Le docteur Samama est décédé à Paris le lundi 20 octobre 1997 |
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Extrait du Républicain Lorrain | | Retour | |
Républicain Lorrain, 19 octobre 1981 | | Retour | |
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M. André Samama Association des consommateurs messins Pourquoi un code de la consommation ? Paradoxe ! Ce sont les commerçants qui ont représenté la majorité des visiteurs « sérieux » du stand de l'Association des consommateurs messins lors de la dernière Foire-Expositon, il y a quelques jours. Leurs demandes de renseignements témoignent d'une prise de conscience du pouvoir consommateur, cet épouvantail dont les réactions parfois spectaculaires, souvent imprévisibles ont jeté le trouble dans bien des esprits. Elles attestent aussi une volonté de gommer l'image caricaturale des rapports commerciaux entre un vendeur « requin » et un client « pigeon ». Pour faire de la bonne consommation, il faut être deux : un bon vendeur et un bon client. De part et d'autre du tiroir-caisse il faut prendre ses responsabilités. C'est ce qu'explique M. André Samama président de l'Association des consommateurs messins. « L'objectif est certes de défendre mais aussi et avant tout d'informer, de former les deux partenaires de l'acte commercial. Il faut que chacun connaisse ses droits et ses devoirs ce qui n'est pas toujours facile dans le maquis juridique des textes officiels. Il faut simplifier, clarifier les choses. Pourquoi pas un code de la consommation comme il existe un Code de la route. • R.L.: Quand on parle consommateur on pense à l’INC, aux grandes centrales et fédérations. Comment se situe dans ce contexte général l'Association des consommateurs messins ? Que représente-t-elle ? • A.S.: L’Association des consommateurs messins existe depuis 1975. Elle regroupe 550 membres à jour de cotisation mais concerne plus de 4.000 personnes de l'agglomération messine qui ont eu un jour ou l'autre recours à nos services. Elle est affiliée à l'U.F.C, Union fédérale des consommateurs, et s'est donné pour objectif de s’occuper exclusivement des problèmes de consommation au sens le plus large en refusant tout endoctrinement politique ou même syndical. L'association est installée à l’AMOL, rue Haute-Seille à Metz et ses permanences ont lieu le samedi de 9 à 11 h. • R.L.: Comment recrutez-vous vos membres ? Comment expliquez-vous la différence entre le chiffre de vos adhérents et celui des personnes secourues ? • A.S.: L'essentiel du recrutement est constitué de personnes qui ont recours à nous. Elles cherchent à qui s'adresser pour régler tel ou tel problème, nous contactent et, le plus souvent, deviennent membres de l’association. L'autre contingent nous est fourni par les lecteurs du la presse, consommateurs qui s'abonnent aux bulletins et à l’association. Il est certain qu'une bonne part des premiers adhérents a tendance à nous oublier une fois le problème réglé. On peut estimer en général qu'un tiers reste membre de l'association. C'est mieux qu'il y a quelques années. Les militants restent eux-aussi. Quant aux défections, elles sont compensées par de nouveaux adhérents à qui nous portons secours. Ce mécanisme explique la rotation assez importante de nos membres. Curieusement, on retrouve d'ailleurs au bout de deux ou trois années d'anciens adhérents qui ont un nouveau problème. Ils exhument alors une carte qu'ils avaient « oublié » de renouveler. Mais ça, c'est de la petite histoire. • R.L. : Vous prétendez refuser l'endoctrinement politique, ce qui ne doit pas être facile. Comment faites-vous pour agir et rester dans les limites que vous vous fixée ? • A.S.: Celui qui prétend faire de la consommation sans faire de politique est un naïf. Si vous voulez intervenir au plus haut niveau dans les ministères, il vous faut un poids. Ce poids existe au niveau de l’UFC et est forcément politique au sens le plus large du terme. Mais il y a un autre niveau. Celui de notre action locale. C’est là que s'applique avec rigueur cette règle de non endoctrinement politique. Toutes les tendances politiques ou syndicale sont présentes mais pas en tant que telles. Nos séances sont parfois animées, les opinions divergentes, mais cela me semble souhaitable. Il y a deux ans par exemple, lorsque nous avons décidé de faire une enquête sur la qualité des services administratifs vis-à-vis du public les avis étaient divers... Finalement cette enquête, nous l'avons faite et je crois que la publication des résultats dans vos colonnes a permis de progresser dans certains domaines. C'est ainsi qu'à l'époque j'ai pu rencontrer le directeur des services fiscaux qui m'a expliqué les difficultés auxquelles son administration avait à faire face mais a promis aussi d'améliorer les permanences de renseignements. Notre travail consiste donc essentiellement à défendre et informer le consommateur, mais nous ne le défendons pas les yeux fermés. Il y a des clients malhonnêtes et puis... il y a des fous. Tel cet homme qui nous téléphone depuis deux ans pour intenter une action contre son coiffeur car la lotion qui lui a été vendue n'a pas fait repousser ses cheveux. Lorsque nous estimons qu’un droit fondamental du consommateur est bafoué nous intervenons, allons jusqu’au bout de l’action et prenons tout à notre charge : frais de justice, etc… • R.L. : Avec 40 F de cotisation ! Où trouvez-vous l'argent ? • A.S.: Nous pouvons compter sur des avocats qui travaillent pour la défense du consommateur. D’autre part nous essayons d'agir le plus sérieusement possible pour être quasi certains de gagner le procès quand procès il y a. Nous n'avons pas les moyens de perdre. Nous ne nous embarquons donc pas sur toutes les galères. C'est ce qui contribue à asseoir notre image de marque et nous permet dans bien des cas des règlements à l'amiable. C'est un peu le contraire des opérations coup de poing, des opérations fracassantes qu'affectionnent d'autres associations. Nous voulons une action en profondeur pour essayer de régler les problèmes mais aussi empêcher qu'ils se reproduisent régulièrement. Pour ce faire, nous luttons contre les règlements incohérents dans le domaine de la consommation. Il est parfois difficile de s'y retrouver. Pourquoi ne regrouperait-on pas tous les textes concernant les consommateurs dans un code de la consommation ? • R.L. : Les opérations coup de poing c'est les autres, mais c'est aussi l’UFC. Lors des campagnes de boycott d'une marque de pneus, ou de la viande de veau qu'avez-vous fait ? • A.S.: Il convient de distinguer les deux affaires et de préciser dès le départ que les associations conservent une autonomie. Elles ne sont pas obligées de suivre les campagnes nationales. Pour ce qui est de l'affaire des pneus, nous avions à l'époque refusé de suivre le mot d'ordre de boycott et choisi d'attendre. Je pense qu'il aurait été préférable que l'U.F.C. attende toutes les conclusions avant de s'engager. Elle a été condamnée sur la forme, pas sur le fond. Pour le veau, le processus est inverse. C'est une campagne qui est partie de Metz notamment. Dès le 15 août 1980, nous avions attiré l'attention des consommateurs sur ce problème des hormones. Le phénomène est devenu national en octobre. Là aussi la suite a prouvé que nous avions raison. • R.L.: Pour en revenir à votre action locale, à part l'enquête sur les administrations quels ont été les autres temps forts de votre association ? • A.S.: Il n'y a pas de temps fort, il y a des actions différentes. Je pense que le forum de la construction que nous avons mis sur pied au printemps dernier est un bon exemple d'action ouverte. Nous avons réuni pendant trois soirées consécutives à la Maison du bâtiment des professionnels de tous les stades de la construction, administrations comprises. La dernière soirée, consacrée au débat sur ce qui pouvait être amélioré a été passionnante. Elle n'a pas eu le retentissement populaire que nous attendions, mais cela viendra Au cours de cette soirée donc, nous avions réuni avocats, notaires, représentants du CODAL de l'Equipement, architectes, CAUE, syndicat de la maison individuelle notamment. On se rend comte qu'il suffirait parfois de peu de choses pour que tout aille mieux. Que les bureaux de vérification et d'études techniques par exemple ne soient plus systématiquement appelés après coup : quand le mal est fait. Que les assurances finalement ne gagnent pas grand chose au bout des dix années sur l'espèce de double assurance que doit prendre maintenant le maître d'œuvre. Nous avons mis au jour des blocages qui pourraient fort bien disparaître, et mettraient fin au procédé dénoncé par l'un des avocats qui a déclaré que finalement « La société bien souvent édicte des lois pour se défendre contre le particulier ». Encore un paradoxe. |
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