa carrière oratoire, par sa préparation accomplie dans notre ville, par les premiers efforts et les premiers effets de son zèle, par ses débuts enfin d'orateur et d'apôtre. Il appartient à Metz par ses relations avec le chapitre de la cathédrale, et même par son autorité sur une partie du clergé diocésain. Chanoine, du moins régulièrement en 1648, il resta attaché au Chapitre, à un titre ou à un autre, jusqu'en 1669, époque où il fut nommé évêque de Condom ; archidiacre de Sarrebourg en 1652, grand-archidiacre de Metz en 1654, il fut, du fait de cette dignité, chargé spécialement de présider aux soins spirituels que réclamaient les seize paroisses de la cité, sans parler de celles du Val de Metz. Il appartient à Metz par la résidence et le domicile de plusieurs des siens et surtout, dirai-je, par la sépulture de ses père et mère. Les registres du temps et les actes publics mentionnent deux sœurs de Bossuet fixées à Metz, sur la paroisse de Saint-Gorgon. L'une d'elles, Marie-Thérèse Bossuet, épouse d'Isaac Chasot, y décéda en 1702, à l'âge de 80 ans, et il est émouvant de rappeler, dans le voisinage si prochain du cimetière, que la mère d'abord du grand orateur, Marguerite Mochet, puis son père (en août 1667), furent inhumés en notre ville dans les caveaux de l'église des Prêcheresses (1).
La réputation de Bossuet n'est pas un lieu commun, un thème convenu de séminaire seulement ou de sacristie ; elle est dans le grand courant de l'opinion la plus intellectuelle et la mieux documentée, et « l'aigle de Meaux » n'est pas un vocable qui se transmette et s'applique de confiance. Un jugement qui compte et qui a comparé, documents en mains, place celui qui fut notre concitoyen, il y a deux siècles et demi, parmi les princes de la parole, s'il n'est même tout à fait le premier des orateurs - en tout cas il est admis que, sur ces lèvres-là, l'éloquence de la chaire française a atteint et a même conservé toute sa grandeur. Et c'est, Messieurs, un mérite qui grandit de toute une nouvelle grandeur, si nous considérons que l'homme dont il s'agit parla et écrivit notre langue à l'époque de transition qui amenait la formation définitive. Quand on voit où l'idiome en était, même aux mains de prédicateurs bien nommés, trente ans seulement avant Bossuet, on salue en lui un fondateur de la langue, à qui ce n'est pas assez de reconnaître le talent : c'est génie qu'il faut dire. Il y a, Messieurs, une recrudescence d'intérêt autour de cette grande mémoire. Un périodique paraît même sous ce titre « Revue Bossuet ». Après les longs travaux de M. Floquet, de l'Académie des Inscriptions et Belles-lettres, véritablement classique en la matière, et qui le premier a fouillé à fond l'époque de Metz ; après les investigations critiques (2) de M. Lebarq, Docteur ès-lettres, lequel tout récemment a donné le dernier mot en ce qui concerne la restitution du texte de Bossuet,
* * Inspiré par le souci du plus grand bien de ses enfants, l'avocat Bossuet, quoique honoré de charge au Parlement de Bourgogne, se résolut à les quitter - du moins les plus jeunes - pour venir à Metz en 1638. Un parent, premier président du Parlement de Metz, l'y appelait en qualité de conseiller (4).
Le jeune étudiant de Navarre subit à l'heure marquée les épreuves du baccalauréat en théologie, la « tentative » dans une soutenance à laquelle voulut assister le grand Condé, apportant là tout l'intérêt qu'il prenait aux batailles, lui le héros même dont « le grand génie embrassait tout, la théologie la plus sublime comme les arts et les sciences ». Ainsi, bien des années plus tard, s'exprimera le bachelier d'aujourd'hui devant le cercueil du grand capitaine. C'est après la susdite épreuve et son succès, que Bossuet vient à Metz pour les affaires de son canonicat (mai 1648). Pourvu nominalement d'une prébende au Chapitre de la Cathédrale, depuis l'âge de treize ans, tonsuré et portant l'habit ecclésiastique depuis l'âge de huit ans, il était bien déjà homme d'Eglise : il le fut toujours du reste, et cette physionomie, avec la mentalité qu'elle recouvre, s'impose tellement à l'histoire, qu'avec la meilleure volonté du monde il est impossible, comme on dirait aujourd'hui, de laïciser Bossuet. Un homme est ce qu’il est, et d'ailleurs une profession nette- ment et persévéramment affirmée ne pose pas comme la critique d'une autre profession ; il est simplement glorieux d'avoir dans les moëlles l'esprit de son état et d'en offrir sans distraction les allures. Ce fut le cas du grand homme dont nous étudions ici chez nous les commencements, et qui à l'heure où nous sommes, allait se vouer à l'Eglise par le sous-diaconat qu'il reçut des mains de l'évêque de Langres, en l'absence sans doute d'un évêque de Metz. Le prélat consécrateur fit parvenir, au vieux collège du jeune sous-diacre chanoine, ses félicitations nullement banales pour l'acquisition que faisait leur vénéré corps. Bossuet fut alors admis à ce que l'on appelait la résidence personnelle, laquelle lui donna droit aux fruits du canonicat. Il y a ici quelques usages d'une autre époque qu'il est intéressant de relever au passage, plus en détail. * * Il retourna donc à Navarre, pour se préparer à la Licence et au Doctorat, et achever sa préparation sacerdotale. Ceci allait se prolonger quatre ans. Dans cet intervalle, Bossuet devait reparaitre au moins une fois à Metz ; c'était pour y recevoir l'ordination du diaconat, lequel lui fut conféré dans la cathédrale, en présence de tout le chapitre, le 21 septembre 1649, par l'évêque suffragant, Pierre Bédacier, religieux bénédictin, promu lui-même depuis peu de temps à la dignité épiscopale. À l'occasion de ce voyage, Bossuet prononça à Metz un discours qui est, à proprement parler, le premier qui ait été conservé : c'est le panégyrique de saint Gorgon, prêché le 9 septembre, dans l'église paroissiale dont le saint martyr était le patron. Cette église, qui était la paroisse des Bossuet et des familles apparentées, occupait l'emplacement du coin Sud-Ouest actuel de l'Hôtel-de-Ville, vers l'intersection qui commence la rue Fournirue. Un compatriote, M. Gandar, de Rémilly, dans un beau livre consacré à la Jeunesse de Bossuet orateur, et couronné par l'Académie française, a fouillé cette œuvre première du génie et y montre un prédicateur dont sans doute la langue, l'éloquence et le goût même avaient des progrès à faire, mais qui présentait déjà supérieurement un sujet d'histoire et sa morale. C'est le double point de vue sous lequel Bossuet présenta son héros, lequel a vaincu le monde, foulant aux pieds ses attraits et ses supplices. Disant à ses auditeurs de prendre avec humilité de la main de Dieu la bonne ou la mauvaise fortune, et d'être ainsi les témoins et les martyrs de la Providence : « Nous vivons, s'écrie-t-il, dans un temps et une ville où nous avons sujet de mériter cet honneur. Il y a près de 20 ans qu'elle porte quasi tout le fardeau de la guerre : sa situation trop importante semble ne lui avoir servi que pour l'exposer en proie. » Ceci ne semble-t-il pas comme découpé à l'emporte-pièce dans l'histoire locale du temps, au lendemain même des traités de Westphalie : la guerre des Suédois, dont on parle encore maintenant, était alors un fait douloureusement contemporain. ... Licencié en 1651, Bossuet devait, le 9 avril 1652, recevoir le bonnet de Docteur et, suivant le cérémonial du temps, prêter sous les voûtes de Notre-Dame de Paris un serment dont les termes sont venus jusqu'à nous. C'est aussi bien une première vibration de son éloquence dans ce temple auguste, que « ce serment très beau et très saint par lequel il allait dévouer sa tête à la mort pour la gloire du Christ, et se consacrer tout entier à la vérité ». Mais la gloire du Doctorat elle-même s'éclipsait à ses yeux devant la grandeur du sacerdoce qu'il avait reçu quelques jours auparavant (16 mars 1662). Le doux Vincent de Paul, le saint patriarche de la charité, l'avait aidé, et par ses soins et par ceux de ses disciples - ce sera le témoignage de Bossuet lui-même, - à se préparer à ce grand jour. On conjecture que notre Lorraine, redevable déjà à saint Vincent de Paul qui, à l'heure des détresses, lui envoya des millions, lui doit aussi d'avoir possédé les débuts de Bossuet prêtre et prédicateur. Il est historique que le génie naissant reçut des ouvertures et fut l'objet d'instances qui voulaient le fixer à Paris : il s'agissait pour lui de la grande maîtrise du collège même de Navarre, où il avait été élevé, et il paraît que le tout-puissant cardinal Mazarin eût été favorable à cette promotion. Mais Bossuet resta inabordable à la proposition et voici ce que, d'après les mémoires du temps, il y opposa : Admis, presque enfant, dans le chapitre de Metz, n'appartenait-il pas à ce diocèse pour lequel il avait si peu fait encore ? Bon et tendre fils, se devait-il éloigner à jamais d'un père, d'une mère, d'une famille privés si longtemps de la douceur de le voir ? Voué avant tout à l'Eglise, le moment n'était-il pas venu de commencer ces nouvelles et profondes études auxquelles il s'était promis de se livrer sans réserve pour être capable de mieux la servir ?... Parmi ces considérations, il en est qui sont trop dans les notes de saint Vincent de Paul pour qu'il soit resté étranger au présent plaidoyer. Il aura jugé, et son disciple avec lui, que la manière la plus naturelle - la plus surnaturelle aussi – d'échapper à la promotion de Navarre était, pour Bossuet, de revenir à sa stalle de la cathédrale de Metz. Celui-ci d'ailleurs venait d'y être fixé par une attache de plus, l'évêque titulaire, Henri de Verneuil, l'ayant nommé archidiacre de Sarrebourg. Nous sommes dans le courant de 1652, et Bossuet nous arrive pour les débuts de son zèle sacerdotal et de son éloquence : il vient, non se reposer dans l'acquis et en vivre, mais se fortifier et se préparer encore, et si l'orateur a été incomparable et le controversiste irréfragable, c’est la moisson de la semence de labeur jetée ici à Metz entre les années 1652 et 1659. * * Il y a, Messieurs, ce que j'appellerai une question préalable : celle de la longue appartenance du grand homme à notre ville et à sa cathédrale, et l'influence, (peu saisie jusqu'à M. Floquet par les historiens), l'influence de sa préparation messine sur le développement, la mentalité et les productions subséquentes de son génie. Faute de regarder du côté de Metz, des hommes comme Châteaubriand ont été étonnés de certains aspects, de certaine compétence d'un esprit qu'on se représentait à tort « comme ayant toujours vécu au milieu des pompes, du bruit du Louvre, de Versailles et de Saint-Germain ». Il y eut cela, mais il y avait eu d'abord ici une longue et studieuse retraite, une vie laborieuse, méditative et volontiers cachée. C'est ici dans son existence une époque très importante et, encore une fois, longtemps trop ignorée. Le séjour de Bossuet dans nos contrées n'a pas été de cinq ou six années seulement, pour ne dater que de 1652, suivant une disposition convenue et un calcul superficiel ; c'est pendant 17 années entières qu'indubitablement il appartient à notre église, et, si plus d'une fois sa voix déjà grande retentit dans la capitale et ailleurs, à Metz toujours, ces stations finies, il revenait en sa stalle, au chœur, aux travaux entrepris pour le diocèse et pour l'Eglise. Et cela dura de la 25e à la 42e année de sa vie glorieuse, mais d'abord et surtout laborieuse : on le trouve le plus ordinairement dans notre ville d'où même il ne semble pas qu'il se soit absenté pendant les quatre premières années qui suivirent son arrivée. Quel était à Metz le travail de Bossuet ? C'étaient, dans une retraite profonde, des études de jour et de nuit, interrompues uniquement soit pour aller au chœur, soit pour assister à des assemblées capitulaires ou pour vaquer à des devoirs extérieurs auxquels il ne se déroba jamais, prenant même, dans l'intérêt d'un peuple qu'il aimait, des initiatives apostoliques et charitables qui tirent de lui un bienfaiteur (5).
Le grand homme était un travailleur, ce qui peut s'appeler un bûcheur ; mais n'était-il que cela ? Il faut noter qu'un sentiment supérieur lui faisait aimer ses fonctions, dussent-elles, comme il devait arriver souvent, déranger son travail : elles le dérangeaient peut-être moins qu'elles ne le continuaient, et il était ici d'une assiduité pieuse et proverbiale. Pour Bossuet, il était entendu que deux forces, science et piété, étaient comme les deux ailes de sa profession : tel fut bien, en effet, son double moyen et comme le double levier du vol de l'aigle. L'exactitude et la régularité capitulaire du chanoine étaient notoires. Il devait être tenté parfois de prolonger l'étude quand le quart d'heure pour Dieu avait sonné ; c'est cependant ce qu'il ne faisait jamais. Imitait-il en cela les vieux moines bénédictins, lesquels, au son de la cloche, laissaient une lettre formée à demi ? Peut-être ; en tout cas, c'était l'homme, toujours et quand il fallait, présent au chœur. Assurément, ni l'âge, ni les infirmités ne pouvaient, à cette époque de Metz, lui créer d'excuse... mais il y a manière de faire le devoir, et une anecdote relevée par M. Floquet montre comment il le faisait. Nous savons que Bossuet avait ici de la famille : jusqu'en 1658, le Parlement de Metz étant relégué à Toul depuis de longues années, il ne devait pas jouir de la présence du conseiller son père, ni de celle de sa mère, la pieuse Marguerite Mochet, et pendant ces premières années les parents ne purent, qu'à de rares intervalles, voir et entendre le fils dont ils étaient justement fiers. De toute cette famille si nombreuse et si unie, le chanoine n'avait en ville que deux sœurs, Marie et Madeleine, avec lesquelles, sa tâche du jour achevée, il allait volontiers finir la soirée... jusqu'à l'instant où, dans la tour de la cathédrale Saint-Etienne, les cloches donnaient le signal de l'office. Il prenait congé d'elles au premier son en disant : « Je vais à Matines ». L'une de ces sœurs aimait, dans son âge avancé, à rappeler cette simplicité joyeuse et cette fidélité professionnelle de l'illustre frère, sur les traces de qui, dans la famille d'abord, on aimait à marcher. C'est avec un visage épanoui qu'il donnait ce congé simple et régulier, et il faut dire qu'il y avait là comme une consigne qui le réjouissait. Le clergé, édifié de cette régularité, ne l'était pas moins du sentiment de douce joie dont l'accomplissement du pieux devoir semblait inonder l'âme de ce prêtre, et que rendaient manifeste son maintien et la sérénité expressive de son visage. S'élever à Dieu par la prière, puis redescendre vers les hommes pour les éclairer par l'éloquence et les aider par la multiple bienfaisance, telle était chez Bossuet l'intelligence, tel l'idéal, le programme de sa mission. Et cette prière publique, à laquelle le jeune chanoine s'était associé sous les nobles arceaux et sous les voûtes sonores de notre cathédrale, l'évêque de Meaux ne s'y reportait-il pas bien des années après quand, adressant à ses prêtres sa « Dissertation sur les Psaumes », il leur faisait part du bonheur intime qu'il devait à ces chants sacrés ? Jamais la mentalité pieuse et liturgique du grand orateur n'a fléchi, mais il est précieux de la voir commencer et, en commençant, rayonner chez nous. Finissons cet essai par une anecdote qui a son intérêt aussi pour nous. Quelques années après ces débuts - je dirai cette préparation messine - en 1662 - Bossuet prêchait pour la première fois le carême en présence de Louis XIV, un roi qui se connaissait en hommes et en tout. Quand la station prit fin, par une de ces inspirations qui vont au cœur, le prince fit partir pour Metz, en courrier extraordinaire, son secrétaire le plus intime. Il était porteur d'une lettre adressée au père de l'orateur, et signée : Louis, Roi de France et de Navarre. Cette lettre disait simplement : « Je vous félicite d'avoir un tel fils. » Félicitons-nous aussi, ou du moins souvenons-nous, à travers les évolutions des hommes et des choses, d'avoir eu un tel concitoyen. |