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Presse locale : Informations, Faits divers, Courriers, Annonces ( 1933 - 2 )

Journaux consultés et abréviations utilisées Sources
Le Lorrain (LL)
Le Messin (LM)
 
  Les journaux consultés sont issus des collections de la Bibliothèque-Médiathèque de Metz-Pontiffroy, des Archives municipales de Metz et des Archives départementales de la Moselle.
(références disponibles sur place)

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Année 1933 ( Juin à décembre )

Jeudi 1er juin 1933
Société d’aviculture.
Les membres de la Société d’aviculture « Le Progrès » sont invités à assister à l’assemblée générale qui aura lieu le 5 juin, à 15 heures, au café du Commerce, à Woippy.
Toutes les personnes que la question d’élevage du menu bétail pourrait intéresser sont également invitées à cette réunion. Le Comité. (LL)

Dimanche 4 / Lundi 5 juin 1933
Etude de Me L. Tabary, notaire à Metz, 0, rue aux Ours.
A vendre à Woippy, belle propriété de campagne (Maison de maître) avec beau jardin, entouré de murs, en plein rapport. Maison en bon état. Bonnes conditions de payement.
Pour tous renseignements, s’adresser à l’étude. (LL)

Jeudi 8 juin 1933
Et voici les Fraises !…
Woippy a commencé hier la récolte officielle de ses fraises. On est quelque peu en retard, cette année, en raison des dernières gelées, qui firent des victimes parmi les « printanières ». Les récentes chaleurs ont cependant permis aux fraises de… mettre les bouchées doubles, et elles sont prêtes à faire le voyage au marché !
Quels prix seront pratiqués ? On n’a pu encore nous donner de précisions hier, première journée de la cueillette. Quelques centaines de paniers ont été remplis et vers la fin de la semaine, c’est par milliers qu’ils se chiffreront tous les jours.
Bonne chance aux producteurs… et aux consommateurs aussi. (LL)

Dimanche 11 juin 1933
Un incendie à la fabrique de conserves Vogel à Woippy.
Hier matin, peu avant 5 h., un commerçant de Moyeuvre se rendant au marché à Metz, en empruntant la route nationale, aperçut de la fumée et des flammes sortant d'un bâtiment de la grande fabrique de conserves Vogel, à Woippy. Il en avisa aussitôt le concierge qui, à cette époque de l'année, s'occupe seul de la surveillance de l'établissement. Celui-ci, constatant que les flammes se propageaient avec une rapidité dans le magasin à conserves, s'en fut au village alerter les pompiers qui, quelques instants plus tard, étaient sur les lieux.
Les pompiers durent se borner à protéger les autres dépendances de la fabrique qui étaient également menacées. Ils s'employèrent courageusement à leur travail, au risque d'être atteints par l'explosion d'un grand nombre de boites de conserves. La toiture du magasin s'effondra finalement, et au bout de plusieurs heures d'efforts, tout danger était écarté. Les dégâts s'élèvent à plus de 100 00 francs.
A remarquer qu'il y a onze ans, le feu faisait déjà des ravages dans la même fabrique. Aucun feu n'existant actuellement dans les ateliers, on suppose qu'une flammèche, crachée par une locomotive du chemin de fer, qui passe à proximité, est tombée sur la toiture et a ainsi mis le feu. (LL)

Dimanche 11 juin 1933
Chez les producteurs de fraises. Début de récolte et perspectives.
C'est à un rythme très modéré que la campagne 1933 de récolte des fraises vient de s'engager. La cause en est surtout aux chaleurs torrides qui ont marqué ces premiers jours du mois de juin.
Les sévères gelées du mois d'avril, ayant stérilisé les premières fleurs jusque dans le bouton - celles-ci, s'épanouissant plusieurs jours ensuite, montraient un cœur complètement noirci au milieu des blancs pétales - semblaient avoir fortement retardé la récolte. Et il est bien vrai que, sans ces gelées tardives, la récolte 1933 eût été exceptionnellement précoce : on eût vraisemblablement vu parvenir les fraises printanières à maturité vers le 20 ou 25 mai.
La chaleur qui vient de sévir, chaleur tout à fait de saison au point de vue thermométrique, a permis d'une part de rattraper un peu du temps perdu : c'est ainsi que la récolte a commencé à Woippy, cette année le 7 juin, alors qu'elle n'avait commencé, l'an dernier, que le 13. Mais, d'autre part, cette chaleur s'est trouvée trop intense pour le stade de développement auquel étaient parvenue les fraisiers, et cet excès relatif leur a été nettement préjudiciable ; un chiffre aidera à le faire comprendre, puisque rien n'est plus éloquent que les chiffres : au premier jour de la campagne 1932, à Woippy, il avait été récolté 1 400 kilos de fraises, tandis qu'au premier jour de la campagne 1933, il n'en a été récolté que 600. Autres chiffres qui découlent des précédents : l'an dernier, les premières fraises printanières de Woippy avaient été payées 4 fr. 30 le kilo au producteur, tandis que cette année, il en a obtenu 5 fr. 50. La considération des quantités récoltées suffit à prouver que le manque à gagner éclipse malheureusement de beaucoup cet avantage de prix.
La fécondité florale, et éventuellement fruitière, du fraisier est telle que le massacre des premières fleurs par les gelées tardives n'aurait pesé que d'un faible poids sur les perspectives du marché, n'eût été la chaleur à la fois forte et soutenue, puis de plus aggravée par un hâle desséchant qui vient de régner sur toute notre région. Quiconque a observé le fraisier dans l'état de nature - ce fraisier des bois si généreusement représenté en Lorraine - sait que celui-ci se plaît en une exposition assez clarteuse mais modérément ensoleillée, et sur un sol assez frais. Sur un sol desséché par le hâle, sous un soleil torride, la fraise, fruit dont la teneur aqueuse est des plus élevée, ne saurait parvenir à la plénitude du poids auquel peuvent prétendre nos variétés de culture. Il arrive même, comme cela a été le cas dernièrement, qu'un excès de chaleur solaire saisisse la fraise parvenue à grosseur et la cuise littéralement sans lui donner sucre ni couleur.
Ceci dit pour montrer que les perspectives de la campagne 1933, sous le rapport de la quantité, se présentent passablement réduites par rapport aux résultats de l'an passé. Elles eussent été plus fâcheuses même si le Pays Messin n'avait pas été abondamment arrosé, hier dans l'après-midi, par la pluie après quoi tous soupiraient depuis plusieurs jours. Cette pluie est venue abreuver le plantes dans d'excellentes conditions, et consolider un abaissement de la température qui leur permettra d'en tirer pleinement profit pour le plus grand bien de la récolte aux jours qui vont venir.
Consommateurs et producteurs ne pourront que s'en féliciter, aussi bien que tous ceux qui, à des titres divers, tirent ressource de la fraise lorraine.
Question importante, pour le producteur surtout, qui dans bien des cas a investi dans ses plantations ses capitaux et son labeur, et qui ressent d'une façon de plus en plus directe les contre-coups des convulsions économiques et politiques, internationales aussi bien que nationales. Sa situation est bien délicate parfois, même sans envisager des problèmes aussi complexes, que ceux auxquels nous venons de faire allusion.
Savez-vous, monsieur - nous disait hier l’un d’eux - que parfois nous sommes liés avec un acheteur dont les propositions ont été faites par lui, et acceptées par nous, au moment de la floraison ? On s’est vu au moment où les champs étaient en fleurs et pleins de promesses. Et puis la gelée est venue, ensuite la brûlure d’un soleil trop ardent : les promesses d’avril ne seront jamais tenues. En conscience, l’acheteur devrait augmenter le prix des conventions faites, mais croyez-vous qu’il le fasse ?
C'est, d'autre part, un autre souci qui vient de se faire jour : les fabriques font déjà connaître que, cette année, elles ne prendront plus les mêmes quantités de fraises qu'aux années précédentes. Et à ce sujet, nous devons dire que la cause de la nouvelle restriction qui menace nos producteurs de fraises est bien digne de retenir l'attention et de provoquer les sévérités d'un journal comme le « Lorrain ». Ceux qui nous suivent savent à combien de reprises déjà nous avons protesté contre les stupidités qui aboutissent à ce beau résultat que des pommes américaines sont vendues en France, dont la région normande est pourtant le paradis du pommier ; que des pruneaux de Californie viennent concurrencer chez nous les produits de l'Agenais, prototypes de tous les pruneaux du monde ; que les pains d'épices de Nuremberg viennent disputer la place de Metz aux fameux pains d'épices de Dijon ; que les sardines portugaises et espagnoles trônent chez nous pendant que les pêcheurs bretons doivent rejeter leurs pêches la mer, etc... Nous ne pensions pas être obligés sitôt de voir une production étrangère venir menacer dans ses moyens d'existence toute une population lorraine particulièrement méritante, et c'est pourtant ce qui vient d'arriver.
Sait-on pourquoi les producteurs de fraises mosellans livreront, cette année, moins de fruits aux fabriques ? C'est parce que celles-ci s'approvisionnent à bien meilleur compte des pulpes d'abricots d'Espagne, et que l'abricot d'Espagne est en train de bouter la fraise lorraine hors de la pâtisserie et de la confiserie françaises.
Et sait-on pourquoi l'abricot d'Espagne est si bon marché sur les places de France ? C'est que des mesures douanières empreintes de la plus parfaite stupidité ne le frappent, à l' entrée en France, que de 25 francs de droits par 100 kilos pour la pulpe, de 90 fr. pour les fruits au naturel.
Et ce tandis que nos exportations en Espagne sont frappées de taxes ayant atteint 504 francs aux 100 kilos! Espagne, Suisse, Allemagne, Italie, frappent à qui mieux nos exportations de taxes qui s'élèvent de 300 à 700 francs aux cent kilos. Et pendant ce temps là, l'importation en France de conserves étrangères dépassait l'an dernier le chiffre fantastique de 150000 quintaux !
On nous permettra, pour finir, d'insister sur ce point. Tandis que la lutte pour le marché suisse vient de se compliquer par suite de l'arrivée de la fraise italienne, que le marché sarrois autorise des craintes pour un proche avenir, il faut du moins garder un débouché pour l'excédent de nos fraises dans la conserverie et la confiture nationales.
Or, le 5 juillet 1932, un projet de loi (sous n° 390) fut déposé par MM. Sérot et Moncelle, députés de la Moselle, tendant à l'augmentation des droits de douane sur les abricots en pulpe d'origine espagnole. En près d'un an, le projet n'a pas encore trouvé le temps de passer.
Si dans une dizaine de jours, il n'a pas retenu l'attention du Parlement, il est à craindre que les fabricants ne réservent point aux producteurs lorrains ce qu'ils sont en droit d'espérer de commandes. L'Etat -ceux qui l'incarnent- finira-t-il par comprendre que sa prospérité est solidaire de celle des citoyens ? A.B. (LL)

Mardi 13 juin 1933
La Reine des Fraises de Woippy.
C’est une bien belle et intime fête de famille qui s’est déroulée, samedi soir, au café du Commerce à Woippy, en présence d’une partie de la population qui entourait son sympathique maire, M. Sechehaye. Comme l’an dernier, il avait été décidé d'élire la reine des fraises, qui, le 25 juin prochain, présidera la magnifique fête des fraises qui sera organisée à Woippy.
Le jury était composé de Mme et de M. Estivant, de Mme et du capitaine Lemut et du lieutenant Legrelle. En toute impartialité, ces personnes choisirent pour reine la toute charmante demoiselle Jeanne Bott et les non moins gracieuses demoiselles Antoinette Kocher et Lucienne Stephen comme demoiselles d'honneur. Cette élection a été acclamée comme il convenait, et souhaitons que le règne de la reine des fraises soit celui de la prospérité. (LL)

Mercredi 14 juin 1933
Fraises, Abricots et Fabriques.
Nous avons reçu de M. de Ladonchamps, le toujours dévoué président de l’Union des syndicats des producteurs de fraises et autres fruits de la Moselle, à la compétence de qui on ne fait jamais appel en vain - comme nous en avons fourni une preuve récente – ces quelques précisions auxquelles il a raison d'attacher une certaine importance. Nous ne saurions mieux faire que de laisser la parole à notre sympathique correspondant :
Ce n'est pas parce que les fabriques françaises et de la région préféreraient s'approvisionner à bien meilleur compte de pulpe d'abricot d'Espagne que la fraise serait handicapée, mais c'est parce que la pulpe d'Espagne mise en boîte en Espagne, arrive à si bas prix sur le marché français que la fraise ne peut plus supporter la lutte et que les fabriques françaises, à leur grande désolation et tout en ne travaillant pas l'abricot espagnol, ne peuvent plus travailler la fraise et vont réduire leur personnel sinon peut-être même cesser le travail.
La cause « producteur » et la cause « fabrique française» est absolument commune en la circonstance.
Ce serait de quoi donner espoir d'obtenir gain de cause si... Mais que le Parlement daigne s'en inquiéter un peu.
Chez nos voisins de Prusse.
Ainsi que nous l'avons déjà indiqué à plusieurs reprises, les fraises du pays de Trèves commençant à faire à nos produits une concurrence très sérieuse sur le marché allemand. Les fruits ramassés dans la région de Trèves, en particulier entre cette ville et la commune de Schweich, sont amenés au marché de gros à Trèves, installé dans l'ancienne caserne Saint-Maximin. On pourra se faire une idée de l'importance de cette culture en apprenant que la seule commune de Bech expédie dès à présent tous les jours quatre wagons de fraises à destination de Trèves. (LL)

Vendredi 16 juin 1933
Fraises, Abricots et Parlementaires
Les articles que le « Lorrain » a publié sur le pressant sujet de la concurrence faite aux terriens mosellans par les importateurs d'abricots d’Espagne ont eu, chez les intéressés, un écho plus grand encore que nous ne pouvions souhaiter. Les preuves d’intérêt ne nous ont pas manqué, et dans bien des cas nous sont parvenus des encouragements et confirmation de ce que nous avons écrit. Notre information s’en est trouvée accrue d’autant, et c'est ainsi que nous préciserons aujourd'hui que la proposition de loi de nos députés, MM. Sérot et Moncelle, a été déposée par eux le 16 juillet 1932, transmise à la commission des finances, et n'a été rapportée que le 8 avril 1933. Inscrite à l'ordre du jour de la séance de la Chambre du 26 mai 1933 pour être votée sans débats, elle a été retirée de l'ordre du jour sur opposition de M. Coty, député du Havre, agissant, semble-t-il, au nom de la Chambre de commerce du Havre, qui le 11 mai dernier avait précisément émis un vœu contraire à la proposition de loi des représentants de la Moselle.
Actuellement, MM. Sérot et Moncelle s’emploient à faire retirer l'opposition de leur collègue. Il y a encore un espoir, bien faible, il est vrai, de voir leur proposition de loi votée avant la fin de la session.
Quant à la situation des fabriques lorraines de conserves, elle est extrêmement simple. Toutes emploient les fraises et fabriquent le plus possible de pulpes de fraises (la pulpe de fraises est, en somme, de la fraise stérilisée, destinée à la fabrication ultérieure de confitures.)
Les pulpes de fraises de la région messine se vendaient autrefois dans toute la France. Elles se vendent de moins en moins, car bien que vendues à perte depuis deux ans, elles sont encore 30 % plus chères que les pulpes d'abricots d'Espagne et naturellement l’immense majorité des fabricants de confitures préfèrent employer le fruit qui leur coûte le moins cher. Dans ces conditions, la fabrication des pulpes de fraises messines diminue rapidement. Elle n'a été, l'année dernière, que le quart de ce qu'elle avait été il y a deux ans, elle sera vraisemblablement encore plus faible cette année.
Cette situation, si elle se prolonge, peut être très grave pour nos producteurs de fraises, car ce sont les fabriques qui absorbaient les excédents de production, les jours où la vente était difficile, ce sont elles qui empêchaient les cours de s'effondrer et qui assuraient aux producteurs l'écoulement de toute leur production (en particulier en fin de saison quand les fraises voyagent mal). Si par suite de circonstances économiques, elles ne sont plus à même de jouer ce rôle de régulateur, on voit que de très importants intérêts lorrains vont se trouver lésés, tant directement que par incidence.
On conçoit tout l'intérêt qu'il y a pour un port français à voir augmenter le tonnage du trafic qui est sa raison d'être, et son indifférence au fait qu'il s’agit d'importations plutôt que d'exportations. On concevrait moins l'indifférence de Qui-de-Droit à un fait qui pose, en somme, le problème de la prospérité française. Et l'on viendrait s’étonner du « déséquilibre de notre balance commerciale » ?


AU PAYS DES FRAISES... WOIPPY
Voici un groupe de cueilleurs et cueilleuses au travail. Naturellement, la cueillette des fraises prend, à Woippy, une importance au moins aussi grande que les vandanges dans les meilleurs pays de vignobles. La vie que la population mènera pendant l'année entière dépend presque entièrement de la récolte des fraises... Aussi, est-ce avec activité que les producteurs de fraises commencent à "nettoyer" leurs champs dès que le permet le printemps, car la fraise ne vient bien que dans les champs propres, d'où les mauvaises herbes ont été soigneusementt extirpées et qui ont été débarrassés de tout ce qui peut gêner le développement des fleurs et des fruits. Et puis, il est indispensable, lorsque tout est bien prêt, de "pailler" entre les rangs de fraises, c'est-à-dire d'entourer les pieds de fumier, pour empêcher les pluies violentes d'orages de trop faire jaillir la terre sur les fruits, et les salir.
(Cliché E. Gangloff)

Samedi 17 juin 1933
Fraises, Abricots… et Raisins.
Le monde des intéressés est dans l’attente des mesures réclamées contre l’invasion des abricots d’Espagne. Mesures qui, cette année du moins, n’auraient guère que le caractère de dispositions de principe, vu la menace de sous-production de la fraise qui semble se préciser, au moins en Lorraine, au fur et à mesure que s’avance la campagne 1933.
Par contre, nous apprenons que la Commission interministérielle de la viticulture s’est prononcée en faveur de mesures destinées à éliminer du marché les mauvais vins, et elle a demandé que les décrets définissant les vins normaux et fixant, par région, leur minimum de degrés alcooliques, interviennent avant le 15 juillet.
Selon la Commission interministérielle, tout en poursuivant énergiquement les moyens de défendre la viticulture contre le péril qui la menace, une rigoureuse répression des fraudes et la stricte application des décrets qui vont être pris, peuvent être considérés dans la situation présente comme des remèdes qu’il faut utiliser sans retard. (LL)

Dimanche 18 juin 1933
La récolte des fraises
La semaine qui vient de s’achever permet une esquisse de statistique sur l’importance de la récolte des fraises dans la campagne en cours.
Après n'avoir compris, au cours de la semaine précédente, que quelques wagons, les expéditions du Pays Messin se sont élevée d'une vingtaine de wagons le lundi 12 juin à une quarantaine hier. Evidemment, les envois sont de beaucoup moins importants que l'année dernière à la même époque, mais l'on sait que la production est elle-même nettement moindre cette année.
La pluie qui s'est décide à tomber; durant une bonne partie de la journée d'hier a été bien accueillie par les cultivateurs de fraises ; elle est de nature à améliorer les perspectives de la récolte pour les jours qui vont suivre, tant en quantité qu'en qualité, et à profiter surtout aux grosses variétés, qui parviennent maintenant à maturité.
Cette année encore, et en dépit de l'effort fait sur le marché suisse par les producteurs italiens, qui depuis deux ou trois ans ont développé leur production de façon incroyable, la fraise du Pays Messin a fait prime en Suisse : c'est la Suisse qui, à elle seule, absorbe la moitié de nos expéditions. L'autre moitié se répartit entre l'intérieur de la France et la Sarre. Quelques wagons ont été dirigés sur la région parisienne, et un train complet a pris la destination de Lille.
Les prix payés à la production ne sont toutefois pas ceux que le producteur était en droit d'espérer, vu la petite importance de la récolte jusqu'à ce jour, et plusieurs producteurs nous ont exprimé leur mauvaise humeur de constater que les prix demandés au consommateur sur la place de Metz avaient fait, pour le moins, la « culbute » entre temps, c'est-à-dire subi une majoration de 100 % et plus.
Nous ne pouvons que redire aux intéressés qu’il y a là, comme toujours, une question d'organisation qui leur incombe entièrement. (LL)

Dimanche 18 juin 1933
M. Guy LA CHAMBRE sous-secrétaire d’Etat présidera le Congrès régional du Groupe de Lorraine de l’U. N. C. et la Fête des Fraises le 25 juin, à Woippy.
Cependant que la saison des fraises bat son plein, des préparatifs sont faits pour la journée du 25 juin prochain par le comité des fêtes de Woippy, et l'on peut d'ores et déjà annoncer de nombreuses participations de délégations d'anciens combattants au congrès régional, et de douze sociétés sportives ou musicales à la Fête des Fraises.
Plus de deux cent cinquante couverts sont déjà retenus pour le banquet qui aura lieu sous de grandes tentes, dans la cour de l'école des garçons, et la municipalité est entrée en rapports avec les autobus départementaux et le réseau d'A.-L. pour assurer l'arrivée et le retour des visiteurs qui désireraient se rendre à Woippy ce jour-là ; les trains seront renforcés, et des autobus partiront toutes les heures de Metz et de Woippy.
Tout sera mis en œuvre pour que chacun trouve sur place des distractions à son goût et un ravitaillement suffisant. Il y aura des jeux de quilles, des tirs, des attractions pour les enfants ; d'autre part, dans tous les cafés et débits, des casse-croûte froids seront servis, et le Café du Commerce fera des repas chauds pour 7 fr. 50.
Des fraises cueillies exprès pour cette vente seront détaillées en petits paniers de 1 kg. environ au prix de revient pendant une bonne partie de la journée, et jusqu'à épuisement complet des réserves constituées pour les visiteurs de Woippy.
Le programme détaillé de la journée du 25 juin sera publié prochainement, dès que les derniers détails de l'organisation auront été arrêtés par le comité des fêtes, constitué par la municipalité, et où les anciens combattants et toutes les sociétés locales sont représentés. Il comprend, en dehors du congrès proprement dit, qui a lieu dans la matinée, une messe à 11 heures, la réception des autorités civiles et militaires vers midi et demi, la remise d'une palme au monument aux morts par les A. C., et un lâcher de pigeons voyageurs, et enfin, le cortège de la « Reine des Fraises » qui vient d'être élue pour 1933.
Dans la soirée, les sociétés musicales donneront des concerts, les sociétés sportives présenteront des exercices d'E. P. et de gymnastique.
En dernière heure, le comité vient d'apprendre la confirmation de la venue à Woippy de M. Guy La Chambre, sous-secrétaire d'Etat à la présidence du Conseil, chargé des Affaires d'Alace et de Lorraine, qui présidera le banquet des A. C. le 25 juin. (LL)

Mercredi 21 juin 1933
La récolte des fraises.
La récolte des fraises se poursuit dans des conditions de fatigue que ne soupçonne pas le public urbain : pieds dans la glaise et dos sous la pluie ; les doigts macérés par l’eau, et parfois même entamés… Et tout ce mal pour un résultat présentement assez médiocre, car si la pluie nécessaire est tombée en surabondance, c’est la chaleur non moins indispensable qui fait défaut aujourd’hui. Et cela ne profite qu'aux limaces, dont les dégâts sont d'autant plus considérables que ces vilaines bêtes ne s'attaquent qu'aux fruits suffisamment mûrs, et pas aux plus petits.
Quant aux prix, ils ne sont pas aussi rémunérateurs que le producteur l’espérait. A Woippy, où généralement les prix ont la meilleure valeur d'indice, ceux-ci ont subi, au cours de la semaine dernière, une régulière courbe descendante : 1 fr. 50 le 13 juin ; 2 fr. 25 le 14 ; 1 fr. 10 le 15 ; 1 fr. 05 le 16 ; 1 franc le 17. Les prix semblent avoir été un peu meilleurs dans diverses localités du sud de Metz : le 18 juin, elles étaient payées 1fr. 20 à Ars-sur-Moselle, avec paiement en surplus d'une prime de 5 centimes par le syndicat local.
Pour ce qui est de l’importance de la récolte au sud de Metz, qui commence maintenant à entrer en ligne avec ses variétés tardives, celle-ci est causée uniquement cette année par l'extension de la culture du fraisier : c’est ainsi que la gare de Novéant-sur-Moselle a enregistré samedi dernier le maximum d’expéditions jusqu’alors réalisé par elle, avec un total de vingt et un wagons. Il est vrai que cette gare dessert non seulement Novéant, mais les localités avoisinantes, dont certaines comme Marieulles, ont fait de gros progrès dans la culture des fraises. Il et difficile enfin, de faire entrer en ligne de compte l’importance toujours grossissante des expéditions par route : l’on voit couramment maintenant des camionnettes spécialement aménagées venir de Sedan, Strasbourg, Longwy, etc.
Il est vivement à souhaiter qu’un rétablissement du temps et une amélioration des conditions thermométriques permettent aux fruits maintenant ravitaillés en sève, la maturation désirable - et à ceux qui les cueillent, un travail moins pénible que celui qui vient de leur être imposé. (LL)

Jeudi 22 juin 1933
La journée du 25 juin à Woippy.
M. Guy LA CHAMBRE sous-secrétaire d’Etat au Congrès régional du Groupe de Lorraine de l’U. N. C.
Comme nous l'avions annoncé, M. Guy La Chambre viendra le 25 juin prochain à Woippy, assister au Congrès de l'U. N. C.
L'assemblée statutaire régulière aura lieu à 10 heures, sous la présidence de M. Goudaert, vice-président général de l’U.N.C. et M. le sous-secrétaire d'Etat arrivera vers midi, venant de Metz, où il aura été reçu la veille par la Ville de Metz.
Il sera accueilli à Woippy par la Municipalité, les Sociétés d'anciens combattants et les organisations locales, rassemblées autour de la mairie, et les honneurs lui seront rendus par une musique militaire et son escorte d'artilleurs montés du 39e R. A. D. Le Sous-Secrétaire d'État compte déposer une gerbe au monument aux morts, puis se rendra immédiatement à la salle du banquet.
Trois cents couverts seront mis dans la cour des Écoles pour les invités officiels et les congressistes ; les huit discours prévus seront radiodiffusés et répétés par des hauts-parleurs. Le menu a été composé avec soin par M. Natier.
Aussitôt après le banquet, les anciens combattants formeront un long cortège, qui ira déposer une palme au monument aux morts, devant l'église. Au même instant, la Société d'aviculture « Le Progrès », avec l'aide des dirigeant de l'Union des Sociétés d'aviculture, fera un magnifique lâcher de pigeons voyageurs.
A 15 h. 45, le cortège de la Reine des Fraises s'ébranlera. Il comprendra les musiques de Rémilly, Talange, Vantoux, Semécourt, Saulny, Devant-lesPonts, la fanfare du Cercle Saint-Nicolas, de Montigny, les sections d'adultes et de pupilles de Rosselange et de Maizières-lès-Metz ; enfin, l'Union de Woippy au grand complet.
Le magnifique landau de la Reine des Fraises sera encadré des élégants cavaliers de l'Escadron Lasalle ; les sapeurs-pompiers de Woippy conduiront le défilé, où figureront aussi de gracieuses Lorraines vendant des programmes et des insignes.
Puis ce sera la fêté traditionnelle : morceaux d'ensemble devant la mairie et vin d'honneur au Café Flérès ; aussitôt après, les musiciens donneront des concerts devant tous les cafés et débits de Woippy, et les gymnastes exécuteront leurs meilleures productions dans la cour de l'église.
Pour les amateurs de danse, le bal, organisé avec soin par les A.C., s'ouvrira à 18 heures précises, dans la salle du Lion d'Or, débarrassée des tables et des chaises du Congrès, et décorée spécialement pour la circonstance ; ce sera un bal avec orchestre renforcé.
Que les gourmets n'oublient pas la vente des fraises au détail, dans mille petits paniers d'un kilo, prévus pour eux pendant une partie de la journée. Ils auront l’occasion de goûter d’excellentes fraises à peu de frais.
Les moyens de locomotion pour venir à Woippy ne manqueront pas : les trains réguliers seront renforcés dans les deux sens aux heures d'ouverture du Congrès, et le soir pour le départ. Quant aux autobus départementaux, ils fonctionneront sans arrêt, chaque heure, à partir de 8 heures, au départ de Metz et de Woippy.
Sur place, il y aura de quoi se ravitailler : chaque débitant aura des sandwichs froids et, au Lion d'Or, ils seront chauds sur demande. Le Café du Commerce, pour 7 fr. 50, sans boisson, donnera des repas à la carte, simples, mais excellents.
A tout hasard, un poste de secours est prévu à l'école des filles, mais il est à souhaiter qu'aucun des visiteurs de Woippy,, en repartant le 25, au soir, n'emporte de mauvais souvenirs de cette journée, qui s'annonce si brillante.
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Programme du Voyage en Moselle de M. Guy LA CHAMBRE
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Voici le programme du voyage en Moselle de M. Guy La Chambre. SAMEDI 24 JUIN :
18 h. 01, arrivée de M. la Ministre en gare de Metz ; les honneurs militaires seront rendus sur la place de la Gare ;
18 h. 15, M. le Ministre se rend à l’hôtel de la Préfecture ;
19 h. 45, réception de M. le Ministre par la municipalité de Metz à l'hôtel de ville ; signature du livre d'or dans le salon de Guise ; remise de la médaille commémorative du retour de Metz à la France ;
20 h.., banquet en l'honneur de M. le Ministre, offert par la ville de Metz; retraite aux flambeaux de 21 à 22 heures.
DIMANCHE 25 JUIN.
11 h. 25, départ de la Préfecture (escorte) ;
11 h. 30, dépôt d'une gerbe de fleurs au Poilu libérateur, sur l'Esplanade ;
12 h., arrivée à Woippy, siège du congrès régional de l'Union nationale des anciens combattants ;
12 h. 15, dépôt d'une gerbe de fleurs au monument aux morts de la grande guerre ;
12 h. 30, banquet en l'honneur de M. le Ministre offert par l'Union nationale des anciens combattants et la municipalité de Woippy : vers 15 h. retour à Metz ;
18 h. 48, départ de M. le Ministre pour Paris (honneurs militaires). (LL)


LES FRAISES DE WOIPPY
Les wagons de marchandises non aménagés, voyageant les fenêtres ouvertes, peuvent transporter 1 500 kg. de fraises et ceux qui ont été établis spécialement pour cet usage, avec des claies, transportent 3 000 kg. Naturellement la manipulation des paniers doit être faite assez délicatement et exige beaucoup de précautions au chargement. Beau-coup de fraises partent maintenant par camions et camionnettes pour les directions les moins éloignées. (Photo et cliché E. Gangloff)
Vendredi 23 juin 1933
La récolte des fraises.
Nos aimables correspondants nous permettront de nous égayer un peu de l'état d'esprit un peu pointilleux qui nous semble aller se développant au royaume de la fraise. On pourrait croire que nous allons à une guerre de Sécession renouvelée de celle qui, voici soixante-treize ans, dressait en Amérique Etats du Nord contre Etats du Sud. Nous avons donc, nous aussi, au Pays Messin, nos Sudistes et nos Nordistes : les premiers prompts à prendre ombrage des informations consacrées à la fraise de Woippy, les seconds enclins à se formaliser de ce qui leur paraîtrait tendre à discuter la souveraineté de ce qui fut la capitale avérée des fraisiéristes de Lorraine.
Il est un fait historique incontestable : c'est à Woippy qu'appartient l'initiative d'avoir, il y a pas mal de lustres, créé pour ainsi dire l'industrie de la fraise.
Il est un fait économique non moins certain : c'est que la culture de la fraise a rencontré, dans tout le Pays Messin, les terres propices à sa réussite, et les bras courageux qu'il lui fallait pour s'étendre comme elle l'a fait.
Que des différences de crus se manifestent, pour une espèce donnée, sous l’influence prolongée de l'exposition solaire, de la nature du sol, voire même des soins culturaux et fumures, cela nous paraît aussi évident pour le fruit du fraisier que ce l'est pour le fruit de la vigne. Mais on nous permettra de ne reconnaître, en tous ceux - citoyens et localités - qui vivent de la fraise, que des éléments pareillement précieux de la prospérité collective, et pareillement chers à nos cœurs.
La concurrence, là encore, amènera à la longue la discrimination qui l’accompagne inévitablement, et nous en verrons bien d'autres, sans doute, quand reprendra le mouvement de sélection d'espèces qui se fit jour voici quelques années, tendant à faire entrer en scène ce qu'en viticulture on appellerait des cépages nouveaux, variables en précocité, en sucre, etc., plutôt qu’en fertilité.
Quoi qu'il en soit, le « Lorrain » sera toujours heureux d'accueillir les renseignements que correspondants attitrés ou lecteurs bénévoles voudront bien lui faire parvenir au sujet de la campagne des fraises : fluctuation des prix, importance de la récolte, extension de la culture, débouchés, satisfactions ou déconvenues, etc. Leur publication ne peut que grandement servir la cause des cultivateurs de fraises, dont les Syndicats ont trop à faire pour songer à publier un bulletin corporatif, et qui trouveront en notre journal, demain comme hier, l'interprète et le défenseur le plus désintéressé.
Mettons donc aujourd'hui à l'honneur les Sudistes, justement fiers de leurs côtes et des qualités spéciales qu'y acquiert le fruit du fraisier.
Sait-on que les quantités récoltées l'an passé dans les cultures du sud de Metz ont atteint, tant à Arry qu'à Lorry-Mardigny, 60 000 kilos ; 65 000 à Marieulles ; 75 000 à Féy ; 90 000 à Corny ; 115 000 à Vezon ; plus de 120 000 à Novéant ? Des chiffres aussi intéressants que la plupart de ceux-ci peuvent être alignés pour Ancy, Jouy, Ars, etc., etc.
La gare de Novéant est devenue un centre d'expéditions dont nous avons déjà montré l'importance qui va se développant de jour en jour vu l’étendue de la zone desservie.
Cette année, évidemment, la récolte se trouvera de beaucoup inférieure à la récolte d'antan ; deux considérations pourtant sont de nature à atténuer le regret qu'on pourrait en avoir : cette pénurie relative permettra de moins durement ressentir la carence des fabriques de conserves, désemparées par la concurrence de l'abricot d'Espagne, et d'autre part elle assure à la production une meilleure tenue des prix.
Les prix réalisés durant la présente campagne sont, en effet, bien soutenus, et un correspondant de Lorry-Mardigny nous indique - à la livre - pour le 10 juin : 2 fr. 75 ; le 12 : 2 fr. 50 ; le 13 : 1 fr. 50 ; le 14 et le 15 : 1 fr. 20 ; le 16 et le 17 : 1 fr. 15 ; le 18 : 1 fr. 35 ; le 19 : 1 fr. 20 ; le 21: 1 fr. 10. Le tout avec une ristourne minimum de 0 fr. 05 à la livre.
Dans le même temps, on obtenait à Ancy le 18 juin : 1 fr. 20, le 19 : 1 fr. 20 ; le 20 : 1 fr. ; le 21: 1 fr. 10 - avec espoir de hausse pour les jours suivants. Les prix, dans toute la région « sudiste » se sont tenus en concordance moyenne avec les prix ci-dessus détaillés ; on ne pense pas avoir à craindre qu'ils s`abaissent jamais au-dessous d'un franc à la livre, et les conditions particulièrement pénibles de la présente campagne, sur un sol détrempé et sous un ciel menaçant, rendent cette espérance particulièrement souhaitable pour tous ceux qui participent à la cueillette, d'autant plus harassante que le fruit est plus disséminé.
C'est remplir un devoir de stricte justice que de faire écho à la satisfaction que les intéressés manifestent à l'adresse des Syndicats reconstitués dans la plupart des localités, et dont le rôle bienfaisant finira, espérons-le, par ne plus rencontrer de sceptiques.
Rôle qui, d'ailleurs, ne prendra pas fin cette année avec la campagne des fraises : déjà s'amorce celle des cassis, ou groseilles noires, qui s'annonce dès maintenant comme assurée de prix plus rémunérateurs que sa devancière, en raison de demandes assez fortes qui laissent espérer des prix au kilo avoisinant 2 fr., contre 1 fr. 20 et même 1 fr. l’année dernière. Déjà aussi se formulent les premiers pronostics touchant la vendange : là où la gelée tardive n’a pas exercé ses ravages, la floraison très belle, l’imminence d’un retour du beau temps semblent autoriser les meilleurs espoirs.
Allons : il y a encore du mal à se donner pour la terre de Lorraine. Mais elle ne se montre pas ingrate, la terre maternelle. (LL)

Samedi 24 juin 1933
LA VISITE DE M. GUY LA CHAMBRE.
Programme du 24 juin (…)
Programme du 25 juin (…)

Dimanche 25 juin 1933
Bienvenue à M. Guy La Chambre.
Le « Lorrain » se fait un devoir et un plaisir de saluer respectueusement la présence, dans nos murs de Metz et sur la terre mosellane, de M. Guy La Chambre, sous-secrétaire d’Etat à la présidence du conseil, chargé spécialement des affaires d’Alsace et de Lorraine.
A ses côtés nous saluons également M. Paul Valot, conseiller d’Etat, directeur général des Services d’Alsace et de Lorraine à Paris, et le chef de son cabinet, M. Tardif.
M. Guy La Chambre est, pour nous, le représentant de la France, et dans cette Cité de Metz et ce Pays Messin restés si fidèlement attachés à la mère patrie, nous aimons faire les honneurs aux hommes qui sont à nos yeux les interprètes qualifiés de la représentation nationale.
M. Guy La Chambre sera reçu, ici et dans le bourg fraisier de Woippy, par une population loyale et patriote. Si, comme c’est le cas ailleurs, elle ne crie pas volontiers ses sentiments, elle n’en éprouve pas moins profondément le sens et la portée d’une visite ministérielle. L’honneur qui est fait à l’U. N. C. par M. Guy La Chambre sera hautement apprécié par notre département, si dignement administré, qui aime les anciens combattants, ceux qui ont combattu dans les rangs français et les « Malgré Nous », unis fraternellement aujourd’hui dans le service de la mère patrie.
Le Lorrain.

La journée du 25 juin à Woippy.
En raison de l’importance de la manifestation militaire qui aura lieu au « Poilu », il est à prévoir que M. Guy La Chambre n’arrivera à Woippy qu’à midi 15.
Les discours prononcés au banquet officiel seront radiodiffusés vers 14 h. 30 ; d’autre part, il est prévu que le sous-secrétaire d’Etat assistera, avant de partir, au défilé des anciens combattants, qui formeront un cortège des plus de 700 participants avec 50 ou 60 drapeaux, se formant dans la rue de Briey à 15 heures, et parcourant les rues de Metz, Rose-Marcus et de l’Eglise.
Les Rapides de Lorraine organisent un service d’autobus Metz-Woippy et retour à partir de 8 h. 30, partant de la place Saint-Louis ; et qui fonctionneront sans arrêt au retour jusqu’à la fermeture du bal. (LL)

Dimanche 25 juin 1933
L’arrivée à Metz de M. Guy La Chambre, Sous-Secrétaire d’Etat à la Présidence du Conseil. Une foule très nombreuse était massée, hier dès 17 heures, devant la gare centrale où, ainsi que nous l’avons annoncé, devait arriver M. Guy La Chambre, sous-secrétaire d’Etat à la présidence du conseil, chargé des affaires d’Alsace et de Lorraine. (…)
Le banquet à l’Hôtel de Ville. (…)
Discours de M. Vautrin. (…)
Discours du général Hirschauer. (…)
Discours de M. le Préfet. (…)
Discours de M. Guy La Chambre. (…)
Tous ces discours radiodiffusés par le poste de Strasbourg, furent chaleureusement applaudis. (LL)


Comme on le constate sur cette photographie, tout le pays est en mouvement. Voici un aspect de la mairie de Woippy au moment de l'arrivée et du départ des fraises.
La maison communale est transformée en Syndicat, où l'on achète les récoltes du jour au meilleur prix.
(Photo et cliché E. Gangloff
Dimanche 25 juin 1933
La récolte des fraises.
Avec bonne humeur du reste, une petite réaction - nous allions écrire « nordiste »- a suivi notre précédent article. Elle est d'ailleurs gentiment formulée, fort justement motivée, et nous sommes heureux de l'accueillir tout au long dans nos colonnes :
Je lis dans le « Lorrain » d'hier, 21 juin 1933, un article ayant pour titre « La récolte des Fraises », dans lequel il est dit que les prix des fraises semblent avoir été un peu meilleurs dans diverses localités du sud de Metz qu’à Woippy.
Ce n'est en effet qu’une apparence, et j'estime qu'il est indispensable de préciser la situation, afin que vos lecteurs, et surtout les producteurs sachent bien que les prix que vous indiquez pour Woippy se rapportaient à une variété précoce, moins grosse que la
« Tomate », tandis que ceux du sud de Metz, pendant les premiers jours, concernaient cette dernière variété qui n'était pas encore mûre à Woippy, et pour laquelle le producteur y est toujours payé nettement plus cher.
Compte tenu de cette considération, et à égalité de nature de fraise, les prix de Woippy n'ont donc pas été jusqu'ici inférieurs à ceux payés ailleurs, ils ont même été plus élevés pendant plusieurs jours.
J'ajoute que les producteurs du Syndicat ont su s’imposer une discipline nécessaire et mettent à tous leurs paniers une étiquette portant leur numéro d'immatriculation syndicale ; les acheteurs et les consommateurs y trouvent une garantie et des avantages réels qui leur donnent toute satisfaction et font qu'ils nous adressent des demandes toujours plus importantes.
Etant donné la présentation des prix faite dans votre article du 21 juin, je vous serais obligé de publier cet exposé dans vos colonnes le plus tôt possible. D'avance, je vous remercie et vous demande d'agréer, etc...
KOPP, Président du Syndicat des producteurs de fraises de Woippy.
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Les renseignements fournis d’autre part par l’Union des Syndicats de producteurs de fraises de la Moselle - dont le Syndicat de Woippy est d’ailleurs l’un des membres les
plus vigoureux - montrent qu’en effet, pour ce qui est de la variété précoce dont Woippy a gardé brillamment la spécialité, la récolte en est presque terminée. Soit dit en passant, il est donc possible aujourd'hui d'en apprécier le rendement assez exactement : tant en raison des fortes gelées d'avril que de la température défavorable en mai, la réduction de récolte de cette variété peut être estimée sans exagération à au moins 30 à 50 % de celle de 1932.
C'est maintenant avec la « Tomate » et la fraise tardive, qu il y a lieu de compter. Pour les cultures de Woippy, l’on s’attend à voir la grosse fraise inférieure en production d’environ 15 % par rapport à l’an dernier. La réduction de récolte sera vraisemblablement plus sensible encore en ce qui concerne la fraise tardive : cette variété - celle à laquelle s'intéressent plus particulièrement les fabriques de conserves - semble devoir accuser un rendement réduit de 30 à 40 % par rapport à celui de l'an passé, car elle a beaucoup souffert des intempéries.
A quelque chose malheur est bon : cette réduction - toute relative - de la production présente, tant pour Woippy que pour l'ensemble du Pays Messin, l'avantage d'une remarquable tenue des offres, qui sont supérieures à la demande, si nous en croyons le...
Mais nous allons laisser la parole, ou plus exactement passer la plume à la personnalité la plus qualifiée, par son dévouement et sa compétence, à traiter de ce qui va suivre : M. Henri de Ladonchamps. Voici donc ce que nous écrit le sympathique président de l'U.S.F.M. :
Une révélation !…
Le Bulletin corporatif syndical des Producteurs de Fraises de la Moselle
Le « Lorrain » du 23 juin, au cours de son exposé sur la récolte de fraises, lançait le mot de « bulletin corporatif » auquel, écrivait-il, les Syndicats ont trop à faire pour songer à le publier.
Ah ! certes, la tâche est rude et grande en ce moment. MAIS !… IL EXISTE BEL ET BIEN, LE BULLETIN !…
Chaque soir, par les soins de l'Union, il est adressé à tous les présidents de Syndicats qui lui ont donné leur adhésion, rédigé à 18 heures, il contient, les dernières nouvelles du jour et surtout les renseignements concernant la situation des marchés français et étrangers du matin même : nombre de wagons arrivés, prix de vente, état des marchés, tendances, etc., il donne de plus quelques considérations d'ordre général sur les ventes et la situation de la production en Moselle.
Donc, chaque matin, les Syndicats adhérant à l'Union sont renseignés par écrit sur la situation de la veille et qui, sur demande ou lorsqu'il est urgent, a déjà été transmise par téléphone dans la matinée même du jour d'arrivée.
Cette organisation présente de réels avantages que chacun constate et reconnaît.
Plus encore. L'Union des Syndicats établit un Bulletin de situation de récolte qui est envoyé à tous ses clients ; ce service, récemment formé, se développera. Le dernier bulletin en date du 22 juin, dont nous envoyons un exemplaire au Lorrain, a eu un tirage important et a été envoyé aussi aux représentants des expéditeurs.
Sans exagération, on peut dire que l'avenir des producteurs et des Syndicats qui les représentent, dépend de la façon et de la rapidité avec lesquels les uns et les autres sauront se placer, se discipliner et agir dans le cadre de l’Union. Précisément, en raison de l'extension des cultures dans la région de Metz, chacun, membre ou président d'un Syndicat, doit bien se pénétrer de cette idée et se rendre compte qu'il n'est plus possible d'agir seul, sous peine de travailler contre l'intérêt général… seul, ignorant la situation et sans tenir compte des contingences d'ensemble qu’il faut d’ailleurs suivre de très près et de façon constante, pour les interpréter utilement, seul et vendant peut-être plus cher tel ou tel jour, croyant alors avoir réalisé un exploit et en tout cas une bonne affaire, mais ballotté et secoué le reste du temps au gré des vagues, qui soulèvent, bousculent et agitent les marchés en tous sens, jouet isolé d’éléments qui lui échappent et qui, voguant au milieu des écueils, fatalement doit se briser contre eux.
L'Union des Syndicats de producteurs de fraises est 1'organisme de liaison et de groupement entre tous et indispensable à tous. Elle ne connaît ni nordistes, ni sudistes ; elle défend les intérêts de tous avec la même impartialité, la même objectivité, la même volonté d'être utile à tous, elle centralise les commandés et les répartit entre les différents Syndicats qui lui fournissent et fait charger pour eux des wagons, soit au Nord, soit au Sud de Metz, selon localités productrices et gare la plus rapprochée de celle-ci ; son système d'étiquetage créé, mis au point et appliqué par elle pour la première fois en Moselle ; dès 1928, permet non seulement de retrouver immédiatement le producteur, mais d'identifier instantanément le Syndicat fournisseur ; lorsque plusieurs ont participé à la composition d'un wagon, et même si les paniers des différents Syndicats sont mélangés dans les wagons.
L'Union des Syndicats de producteurs de fraises ne connaît que « la fraise de la Moselle », elle ne connaît que le « Producteur de la Moselle » avec un « P » et, par cette majuscule, nous voulons en même temps que caractériser et affirmer la généralisation que nous faisons de sa cause, nous voulons aussi saluer toute la noblesse de son rude labeur, penché sur la terre qu'il travaille et, qu'avec lui, ardemment, nous aimons ! H. DE LADONCHAMPS, Président de l'Union des Syndicats de producteurs de fraises et autres fruits de la Moselle.

Nous aurions aimé pouvoir donner la reproduction clichée de l'intéressante affiche par laquelle l’Union des Syndicats a fait, dans un grand rayon, la plus adroite et opportune des propagandes aux fruits dont elle s’est donné à tâche d'assurer la production rémunératrice. Faute de place, nous nous bornerons à la reproduction de son texte. Ce sera la meilleure conclusion du présent article, pour la preuve qu’elle donne : aux consommateurs, des garanties de qualité que leur assure le Syndicat ; aux producteurs, de la sécurité que leur garantit l’organisation éprouvée qui s’appelle l’Union des Syndicats des producteurs de fraises et autres fruits de la Moselle :
La Santé par les Fruits !
Voici en juin les savoureuses fraises de Metz (Moselle), le plus grand centre français de production, fournissant les variétés les meilleures et les plus recherchées pour la table, pour les confitures, pour les usines de conserves et pour la distillerie : gros fruits, chair juteuse, parfum incomparable, résistance au transport.
Livraison directe de la production. Expédition chaque jour par trains spéciaux sur tous les grands marchés français et étrangers. Fourniture et détail sur place (même à partir d'un panier) aux camionnettes et aux touristes.
Tous nos paniers doivent être munis d'une étiquette portant la marque départementale d'origine et de contrôle.
En juillet, groseilles ; en août, mirabelles de haute réputation.
Pour tous renseignements et pour les commandes, écrire au président de l'Union des Syndicats des producteurs de fraises et autres fruits de la Moselle, à Woippy (Moselle). Téléphone : Metz, 16.10. (LL)

Lundi 26 juin 1933
Une Fête Mosellane d’union, de paix et de travail
Congrès régional de l’U. N. C. à Woippy et Journée des Fraises.
Woippy, dans le val de cette divine Moselle qui enchanta le Latin Ausone, avait rassemblé, hier, dans ses murs, une foule énorme : Congressistes de l'U. N. C. et amateurs de fraises ; les uns venus des quatre coins du département, de la Meuse, de la Sarre et du Luxembourg pour fixer le programme de leurs travaux futurs, les autres accourus pour déguster les délicieuses fraises de Woippy qu'une municipalité intelligente s'efforce à faire connaître de plus en plus. Ce fut une merveilleuse journée d'union et de camaraderie de ceux qui scellèrent leur amitié, jadis, sur les champs de bataille et une manifestation en l'honneur du travail et de notre bonne terre lorraine. Le soleil, qui tenait absolument à être de la fête, n'a boudé qu'au moment du déjeuner, alors que tout le monde se trouvait à couvert et servi avec cet empressement que mettent les gens de Woippy à bien recevoir leurs hôtes.
La Matinée
Dieu sait s'ils étaient nombreux, ces hôtes. Dès le matin ils arrivent de toutes les directions. Un impeccable service d’ordre canalise les A. C. vers les différentes salles de réunion où se tiennent des séances des commissions. M. Pfister, membre du bureau a tout d’abord présenté un rapport sur les droits des A. C. définis par le récent congrès des Sables-d’Olonnes et que le groupe de Lorraine de l’U.N.C. fait siens. Un autre membre du bureau, M. Paul Johannès a parlé de l’action sociale et des caisses de secours mutuels qui sont un ferment actif de la vie des groupements. Enfin, M. Petit-frère a rendu compte de l’état actuel de la question de la liaison avec les jeunes, question intéressante, puisque les jeunes, qui sont l’avenir doivent perpétuer les traditions issues de la guerre, maintenir le culte des morts et regrouper les forces vives de la nation. Dans les commissions ont aussi été élaboré les vœux qui ont été adopté dans
l’Assemblée générale statutaire,
qui se tenait à 10 heures, au Café du Lion-d'Or, sous la présidence de M. Goudaert, vice-président général de l'U. N. C. assistaient le nouveau bureau du groupe de Lorraine de l'U.N.C. avec MM. Castin, président fondateur, Thomas, président, Berthet, Mallet, Gentil, Couture, vice-présidents, Frache et Perin, du secrétariat, Taîte, trésorier général, etc. Au bureau il y avait aussi MM. le sénateur Wolff, l'abbé Pioche, président de l'A.G.M.G., docteur Burger, vice-président des A.C. d'Orient. En sa qualité de président, M. Thomas, souhaita la bienvenue aux congressistes et trouva un mot aimable à dire à tous ceux qui ont contribué au succès de cette belle journée. M. Gentil, vice-président, fit le rapport moral, c'est-à-dire qu’il rappela ce que fut la vie du groupe pendant l'année écoulée, ce qu'il a réalisé et dans quel esprit il a accompli son action. Le groupe compte maintenant 119 sections avec 17.761 cotisants. Il n'a cessé de défendre les intérêts des membres auprès des diverses autorités. Il s'est occupé de la retraite du combattant, de l'attribution de la carte, de la création de sociétés de secours mutuels, de la liaison avec les jeunes, etc. En somme le groupe a travaillé avec cette conviction qu'il appartient aux anciens combattants de montrer au pays qu'ils restent une grande force morale et qu'en aucune circonstance ils n'ont renié l'esprit de la victoire de 1918. Voici maintenant que s'élève la grande voix autorisée de l’U.N.C., M. Goudaert, qui, dans un discours magnifique, fait connaître les réalisations présentes et les projets de l’U. N. C. Voici quelques bribes de cette belle page, cueillis au hasard de nos impressions :
« Fidèles à la consigne de nos chers et grands disparus, malgré les difficultés, les désillusions, les critiques et la fatigue nous sommes restés mobilisés contre ceux qui n'ont rien su, rien vu, rien appris, rien compris. Il fallait tenir, et, depuis quatorze ans, nous avons magnifiquement tenu. Avec calme, mais avec cette volonté qui ignore l'art de se taire, nous avons gardé la ligne droite, nous ne sommes pas de ceux qui laissent un abîme entre leurs pensées et leurs actes. Je sais bien que l'œuvre que nous poursuivons n'a pas donné tous ses fruits. Mais j'ai confiance dans l'avenir parce que je crois aux immenses possibilités des forces morales groupées dans nos associations d'anciens combattants. Nous n'admettrons, jamais que la force prime le droit, nous blâmons les doctrines qui légitiment la violence et la haine. Notre rêve de tuer la guerre n'étant pas encore réalisé, les manifestations qui se déroulent non loin de nous, nous obligent à la plus élémentaire prudence. Gardons notre sang-froid et notre bonne humeur, la lutte est la loi de la vie, et la vie même est une victoire. Travaillons pour la paix dans la sécurité. Contre les puissances de décadence et de désordre, de routine et d'inertie, anciens combattants, mes chers camarades en avant ! Elevons nos cœurs. Et surtout, ne parlons jamais de relève, nous qui avons la mission de maintenir le flambeau sur les cimes, nous qui avons appris de nos chers morts le sens et la beauté du devoir. »
Ces paroles, hachées de frénétiques applaudissements, ont produit une profonde impression sur l’auditoire d’élite auquel elles étaient destinées.
Les Vœux
Voici maintenant les vœux qui ont été adoptés.
Le congrès émet le vœu,
1° Que soit votée au plus tôt la loi ayant fait l’objet des propositions des 20 juin 1928 et 23 juin 1932 de M. Schuman et de plusieurs de ses collègues d’Alsace et de Lorraine, tendant à l’extension aux fonctionnaires alsaciens et lorrains ayant servi dans l'armée allemande du bénéfice des dispositions de la loi du 9 décembre 1927, accordant les bonifications d'ancienneté aux fonctionnaires anciens combattants.
2° Qu'il soit constitué d'urgence, soit à l'Office national, soit en annexe de l’un des comités des trois départements recouvrés un service spécial de durée temporaire, habilité auprès des autorités allemandes, chargé de se tenir en relations suivies avec elles et de recueillir tous renseignements permettant d’établir une documentation comparable à celle préparée pour l’examen des demandes de cartes au titre de l'article 4 pour les formations non réputées combattantes de l'armée française.
Qu’au vu de cette documentation la commission consultative de l'Office national détermine pour chacune des formations intéressées les conditions dans lesquelles il y aura lieu de faire bénéficier les anciens militaires de ces formations de la présomption favorable.
Que ces indications soient ensuite communiquées à chaque comité départemental de façon à assurer une plus grande uniformité de doctrine, et à permettre, par ailleurs, une liquidation plus rapide des dossiers.
3° Que le projet de loi Margaine-Scapini tendant à la titularisation dans leur emploi des anciens combattants employés auxiliaires de l'Etat et des établissements de l'Etat soit voté le plus rapidement possible.
Enfin, le congrès a tenu à formuler, publiquement, la déclaration suivante, qui fut accueillie par l'approbation enthousiaste et unanime :
- Le Groupe de Lorraine de l'U.N.C., réuni en assemblée générale le 25 juin, à Woippy,
- Emu par la propagande allemande prétendant que l'Alsace et la Lorraine constituent une province allemande qui doit refaire partie un jour de la grande Allemagne,
- Déclare avec la dernière énergie, au nom de ses 18.000 membres, une fois pour toutes :
« Que la Lorraine a été française pendant plusieurs siècles, qu'elle a été séparée de sa mère Patrie en 1871 par la force brutale, malgré les multiples protestations de ses élus et de toute sa population ; qu'elle s'est toujours considérée sous une domination étrangère de 1871 jusqu'à la fin de la dernière guerre ; qu'elle a reçu les poilus français en novembre 1918 en libérateurs ; que ce jour-là le plébiscite a été fait devant le monde entier, et qu'elle entend rester française, sans aucune restriction et pour toujours ».
En fin de séance, on a distribué les médailles du mérite de l'U. N. C. aux membres suivants : MM. Maret Julien, Landroff ; Piguet Jean, Herny ; Braun Edmond, Lorry-lès-Metz ; Mundwiller Frédéric, Petite-Rosselle ; Daret Paul, Ottange ; Dupont Joseph, Bénestroff ; Bellinger Joseph, Château-Salins ; Taîte André, Verny, et Dellinger Marcel, Puttelange-lès-Thionville. Les bons d'abonnement à « La Voix du Combattant » ont été tirés ensuite. Il y avait 70 bénéficiaires.
Arrivée du Ministre
Après l’assemblée générale, les congressistes ont assisté très nombreux à l’office religieux qui avait lieu à l’église de Woippy. Une messe basse était dite par le R. P. Scheubel, de Vigneulles. Dans le chœur tous les drapeaux, une cinquantaine au moins, faisaient une haie d’honneur. La quête était faite par Mlle Glad que conduisait M. Charles Thiriet, pupille de la nation.
L’office terminé, la foule se rassemble devant la mairie, de chaque côté de la route, par où va arriver le cortège ministériel. Un service d’ordre impeccable, dirigé par M. le commandant Bonneaud et ses gendarmes, secondés par M. le commissaire spécial Natier, canalise la foule envahissante et les voitures qui seront parquées dans des endroits réservés. La foule est bien celle de chez nous : calme, patiente, presque recueillie. Sur la place se tient l'excellente musique du 2e génie, puis les sapeurs-pompiers, une forêt d'étendards et de drapeaux, dont les inscriptions disent la diversité des hommages que reçoit le ministre. Voici, au premier plan, le maire de Woippy, ceint de son écharpe tricolore ; le conseil municipal, des personnalités officielles : MM. les sénateurs Hirschauer, Guy de Wendel, Wolff, Corbedaine, les députés Schuman, Moncelle, Doeblé, Wiltzer, Génois, Fabert, de la « Terre Lorraine » ; de Ladonchamps, président des producteurs de fruits, etc., etc.
A 12 h. 15 exactement, arrive l'automobile du ministre, précédée d'un peloton de trente cavaliers du 30e dragons, commandés par un lieutenant. Le ministre est accompagné de M. Geay, préfet de la Moselle, de M. Valot, directeur des Service d'Alsace et de Lorraine à Paris, et de M. Tardif, son chef de cabinet. Des voitures de l'escorte descendent encore MM. le général Guitry, représentant le général gouverneur de Metz ; le général Brion ; Morel, secrétaire général de la Préfecture ; Armand, chef de cabinet; les sous-préfets Guérineau, Adam ; M. Paul Vautrin, maire de Metz, etc. Jeune, souriant et élégant, le ministre reçoit les hommages de Woippy, représenté par son maire, M. Sechehaye ; puis un compliment dit d'une voix émue par la toute gracieuse reine des fraises, Mlle Bott, qu'entourent ses demoiselles d'honneur, Mlles Kocher et Steffen. Le ministre remercie tout le monde et, selon la tradition, embrasse la reine, en échange de la gerbe de roses qu'elle lui remet. La musique attaque, la «Marseillaise» que chacun écouté figé. M. Guy La Chambre et sa suite vont se recueillir un instant devant le monument aux morts, situé près de l’église.

Trois cents couverts étaient mis dans la cour des écoles, sous des tentes assez vastes pour abriter tout le monde. Le cortège s’avance à travers la haie des curieux massés de chaque côté des rues et perchés aux fenêtres pavoisées. Les Sociétés de gymnastique locales font une voûte d'honneur à l'entrée du cortège. L'attente de la foule est soutenue par des morceaux de musique qu'exécutent à tour de rôle le 2e génie, la Philharmonie de Woippy et d'autres Sociétés invitées. Chacun est bien vite casé et le repas commence aussitôt. Le menu, simple mais succulent, était préparé dans les cuisines du restaurant Natier.
Les Discours
Les allocutions traditionnelles ont été radiodiffusées. Elles furent intéressantes à souhait. Nos lecteurs, dont beaucoup sont sans-filistes, ont pu les savourer chez eux. Pour les autres, nous nous excusons de ne pouvoir que les mentionner, faute de place. Ce fut M. Geay, préfet de la Moselle, qui commença la série des discours. Il lui appartenait, en effet, de souhaiter, sur son territoire, la bienvenue au représentant du gouvernement. Comme à son habitude, le préfet eut un mot aimable pour tous.
Le deuxième orateur était M. Desprez, président du groupe de l’U.N.C. de Woippy, qui a exprimé les sentiments d'honneur et de satisfaction qui se sont éveillés dans les cœurs des A.C. à l’occasion de la visite ministérielle.
Dans son allocution, M. Sechehaye salue, comme maire, les hautes personnalités venues aujourd'hui à Woippy. Il termine en affirmant la fidélité traditionnelle de ses administrés à la République et au drapeau tricolore, que nos pères nous ont appris à aimer.
Au nom des Associations sœurs de l'U.N.C, M. Bolich, président des engagés volontaires de Metz, évoque l'émouvant souvenir des anciens combattants de la terre de Lorraine depuis 1870, terre si souvent meurtrie par la foule des invasions renouvelées. Les anciens combattants, dit-il, sont tous unis dans un même idéal : servir la patrie dans la paix comme ils l’ont servie dans la guerre.
Voici que se lève, salué par d’interminables ovations, l’actif et si dévoué président de l'U. N.C. de Lorraine, M. Thomas, qui apporte, au nom des 18.000 membres de l’U.N.C., de ceux des départements du Haut-Rhin, du Bas-Rhin, représentés par MM. Fluer et Rueff, de ceux de la section de Contusson, dans la Meuse, de ceux de Sarrebruck et de l'Amicale des volontaires luxembourgeois affiliés à l’U.N.C., au ministre et aux autorités civiles et militaires venues à Woippy en ce jour qui marquera une date dans l'histoire des A. C., l’expression de reconnaissance et de légitime fierté de ses belles et nombreuses sections, dont une centaine sont présentes. Le chef, qui parle pour tous, exprime aussi les pensées de tous en citant la belle et énergique déclaration d'attachement à la France, déjà acclamée le matin à la suite des vœux. Il n'en fallait pas plus pour faire éclater l'enthousiasme des convives qui, debouts comme un seul homme, entonnent une vibrante « Marseillaise ». M. Thomas termine en affirmant l'amour des A.C. pour la pays, des A.C. qui ont connu les misères et les souffrances. Nous ne permettrons à personne, s’écrit-il, de suspecter la sincérité de nos sentiments. Nous affirmons notre foi inébranlable dans les destinées de la patrie, de la France, qui trouve toujours en elle les éléments nécessaires pour assurer sa grandeur éternelle.
M. Goudaert, vice-président général de l’U.N.C., parle, avec cette éloquence prenante qui lui est propre, de l'esprit ancien combattant, qui est un esprit de compréhension, de tolérance, de justice et de vérité. Au nom des parlementaires de Moselle, M. Moncelle, vice-président de la Chambre, fait une subtile comparaison entre les origines du ministre, qui est breton, et de notre Lorraine. La diversité de notre pays, dit-il, fait sa beauté et sa force. Nous autres Mosellans, réintégrés par ceux qui sont ici, nous voulons donner à la France le meilleur de notre puissance.
Le mot de la fin est réservé à M. Guy La Chambre, qui se dit tout d'abord enchanté de sa première visite en Moselle. Le ministre félicite M. Thomas, président de l’U.N.C., pour son œuvre si française à laquelle il se consacre depuis de si longues années. Il salue les délégations d’anciens combattants, ses camarades de la grande guerre, puis, tout à tour, les différentes personnalités : M. Guy de Wendel, président du Conseil général, dont la place est si naturellement marquée parmi les anciens combattants ; M. le général Hirschauer, soldat de la guerre, qu’entoure ici le respect et la sympathie ; les sénateurs Wolff et Corbedaine, dont il a eu tant d'occasions d'éprouver le dévouement ; M. Moncelle, qui vient de se faire l'interprète si éloquent des vœux des parlementaires ; M. Schuman, le président écouté de la commission d'Alsace et de Lorraine ; enfin les autres personnalités.
M. le Ministre n'a garde d'oublier l'administrateur de la grande classe qu’est M. le Préfet Geay, ni M. le général Guitry, le représentant de cette armée française grâce à laquelle nous pouvons envisager l'avenir sans peur.
Le ministre a voulu, aussi, que sa visite en Moselle, ne fût pas seulement un agrément, mais aussi une occasion de travailler. C'est pourquoi il traite maintenant les différentes questions qui ont occupé les A.C. durant ce congrès. Il leur donne l'assurance que dans les conseils du gouvernement, il poursuivra la réalisation des vœux justes et légitimes qui lui ont été présentés. Puis il parle, de ce que nous avons tous à cœur, de la sécurité de nos frontières. Nous avons le droit d'exiger, dit-il, qu'en dépit des difficultés financières, toutes les précautions soient prises pour empêcher toute atteinte à l'intégrité de notre pays. Les gouvernements successifs ont compris leur devoir, en procédant à la mise en état de nos frontières. Ainsi, les sentiments de la France s’inscrivent-ils dans cette organisation de vigilance et de volonté de non-agression.
«Pour affermir la sécurité française, pour assurer la grandeur de la Patrie, pour réaliser le grand idéal d'amour et de liberté dont elle tressaille, combattants républicains, restez unis. Que vos fils, héritiers de vos vertus civiques, grandissent à l'ombre de vos épées. Qu'ils répètent le serment des jeunes Grecs : « Nous sommes ce que ce que vous fûtes, nous serons ce que vous êtes ». Et la République Française pourra fixer l’avenir avec le calme résolu qui est l’apanage des forts.
Les discours sont terminés. On écoute encore une fois la « Marseillaise », puis c’est le moment des adieux. Devant partir vers 18 heures de Metz, le ministre abrège sa visite. Son départ a lieu parmi une foule de plus en plus dense qui acclame vivement le représentant du gouvernement.

(A gauche) : Woippy en fête ; l'arrivée du ministre, des parlementaires et des personalités officielles.

(En haut) : La Reine des fraises de Woippy et ses demoiselles d'honneur offrent, au nom de la commune, une superge gerbe de fleurs à M. GUY LA CHAMBRE.

(En bas) : M. SECHEHAYE, maire de Woippy, remercie M. le Ministre d'avoir accepté la présidence du congrès.

(Photo et cliché E. Gangloff)


La Fête des Fraises
Les anciens combattants, avec leurs drapeaux, les Sociétés de musique et de gymnastique, toutes les associations locales se confondent maintenant dans une interminable théorie qui va défiler en l’honneur de la fête des fraises, à travers le village. Le landau de la reine des fraises qui distribue gentiment des roses et des baisers, est encadré des cavaliers de l'escadron Lasalle. C'est une fête populaire par excellence ou déborde cet entrain et cette bonne humeur du paysan de chez nous aux rares occasions où il n'est pas accaparé par le travail de sa lourde, mais fertile terre. La fête s'est poursuivie durant toute la soirée dans différents locaux qui avaient mis tout en œuvre pour contenter les visiteurs. Ceux-ci s'en furent ravis de l'accueil rencontré à Woippy et munis chacun d'un excellent panier de fraises succulentes que l'on pouvait se procurer partout à des prix exceptionnels.
Souhaitons que cette belle journée donne un regain d'actualité à cette spécialité du Pays Messin, fruit des soins jaloux d'une population de paysans qui depuis les temps les plus reculés, a toujours eu la réputation de laborieuse. L.L.
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M. Guy La Chambre au monument du « Poilu »
Hier dimanche, la première visite de M. Guy La Chambre, sous-secrétaire d'Etat, a été pour le monument du Poilu. Reçu devant la statue du maréchal Ney par les drapeaux de toutes les Associations d'anciens combattants, le ministre, précédé des étendards, traverse l’Esplanade et se rend au monument, où l’attendent les délégations des différents groupements de la ville. Remarqué également la présence de M. Valot, directeur des Services d'Alsace et de Lorraine à Paris ; Geay, préfet ; les généraux Hirschauer, sénateur, Bourgine, Guitry ; MM. Vautrin, maire; Corbedaine, sénateur ; Moncelle, Schuman, Wiltzer, Génois, députés ; Morel, secrétaire général de la Préfecture ; Guérineau, sous-préfet de Metz-Campagne ; Adam, sous-préfet de Thionville ; les adjoints au Maire de Metz, etc.
Après la sonnerie « Au Drapeau » et la « Marseillaise », exécutées par la musique du 151e R.I., M. Guy La Chambre dépose une superbe gerbe de fleurs au pied du monument du Poilu, cependant que retentit la nouvelle sonnerie « Aux Morts ».
Cet acte de reconnaissance accompli, le ministre salue les délégations présentes, puis descend sur le boulevard Poincaré, où il assiste à un magnifique défilé de troupes. Les nuages ont fait place à un soleil éclatant, et c'est aux sons des cuivres alertes que passe le gai bleu-horizon de l'infanterie, du génie, des artilleurs, des groupes motorisés et de la cavalerie. Superbe défilé, au sujet duquel M. Guy La Chambre ne manque pas d'exprimer sa satisfaction.
Peu après midi, les automobiles du cortège ministériel quittaient le boulevard Poincaré pour se rendre à Woippy. (LL)

Vendredi 30 juin 1933
U.N.C. Tout le monde rassemblé pour voir le double défilé des anciens combattants et la Reine des fraises, ont eu le plaisir de voir notre camarade Hotz Charles vendre ses belles et bonnes fraises. Aussi pensa-t-il à nos camarades retenus loin de la grande fête par la maladie en remettant pour eux au trésorier de l’U.N.C. 25 francs. (LL)

Samedi 1er juillet 1933
La fraise en Moselle
La culture de la vigne, qui donne depuis quelques années des résultats si aléatoires, et contre laquelle s’acharnent, dans notre région, tant de fléaux – maladies cryptogamiques, gelées printanières, méventes du vin de Lorraine, si agréable, si parfumé, supplanté par le gros pinard du Midi - a été, dans la vallée de la Moselle, avantageusement remplacée par la culture de la fraise. Les débuts en furent d'abord timides dans les coteaux qui avoisinent l'ancienne frontière, mais devant les résultats, les plus hésitants se mirent à l'œuvre, et, au découragement qui menaçait d'assaillir nos vignerons, succéda bientôt la satisfaction devant les résultats obtenus.
Parmi les coteaux qui se prêtent particulièrement à la culture de la fraise, ceux de Novéant méritent une mention particulière ; ce fruit si délicat trouve dans le sol de notre terroir, les éléments indispensables pour l'amener à une parfaite maturité, tout en lui conférant une solide constitution, qui en autorise la conservation et le transport à longue distance, sans déchet ; et ces qualités sont appréciées au loin, car à l'époque toute récente où l'exportation pouvait encore se faire en Allemagne, un journal rhénan, passant en revue les pays producteurs, situait en bon rang « la fraise renommée(berühmte) de Novéant.
La gare de Novéant présente en ce moment une animation extraordinaire : c'est là qu'affluent, en outre, les fraises des villages d'alentour : Dornot, Ancy, Jouy, Corny, Marieulles, Lorry, Arry, etc.; depuis le 18 juin, il a été expédié par la gare de Novéant 345 wagons chargés de 2 tonnes à 2 tonnes et demie, avec une moyenne de 35 wagons dans une journée : au total, plus de mille tonnes de fraises expédiées.
Nous tenons donc une bonne place dans la culture de la fraise, à la grande satisfaction de nos producteurs. Leur émotion a cependant été grande quand, au milieu du mois, des chaleurs excessives menaçaient d'anéantir la récolte ; les pluies qui sont survenues si à propos ont tout remis au point, la récolte a été légèrement inférieure aux années précédentes, mais nous avons trouvé une compensation dans l'amélioration des prix, qui se sont maintenus rémunérateurs jusqu’à maintenant. Et si l'Allemagne, sur laquelle on comptait tant, a fermé ses frontières, l'exportation a trouvé d’autres débouchés, tant à Paris, que vers la Suisse. En résumé, nous saurons nous passer de l’Allemagne, et c’est fort bien. (LL)

Dimanche 2 juillet 1933
Merci ! Si le congrès du Groupe de Lorraine de l’U.N.C. a obtenu un si éclatant succès, nous ne pouvons oublier que nous le devons en partie aux bonnes volontés de ceux qui ont bien voulu nous prêter leur concours.
Nos remerciements s’adressent donc à la Société du Pigeon Voyageur de Metz, aux charmantes jeunes filles de Woippy, vendeuses des insignes du Poilu ou de fleurs, aux jeunes gens de la même localité qui se sont mis entièrement à notre disposition pour l’aménagement des salles du congrès et du banquet et la décoration des rues du village, aux cafetiers et restaurateurs qui ont su contenter l’immense foule des congressistes et visiteurs, et, enfin, à toute la population woippycienne, qui, par son enthousiasme, a montré au ministre et aux autorités qui l’accompagnaient, que leur village est et restera français (LL)

Mardi 4 juillet 1933
La saison des fraises touche à sa fin
Les petits paniers, qui par milliers ont porté au loin les bonnes fraises du Pays messin, vont avoir droit au repos. La saison, en effet, touche à sa fin, et, dans une huitaine, l'armée des cueilleurs et cueilleuses aura abandonné les champs de fraises.
Quel sera le bilan de la récolte de 1933 ? A plusieurs reprises, le « Lorrain » a rendu compte des transactions dans le Pays messin, de même que des débouchés offerts par la présente année. Pour aujourd’hui, retenons surtout que si les prix n'ont pas connu les soubresauts qui désorientent les producteurs, la récolte a été nettement déficitaire dans toute la France, de même qu'en Suisse. On en connaît la raison : les gelées printanières, puis le temps frais persistant qui ne favorisait pas la maturation des fruits. Pour les fraises tardives, on évalue le rendement à 50 % seulement. La Suisse – nous venons de le dire – qui a connu le même ralentissement dans la production, a dû importer davantage pour couvrir ses besoins, et de 70 % d'importation en 1932, elle est passée cette fois à 100 %, ce dont les producteurs français ne se plaindront pas. La fin de saison a évidemment sa répercussion sur le marché, et dès samedi, une hausse des prix a été constatée, surtout pour la grosse variété. La demande reste bonne, et les prix vont probablement se maintenir pendant la semaine.
Nous ne pouvons mieux illustrer la situation actuelle du marché des fraises, qu'en reproduisant le « Bulletin » ci-après, établi dimanche par M. de Ladonchamp, l'actif président de l'Union des syndicats des producteurs de fraises et autres fruits de la Moselle :
Evolution de la récolte. - Jusqu'ici, la récolte s'est déroulée à une cadence restant sensiblement régulière ; ainsi qu'il avait été prévu dans le précédent bulletin du 22 juin, les très fortes journées de cueillette des années antérieures ne se sont pas produites en 1933.
Les plus grands rendements quotidiens de cette année - et ils sont restés relativement faibles - ont eu lieu les 26, 27 et 28 juin, avec seulement quelques wagons de plus que les jours précédents ; puis, et ainsi qu'une visite faite dans les différentes gares d'expéditions a permis de le constater à quai, brusquement les expéditions baissent d'environ un tiers le 29, puis de 50 % le 30, et davantage encore le 1er juillet.
Etat de la récolte à ce jour. - Plusieurs localités préviennent qu'elles finiront probablement de cueillir le mardi 4 juillet. Pour d'autres localités, il semble que l'on pourra arriver à la fin de la semaine, mais en décroissant très rapidement et de saut en saut vers la fin. La courbe de production présentera probablement chaque jour un angle de chute très prononcé pour s'arrêter brusquement.
Conditions de transport. - En raison de la basse température des nuits, qui oscille entre 14° vers 20 heures, et 8° vers 6 heures du matin, les fruits voyagent dans de très bonnes conditions.
Demandes. - Elles restent nombreuses et très supérieures à l'offre.
Prix. - La hausse prévue dans le bulletin du 22 juin s'est produite ; en fin de semaine, les prix ont atteint, dans certaines localités, 295, 300 et 310 francs les 100 kg. sur rail.
Temps. - Il a été conforme aux prévisions antérieures. Du 22 au 28 inclus : pluies incessantes, vents et froids vifs le matin, ciel gris et sans soleil ; le 29 juin a été le premier jour sans pluie depuis deux semaines ; très forte pluie le 30 juin ; beau temps mi-couvert le 1er juillet. Prévisions du temps pour la semaine en cours. - Ciel se dégageant ; pluies rares et disparaissant ; retour possible au beau temps ; température en hausse, mais nettement inférieure à la normale ; orages à craindre.
LA BONNE QUALITE DES FRAISES
Dans le monde entier, on parle de crise due à la surproduction, et pour sortir de l'impasse économique, on propose de remplacer la quantité par la qualité. Les adhérents de l'Union des Syndicats n'ont pas attendu ces bons conseils pour conserver aux fraises lorraines le renom qu'elles méritent. En 1928, Woippy créait un système de fiches, permettant à l'acheteur d'identifier le producteur en cas de réclamation. Deux ans après, l'Union des Syndicats appliqua la méthode, qui, aujourd'hui, a fait ses preuves. Voici d'ailleurs ce que M. de Ladonchamp écrivait avant-hier aux adhérents de l'Union :
« Le président de l'Union des syndicats à MM. les présidents et aux membres des Syndicats unis, la copie d'une lettre qu'il a reçue ce matin de l'une des plus importantes maisons d'achat de fraises. Cette lettre dit :
« Nous vous prions de transmettre à vos adhérents nos compliments pour la façon avec laquelle tous ont travaillé cette année. Vos expéditions étaient très bien et nous sont parues en parfait état.
« La méthode que vous employez en obligeant vos adhérents à mettre sur les paniers des étiquettes à identité, est bonne. Ceci fait apporter plus d'attention et de soins à tous, et nous avons remarqué que votre méthode est bonne. »
Ce n'est pas seulement avec joie, mais aussi émotion, que le président de l'Union des syndicats publie cette communication ; il y ajoute ses félicitations personnelles les plus cordiales.
L'étiquetage des paniers à fraises est, en Moselle, la création et l'œuvre de l'organisation syndicale.
De très réels efforts ont été faits par les producteurs à bien des points de vue, et spécialement pour l'étiquetage et le paillage. Malgré des pluies incessantes pendant deux semaines, les fruits sont toujours restés nets de toute souillure. Ces efforts, le président de l'Union des Syndicats les suit pas à pas, il les connaît et les partage.
Continuons ! Ayons l’amour-propre du métier. Ayons l'esprit de corps syndical.
Continuons ! Nous sommes dans la bonne voie !
Succès oblige!... Ensemble coude à coude et la main dans la main, demain, toujours continuons... persévérons… »
LES PRIX A BERLIN
Terminons ce rapide aperçu par les prix pratiqués actuellement à Berlin. Ce coup d’œil sur le marché allemand n'est pas sans intérêts, puisque de plus en plus nos voisins d'en face prétendent se suffire à eux-mêmes. Ces prix, nous en devons encore la communication à M. de Ladonchamp qui, pour mieux défendre la cause des producteurs du pays messin, se tient journellement au courant de la situation des marchés dans les différents pays.
Dans les environs de Berlin, la fraise, première qualité, se vend en gros de 36 à 50 Marks les 100 kilos.
Les fraises non triées valent 24 à 30 Marks les 100 kilos. Les prix de la capitale allemande sont donc inférieurs à ceux pratiqués dans notre région et auxquels il faut encore ajouter, si l'on envisage l'exportation au-delà du Rhin, des frais de douane et de transport assez onéreux. Ces prix allemands pourront-ils se maintenir (la récolte berlinoise est plus tardive que la nôtre)? On peut en douter, si l'on en croit les journaux allemands qui prédisent une récolte très abondante.
Quant à nous, nous sommes heureux de constater les bons résultats obtenus par l'Union des Syndicats du Pays messin.

Vendredi 7 juillet 1933
Saint-Remy - Woippy.
Fête des fraises. C’est dimanche prochain que les sapeurs-pompiers de la section de Saint-Remy organisent leur fête annuelle d’été dite « Fête des Fraises ».
Tout a été prévu pour donner satisfaction à tout le monde. Rien ne manquera : pour les petits, toutes sortes de divertissements tels que : tirs, carrousels, balançoires, confiseries, etc.
Pour les grands, un concours de quilles doté d’un superbe mouton fera la joie des amateurs de la boule, ainsi qu’un concours de tir à la carabine avec, comme premier prix, une oie bien grasse.
A partir de 16 heures, sur un plancher de 400 mètres carrés, un orchestre choisi fera tourner les jeunes couples.
J’oubliais le fameux jeu à la mode, qui sera aussi de la fête : à partir de 17 h. 15, grand match de ping-pong entre les équipes de l’Entente de Saint-Remy et de l’Etoile de Bellevue.
Venez donc tous dimanche à Saint-Remy, vous y serez bien reçus, et la franche gaîté y régnera. (LL)

Vendredi 14 / Samedi 15 juillet 1933
Sortie des Anciens Combattants.
La section des Anciens Combattants de Woippy organise pour le 13 août une excursion en de spacieux autos-cars, passant par les vallées de la Moselle et du Rupt-de-Mad, par Thiaucourt, Montsec, Apremont, Saint-Mihiel, Hattonchâtel, Les Eparges, Fresnes-en-Woëvre et Gravelotte.
Le trajet est d’environ 180 km., pour lequel il n’est demandé que 20 fr. par place. Ce prix très réduit permet de compter sur un grand nombre de participants. Les membres des sections voisines sont invités bien cordialement à participer à cette sortie et trouveront près de leur président et secrétaire les détails et les conditions ce cette excursion. Y sont également invités les jeunes gens de Woippy, qui pourront se renseigner utilement dans tous les cafés de la commune.
Ce sera pour tous une occasion vraiment exceptionnelle de faire une agréable excursion à peu de frais et nous conseillons à tous de se renseigner au plus tôt, car le nombre des adhésions est limité. (LL)

Mercredi 26 juillet 1933
Grave accident d’automobile près de Saint-Remy. Mgr Lœwenbruck au nombre des blessés. Un grave accident d’automobile est survenu hier, au débit de l’après-midi, sur la route nationale 53, à quelques 200 mètres de Saint-Remy, en direction de Thionville. Un lourd camion automobile a accroché au passage une voiture dans laquelle avaient pris place, venant de Pont-à-Mousson, cinq membres de l’estimée famille Lœwenbruck, qui tous ont été blessés assez sérieusement par des éclats de verre. L’état de Mme Pierre Lœwenbruck toutefois inspire quelques inquiétude en raison de la commotion cérébrale éprouvée, qui a donné à craindre une fracture du crâne. La blessée a été transportée d’urgence à l’hôpital Notre-Dame de Bonsecours, ainsi que M. et Mme Henri Lœwenbruck, de Pont-à-Mouson, at que Mgr Léon Lœwenbruck, curé de la paroisse Notre-Dame de Lourdes de Nancy. Seul M. Pierre Lœwenbruck a pu quitter l’hôpital après pansement.
Ces ont les sapeurs-pompiers de Metz qui, alertés de la cabine téléphonique de Saint-Remy à 14 heures, au moment où l’accident venait de se produire, sont arrivés avec l’ambulance automobile et, avec leur dévouement coutumier, ont assuré le transport des blessés. Quant à l’automobile sinistrée, après avoir roulé une centaine de mètres dans une position dramatique, elle était allée se coucher sur le flanc droit en travers de la route à une centaine de mètres de la rencontre.
La gendarmerie de Maizières-lès-Metz poursuit l’enquête nécessaire.
Nous avons fait prendre hier soir des nouvelles des sympathiques victimes, dont l’état n’était pas alarmant. (LL)

Mercredi 26 juillet 1933
La cueillette des pois au Pays Messin
Après les fraises, les pois sont récoltés au Pays Messin. La cueillette, qui a commencé fin juin, va vers sa fin. Aussi, l’effort est-il considérable ces jours derniers. Et cela d’autant plus que les chaleurs ont fait « passer » rapidement la récolte. Il faut faire vite.
La récolte, cette année, est moyenne. La marchandise est de bonne qualité. Le prix est aux environs de 35 francs les cent kilos, alors que les printaniers se sont vendus 43 francs.
Hier, nous avons vu quelques-uns de ces immenses chantiers de cueilleuses et de cueilleurs, femmes, hommes et enfants. Ainsi, sur la ferme de M. Bourguignon, à Aubigny, on pouvait compter environ 150 personnes. Une autre forte équipe travaillait dans la plaine de Thionville. Vers le sud, sur environ cinq hectares de M. Obellianne, c’était 320 personnes qui se pressaient, par la grande chaleur, à la cueillette de ces succulents légumes. La localité de Magny fournissait elle-même une trentaine de personnes, tant pour les pois que pour les haricots de conserve.
Ces personnes reçoivent de 20 à 22 centimes du kilo, quelques fois avec des primes. La moyenne journalière, pour un chantier mélangé, est de 100 kilos environ. Certaines adroites et alertes cueilleuses récoltent jusque près de 100 kilos.
Une innovation qui fait reprendre les instruments disparus : A Borny, une vingtaine de femmes, munies de faucilles, coupent les pois pour la Maison Moitrier ; ces pois sont battus sur place par une batteuse. On le voit, c’est toute une industrie qui vit dans la riche Pays Messin. On estime que, en raison de la chaleur, la récolte sera terminée cette semaine. (LL)

Vendredi 28 juillet 1933
U.N.C. Généreux donateurs
Le comité remercie très sincèrement les camarades Schneider Pierre, plâtrier, et Charrette Victor, qui à l’occasion du payement de leur allocation ont fait don de 50 et 30 fr. à la caisse de secours de la section. Nous espérons que ce beau geste sera imité par les camarades au reçu de leur titre.
Sortie des Anciens combattants.
Nous rappelons que la sortie en auto-cars, déjà annoncée, de la section de anciens combattants de Woippy, aura lieu le dimanche 13 août.
Nous invitons à nouveau les camarades des sections voisines de Woippy, ainsi que les jeunes gens de la localité, qui désireraient y participer, d’adresser leur adhésion pour le 1er août au plus tard.
Il ne reste déjà plus que quelques places dans les auto-cars de luxe et les demandes seront satisfaites au fur et à mesure de leur réception et dans la limite des places disponibles.
Nous rappelons également que les anciens combattants des sections limitrophes de Woippy trouveront tous renseignements utiles près de leur président et secrétaire. Quant aux jeunes gens de Woippy, ils les trouveront dans tous les cafés de la commune. (LL)

Mardi 1er août 1933
Ping-pong. Le comité du Ping-Pong-Club woippycien est heureux du succès obtenu jusqu’à présent. La constitution définitive du club ayant eu lieu, les amateurs qui voudraient s’inscrire sont priés de le faire au siège, Café Boulanger, ou près du président, M. Lamort. Pour les membres du comité, une réunion statutaire aura lieu mercredi soir. (LL)

Dimanche 6 août 1933
Etude de Me Jules Allard, notaire à Metz, place Saint-Louis, n° 8.
Le mardi 29 août 1933, à 4 heures de l’après-midi, à Woippy, au Café Natier, anciennement Humbert, par le ministère de Me Allard, notaire, Adjudication volontaire d’une Maison d’habitation et d’un terrain fraisier situés à Woippy.
Désignation.
Ban de Woippy.
1) Maison d’habitation avec écurie, comprenant caves, 3 pièces et 1 cuisine et greniers, avec eau et électricité, située au village, rue de Metz, n° 9, avec 2 ares 35 centiares de superficie ;
2) Terrain planté en grande partie de fraises, composé de 6 champs d’une contenance totale de 28 ares 43 centiares.
Pour renseignements, s’adresser en l’étude, et pour traiter, à MM. Constant Lévy et Fils, négociants en immeubles, rue Serpenoise, n° 42 (Tél. n° 1708). (LL)

Jeudi 10 août 1933
Un beau geste.
Le comité de la section de l’U.N.C. de Woippy à l’honneur de porter à la connaissance de ses membres qu’au reçu de leur titre de pension, les camarades dont les noms suivent ont versé les sommes suivantes à la caisse de secours : MM. Worms, 50 fr. ; François Bott, 50 fr., et Jean-Baptiste Weber, 25 fr.
Nous ne saurions trop recommander aux camarades qui auraient l’intention d’imiter ce beau geste de ne pas hésiter, car leur obole sera acceptée de grand cœur par notre trésorier es commission de secours, qui a la charge de les répartir équitablement. Nous remercions bien sincèrement ces généreux donateurs et leur souhaitons qu’ils perçoivent encore longtemps leur retraite. Le Secrétaire. (LL)

Jeudi 24 août 1933
Fête patronale.
C’est dimanche 27, lundi 28 et mardi 29 août qu’aura lieu la fête patronale de Woippy, l’une des plus belles et des plus fréquentées de la région. Les sportifs de la localité se chargent cette année de l’organisation de la fête. Gageons qu’ils ne négligeront rien pour donner entière satisfaction aux nombreux visiteurs. Qu’on veuille bien se rappeler le succès d’affluence que connaît tous les ans la fête patronale de Woippy ; il nous paraît excessif d’insister. Disons simplement que le bal aura lieu sur plancher, place du Champé, avec le concours d’un des meilleurs orchestres régionaux. Il y aura les attractions habituelles : carrousel, balançoires, tir, jeux de quilles et de mouton. N’oublions pas les débitants qui réservent toujours à leur aimable clientèle des rafraîchissements de premier choix et des plats et casse-croûte variés. Nous invitons cordialement jeunes et vieux, amis et connaissances, à venir se divertir à Woippy à l’occasion de la fête patronale 1933. (LL)

Mercredi 30 août 1933
Un ouvrier agricole est tué par une auto
Dans la soirée de lundi s’est produit, sur la route nationale, près de Ladonchamps, un mortel accident de la circulation. Un ouvrier agricole, qui suivait une machine à battre, a été happé par une automobile et tué sur le coup. (LL)

Jeudi 31 août 1933
L’accident mortel de Ladonchamps
Dans notre précédente édition, nous avons brièvement relaté l’accident mortel de la circulation, survenu sur la route nationale, près de Ladonchamps. L’accidenté est un certain Jean Julien, âgé de 63 ans, sans domicile bien déterminé, qui gagne sa vie en travaillant de temps à autre, au battage des récoltes chez les cultivateurs. Avant-hier soir, il suivait une batteuse et se trouvait quelque peu à gauche de celle-ci, quand survint le camion piloté par M. Pierre Wéber, domicilié 22, rue de Pont-à-Mousson, à Montigny. Transporté à Bonsecours par une auto qui passait à ce moment, Jean Julien succomba peu après son admission. (LL)

Mardi 24 octobre 1933
Anciens combattants et Souvenir Français.
Comme chaque année, les anciens combattants auxquels se joindra le Souvenir Français, donneront à la journée du 11 novembre, anniversaire de la victoire des armées alliées, l’éclat qui lui convient.
A 10 heures, un service religieux sera célébré en l’église de Woippy, lequel sera suivi d’un pèlerinage au monument aux morts et à celui du général Gibon.
A midi, un banquet chez le camarade Charles Flérès, auquel les anciens combattants invitent également toutes les personnes qui voudraient se joindre à eux. Nous rappelons que les inscriptions pour le baquet seront reçues au Café Flérès jusqu’au 5 novembre, dernier délai. Le prix du couvert est fixé à 20 francs, tout compris. (LL)

Mardi 14 novembre 1933
Epilogue d’un accident de la route.
Le tribunal de première instance de Nancy vient de statuer sur un accident dont fut auteur involontaire un jeune homme de la localité : M. Louis Remiatte, âgé de 19 ans, menuisier, à Woippy.
Celui-ci traversait Frouard en camionnette, le 27 juin dernier.
Il était arrivé sur le canal de la Marne au Rhin, quand il aperçut, à quelques mètres devant lui, une dame âgée descendre du trottoir et traverser la chaussée sans regarder ; cette dame n’entendit pas les avertissements de l’automobiliste, qui tenta en vain de l’éviter. Renversée, Mme Gabrielle Bellinger, veuve Lamadou, 66 ans, 10, rue de la Croix-de-Mission, à Frouard, décédait peu après.
Après les plaidoiries de Me P. Gutton, pour le père de l’automobiliste, civilement responsable, et de Me Gasse, partie civile pour la fille de la victime, le tribunal a fixé à la moitié la part de responsabilité du prévenu, qui, par principe, est condamné à quarante-huit heures de prison avec sursis et 100 fr. d’amende, mais devra verser en outre 5 650 fr. 25 à titre de dommages-intérêts. (LL)

Samedi 18 novembre 1933
U.N.C.
C’est demain dimanche, à 15 heures, chez le camarade Natier, qu’aura lieu l’assemblée générale, où tous les camarades se feront un devoir d’assister.
Les camarades Perquin Jean et Grandjean Charles ont, à l’occasion de la première perception de la retraite du combattant, remis 40 francs à la caisse de secours. A la même occasion, le camarade Gagneur a laissé la prime de secours à laquelle il avait droit ; le camarade Nicolas Klemen a remis sa prime de secours.
Le comité exprime ses meilleurs remerciements à ces généreux camarades. (LL)

Vendredi 24 novembre 1933
Appel aux hommes de 18 à 25 ans.
Les pupilles de la Nation, les jeunes gens âgés de plus de 18 ans, ceux ayant servi dans les armées françaises après la guerre, sont cordialement invités à assister à la réunion qui se tiendra le samedi 2 décembre, à 20 heures, au café Boulanger, à Woippy.
Cette réunion qui sera présidée par M. Sechehaye, maire de Woippy, a pour but de constituer à Woippy une section de « La relève », affiliée à la section locale de l’U.N.C.
Le président de cette dernière, M. Desprez, fera connaître les buts de cette association et les avantages matériels dont pourront bénéficier les adhérents.
Les jeunes gens d’après guerre, parmi lesquels plusieurs sont chefs de famille, ont droit à une part active dans la vie nationale, aussi ne peuvent-ils pas se désintéresser de ce qui peut les aider à conquérir leur place.
Et pour d’autres raisons encore, il est à espérer que tous ceux à qui il est fait appel tiendront à assister à cette réunion. (LL)

Anciens Combattants.
L’assemblée générale de la section de l’U.N.C. de Woippy s’est tenue le 19 courant au Café du Commerce.
Un grand nombre de camarades avaient répondu à l’appel du Comité.
Le président , M. Desprez, dans une allocution, rendit hommage à la mémoire de deux camarades décédés dans l’année, puis retraça brièvement les différentes manifestations d’activité de la section depuis la précédente assemblée générale.
Il signala que l’effectif de la section n’a jamais été aussi élevé, atteignant actuellement 216 membres. Il fit ensuite appel aux membres dont le demande de retraite a été rejetée pour rester avec les camarades.
Après avoir abordé la situation internationale et fait un appel impérieux sur l’union entre anciens combattants, M. Desprez passa la parole aux camarades Gardeux et Simon, secrétaire et trésorier, pour la lecture des comptes-rendus moral et financier, lesquels furent adoptés à l’unanimité.
Le président remercia ses dévoués collaborateurs et insista sur le travail effectué par le Comité : 912 correspondances envoyées, 1 700 fr. de secours de première urgence et de naissance accordés par la Caisse de secours, autant obtenus de l’Office départemental, ainsi que près de 12 000 fr. de prêts.
Malgré ces efforts pécuniers, malgré les frais d’organisation du congrès régional de 1933 à Woippy, l’encaisse actuelle est de 6 400 fr., donc en sensible augmentation sur celle de l’année dernière, à pareille époque.
Il fut ensuite procédé à l’élection de tiers du Comité et furent réélus MM. Lamort, Mangenot Alfred, Charraux Charles, Glad Adrien, de plus fut élue comme nouveau membre, Mme veuve Brice, veuve de guerre.
Avant la clôture, le président remercia l’assemblée de son attention ainsi que pour le concours apporté par tous à la bonne marche de la section. Il exprima, pour finir, l’espoir que la chance se montrera favorable pour la section qui a acquis un billet de la 3e tranche de la Loterie nationale. (LL)

Mercredi 29 novembre 1933
Appel aux hommes de 18 à 35 ans.
Nous rappelons que c'est le samedi 2 décembre, à 20 heures, que se tiendra dans la salle du Café Boulanger, à Woippy, la réunion constitutive d'une section de « La Relève ». A cette réunion sont invités les jeunes gens et hommes âgés de 18 à 35 ans, ainsi que les Pupilles de la Nation.
L'exposé qui sera fait par M. Desprez, président de la section locale de l’U. N. C., intéressera au plus haut point, les hommes et jeunes gens, aussi il est à espérer que ces derniers répondront en grand nombre à l'appel que nous leur adressons.
Le comité d'organisation. (LM)

Vendredi 1er décembre 1933
Dans l’administration. Le nouveau Préfet de la Moselle est arrivé à Metz. M. Carles, nommé Préfet de la Moselle, en remplacement de M. Geay, est arrivé hier à Metz par le train de 13 h. 22, venant de Paris.
Le nouveau représentant du Gouvernement dans notre département a été reçu à sa descente du train par plusieurs personnalités et fonctionnaires de la Préfecture, parmi lesquels M. Darouy, qui succède à M. Armand en qualité de chef de Cabinet.
M. Daoury occupait précédemment les mêmes fonctions auprès de M. Carles à la préfecture de Constantine.
A la fin de l'après-midi, le nouveau Préfet, après s'être fait présenter le personnel de la Préfecture par M. Morel, secrétaire général, a fait de courtes visites, notamment à M. le général de Vaulgrenant, gouverneur militaire, et à M. Vautrin, maire de Metz. (LM)

Vendredi 8 décembre 1933
La Relève.
Les hommes de 18 à 35 ans avaient été conviés le samedi 2 courant, à une réunion en vue de la constitution d'une section de « La Relève », à Woippy.
Nombreux furent ceux qui répondirent à cet appel.
M. Sechehaye, maire de Woippy, ouvrit la séance en insistant auprès des assistants pour adhérer à l'association projetée, puis il passa la parole à M. Desprez, président de la section de l'U. N. C., qui fit un exposé des avantages moraux et matériels dont pourraient bénéficier les jeunes en constituant une section de la Relève.
A l'issue de cet exposé, il fut enregistré près de 60 adhésions. La section de la Relève étaient ainsi fondée.
On fixa la prochaine réunion, au samedi 16 courant, à 20 h., au Café Vve Natier, afin d'élire le comité. Les hommes de 18 à. 35 ans, qui n'auraient pas assisté à la réunion du 2, sont invités cordialement à celle du 16 et il n'est pas à douter qu'ils reconnaîtront également l'intérêt qu'ils auraient à adhérer. (LM)

Mardi 19 décembre 1933
La Relève.
Les membres de la jeune section de La Relève de Woippy se sont réunis le 16 décembre à l'effet de constituer le comité de section.
Ont été nommés : Président M. Paul Copeaux, officier de réserve ; vice-président M. Julien Lamort ; secrétaire M. Pierre Germain ; trésorier M. Robert Schlouppe ; assesseurs MM. Désiré Arnould, Louis Bouvier, Emile Dusselle, Gabriel Guerdra, Paul Hennequin, Maurice Kleman.
De nouvelles adhésions ayant été reçues au début de la réunion, l'effectif de la section approche actuellement de 100 membres.
Ayant à sa tête des personnes actives et dévouées, la jeune section de « La Relève », en étroite collaboration avec la section des anciens combattants, il n'est pas à douter que cette nouvelle association fera preuve d'activité agissante au grand profit de ses membres et contribuera efficacement à l'union et à 1a concorde entre toutes les personnes de tout âge de la localité.
Le comité insiste auprès de hommes de 18 à 35 ans qui désireraient adhérer à la Relève, de se faire inscrire avant le 31 décembre. Passé cette date, la cotisation sera majorée d'un droit d'entrée à la Caisse de secours mutuels, fixé à 10 francs. (LM)

Dimanche 24 décembre 1933
La « Petite Fête ».
C'est mardi 26 décembre qu'a lieu la « Petite Fête » de Woippy. A cette occasion une grande soirée dansante est donnée par les jeunes gens de la localité. Le bal aura lieu cette année dans la salle des fêtes du Café du Commerce (M. Natier).
Un orchestre de premier ordre, avec un bon accordéoniste, a été engagé par les organisateurs.
Les jeunes gens de Woippy invitent cordialement leurs amis et connaissances à venir se divertir avec eux mardi prochain. (LM)

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