Un fond de cabane préhistorique
à la ferme de Sainte-Agathe dans le finage de Woippy
Le 23 juin 1913 j'avais, comme notaire, à procéder à une vente d'herbes sur pied, à la ferme de Sainte-Agathe. L'heure, indiquée aux affiches, était arrivée ; les clients faisaient défaut. Pour passer le temps, en les attendant, je me mis à inspecter les alentours ; aussi, ne fus-je pas étonné, le vent de la guerre soufflant déjà, de voir que le génie militaire allemand commençait certains travaux sur les terres mêmes de la ferme, à proximité immédiate des bâtiments et au nord-ouest de ceux-ci ! Je me dirigeai de ces côtés et m'approchai d'une vaste et large excavation, en demandant à l'officier du génie qui surveillait les travaux si le fisc militaire avait, à mon insu, traité l'acquisition du terrain avec le propriétaire. Il me fut permis de m'en assurer, au vu d'une esquisse cadastrale que l'officier m'exhiba en me disant qu'il allait, à cet endroit, être installé une batterie pour très lourdes pièces. Je pus m'approcher davantage et constatai que le fond de l'emprise était terminé à angle droit dont la base était bétonnée et maçonnée en gros moellons.
A ma grande surprise je vis alors, devant moi, la paroi colorée de deux terres de nuance différente, et une forme, merveilleusement travaillée, d'une cabane préhistorique tranchée en son beau milieu se présenta à mes yeux. Je déclinai ma qualité d'archéologue, membre du bureau de la Société lorraine d'histoire et d'archéologie, et l'officier, après quelques explications complémentaires, me permit d'en prendre, à main-levée, le croquis dont son personnel me fournit, séance tenante, les dimensions que j'ai reproduites sur le plan annexé à ce travail et dont je garantis la très scrupuleuse exactitude.
La terre dans laquelle a été creusée la cabane est superposée au sable alluvionnaire de la vallée de la Moselle et constituée par le Loess dans lequel se casaient, à l'époque, les hommes préhistoriques, à proximité des cours d'eau. La cuvette du fond renfermait quelques débris de charbon et de terre rougie au feu. La banquette de 65 centimètres qui l'entourait, à une hauteur de 50 centimètres, indique suffisamment son usage pour que je n'aie pas à insister.
(Source : Annuaire de la Société d'Histoire et d'Archéologie de la Lorraine, année 1921, page 511)