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Avril 1963
Découverte d'un charnier à Metz-Nord
lors des travaux de l'autoroute
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En avril 1963, lors des travaux de l'autoroute, dans la zone de Metz-Nord,
un charnier datant de la dernière guerre est mis à jour

Ci-dessous, les articles de journaux s'y rapportant

Républicain Lorrain, Dimanche 7 avril 1963

Des Lorrains pourraient figurer dans les victimes du charnier de Metz-Nord
Hypothèses émises par d'anciens internés du camp de Woippy.

Les travaux d'exhumation se sont poursuivis durant toute la journée d'hier, dans le charnier découvert mardi, sur les bords de la Moselle, à proximité du carrefour de Metz-Nord. Il est encore impossible de chiffrer le nombre exact des victimes qui furent sommairement enterrées à cet endroit, et dont les restes, à demi-rongés par la chaux vive, sont retirés fragment après fragment, sans aucune possibilité d'identification.

Une quinzaine de caisses avaient été remplies durant la journée de vendredi avec les ossements dégagés de leur gangue de terre et, hier soir, ces caisses, entreposées au hall mortuaire du cimetière de l'Est, étaient au nombre de 20.

Plus de 150 victimes ?
Comment serait-il possible de fixer avec précision le nombre de corps qui ont été ainsi découverts? On estimait à environ 70 ou 80 ceux qui furent exhumés dans la journée de jeudi. Le même nombre de caisses mortuaires ayant été emplies hier, on pourrait penser qu'on atteint maintenant un nombre d'environ 150 victimes. Malheureusement, il semble que ce chiffre ne soit pas encore définitif. Plus on avance dans ces fouilles tragiques, plus on découvre l'importance de ce charnier. Les ossements entassés sur une épaisseur d'environ 50 centimètres, s'étalent sur une largeur de fosse d'à peu près deux mètres. Il semble que trois fosses aient été ainsi emplies de cadavres. Deux sont voisines, séparées par moins d'un mètre de terre. La troisième est à quelques mètres de là, vers le pont du chemin de fer.

De nombreux déportés et anciens internés se sont rendus sur les lieux et ont émis des hypothèses diverses.

Une horrible exécution.
L'un d'eux qui eut l'occasion au cours de sa détention de participer à une opération du même genre, expliquait que la troisième fosse, celle où furent découverts des fragments d'uniformes, aurait pu être remplie par les corps de ceux qui creusèrent les premières tombes, et qui auraient été abattus en fin d'opération par les Allemands afin de faire disparaître à jamais les témoins de cette horrible exécution.
Selon ce témoin, les faits se seraient déroulés de la manière suivante. Un premier groupe de prisonniers et déportés auraient été amenés sur le terrain, déshabillés et exécutés devant une des fosses creusées par une équipe de déportés. Après l'exécution, ces derniers auraient été contraints par leurs gardiens de recouvrir les corps de terre et de refermer le charnier, puis auraient été eux-même abattus par leurs gardiens afin que nul ne puisse ensuite raconter ce qu'il avait vu.
D'autre part, l'examen des corps, et en particulier des crânes, semble établir que ces malheureux ne furent pas fusillés, ce qui était considéré comme un honneur par les militaires allemands, mais auraient tout simplement été massacrés à coups de crosse, assommés et enfouis à demi-morts, comme des « Untermensene », ainsi que les S.S. qualifiaient les prisonniers russes.

Des Lorrains parmi les victimes ?
Une question reste cependant posée et intéresse au plus haut point quelques familles qui comptaient des parents parmi les internés du camp de Woippy : y a-t-il des Lorrains parmi ces victimes ? Il est difficile de répondre avec certitude à cette question.
Nous avons rencontré hier un des principaux témoins, M. C. R., ancien interné du camp de Woippy, actuellement cafetier à Metz et âgé de 62 ans. Celui-ci se souvient fort bien du rassemblement de prisonniers qui fut ordonné par les S.S. au soir du 28 septembre 1944, quelques jours avant la libération du camp par les troupes américaines.
« Les gardiens ont appelé environ 120 prisonniers de guerre russes, ainsi qu'une dizaine de Lorrains réfractaires et trois Allemands déserteurs. Ils ont prétendu les envoyer dans un camp en Allemagne, mais, le lendemain, ils ont annoncé que le train avait été bombardé et que tous nos camarades de détention étaient morts. Je suis persuadé que ce sont eux qui furent exécutés et inhumés à quelques centaines de mètres du camp, là où on vient de les découvrir. »

Des témoignages de poids.
Un autre déporté du camp de Woippy nous a précisé : « Le fait qu'on ait découvert des boutons et des lambeaux d'uniforme attribués aux Russes, n'est pas une preuve de la nationalité des victimes. Moi-même, durant mon internement, j'ai porté des uniformes russes ou polonais, car les Allemands retiraient les vêtements des prisonniers et les habillaient avec ceux qu'ils avaient au magasin. C'est ainsi que des Français portaient couramment des uniformes de prisonniers de guerre étrangers. » Ce fait est d'ailleurs bien connu de tous les anciens prisonniers qui se souviennent des trocs qui avaient lieu souvent dans les camps à l'occasion d'une désinfection ou d'un contrôle des gardiens.
Une autre précision a encore été apportée par le même témoin, qui se souvient fort bien que trois prisonniers russes emmenés ce soir tragique du 28 septembre 1944, étaient enchaînés. La chaîne qui les reliait était fermée par un cadenas dont les gardiens ne trouvèrent pas la clef au moment du rassemblement. Et, sans autre forme de , les trois hommes furent emmenés, reliés par la même chaîne. Or, au cours des fouilles qui se sont déroulées jeudi, on a effectivement, retrouvé à côté des ossements, les maillons rouillés d'une forte chaîne en fer.
M. C. R. se souvient encore que le commandant du camp était, non pas le major Gridlig, qui fut par la suite jugé et exécuté, mais l'Oberscharführer Dunkert, qui bénéficia d'un jugement plus favorable et put, après la guerre, rentrer en Allemagne. L'adjoint de celui-ci était un certain Jungbut qui, arrêté après la Libération, se suicida dans sa cellule de la prison du Cambout.

L'action des associations patriotiques.
Ainsi, peu à peu, des éléments plus précis s'ajoutent les uns aux autres pour éclairer, vingt ans après, cette tragédie qui se résume en l'exécution sommaire de 100 à 200 prisonniers de guerre et internés. Certes, il est encore difficile de préciser les conditions de ce crime de guerre, les noms des auteurs, et plus encore ceux des victimes, resteront sans doute toujours inconnus. Mais d'ores et déjà, on peut penser que la direction départementale des Anciens Combattants et Victimes de guerre ouvrira une enquête pour tenter, par recoupements et étude des documents officiels de cette période tragique, d'établir au moins globalement l'identité des disparus du camp de Woippy, qui pourraient figurer parmi les victimes exhumées. D'autre part, les associations d'anciens déportés se sont également préoccupées de donner à leurs anciens camarades une sépulture digne de leur martyre. Aujourd'hui, la F.N.D.I.R.P. doit examiner, au cours de son assemblée, les décisions à prendre dans ce domaine, et d'autres groupements patriotiques s'en sont également émus.

Républicain Lorrain, Mardi 9 avril 1963

Le tragique bilan des corps découverts au charnier de Metz-Nord est impossible à préciser, mais on compte 120 à 150 victimes dont les restes ont été rassemblés dans une chapelle ardente.

Les travaux d'exhumation qui furent entrepris, mercredi dernier, dès la découverte du charnier mis à jour lors du nivellement du chantier de l'autoroute Metz-Thionville, sont maintenant terminés.
Menés avec diligence, sous le contrôle du commissaire Berland, chargé de l'enquête administrative, et avec le concours actif des services municipaux, les recherches entreprises à l'emplacement de ces fosses communes ont permis de rassembler les restes humains inhumés à cet endroit.
Il est malheureusement impossible, étant donné l'état de conservation des ossements, et tenant compte du fait qu'ils ont été recouverts de chaux vive aussitôt après avoir été jetés dans leur tombe, de chiffrer avec précision le nombre des victimes retrouvées par hasard près de vingt ans après leur supplice.
Bien qu'il soit extrêmement pénible de compter de cette sorte, le seul moyen d'estimation approximative est le nombre de caisses qui furent nécessaires pour rassembler les débris de squelettes retrouvés. Or, il en a fallu exactement quarante, et on peut penser que chacune de celle-ci contient approximativement trois à quatre squelettes, dans l'état où ils se trouvaient lors de leur découverte. On arriverait ainsi au total terrible de 120 à 160 victimes inhumées dans les trois fosses mises à jour à quelques mètres l'une de l'autre.
D'autre part, il ne fait plus guère de doute qu'il s'agisse là de prisonniers de guerre soviétiques, abattus par leurs gardiens allemands quelques jours avant la Libération du camp de Woippy où ils se trouvaient.
Les quelques débris retrouvés avec les corps : maillon d'une chaîne, boutons de chemise et de vareuse, pièce de monnaie, établissent la nationalité des victimes. D'ailleurs, plusieurs anciens déportés de ce camp ont confirmé le départ de ce convoi, rassemblé dans les baraques russes, dont il a été fait état dès le premier jour. D'autres se souviennent fort bien également que les prisonniers russes se trouvaient avec eux dans le camp, et étaient traités avec une particulière rigueur par les Allemands. Une question restera sans doute sans réponse, c'est celle de savoir si des prisonniers français ont été mêlés à ce convoi et peuvent se trouver parmi les victimes retrouvés. Certains déportés le pensent et croient même qu'il pourrait s'agir de déportés venus du camp de Compiègne, en transit vers l'Allemagne, et que les voies de chemin de fer coupées auraient empêché d'acheminer jusqu'au terme prévu de leur voyage. Les Allemands auraient alors décidé d'exécuter ces déportés pour qu'à aucun prix ils ne soient libérés par les troupes alliées qui s'approchaient.
Seule l'enquête qui sera ouverte par la Direction départementale des Anciens Combattants permettra, par confrontation des fichiers de disparus et des témoignages recueillis après la guerre sur ces derniers, d'établir s'il s'en trouvait à Metz au moment présumé de l'exécution. Cela ne permettra cependant pas d'établir formellement la présence de leurs restes parmi ceux qui ont été exhumés.
Quoi qu'il en soit, il est maintenant certain que tous les corps retrouvés sont ceux de victimes de guerre, et c'est sans doute ce qui ressortira des conclusions de l'enquête administrative qui sera prochainement communiquée aux autorités officielles. Ce n'est que lorsque celles-ci seront en possession de ce rapport qu'une décision définitive sera prise en ce qui concerne notamment les obsèques de ces martyrs de la déportation.
D'ores et déjà, la municipalité messine a fait aménager au cimetière de l'Est, dans le hall mortuaire, une chapelle ardente où ont été rassemblés les quarante caisses d'ossements. Et, hier après-midi, M. Mondon, qui était absent de Metz la semaine dernière, s'est rendu sur les lieux pour se rendre compte personnellement de l'ampleur du charnier découvert et des mesures qui avaient été prises pour en assurer le transport dans des conditions décentes vers une sépulture définitive.

Sur notre photomontage: en haut, la chapelle ardente aménagée au cimetière de l'Est, et en bas, MM. Mondon et Gallot, examinant les lieux avec le commissaire Berland et M. Urbain qui dirigèrent les travaux d'exhumation.

A ce sujet, un de nos lecteurs nous a adressé la lettre suivante, et serait heureux d'avoir éventuellement des précisions de la part de témoins de ces journées tragiques.
« J'ai l'honneur de vous exposer ce qui suit au sujet de l'article paru dans votre numéro de ce matin au sujet de l'affaire du charnier de Metz-Nord.
Chargé par le comité d'Histoire de la 2ème guerre mondiale d'un travail sur la résistance et la déportation en Moselle, j'ai manipulé, au cours de mes recherches, de nombreux dossiers de déportés. Or, les internés du camp de Woippy mentionnent tous le 1er septembre 1944 comme date de leur libération. Il semble que, dans la nuit du 31 août au 1er septembre, les gardiens allemands du camp aient disparu, si bien que le lendemain les internés auraient pu fuir à leur tour. Donc, le 1er septembre!
Or, votre témoin, dont je désirerais bien avoir le nom et l'adresse, indique le 28 septembre 1944. Ne s'est-il point trompé de date ? C'est le point qu'il faudrait éclaircir, pour la satisfaction de l'Histoire (le fort de Queuleu avaient cessé sa sinistre activité le 17 août ! Les nationaux allemands avaient reçu l'ordre d'évacuation le 28 août : les Lorrains, le 4 septembre, alors que les Américains étaient à Novéant!).
M. Marcel Neigert, professeur au lycée de Thionville ; correspondant du comité d'Histoire de la 2ème guerre mondiale ; 8, rue J. Jaurès, à Moyeuvre-Grande. »

Républicain Lorrain, Mercredi 10 avril 1963

Après la découverte du charnier de Metz-Nord, les organisations de déportés de la Résistance décident de porter plainte pour assassinats contre l'ancien chef de camp de Woippy.

On sait l'émotion soulevée à la suite de la découverte du charnier de Metz-Nord, au sein des organisations de déportés de la Résistance. Aussi, sur l'initiative de la F.N.D.I.R.P., réunie dimanche, l'ensemble des associations avait été invité à se regrouper hier soir, au Kursal, afin de déterminer approximativement la date où cette tuerie fut commise aux portes de Metz et de décider aussi de l'attitude à adopter à cet effet.
Autour de M. le Dr Burger, président de la F.N.D.I.R.P. et de M. Berthier, directeur de l'Office des anciens combattants, avaient pris place les représentants de l'U.N.A.D.I.F., de l'U.F.A.C., des A.G. juifs et P.G., des C.V.R. eut des anciens du camp de Woippy.

202 internés russes et lorrains le 28 août 1944
Un des anciens travailleurs libres du camp, M. Pierre Kopp fut entendu. Ce témoin vint apporter un témoignage assez précis sur la présence, dans la nuit du 28 août 1944, de 202 internés dont 150 Russes et une cinquantaine de Lorrains (des maquisards de Longeville-lès-Saint-Avold). Ceux-ci avaient été désignés à l'appel pour être dirigés vers une destination inconnue. Escortés par les S.S., ils disparurent.
S'agissait-il de ces malheureux, dont les ossements ont été découverts récemment? On ne sait rien dans ce domaine. Seules des hypothèses ont été avancées.
Un autre témoignage, celui de M. Reiss, révéla également la présence de quelques 150 prisonniers russes dans ce camp, précisant que trois d'entre eux avaient été enchaînés avant de disparaître. Des débris de chaînes furent d'ailleurs retrouvés lors des exhumations.
Il est également possible, suggéra un autre témoin, que les victimes aient été celles qui firent partie d'un convoi de 200 personnes venant de Compiègne entre le 17 et le 30 août, et probablement exterminées à Metz.
Ces organisations restent cependant dans l'incertitude quant à la nationalité de ces malheureux dont on retrouve, outre les débris de squelettes, des boutons verts d'origine russe.
« Il faudra demander des explications à Kirchdorfer, le chef du camp de Woippy » estimèrent les représentants des déportés.
Fritz Kirchdorfer a été en effet condamné le 17 novembre 1948, à 20 ans de travaux forcés et à 20 ans d'interdiction de séjour par le tribunal militaire de Metz. Ce criminel de guerre est aujourd'hui libéré et les Associations décidèrent de porter plainte pour assassinats auprès des Parquets français et allemands, réclamant sur commission rogatoire l'interrogation de l'ancien chef du camp.

« Il faut faire vite... »
Me Kédinger signala que si la prescription en France est de 15 ans, celle jouant en Allemagne est de 20 ans.
« Il est encore temps, dit-il, il faudra faire vite ».
M. Berthier, lorsqu'il sera ce matin en possession des éléments d'enquête fournis par M. Berland, commissaire de police, se mettra immédiatement en rapport avec le ministère des A.C. à Paris pour réclamer des instructions précises.
« Il n'est pas encore possible, dit-il, de savoir ce que nous ferons. Le côté nationalité n'a pas encore été déterminé, mais je vous assure que la mission du ministère des A.C. sera accomplie décemment ».
D'autres suggestions furent émises quant à la date des obsèques et le Dr Burger avancera celle du 28 avril prochain, consacrée à la journée des déportés. Mais là encore, il faudra attendre les précisions du ministre pour l'organisation d'une cérémonie militaire.
En attendant, les 45 caisses contenant les ossements resteront au hall mortuaire du cimetière de l'Est « car, précisa le représentant de l'Office départemental, s'il s'agit de prisonniers russes, il faudra que le Ministère prenne contact avec l'ambassade soviétique avant que certaines initiatives soient prises.
Il faudra également demander de poursuivre les sondages dans les environs du charnier, ceci dans le but d'apaiser la conscience des anciens déportés et d'élever une stèle à l'endroit où les corps furent découverts aux abords de l'autoroute. »


Républicain Lorrain, Vendredi 12 avril 1963

A la suite de la découverte des restes de prisonniers russes, aux portes de Metz
De nouvelles poursuites seront-elles engagées contre l'ancien chef de camp de Woippy ?

Les travaux d'aménagement de la future autoroute Metz-Thionville, interrompus durant une semaine environ, ont repris sur l'emplacement de charnier découvert à Metz. Les restes des malheureux, jetés en cette fosse commune, attendent, répartis en 45 caisses, dans une chapelle ardente aménagée au cimetière de l'Est, que le Ministre des Anciens Combattants, après examen du dossier en cours de constitution, prenne une décision quant à la date des obsèques.

L'opinion des enquêteurs est maintenant faite: il s'agit des dépouilles de soldats russes, abattus par les Allemands, en retraite, quelques jours avant que les nazis n'abandonnent le camp de Woippy, lors de la Libération. Des boutons de chemises ou de vareuses, des pièces de monnaie, ont permis d'établir leur nationalité. Il y en avait 150 environ à Woippy dont certains perpétuellement enchaînés. Or, des débris de chaînes ont été trouvés parmi les ossements.
D'où venaient-ils avant de connaître, à Woippy, la fin de leur calvaire ? Du camp de Compiègne, en transit vers l'Allemagne? De la région de Joeuf-Homécourt ? Y avait-il, parmi eux, des maquisards du secteur de Longeville-lès-Saint-Avold dont on n'a jamais plus eu de nouvelles ? Un homme pourrait le dire: l'ex-chef du camp de Woippy, le bourreau Kirchdorfer qui fut condamné le 17 novembre 1948 à 20 ans de travaux forcés par le tribunal militaire de Metz, mais libéré par anticipation, Kirchdorfer contre lequel les organisations de déportés de la résistance ont décidé de porter plainte de nouveau pour assassinats.
Le tortionnaire de Woippy pourra-t-il être retrouvé ? On le souhaite, car la prescription allemande, qui est de vingt ans, permettrait encore de lui demander officiellement des comptes.

Républicain Lorrain, Mardi 21 mai 1963

Une vingtaine de squelettes mis à jour, hier au nouveau charnier de Metz-Nord.

On se souvient que le 3 avril dernier, un « scraper », nivelant l'un des futurs embranchements de l'autoroute Metz-Thionville, entre le pont Eblé et les cités du chemin de la Moselle, mettait à jour des ossements humains.
Plusieurs hypothèses furent émises à l'époque et la plus vraisemblable demeure celle de charniers datant de la dernière guerre et dans lesquels furent jetés pêle-mêle les corps de quelques 120 à 150 victimes du nazisme, des prisonniers russes, abattus quelques jours avant la Libération, lors de l'abandon du camp de Woippy.
Or, comme nous l'indiquions dans notre précédente édition, un nouveau charnier avait été découvert dimanche après-midi dans le prolongement de ceux déjà mis à jour.
Sitôt la macabre découverte faite, rappelons-le, par des enfants qui jouaient, le commissaire Berland, déjà chargé de la première enquête, se rendit sur les lieux. Tout comme dans les précédentes fosses, les squelettes (quatre ou cinq environ) gisaient dans différentes couches de chaux vive.
Les opérations d'exhumation se poursuivirent hier sous la direction d'un responsable du service des cimetières, et une vingtaine de squelettes furent dégagés.
Dans l'après-midi, M. Houppert, adjoint au maire de Metz, se rendit sur les lieux, accompagné de MM. Didelot, directeur du service d'état civil, et Scheer, chef de bureau. La police avait, de son côté, établi une surveillance qui ne prit fin que dans la soirée. Peu après 18 heures, en effet, les services municipaux avaient fait procéder à l'enlèvement des restes macabres. Ceux-ci furent déposés dans des caisses avant d'être acheminées vers le cimetière de l'Est, où sont déjà entreposés, au hall mortuaire, les squelettes découverts le mois dernier.
Les recherches se poursuivent aujourd'hui et il n'est pas impossible que d'autres corps soient mis à jour.
Photo: D'autres squelettes ont déjà été découverts hier au cours des opérations d'exhumation.


Le Lorrain, Jeudi 9 décembre 1965

Les victimes du charnier de Metz-Nord seront inhumées demain.
Un appel de la fédération de l'UNADIF

... les restes mortels des prisonniers français et russes victimes de la répression nazie, découverts en avril 1963, dans un charnier à proximité de l'ancien camp d'internement de Woippy auront lieu demain vendredi 10 décembre à 15 heures...

Le Lorrain, Samedi 11 décembre 1965

Inauguration à Chambière d'un monument en mémoire des prisonniers russes et français du camp de Woippy

Le monument dédié aux « victimes de la répression nazie » du camp de Woippy a été inauguré hier après-midi au cimetière de Chambière.
Brève et émouvante cérémonie franco-russe, la plupart des victimes étant des soldats de l'armée rouge. Ces malheureux ayant eu à subir, de 1943 à 1944, les traitements des tortionnaires dont le chef de camp S.S. Kirchdorfer, fut condamné le 17 septembre 1948 à 20 ans de travaux forcés par le tribunal militaire de Metz.
La cérémonie de Chambière, d'une grande simplicité, a été marquée par le dépôt de gerbes.
Rassemblés à l'entrée du cimetière, le porte-drapeau des associations patriotiques avait ouvert la marche du cortège, à la tête duquel on reconnaissait M. Jean Laporte, préfet de région ; M. Boris Tchervov, 1er secrétaire de l'ambassade d'URSS, le capitaine de frégates, attaché naval adjoint Yvan Yvanov; M. Raymond Mondon, député-maire ; le général Massu, gouverneur militaire ; M. Raillard, directeur du cabinet de M. Laporte ; le général commandant la subdivision militaire de la Moselle, les présidents des différentes associations patriotiques et d'anciens combattants.
Le cercueil symbolique était porté par les parachutistes du GLA, tandis que des détachements du 15/1 et du CISM rendaient les honneurs. Après la sonnerie « Aux Morts » par le clairon de la musique du 15/1, quatre gerbes furent déposées par les représentants d'URSS, le préfet de région, la fédération des anciens combattants et prisonniers de guerre. Puis le cortège se disloqua.

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