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  Dernière mise à jour : 9 novembre 2010

La route de Lorry
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 Les ouvrages militaires 

En montant la route de Lorry...

La batterie

Les travaux de construction de cette batterie ont débuté en 1887.


1945, après la libération de Woippy,
En septembre et octobre 1944, des soldats allemands tués lors des combats pour la libération de Metz
furent enterrés dans le parc faisant face à cette batterie. Pour plus de précisions : - clic -


Mai 1987
La façade possédait deux pierres gravées : « 1888 » (en partie haute bétonnée - garages) et « 1890 » (en partie basse - porte en bois sous rail).

Et ci-dessous, mars-avril 1988, panorama de la démolition.



Jeudi 14 avril 1988 (Républicain Lorrain)

Le fort fait place à l’habitat ! Sur l’emplacement de l’ancien abri d’intervalle en cours de démolition, le long de la route de Lorry, le groupe Batigère va réaliser un programme locatif de 27 logements.

Les ceintures fortifiées de Metz comprenaient à la fois des forts très importants, comme « Gambetta », ou « Déroulède » sur le territoire de Woippy et entre ces points d'ancrage, des ouvrages plus modestes servaient d'abris. Soit aux personnels soit aux munitions. La destination de ceux-ci baptisés abris d'intervalle, était concrétisée par la différence des ouvertures. Lorsqu'il s'agissait de protéger les hommes, les entrées étaient à chicanes, au contraire pour les munitions de larges portes blindées barraient les entrées. Portant la date 1888, l'abri en pierre de Jaumont de la route de Lorry, avait comme beaucoup d'autres, été éventré au lendemain de la Grande Guerre. Il s'agissait en effet de renforcer ces édifices en coulant à l'intérieur des éléments et des dalles de béton. L'appareillage de pierre de Jaumont, sans conteste esthétique, ne correspondait plus aux exigences de la défense. Le calibre et la puissance de l'artillerie ayant singulièrement évolué. Malgré ce renforcement, il semble qu'une explosion s'y soit produite juste après la dernière guerre, ce qui a singulièrement ébranlé l'édifice. Mis en vente comme de nombreux autres, dans les années cinquante, l'abri de la route de Lorry a ensuite changé plusieurs fois de mains. Il est aussi devenu un terrain de jeu pour les enfants de Woippy. Jusqu'à ce que le groupe Batigère rachète le fort et son emprise, pour y créer une série de petits immeubles.
Jusqu'au 6 pièces
Entreprise voici quelques semaines, la démolition de l'ouvrage n'a pas été facile. Malgré son âge et les différents désordres qui s'y sont produits, l'abri était encore solide et les engins ont été obligés de frapper ferme pour venir à bout de la maçonnerie et des éléments de béton rapportés. Lorsque le terrain aura été complètement libéré de cet élément fortifié, la construction pourra démarrer.
Le programme de la route de Lorry comprend quatre petits immeubles, qui abriteront 27 logements au total. C'est la filiale locative SAREL, du groupe Batigère, qui entreprend ce complexe immobilier de qualité. Sur une emprise foncière de 3.531 m², les architectes Gourdon et Meyer ont conçu un projet très actuel. En façade au sud, les immeubles seront dotés de bow-windows, qui éclaireront les cages d'escaliers. De type R + 3 avec combles aménagés, les immeubles seront pour une autre part entièrement noyés dans l'espace naturel. Ils s'articuleront en angle droit autour d'un jardin intérieur. Les futurs locataires y trouveront deux F2, dix F3, douze F4, un F5 et deux F6. Bénéficiant d'un label « HPE » trois étoiles pour son isolation ce programme sera livré au courant du printemps 1989. Une architecture moderne, pour une zone semi-rurale, c'est un mariage qui devrait être à succès.    M.G.

Mercredi 13 septembre 1989 (Républicain Lorrain)
Route de Lorry : 27 logements au vert
A deux pas du cimetière, et sur le site d'un ancien fort, le groupe « Batigère » a construit une résidence au vert. Noyée dans un bel espace de nature, elle offre vingt-sept logements qui ont déjà fait le plein.
Quatre petits immeubles, du type rez-de-chaussée plus trois étages ont pris place sur le site de l'ancien fort. Après un siècle de présence à cet endroit, route de Lorry, cette ancienne fortification a été démolie, et le terrain, inscrit dans un bel espace naturel a pu être livré à la construction. De facture très moderne, les immeubles réalisés en un an, offrent des combles aménagés, et toutes les normes du confort moderne. Les bow-windows en façade ne constituent pas seulement un artifice architectural. Ils offrent à la résidence une véritable ouverture sur la campagne environnante. A peine achevé, ce programme a fait le plein, preuve que dans l'agglomération messine, un habitat locatif de qualité répond à une demande très soutenue.



Le fort

Document daté du 19 janvier 1875 : Vente à la fortification impériale de Metz
des parties des chemins communaux comprises dans le terrain exproprié pour la construction du fort de Woippy.




(A.D.M. 10 AL 1798)

Fortification Metz
Fort Woippy

808 frcs
646, 40 M.

Entre la fortification impériale de Metz représentée par Monsieur Guillaume Meyer, commandant du génie d’une part et la commune de Woippy représentée par Monsieur Jean Mangenot, maire de cette commune dûment autorisé par une délibération du conseil municipal du 29 octobre 1874 approuvée par Monsieur le président de la Lorraine allemande, d’autre part, il a été convenu ce qui suit :
1
La commune de Woippy vend à la fortification impériale de Metz les parties des chemins communaux, qui sont comprises dans le terrain exproprié pour la construction du fort de Woippy, savoir :
- a, la partie du chemin de Nachy au moulin haut entre le prolongement de la limite sud de la parcelle, numéro neuf cent et onze et le prolongement de la limite nord de la parcelle numéro huit cent et trois.
- b, le petit sentier, qui réunit les ruelles du haut des Bigottes au chemin de Nachy au moulin haut, commençant du prolongement de la limite est de la parcelle numéro huit cent dix jusqu’à son entrée dans le chemin de Nachy.
2
Cette vente se fait moyennant une somme de huit cent huit francs, que la fortification impériale s’engage de payer à la commune de Woippy sur la présentation d’un certificat négatif délivré par M. le conservateur des hypothèques de Metz et requis par les soins de la fortification impériale.
3
Pour remplacer les communications supprimées par la construction du fort de Woippy, la fortification impériale construira un chemin d’exploitation longeant le pied du glacis qui réunira les ruelles du haut des Bigottes au chemin de Nachy au moulin haut ; il aura une largeur de cinq mètres.
Ce chemin sera entièrement entretenu par la fortification impériale.
A l’ouest du chemin de Nachy au moulin haut sera établi au pied du glacis un sentier qui entrera près de la parcelle numéro neuf cent soixante-dix-sept dans le sentier qui conduit à la fontaine des Roches.
Les habitants de Woippy auront le droit de se servir de la nouvelle route et du sentier sus-mentionné.
4
Les présentes ne recevront leur exécution qu’après l’approbation de Monsieur le ministre de la guerre.
5
Tous les frais de timbre et d’enregistrement seront à la charge de l’Etat.
Fait en double à Metz, le vingt neuf janvier mil huit cent soixante-quinze.

Fortification impériale
Signé : Meyer
Le maire de la commune de Woippy
Signé : Mangenot

En bas de page : Berlin den 7 Februar 1875 (visé par v. Kameke)

Le plan (un peu clair) ci-dessous permet de situer le chemin de Nachy au Moulin haut et la ruelle du haut des Bigottes :


(D'abord « Fort de Woippy », il devient « Fort Kameke » en 1877, puis « Fort Déroulède » en 1918)



Arnold Karl Georg von Kameke
(1817, Pasewalk - 1893, Berlin)
général prussien de l'infanterie et ministre de la guerre

 
Paul Déroulède
(1846, Paris - 1914, Nice)
poète, auteur dramatique, romancier et militant nationaliste français

D'après les journaux d'époque, la construction du fort et annecdotes.

Abréviations des journaux
MoMo : Moniteur de la Moselle
CdMo : Courrier de la Moselle
ZL : Zeitung für Lothringen
GdL : Gazette de Lorraine
MZ : Metzer Zeitung
LL : Le Lorrain
Jeudi 30 janvier 1873
Nous apprenons que dans le courant de cette année on commencera la construction d'un nouveau fort à Woippy, au nord-ouest de Metz. (MoMo)

Mardi 29 avril 1873
D'après des décisions récentes, l'autorité militaire a renoncé à construire un fort près de Woippy, pour protéger la vallée de la Moselle du nord ; des difficultés de terrain extraordinaires s'y opposent. On a repris le projet d'élever des tours blindées. (MoMo)

Vendredi 12 février 1875
L'administration du génie militaire procède à l'expropriation des parcelles de terrain que réclame la création du nouveau fort détaché de Woippy, destiné à remplacer le fort St-Eloy, projeté par le génie militaire français et qui figure comme existant sur les cartes allemandes. (CdMo)

Mardi 16 novembre 1875

On écrit de Metz à l' Avenir militaire : Les travaux du fort Woippy ne sont point encore commencés. On y amène en ce moment les matériaux nécessaires et on prend toutes les dispositions pour pousser avec vigueur la construction de ce fort. Pendant l'hiver on ne fera probablement que des travaux de terrassement. (CdMo)

Samedi 7 octobre 1876
On demande pour travailler au fort de Woippy, 50 à 100 bons ouvriers terrassiers. Prix de l'heure : 30 à 40 pfennigs. G. Weiss, entrepreneur. (ZL)

Mardi 5 décembre 1876
Les travaux des forts non achevés, près de Woippy et sur le Saint-Quentin, lit-on dans la Nouvelle Presse de Francfort, ont été poussés avec une grande activité dans ces dernières semaines. Pour avancer les constructions avant l'irruption des grands froids, on a augmenté le nombre des ouvriers. Il en résulte que le fort de Woippy (seul fort qui ne porte pas de dénomination particulière) sera achevé au point de pouvoir être mis en état de défense. Au fort Manstein, on pose en ce moment, la grande tour cuirassée en fonte garnie par M. Gruson, de Buckau (Magdebourg). On a l'intention d'établir de ces tours dans plusieurs autres forts. Pendant qu'on termine les ouvrages de fortification, on arme les forts d'énormes canons en acier fondu et on remplit les magasins de provisions de bouche qu'on tire, en grande partie, de la fabrique de conserves de Mayence. (CdMo)

Jeudi 8 mars 1877
Deux ouvriers employés à la construction du fort de Woippy s'étant approchés malheureusement de wagonnets en marche, furent renversés sous les roues et leur attelage et eurent tous deux les jambes broyées. L'un d'eux sera probablement amputé. (CdMo)

La Gazette annonce que deux ouvriers employés à la construction du fort de Woippy viennent d’être victimes de leur imprévoyance d’une façon bien lamentable. Occupés au transport de pierres, ils s’approchèrent malheureusement de si près des wagonnets en marche qu’ils furent renversés sous les roues de leur attelage et eurent tous deux les jambes broyées.
On parle d’amputer la jambe droite à l’un de ces deux malheureux qui dont dû être d’urgence transportés à l’hôpital. (MoMo)

Dimanche 3 juin 1877
Le fort de Woippy portera désormais le nom de « Fort Kameke ». L'ordre du cabinet publié sous la date du 8 mai dernier fait ressortir que l'empereur a pris cette décision pour donner au ministre de la guerre un témoignage de son estime et de sa reconnaissance toute particulière. (CdMo)

Mardi 5 juin 1877
Pendant son séjour à Metz, l’empereur a rendu, à la date du 8 mai, l’ordonnance suivante : « Je décide, par la présente, que le nouveau fort de Woippy à Metz, portera à l’avenir le nom de « Fort Kameke ». J’en ai prévenu immédiatement le ministre de la guerre, auquel je désire donner, par cette détermination, un témoignage de ma haute estime et de ma considération. Le ministre de la guerre est chargé de l’exécution de la présente ordonnance ». (MoMo)

Mardi 10 juillet 1877
Metz. La Gazette dit qu’après que notre ville a été entourée d’une ceinture de forts dont le dernier, celui de Woippy, est sur le point d’être terminé, on songe aux moyens les plus faciles de relier ces forts entre eux d’une part, et avec le grand champ de manœuvres d’autre part. (…) (MoMo)

Mardi 11 septembre 1877
Etude de M. Fendt, huissier, rue des Jardins, 6, à Metz.
Vente volontaire le jeudi 20 septembre 1877, à dix heures du matin, au fort de Woippy, près Metz, M. Fendt vendra aux enchères à la requête de M. Weiss, entrepreneur à Woippy, 50 chevaux de trait de première force et 7 voitures à quatre roues en bon état. Au comptant et 5 p. 100. (MoMo),

Samedi 22 septembre 1877
Il paraît qu’après l’achèvement du fort de Woippy on procédera à la construction d’un nouveau fortin près de la ferme de Saint-Eloy, entre Woippy et la Moselle. La Gazette ajoute que ce serait pour ainsi dire le dernier anneau de la chaîne. (MoMo)

Samedi 27 avril 1878
D'après les dernières dispositions arrêtées pour l'armement des principales places fortes, les nouvelles fortifications de Cologne, de Strasbourg et d'Ingolstadt seront renforcées, sur les points les plus exposés, par des tours blindées. A Metz, le fort Kameke (fort de Woippy) sera muni encore dans le courant de cette année de deux tours de ce genre. Ce nouveau système de défense est considéré comme particulièrement important pour le fort en question, parce que ce dernier ne s'élève pas, comme tous les autres forts autour de Metz, sur une hauteur dominant toute la contrée environnante. L'achèvement du fort de Woippy forme la conclusion de l'ensemble des travaux de fortification de la place de Metz. Il n'est pas encore décidé si les principales forteresses de la frontière et de l'Allemagne seront également pourvues de tours blindées. Ces tours sont de deux espèces, selon qu'elles servent à la défense des ouvrages de terre ferme ou à celle des côtes. Les premières coûtent 200 000 marks, les autres 300 000 marks. Les unes et les autres consistent en 6 ou 8 grandes plaques ou cuirasses, solidement réunies entre elles par l'agencement réciproque de leurs bords, sans l'emploi de boulons ou d'autres intermédiaires ; ces plaques résistent aux plus gros projectiles. Les tours elles-même sont armées de deux pièces de canon du plus fort calibre, qui, pour les tours de terre ferme, sont de 15 ou de 17 centimètres, et, pour les tours côtières, de 26 ou de 28 centimètres. Le mouvement de rotation des tours est produit de main d'homme à l'aide d'un moteur mécanique d'une construction très pratique. Les tours cuirassées, fabriquées dans l'établissement métallurgique de M. Gruson, à Buckau près Magdebourg, ont été adoptées aussi à l'étranger ; la Belgique, l'Autriche-Hongrie, l'Italie et même la Suisse, vont incessamment en faire l'application dans leurs fortifications de terre ou de mer. (GdL)

Samedi 11 mai 1878
La ceinture de fortifications qui entoure notre ville et dont les travaux ont été poursuivis sans interruption depuis 1871, sera terminée dès que le fort intermédiaire entre les forts de Saint-Julien et de Woippy, qui doit s'élever au milieu de la plaine, non loin de la ferme Saint-Eloy, aura été construit. Nous apprenons que les travaux de terrassement pour ce nouveau fort vont bientôt être entrepris, avant même que ceux du fort de Woippy soient complètement achevés. A ce dernier fort, les travaux de maçonnerie ainsi que l'érection des deux tours blindées sont terminés ; l'achèvement des remparts va occuper encore une centaine d'ouvriers terrassiers. Derrière Lorry, on continue activement à aplanir le plateau qui masque le fort de Plappeville et à y niveler le terrain. Jusqu'ici, 500 à 600 ouvriers étaient employés à cette besogne, mais leur nombre va être réduit peu à peu en raison de l'avancement des travaux. Enfin, on a commencé derrière Woippy, Tignomont et Lessy plusieurs batteries avancées dont l'établissement occupera encore cette année-ci notre nombreuse population ouvrière qui a, en partie, souffert l'hiver passé par suite du manque de travail. (GdL) (CdMo, 16 mai)

Vendredi 9 mai 1879
Le fort Kameke près de Woippy n'a en ce moment qu'un poste de quelques hommes, il doit cependant recevoir sous peu une garnison régulière. (ZL)

Mardi 9 septembre 1879
Vente à l'amiable de matériel de construction en parfait état, lundi le 15 et mardi le 16 septembre à 10 heures par l'entrepreneur Weiss à Woippy : voitures de toutes sortes, pour le transport de pierres, tombereaux, brouettes, un machine à mortier, des échafaudages, de bois, des poutres, des planches, deux forges complètes, des outils… Lundi, la vente se fera au fort Kameke à Woippy, le mardi sur le lieu de construction derrière Lorry, sur la route d'Amanvillers. (ZL)

Jeudi 7 août 1884
Le tocsin a sonné hier soir vers 1 heure annonçant un incendie dans le village. De suite, les pompiers de la 5ème compagnie du 8ème régiment d'artillerie rhénan, stationné au fort Kameke, sous la direction des lieutenants en second Oxe et Jacobs, étaient sur place. Grâce aux soldats, le feu a été rapidement éteint. Les canonniers Fische, Muller, Keilhauer et Miebach n'ont pas hésité à entrer dans la maison en feu pour sauver quelques meubles et affaires. Les habitants de Woippy sont reconnaissants à ces courageux soldats pour toute l'aide qu'ils ont apportée à cette occasion. (MZ)

Dimanche 8 novembre 1885
Un sous-officier de 8ème d'artillerie en garnison au fort de Woippy s'est suicidé dans la nuit de mercredi à jeudi, à l'aide d'un revolver. On ignore la cause de cet acte de désespoir. (LL)

Jeudi 3 mars 1887
Woippy. On nous écrit le 28 février : Les grands froids du mois de février viennent enfin d'être adoucis, depuis la Saint-Mathias. Le saint a, d'après le dicton populaire, brisé sa glace. Aussi nos populations accueillent-elles avec plaisir ce changement atmosphérique pour vaquer à leurs travaux des champs. La taille des vignes étant déjà effectuée, dans plusieurs endroits le labour est commencé.
La classe ouvrière est occupée au remaniement extérieur des forts de Metz. La nouvelle de la reprise des travaux, en cette saison d‘hiver, où toute occupation est ordinairement suspendue, a été vivement acclamée par de nombreux pères de famille. Plus de quatre cents ouvriers trouvent de l'occupation en ce moment au fort Kameke et environ un millier aux forts de Plappeville et du Saint-Quentin. La plupart d'entre eux sont originaires des provinces voisines et se trouvent fort embarrassés quant au logement et à la pension. Leur salaire se monte de 30 à 40 pfennig par heure de travail peu fatigant. Les ouvriers étant trop serrés, c'est une vraie gêne entre eux. Aussi une grande partie viennent d'être renvoyés hier. C'était un véritable carnaval dans notre localité. Le départ et le jour de la paie ont occasionné un va-et-vient continuel qui a duré jusqu'à une heure du matin. Les voituriers et les cultivateurs trouvent eux aussi bon emploi. Le transport des matériaux et du déblayement leur rapporte par jour jusqu'à 8 marks par cheval.
C'est donc un heureux hiver pour les ouvriers qui savent mettre à profit le gain de leurs bonnes journées. (GdL)

Vendredi 14 septembre 1888
Le 22 août, l'ouvrier Peter Pauli, de Woippy, travaillait au fort Kameke où il s'est disputé avec un camarade de travail. Le comptable Ruhle a voulu les séparer lorsque Pauli lui porta deux coups de couteau : l'un au bras gauche, l'autre à la jambe gauche. Avec des circonstances atténuantes, Pauli a écopé de 3 semaines de prison. (MZ)

Samedi 16 novembre 1889
Inspection annuelle des rayons des forts extérieurs. La visite du fort de Woippy aura lieu le 2 décembre. (LM)

Samedi 2 mai 1891
Woippy. On nous écrit le 26 avril : Dans la nuit de samedi à dimanche, un sergent-major de la garnison du fort de Woippy a pris la poudre d'escampette sans laisser son adresse. On a retrouvé ses effets aujourd'hui, dans le bois de Mme Pierson, sur le bord de l'étang. On se demande s'il s'est jeté à l'eau ou s'il a jeté là ses effets, après s'être revêtu d'habits civils, pour dépister les recherches qu'on pourrait faire. Les commentaires vont leur train sur les raisons de sa disparition. (LL)

Jeudi 31 août 1893
Une douzaine de gars de Woippy ont agressé un sous-officier se rendant tranquillement au fort Kameke. Ils le frappèrent à coups de bâtons et lui jetèrent des pierres. Ils lui firent une plaie profonde à la tête. De plus, ils lui ont pris sa baïonnette, le mettant dans l'impossibilité de se défendre. Plainte a été déposée. (MZ)

Mercredi 20 septembre 1893
Les maraudeurs abondent aux environs de la ville. (Entre autres) Plusieurs militaires du Fort de Woippy ont aussi été surpris dans les vignes, et ils ont été relâchés après avoir transigé avec les propriétaires. (LL)

Vendredi 6 juillet 1894
Hier soir, un soldat du Fort Kameke à Woippy, en revenant de Metz où il avait effectué des achats de cuir pour le compte de sa compagnie, a été victime d'un coup de feu tiré par deux individus. Le soldat, grièvement blessé est tombé à terre où ses deux agresseurs l'ont encore malmené. Le soldat a été transféré au lazaret et l'on soupçonne deux ouvriers d'être les auteurs de cette agression. (MZ)

Dimanche 30 mai 1897
Woippy comptait en 1870, 705 habitants, aujourd'hui, en 1897 : 717. Les 12 habitants en plus proviennent des familles militaires du fort Kameke. (MZ)

Mardi 5 novembre 1901
On a trouvé à la lisière du bois de Woippy, le cadavre de l'adjudant Rothhelfer de la 12ème compagnie du 2ème régiment bavarois d'artillerie à pied, stationné au fort Kameke. Il s'était suicidé avec son pistolet de service en se tirant une balle dans la bouche. Il avait 19 ans de service, laisse une veuve avec 6 enfants et un septième est en route. On ne connaît pas le mobile de ce geste funeste. (MZ)

Visite du fort

 (Toutes les vues ci-dessous sont extraites du site « www.festungsbauten.de ») 


Verbotsschild an der Zufahrt

Verbotsschild an der Zufahrt

Das Eingangstor
La porte d'entrée

Blick auf Blockhaus links und Fortportal
Vue du blockhaus gauche et du portail du fort

Das Blockhaus mit seinen Scharten
Le blockhaus (casemate) avec ses meurtrières (embrasures)

Blick in den Graben nach rechts
Vue sur le fossé côté droit

Blick in den Graben nach links
Vue sur le fossé côté gauche

Das entfernte Namensschild
Le nom du fort (Kameke) a été enlevé

Eingangsportal
Le portail d'entrée

Die Poterne
La poterne

Hohlgang hinter den umgebauten Kasematten

Kasematte im Originalzustand
Casemate en état d'origine

Blick auf den Kavalier
Vue sur le cavalier

Blick auf den Kavalier
Vue sur le cavalier
Coupe d'un cavalier :
B - Abri sous terrasse
D - Casemates d'habitation
E - Magasin
G - Puits pour monte-charge
H - Cage d'escalier.
Cavalier : Dans les anciennes fortifications, le caractère essentiel d’un cavalier était de dominer l’ouvrage placé en avant de lui et de fournir une vue étendue. Après la guerre de 1870-71, le cavalier est un ensemble d’abris, de magasins ou de casemates s’ouvrant sur le revers. L'adoption des explosifs puissants à partir de 1885 a fait abandonner le système de forts à cavalier.
Revers : talus tourné vers la campagne. (Larousse)


Der linke Gruson-Hartgusspanzerturm
La tourelle (ou coupole) blindée du côté gauche (ouest)

Der rechte Gruson-Hartgusspanzerturm
La tourelle blindée Gruson du côté droit (nord)

Grabenstreiche
Coffre de contrescarpe

Grabenstreiche
Coffre de contrescarpe
Caponnières

BAD - mur extérieur du fort polygonal
PGHIK - mur extérieur du fossé
A - caponnière double
C, E - caponnières simples.
Les flèches indiquent les directions des feux donnés par les caponnières.
Caponnière : Dans les fortifications polygonales, petit ouvrage armé d’artillerie ou de mitrailleuses, à un ou deux étages de voûtes, construit au centre de chaque front pour flanquer (défendre) les fossés du corps de place. La caponnière est simple ou double, suivant qu’elle permet de battre les fossés sur une ou deux faces.
La caponnière disparut à partir de 1885-88, par suite de l'adoption des obus explosifs chargés à la mélanite, et fit place au coffre de contrescarpe (ou coffre flanquant) placé dans le mur servant de bord extérieur au fossé.
Ces coffres de contrescarpe sont protégés par un fossé (pour éviter l'encombrement des embrasures par les chutes de pierres ou maçonnerie dues aux tirs ennemis ) et correspondent avec l'intérieur du fort par une galerie (sous le fossé).

Escarpe et contrescarpe : L’escarpe est celui des deux talus (ou des deux murs) d’un fossé qui se trouve du côté de la place, le côté opposé étant la contrescarpe. (Larousse)

Panzerbeobachter Modell 87
Observatoire cuirassé modèle 87

Der Sitz, mit dem der Beobachter hinaufgekurbelt wurde
Le siège de l'observateur positionné par manivelle

Blick in die Pulverkammer
Vue du magasin à poudre

Pulverkammer
Magasin à poudre (poudrière)

Der schmale Beleuchtungsgang der Pulverkammer
L'étroit couloir éclairé d'accès à la poudrière

Zugang zum Gruson-Hartgusspanzerturm
Accès aux tourelles blindées

Hohlgang
Accès aux caves

Kasemattengewölbe
Casemates voûtées

Der linke Gruson-Hartgusspanzerturm
La tourelle Gruson blindée de gauche


Quelle : Constructions-Details der Kriegsbaukunst 1878
Source : Architecture militaire 1878

Panorama der Minimalschartenlafette C/78
Panorama de l'affût à embrasure minima C/78.
Affût : Bâti en métal, destiné à soutenir une bouche à feu dans les manœuvres et dans le tir.

Rollbahnschiene zur Seitenrichtung der Minimalschartenlafette
Galets et rail de roulement pour la direction de l'affût

Pivot der Minimalschartenlafette
Pivot de l'affût à embrasure minima

Blick in den Geschützturm auf die beiden Lafetten
Vue des deux affûts dans la tourelle

Schmiedeeiserne Verzierungen
Ornement en fer forgé

Einzelne Rolle des Rollenkranzes
Galet et sa couronne de roulement

Hartgussplatten und schmiedeeiserne Decke im linken Turm
Coquille en plaques de fonte et plafond en fer forgé (tour gauche)

Podium des Turmkommandanten im rechten Turm
Podium du commandant de tour (tour droite)

Podium, Decke und Minimalschartenlafette im rechten Turm
Podium, plafond et affût à embrasure minima (tour droite)

 (Rappel : Toutes les vues ci-dessus sont issues du site « www.festungsbauten.de »)


Les deux photographies ci-dessous proviennent du site « www.fortweb.net »
Le diamètre de la tourelle est de 614 cm L'intérieur d'une des deux tourelles

Les tourelles (ou coupoles) cuirassées et la mélinite

Ces tourelles cuirassées sont constituées de plaques de fonte de haute résistance, la partie supérieure (la couverture) n’est qu’en tôle de fer forgé pourvue d’une ouverture pour permettre au viseur de régler le tir qui se fait « à vue ».
Ces plaques blindées sont fabriquées par l’entreprise métallurgique Gruson, à Buckau près de Magdebourg.
Deux canons de 15 cm équipent ces tourelles. Ces canons sont à affût à embrasure minima (Minimalschartenlafette) développé par l’ingénieur du génie prussien Maximilian Schuman (1826, Magdebourg – 1899, Schierke, Harz).
Le principe : Pour que l'embrasure de la tourelle soit la plus petite possible afin protéger au mieux ses occupants, l’axe de déplacement du canon se situe à sa bouche (située au milieu de l’embrasure) ; pour la direction, l’affût se déplace sur deux rails en arc de cercle, tandis que le réglage en hauteur est obtenu par un système de leviers.

D'après des recherches sur Internet, les tourelles blindées Gruson du fort Déroulède seraient les deux seules existantes encore à ce jour en Europe.

Mélinite : Les qualités explosives de l’acide picrique et de ses sels étaient connues depuis longtemps, mais sa sensibilité et surtout celle des picrates n’avait pas permis de l’utiliser dans les chargements des projectiles. C’est le chimiste Eugène Turpin (1848-1927) qui, en 1884, découvrit la quasi-inertie de l’acide picrique fondu, auquel il donna le nom de mélinite. Dès lors, la mélinite fut employée pour constituer le chargement intérieur des obus allongés (obus torpilles).
Le résultat de l'utilisation de cet explosif fut une remise en question de la technique de construction de la fortification. A peine construits, des forts devenaient obsolètes... (Voir ci-après un article du journal Le Lorrain du Jeudi 16 décembre 1886 sur la mélinite)
Le fort de Woippy fut donc remanié et modernisé : renforcement des abris existants par couches de béton, remplacement des caponnières par des coffres de contrescarpe, installations d'observatoires cuirassés, construction de batteries annexes et de leur magasin à munitions (ci-dessous, photographié en août 1985).
Ce magasin à munitions est en correspondance avec le fossé du fort par un tunnel aboutissant sur le côté du coffre de contrescarpe (voir deuxième plan ci-dessous - 1888), l'alimentation en munitions est réalisée à l'aide d'un chariot sur rails. Ces munitions sont remontées au niveau par un petit monte-charge.
La pierre gravée sur le mur de l'ouvrage indique 1888.

Jeudi 16 décembre 1886
LA MÉLINITE

Pendant que les Américains expérimentent des torpilleurs sous-marins qui défieront les filets Bullivan, les cuirassés et les bateaux canons, on vient d’expérimenter en France des obus à la mélinite.
La mélinite, découverte par un chimiste français, est une poudre nouvelle ayant l’apparence de la terre glaise et douée d’une force explosive bien supérieure à celle de tous les produits inventés pour remplacer la poudre à canon.
Le picrate de potasse et la dynamite qui, au moment de leur apparition, ont fait quelque bruit, ne peuvent être comparés à la mélinite ; celle-ci laisse également bien loin derrière elle le fulmicoton, la nitroglycérine, la panclastite et toutes les matières explosives.
Des expériences ont permis d’établir théoriquement la force d’explosion relative de ces produits et de les classer de la manière suivante :
La force d’explosion de la poudre à canon étant représentée par 1, celle du picrate de potasse est représentée par 5, celle du fulmicoton par 7,5, celle de la nitroglycérine par 10 et celle de la mélinite par 100 !
On conçoit dès lors quels ravages doivent produire dans les rangs ennemis, dans les fortifications en maçonnerie et dans les vaisseaux de guerre, des obus chargés de mélinite.
Les essais faits au village français de Chavignon (Aisne), contre des murs en maçonnerie et des fortifications en terre, ont donné des résultats que l’imagination a peine à concevoir : les maçonneries ont été éventrées, offrant après le tir de larges brèches par lesquelles un assiégeant aurait pu pénétrer ; les terres des retranchements ont été bouleversées de façon à rendre toute défense impossible !
Ajoutons que les obus à la mélinite étaient lancés par un mortier de 220 mm à la distance de 2.000 mètres, qu’ils mesuraient eux-mêmes 1,95 m de longueur. Dans ces conditions, les expériences n’ont laissé aucun doute dans l’esprit des militaires et des hommes spéciaux qui y assistaient.
La manipulation de la mélinite ne présente aucun danger ; elle n’est influencée ni par le froid, ni par la chaleur, ni par les chocs ordinaires.
En outre, on est parvenu à régler son emploi de telle sorte que le projectile qui lui sert de véhicule éclate juste au moment voulu pour produire le maximum de son effet destructeur.
Enfin, on sait que des obus chargés d’une matière trop facilement explosive éclatent dans l’âme même de la pièce, de telle sorte qu’ils ne sont dangereux que pour ceux qui s’en servent : les obus à la dynamite sont dans ce cas.
Eh bien, avec la mélinite rien de pareil n’est à craindre : l’obus éclate juste au moment précis déterminé par celui qui s’en sert ; ni trop tôt ni trop tard ; ni avant d’avoir commencé sa pénétration, ni après l’avoir achevée. (Journal Le Lorrain)

Plan du fort Kameke en 1880 lors de sa mise en service


Plan du fort après sa modernisation en 1888

Au sujet des tourelles blindées « Gruson » dont le fort Kameke est équipé, le site Internet
« Conservatoire Numérique des Arts et Métiers - www.cnum.cnam.fr » reproduit (en pdf) un chapitre du livre
de Julien TURGAU (1824 - 1888) :
« Les Grandes usines - Etudes industrielles en France et à l'étranger », 1881.
« ETABLISSEMENT GRUSON - A BOCKAU PRES MAGDEBOURG
FONDERIE ET CONSTRUCTION DE MACHINES »
(Tome 13, pages 1 à 32, avec croquis).
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Souvenir...

Une carte postale adressée au canonier S. en garnison au Fort Kameke.


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