Jeudi 1er janvier 1914
Un accident de chemin de fer a eu lieu près de Woippy : 7 morts parmi les soldats transportés et d’autres plus gravement blessés ont été transportés au Lazaret. Certains ont dû être amputés d’une jambe. (MZ)
Samedi 3 janvier 1914
Grand accident de chemin de fer à la gare de Woippy : 7 morts et de nombreux blessés.
Hier, vers 11 heures du soir, un train de soldats permissionnaires a heurté et dépassé le butoir : la locomotive, le wagon à bagages et deux voitures de voyageurs ont été détruits. C’était le train militaire n° 44 venant de Hagen via Cologne qui entrait en gare de Woippy. Il avait dix voitures et était rempli de soldats des 173, 145, 144, 98 et 67èmes régiments d’infanterie. Pour pouvoir laisser passer l’express n° 112, le train de soldats fut dirigé sur la voie d’attente n° 9 qui se termine par un butoir. Celui-ci a été heurté par la locomotive et le tender s’est détaché sous le choc, a monté sur la machine suivie de plusieurs voitures. La lumière s’éteignit et l’on entendit des cris. Tout le personnel de la gare s’affairèrent au déblaiement pour porter secours aux survivants. Des blessés furent transportés par voiture automobiles aux lazarets de Metz. Le lieu de l’accident se situe à 500-600 mètres de la gare de Woippy, direction vers Metz. (ZL)
Samedi 3 janvier 1914
Catastrophe de chemin de fer en gare de Woippy
Un train de permissionnaires lancé contre un buttoir - Les premières nouvelles - Sept soldats sont tués ; il y a 17 blessés, dont 5 grièvement - Les secours - Les six blessés dans les hôpitaux militaires.
Hier soir, vers 11 heures, un très grave accident de chemin de fer s'est produit en gare de Woippy. Un train ramenant des permissionnaires de Noël, qui devait être rangé sur une voie de garage pour laisser passer un express, est allé heurter le butoir de cette voie. Le fourgon à bagages est entré dans un wagon de voyageurs. Sept soldats - en tant que les constatations faites jusqu'ici permettent de l'établir - ont été tués ; cinq sont grièvement blessés et une douzaine légèrement.
Un communiqué semi-officiel sur la catastrophe porte que le train n° 44, transportant des permissionnaires militaires, pendant qu'on le rangeait sur la voie n° 6 en gare de Woippy pour être distancé par l'express n° 112, a heurté le butoir. Jusqu'ici on a constaté qu'il y a sept hommes tués et quatre grièvement blessés. Suivant les nouvelles de source privée, la locomotive du train transportant des permissionnaires, après avoir heurté le butoir, a déraillé et le fourgon des bagages est entré dans un wagon occupé par des soldats. On indique également que le chiffre des morts est de sept, celui des hommes gravement blessés de cinq. En outre un certain nombre de soldats sont légèrement blessés.
M. le Dr Ernst, médecin des chemins de fer, M. le Dr Ziegler, médecin de l'hôpital, et M. le Dr Maret, ainsi que plusieurs médecins du service de santé et des militaires, furent aussitôt prévenus et arrivèrent bientôt sur les lieux ; en outre un train de secours fut envoyé immédiatement sur les lieux. Les médecins ont donné les premiers soins aux blessés qui furent pansés sur place.
Tous les blessés ont été transportés dans les hôpitaux militaires. Les soldats font partie des 67e et 144e régiments d'infanterie en garnison à Metz.
NOUVEAUX DETAILS
Un premier train de secours emmenant les médecins MM. les docteurs Reischhauser et Ziegler, sur le théâtre de la catastrophe, était parti dès 11 heures et demie. MM. les docteurs Ernst et Maret arrivèrent bientôt à la grande gare où l'on avait déjà amené plusieurs blessés auxquels ils donnèrent les premiers soins dans les petites salles d'attente sur les quais. Les blessés avaient des fractures compliquées aux bras et aux jambes. MM. Ernst et Maret partirent par un second train avec la caisse contenant le matériel de pansement, etc.
Lorsqu'ils arrivèrent sur les lieux, plusieurs médecins militaires étaient déjà là pour s'occuper des blessés.
Le spectacle était affreux. Sur la voie étaient alignés les corps de sept soldats ayant trouvé la mort dans l'accident. La plupart portaient à la tête d'horribles plaies ; d'autres avaient le thorax enfoncé ; l'un d'eux avait eu la tête complètement arrachée.
Le choc a dû être terrible. La locomotive était couchée sur le côté gauche du talus ; le tender était en travers de la voie. Le fourgon des bagages avait été soulevé à l'arrière et avec ses deux tampons il avait pénétré dans le premier wagon rempli de soldats. Il en résulta une véritable boucherie parmi les pauvres gens qui rentraient de permission après avoir eu la joie de passer les fêtes de Noël au milieu de leur famille. C'est un miracle qu'il n'y ait pas eu un plus grand nombre de victimes.
L'un des soldats qui se trouvait dans ce premier wagon, avait vu qu'on s'approchait de Metz ; il s'était dressé pour mettre son manteau et son sabre et se tenait près de la portière. C'est à ce moment qu'eut lieu le choc. Il fut lancé à travers la fenêtre du wagon à une distance de huit mètres, et se releva sain et sauf.
Dès que l'accident se fut produit, les soldats valides du train s'empressèrent de dégager leurs camarades pris sous les débris du premier wagon.
Plusieurs équipes d'ouvriers du service d'exploitation sous la direction de M. Custodis, conseiller des travaux, se rendirent sur les lieux pour entreprendre les travaux de déblaiement.
Les blessés, après avoir reçu un pansement sommaire furent amenés à Metz à l'hôpital militaire du Fort-Moselle.
Par un deuxième train de secours étaient partis aussi MM. Baüme, Sturm et Schwedt, conseillers du gouvernement attachés au service de l'exploitation.
Les soldats valides furent transbordés dans un train supplémentaire et amenés à Metz.
Tout le personnel du train des permissionnaires était de Trèves. On ignore exactement comment l'accident a pu survenir. Il faut admettre que le mécanicien ne croyait pas être sur une voie morte, il n'aura pas remarqué le butoir et n'aura pas ralenti à temps la vitesse du train. Le dévouement de Messieurs les médecins et l'organisation rapide des secours méritent tous les éloges.
Les médecins sont restés sur les lieux jusqu'à 2 heures et demie, après que tous les blessés eurent été retirés de dessous les débris et reçu les soins nécessaires.
Le train des permissionnaires arrivait de la région de Barmen-Eberteld. Il ramenait des permissionnaires des 67e ,144e,145e et 173° régiments d'infanterie en garnison à Metz, revenant de leur pays. Le chiffre des morts est bien de sept.
Leurs noms ne sont pas encore connus pour le moment ; il y en a un du 67e, un du 145e et cinq du 173e régiment. Cinq soldats sont gravement blessés : Kramer, de la 10e compagnie du 67e régiment, Maes, Wadding, Schmitz et Körfer, de la 9e compagnie du 173e régiment.
Les morts ont été transportés à l'hôpital militaire n° 1 au Fort-Moselle, où leurs corps ont été exposés. On y a amené aussi les cinq blessés, dont l'un est en danger de mort.
Deux militaires ayant des lésions moins graves ont été conduits à l'hôpital militaire n° 11 à Montigny ; eux aussi appartiennent à la 9e compagnie du 173e régiment.
L'accident s'est produit entre les gares de Woippy et de Devant-les-Ponts, sur une voie de garage près de la guérite SB. La locomotive s'est enfoncée dans le sol jusqu'à la hauteur des essieux. Le fourgon des bagages qui venait derrière la locomotive est démoli en parti. Le wagon de 3e classe était placé ce matin sur une voie de garage. L'avant et l'un des côtés sont complètement enfoncés.
Les travaux de déblaiement sont poussés activement. Sur la place de l'accident où il y avait encore ce matin de grandes plaques de sang, étaient dispersés des mouchoirs et des enveloppes de paquets dans lesquels les soldats avaient rapporté leurs provisions de bouche du pays.
Aucun employé du train n'a été blessé.
A WOIPPY, SUR LES LIEUX DE LA CATASTROPHE
Nous nous sommes rendus ce matin sur les lieux de la catastrophe. Celle-ci s'est produite entre les stations de Woippy et Metz-Nord, du côté de la voie, en face du bureau d'octroi de la route de Thionville. Là s'étend un long quai d'embarquement militaire et la voie forme un léger remblai avec les terrains avoisinants. Le quai d'embarquement est limité d'un côté par un poste d'aiguillage avec quelques sémaphores et de l'autre par une sorte de guérite dont il ne reste plus que quelques lamentables débris.
Quand notre auto approche des lieux, nous apercevons de loin une lueur d'incendie sur la voie, près d'une rame de wagons. Un instant, nous pouvons croire que c'est un train qui flambe, mais ce sont simplement les ouvriers occupés au déblaiement qui brûlent les débris.
Le train télescopé se composait de dix wagons de voyageurs, d'un fourgon de tête et de la locomotive. Neuf wagons sont rangés à quelque distance de là, ils sont indemnes et ont été ramenés en arrière après l'accident. Près du sémaphore se trouve le wagon de 3e classe « Hagen 1141 ». Il n'en reste plus que deux cloisons : une de côté et celle de derrière que surmonte le toit. Les deux autres côtés ont été arrachés. De l'intérieur du wagon, il ne reste rien que des morceaux de bois, des esquilles pointues et des fers tordus. C'est effrayant.
C'est dans ce wagon que les malheureux soldats ont trouvé la mort. Voici les noms des morts : les soldats Kickers, Reinhard, Paas du 73e ; Wilke et Wahhoft du 145e ; Lohmeier et Wülner du 67e régiment d'infanterie. Tous avaient déjà mis le manteau et s'apprêtaient à quitter le train quand la mort est venu les surprendre.
Cependant ces noms ne sont pas encore déterminés d'une manière définitive ; on s'en est tenu pour l'identification aux noms dont sont marqués les uniformes ; or il se peut que l'un ou l'autre des permissionnaires ait utilisé le vêtement d'un camarade.
Nous avançons encore de quelques mètres et nous sommes près du fourgon « Elberte3894 », dans un état aussi pitoyable que le wagon de tout à l'heure. Et devant c'est la locomotive 4174 qui a dégringolé le talus, les roues ont labouré le sol et tout l'avant de la machine est profondément enfoncé ; le tender forme un angle obtus avec la locomotive. Dans le foyer il y a encore quelque combustible qui se consume lentement. Devant la machine gisent les débris de la guérite dont nous avons parlé plus haut.
Et en voyant ces débris tout l'accident s'explique. Disons tout de suite qu'il est entièrement dû à la négligence ou à l'erreur du mécanicien. Celui-ci a cru se trouver sur la voie régulière de Metz alors qu'il était déjà aiguillé sur une voie morte en remblai. Il continuait donc d'avancer quand tout-à-coup il n'eut plus de rail devant lui. La locomotive a descendu le petit talus et la queue du train a télescopé la tête.
Des équipes d'ouvriers sont occupées actuellement à relever la locomotive avec des crics. Le fourgon a déjà été amené sur deux chariots pour être conduit aux ateliers de Montigny. Les dégâts matériels sont moins importants que ne le laisse supposer la vue de tous ces débris, mais il y a les sept morts ! (LL)
Schweres Eisenbahnunglück bei Woippy. Ein Militärurlauberzug fährt auf einen Prellbok. - 7 Tote.
( Gebr. Notton, Photogr. Atelier, Metz, Römerstr. 10 )
( Th. Kraemeyer, Photogr. Atelier. Metz, Ludwigsplatz 34 )
Ces cartes-photographiques ont été éditées le lendemain de l'accident ou les jours suivants.
Sur la vue de gauche datée du 4 janvier, l'expéditeur écrit : « Catastrophe de chemin de fer entre Woippy et Devant-les-Ponts, le vendredi 2 janvier 1914 à 11 heures du soir. Ici les wagons ont été déjà remplacés sur la ligne ». Et sur la vue de droite datée du 5 janvier : « Sur cette carte on voit bien des flaques de sang caillé (x). Demain à 2 heures a lieu l'enterrement, départ du Lazareth porte de Thionville ».
Lundi 5 janvier 1914
LA CATASTROPHE DE CHEMIN DE FER DE WOIPPY
Voici les noms des soldats qui ont trouvé la mort à la suite de la catastrophe de chemin de fer de Woippy.
Kikers, Reidhard et Pauss, de la 9e compagnie du 173e régiment d'infanterie ; Wilke, de la 8e compagnie du 145e ; Lohmeier et Wullner de la l0e compagnie du 67e, et le brigadier Dahlhoft de la 2e compagnie du 145e.
Sont blessés grièvement : les soldat Kramer, de la 10e compagnie du 67e ; Wedding et Kôrler, de la 9e compagnie du 173e.
Ont reçus des blessures moins graves : les soldats Hackenbroick, Curion, Mais et Schmitz, de la 9e compagnie du 173e régiment.
Les militaires grièvement blessés ne sont pas en danger pour le moment.
Un certain nombre de soldats ont été atteints au visage ou aux mains par des éclats de verre, mais ils n'ont que des blessures sans aucune gravité. Pendant toute la journée de samedi un grand nombre de curieux sont allés visiter le théâtre de l'accident où des ouvriers relevaient la locomotive - une machine d'un ancien système - et remettaient sur la voie le fourgon des bagages et le wagon de tête entièrement défoncé.
L'enquête sur les causes de l'accident a été ouverte dès la nuit de vendredi à samedi. Un haut fonctionnaire de la Direction des chemins de fer, de Strasbourg, se trouvait par hasard à Metz et s'est rendu sur les lieux peu après l'accident. En outre le chef de l'Office pour l'administration des chemins de fer de l'Empire a envoyé sur les lieux un commissaire pour procéder à une enquête.
A l'enquête officielle ouverte par l'administration des chemins de fer au sujet de la catastrophe de Woippy, a succédé dès samedi une instruction judiciaire.
Il semble bien que c'est en premier lieu à une erreur de la part du mécanicien qu'est dû l'accident. Le mécanicien, ainsi que nous le disions samedi, venait de Trèves et ne connaissait pas la situation des lieux de la gare de Woippy. Il ne croyait pas se trouver sur une voie morte. Toutefois, d'après une autre version, trois lumières vertes sur cette voie auraient dû l'avertir qu'il devait arrêter son train.
La
Metzer Zeitung dit aussi que les fonctionnaires des chemins de fer et notamment ceux des petites gares pendant la nuit sont surmenés par l'intercalation des trains supplémentaires.
Dans la nuit de vendredi à samedi, le rapide Ostende-Bâle, qui devait arriver à Metz à 1 h 05 du matin, avait dû s'arrêter pendant une demi-heure en gare de Maizières-lès-Metz, la voie à Woippy n'étant pas libre. Les voyageurs de ce train avaient appris l'accident et se tenaient aux portières pendant que le rapide traversait lentement la gare de Woippy, où ils purent contempler le spectacle émotionnant des sept pauvres soldats tués, étendus le long de la voie, pendant qu'un officier et quelques camarades faisaient la veillée funèbre auprès des corps. Les voyageurs se sont découverts respectueusement au passage.
On avait d'abord dit que le train était bondé de soldats. Ce n'est pas exact ; à Thionville, beaucoup de permissionnaires de cette ville, revenus par le même transport, étaient descendus du train ; dans le wagon de tête il n'y avait plus qu'une dizaine de soldats. Grâce à cette circonstance le nombre des victimes n'a pas été plus élevé.
Dès que l'accident s'est produit, le chef de gare de Woippy a fait mander M. le Curé qui s'est rendu peu après à la gare pour apporter les secours de la religion aux blessés et aux mourants.
Mardi 6 Janvier 1914
La catastrophe de Woippy
Comme il a été annoncé hier, c'est cet après-midi à 2 heures que les corps des sept malheureuses victimes de l'accident de Woippy seront transportés de l'hôpital de la garnison n° 1 à la grande gare. Les obsèques seront entourées de toute la solennité possible : sept corbillards recevront les sept corps ; des délégations d'officiers et de soldats de tous les régiments en garnison à Metz, en particulier les 67e, 145e et 175e représenteront l'armée. Les parents des jeunes soldats tués sont arrivés à Metz.
Le parquet a ouvert une enquête préliminaire contre le conducteur de la locomotive Reinert, de Karthaus, qui conduisait le train sinistre, et contre l'employé de service Vogel, de la gare de Woippy, qui aurait omis de faire arrêter le train des permissionnaires avant de le laisser s'engager sur une voie morte ; il aurait bien marqué les signaux, mais pas en face de la gare. Reinert est accusé d'avoir brûlé les signaux fixes et de ne pas avoir observé les signaux faits par Vogel avec sa lanterne, non plus qu'un autre signal à l'embranchement de la voie morte commandant d'arrêter ; on fait remarquer que le temps était clair et les signaux visibles.
Hier matin a eu lieu une nouvelle enquête sur place à laquelle ont pris part le commissaire d'Empire et le juge d'instruction. (LL)
Mercredi 7 janvier 1914
Obsèques des victimes de la catastrophe de Woippy
Les obsèques des victimes de la catastrophe de Woippy ont eu lieu hier, à deux heures de l'après-midi. Les corps des malheureux soldats tués avaient été transportés à l'hôpital militaire du Fort-Moselle, et c'est de là que le convoi funèbre s'est mis en marche pour se diriger vers la gare où attendait un fourgon qui doit transporter les restes dans leur patrie.
Le cortège se mit en mouvement, précédé par la musique du 67e d'infanterie, qui entonne une marche funèbre.
Immédiatement après, suivent les porteurs de couronnes ; elles sont nombreuses, toutes en feuillages et fleurs naturelles, portées par des militaires et des employés du chemin de fer. On remarque une fort belle couronne offerte par le prince Joachim de Prusse et portée par deux militaires du 173e, puis celles du corps des officiers de la garnison ; sept couronnes, offertes par la direction générale des chemins de fer, sont portées par des employés.
A signaler aussi que les commerçants de Metz avaient tenu à offrir une magnifique couronne avec une inscription en français, sortant de la maison Watrinet, rue du Petit-Paris ; cette couronne avait été placée par un général qui la reçut, à une place d’honneur dans la chambre mortuaire.
Voici, précédé de la croix portée par un soldat du 173e, et de M. Tennie, aumônier divisionnaire, en surplis et étole noire, le premier corbillard. La foule instinctivement s’est découverte, en proie à une émotion sincère et à un profond recueillement. Le corbillard est encadré de militaires du 173e. Le cercueil disparaît sous les couronnes. Puis c'est un autre corbillard qui suit, et encore un autre. Il y en a ainsi sept, quatre entourés de soldats du 173e, deux du 67e et un du 145e. Les chevaux sont conduits par des artilleurs du 70e.
En dehors des compagnies des 67e, 145e et 173e d'infanterie, auxquelles appartenaient les victimes, on remarque également des délégations du 9e dragons, du 20e d'infanterie, du 12e d'artillerie (Saxon), du 8e d'artillerie de campagne, des 8e et 4e bavarois, du 98e d'infanterie, du 2e d'artillerie à pieds (Bavarois), des 130e, 144e, 16e et 33e d'infanterie, du 13e dragons, du 70e d'artillerie de campagne et, fermant le cortège militaire, une compagnie de mitrailleuses.
Immédiatement après le dernier cercueil suit le pasteur protestant, les officiers généraux de la garnison, à leur tête le général von Mudra, commandant du XVIe corps d'armée, et le général von Oven, gouverneur de Metz, puis une suite monstrueuse d'officiers de toutes armes, des fonctionnaires des chemins de fer et une suite interminable de délégations de soldats de tous les régiments de la garnison.
Et ce défilé continue silencieusement à travers une foule recueillie de plusieurs milliers de personnes accourues pour saluer au passage les restes de ces pauvres petits soldats fauchés au printemps de la vie.
A la gare, une foule énorme s’était rassemblée, maintenue par un cordon d’agents ; le train spécial était en place sur la première voie de la gare des marchandises avec des fourgons ornés à l’intérieur de branches de sapin. Les cercueils furent déposés sur la rampe pour la récitation des dernières prières et un immense demi-cercle se forma autour des malheureux soldats, foule silencieuse, recueillie, comme ce fut rarement le cas en des circonstances de ce genre. Une dernière prière liturgique et les sept cercueils sont glissés dans les fourgons ; puis le train se met en marche pour la patrie que, quelques jours auparavant, ces jeunes gens quittaient plein de vie et d’espérance.
Que la manifestation spontanée de la population messine soit au moins une légère consolation pour les parents éplorés de ces pauvres enfants. (LL)
Jeudi 8 janvier 1914
Un train spécial est parti hier à 7 h. 45 ramenant les corps des soldats décédés lors de l’accident du chemin de fer. Ils seront inhumés, chacun dans leur pays natal. (ZL)
Dimanche 11 janvier 1914La Croix de Lorraine, supplément hebdomadaire du
Lorrain. (Collection B.-M. Metz)
L'accident de chemin de fer à Woippy - 2 janvier 1914
|
La locomotive qui a renversé le heurtoir et le tender précédant le wagon fatal |
Le wagon brisé dans lequel se trouvaient les jeunes permissionnaires |
Sur les lieux de la catastrophe (Phot. Prillot. Metz)
|
En tête du convoi funèbre un soldat porte la croix |
Après le dernier corbillard, la suite du corps des officiers
et des délégations militaires |
Les obsèques des victimes à Metz (Phot. Prillot. Metz) |
Jeudi 22 janvier 1914
Inspection des viandes.
La circonscription de l'inspection des viandes de Lorry-lès-Metz est assignée jusqu'à nouvel ordre à l'inspecteur des viandes M. Thiébaut, à Woippy ; celle de Vantoux est assignée à M. Petig, à Montigny ; et celle de Gorze, à M. Déchand, à Novéant.
L'inspecteur suppléant M. Kieffer, à Woippy - pour la circonscription d'inspection de Lorry et Woippy - a résigné ses fonctions ; un remplaçant n'a pas encore été nommé. (LM)
Mercredi 28 janvier 1914
La Société de planteurs de fraises. On nous écrit :
Dans son assemblée générale, la société a décidé, jusqu’à avis contraire, de ne plus faire vendre ses fruits dans les grandes villes à la commission, comme elle le faisait jusqu’ici ; elle vendra à Woippy sur place. Elle continuera comme par le passé à faire la réclame et la propagande, en un mot tout ce qui pourra lui procurer de nouveaux débouchés. Elle donnera les renseignements nécessaires à tout acheteur qui en fera la demande et les aidera à obtenir de la marchandise saine et transportable ; elle doublera son activité pour le bien et l’intérêt de ses membres, et par conséquent, s’occupera de toutes les questions principales qui entrent en ligne de compte pour cette grande culture, et cela pour l’avenir et le bien de tous les planteurs en général. (LL)
Samedi 31 / Dimanche 1er février 1914
L'octroi sur les fraises.
M. Guenser fils avait convoqué avant-hier au café de la Lune une réunion qui s'est occupée de la vente des fraises telle qu'elle se pratiquait autrefois. On se rappelle qu'il y a quelques années encore les producteurs de fraises du pays de Metz affluaient sur la place de la Cathédrale avec leurs voitures chargées de ces fruits délicieux. Les marchands, de même que les habitants de Metz avaient là une belle occasion de faire leur choix, et le commerce local profitait à son tour du marché toujours très animé des fraises. Depuis que le commerce des fraises s'est pour ainsi dire concentré à Woippy, les négociants de la place de la Cathédrale, de même que ceux de la place de Chambre ainsi que de la partie septentrionale de Metz subissent une sensible perte. L'assemblée, qui comptait environ quarante personnes, a sérieusement discuté cette question en envisageant surtout le projet de réclamer la suppression des droits d'octroi sur les fraises (4 mark les 100 kilos). C'est le seul moyen pour rétablir la situation telle qu'elle existait autrefois. L'assemblée a décidé finalement d'adresser au Conseil municipal une pétition pour obtenir l'abolition des droits d'octroi sur les fraises. Espérons qu'il sera fait droit à cette demande.
Lundi 2 février 1914
Les victimes de la catastrophe de Woippy.
On se rappelle qu'en dehors des sept victimes de la catastrophe de Woippy, une quantité de soldats ont été plus ou moins grièvement blessés. La
Metzer Zeitung apprend que trois blessés sont encore actuellement en traitement à l'hôpital militaire. Leur état de santé est satisfaisant, mais il faudra néanmoins procéder à l'amputation d'une jambe chez l'un d'eux. (LM)
Jeudi 5 février 1914
La lunmière électrique fournie à Woippy par la ville de Metz n'a pas l'intensité désirée. On demande aussi que l'éclairage public des rues se fasse jusqu'à 9 heures du soir, pour que les étrangers qui viennent à Woippy puissent circuler plus facilement.
Vendredi 6 février 1914
On se plaint à Woippy des mauvaises conditions de livraison du courant électrique par Metz. On souhaite aussi que l’éclairage public soit prolongé jusqu’à 9 heures du soir. (ZL)
Lundi 9 février 1914
La question des droits d'octroi sur les fraises
Nous apprenons avec plaisir qu'à la suite de la récente séance de commission du Conseil municipal, le maire a convoqué pour mercredi la commission d'octroi, afin d'examiner sérieusement la motion tendant à la suppression des droits d'octroi sur les fraises. (LM)
Jeudi 12 février 1914
Les droits d'octroi sur les fraises
Ainsi que nous l'avons annoncé, la commission d'octroi, qui s'est réunie hier, a longuement discuté la question des droits d'octroi sur les fraises. M. Hoff, conseiller municipal, a exposé les motifs qui militent en faveur de la suppression de ces droits. En 1910, l'imposition des fraises a rapporté à la Ville une somme de 7 000 mark, en 1911, 5800 ; en 1912 4000 m., et en 1913 6000 m., ce qui produit une somme totale de 22 800 mark pendant ces quatre années. La question ayant été mise au vote, sept membres étaient contre la suppression des droits d'octroi et cinq pour. Les adversaires de la suppression des droits d'octroi ont spécifié toutefois que l'année prochaine, le projet aurait plus de chance d'aboutir, les prévisions étant déjà établies pour l'exercice de 1914, en tenant compte des droits d'octroi sur les fraises. (LM)
Samedi 28 Dimanche 1er mars 1914
Construction d'un nouveau viaduc
Il est porté à la connaissance publique qu'une enquête préliminaire va être ouverte au sujet du déplacement projeté d'un tronçon de la route d'arrondissement 28 (route de Woippy), dans la circonscription de Devant-les-Ponts, en vue de la construction d'un passage au-dessus de la voie ferrée, déplacement proposé par le Conseil municipal de la ville de Metz dans sa séance du 20 septembre 1912.
A cet effet, suivant ordonnance de la présidence impériale du département de la Lorraine en date du 22 décembre 1913, V 3446, et du 10 février 1914, V 26, les plans y relatifs ainsi que le rapport explicatif s'y rapportant, seront déposés du 2 au 18 mars 1914 inclusivement, à la mairie de Metz, chambre numéro 19, où les intéressés pourront en prendre connaissance. A partir du jour où lesdits plans auront reçu l'approbation de l'autorité de surveillance, il ne sera plus permis de restaurer ni de construire ou de construire à neuf tout bâtiment en dehors des limites futures de la route. Les réclamations pouvant avoir lieu, devront être présentées par écrit dans le délai ci-dessus, à la mairie de Metz, ou verbalement, du 16 au 18 mars 1914 inclusivement, par-devant le commissaire de l'enquête, M. l'adjoint Alberts, du Sablon, pour être transcrites au procès-verbal de l'enquête.
A cet effet, le commissaire susdit sera présent aux jours ci-dessus indiqués, de 11 h. à midi et de 5 à 6 heures du soir, à la mairie de Metz, chambre numéro 11. (LM)
Lundi 2 mars 1914
La catastrophe de Woippy-Metz
Au cours des discussions sur le budget des chemins de fer, M. le Dr Weill, député de Metz, après avoir énergiquement défendu le sort des ouvriers, dit ensuite que si la sécurité sur les lignes allemandes et grande, la catastrophe de Woippy a montré qu'il restait encore beaucoup à faire dans ce domaine.
M. Breitenbach, ministre des chemins de fer, affirme qu'au sujet de cette catastrophe, l'enquête continue, et qu'il a été établi que le conducteur de ce train voyageait pour la première fois sur cette ligne, et que par conséquent, il n'était pas au courant de la topographie des lieux.
(LM)
Lundi 27 avril 1914
Woippy. (Une cigogne). Chose extrêmement rare, nous écrit-on, une magnifique cigogne a séjourné ici pendant huit jours, sur la propriété de M. Keller. En compagnie de quatre canards sauvages elle a exploré tous les bas-fonds , faisant ripaille du frai de grenouilles, très abondant à cette époque de l’année. Puis un beau matin, la cigogne a filé vers d’autres cieux, sans doute pour aller rejoindre des congénères d’Alsace. (LL)
Vendredi 15 mai 1914
Woippy. (Les fraises). On nous écrit : Les fraises sont particulièrement belles cette année. Les champs sont tout blancs en fleurs et offrent un coup d’œil splendide. Dans les endroits abrités, les fleurs tombent et la fraise noue déjà. On espère faire une récolte au moins aussi forte que celle de 1913. Il ne faudrait plus qu’en temps plus favorable. Lors de son passage à Metz, S. M. l’empereur eut l’occasion de goûter de nos produits. Un établissement horticole d’ici a fourni de magnifiques fraises pour trois de ses repas. (LL)
La production de fraises cette année sera tout au juste bonne, sans plus. Dans les endroits protégés, la floraison est déjà commencée. Lors de sa dernière visite à Metz, le Kaiser avait apprécié les fraises de Woippy qu’on lui avait présentées. (MZ)
Samedi 30 mai 1914
Mort de M. l’abbé Laurent, archiprêtre de Gorze.
Tous nos lecteurs partageront les sentiments de profond regret que nous avons éprouvés ce matin au
Lorrain apprenant la mort, survenue cette nuit à 2 h. 1/2, d'un de nos meilleurs amis, M. l'abbé Laurent, curé-archiprêtre de Gorze. Rentré gai et dispos de Lourdes, d'où il nous avait encore adressé ses lettres pleines d'entrain, d'esprit et de piété, M. l'abbé Laurent se fatigua durant les processions des Rogations ; il s'alita samedi dernier et, dès le début, perdit ce courage et cette énergie dont il avait fait preuve l'an dernier, au cours de sa grave maladie.
Depuis 36 heures il avait un fort délire ; hier soir il parla courageusement de la mort à sa famille et à ses amis réunis autour de son lit et s'endormit, regardant la mort en face et confiant en Notre-Dame de Lourdes ; en vaillant soldat du Christ et fidèle chevalier de Marie. Ses obsèques auront lieu samedi à 10 h. 3/4.
Le
Lorrain offre à la famille du cher ami défunt l'expression de ses plus sincères condoléances. R. I. P. (LL)
Samedi 30, Dimanche 31, Lundi 1er juin 1914
La Société de musique « La Lyre » donnera, le lundi de la Pentecôte, avec le concours de nombreuses sociétés, une fête d'été à laquelle elle invite la jeunesse de Metz et des environs. Concert, exercices sportifs et attractions diverses. La fête commencera à 1 heure de l'après-midi, au siège de la société, au Café de la Gare. (LM)
GORZE
Mort de l'archiprêtre. (Par téléphone).
M. l'abbé Laurent, archiprêtre de Gorze, est mort la nuit dernière, à 21 heures 40, aux suites d'une congestion pulmonaire.
M. Laurent avait été très souffrant l'année dernière. Il avait, malgré son état précaire de santé, assez bien supporté les fatigues du dernier pèlerinage à Lourdes où il avait prêché.
Au retour de ce voyage, M. Laurent avait été surpris par une rechute à laquelle il vient de succomber.
M. Laurent avait été vicaire à Notre-Dame, plus tard, directeur de la maîtrise Saint-Arnould et curé de Woippy.
Demain doit avoir lieu, à Gorze, la première communion. (LM)
Mardi 2 juin 1914
NECROLOGIE.
M. L’Abbé LAURENT, Curé-archiprêtre de Gorze.
C'est une perte bien sensible que font la cité de Gorze et le diocèse tout entier en la personne de M. l'abbé Louis Laurent, curé-archiprêtre de Gorze, décédé très pieusement en son presbytère, dans la nuit de vendredi à samedi, à l'âge de 59 ans, après huit jours d'une maladie contractée la semaine précédente au cours d'une procession des Rogations. C'était plutôt une reprise du mal terrible qui l’avait terrassé l'année dernière, qui l'avait déjà mis aux portes de la mort, et il ne s’était point relevé, malgré les apparences.
Il meurt donc comme un soldat, d’une blessure reçue sur le champ de bataille, il tombe les armes à la main, et fût-il un guerrier vulgaire, nous lui devrions le salut d'honneur ; or, non seulement, il comptait parmi les chefs les plus écoutés, mais il a été un ardent, un apôtre, un entraîneur, et il n'est peut-être pas une contrée de notre Lorraine française où son éloquente et populaire parole n'ait retenti, ou tout au moins qui n'ait fourni un contingent édifié et enthousiasmé à ses auditoires des assemblées sociales et des grands pèlerinages.
Elève du Séminaire de Metz et de Saint-Sulpice, sa vie s'est partagée encre le vicariat de Notre-Dame, la direction de la Maîtrise Saint-Arnould, la paroisse de Woippy et la cure de Gorze : ces diverses situations ont été comme les points d’attache successifs pour les missions différentes devant lesquelles ne reculait jamais son zèle et que sa brillante santé lui faisait accomplir avec trop peu de ménagements pour lui-même ; cette imprudence a été la belle faute de sa vie, mais il était au premier rang de ceux qui, pour les œuvres, pour le pays ou pour l'Eglise, ne comptent jamais avec eux-mêmes : ils suivent simplement la générosité de leur nature ; ils savent que Dieu leur rendra au centuple, et, le plus naturellement du monde, ils vont toujours de l’avant dans ce qu’ils considèrent comme un devoir, et ne sont un peu satisfaits que quand il sont dépassé la mesure : tel a été le bon et admirable abbé Laurent que nous pleurons aujourd’hui.
Comme vicaire de Notre-Dame, il a inauguré son rôle d'apostolat soutenant ardemment, j’allais presque dire, en créant, malgré moi, la candidature de notre cher et inoubliable abbé Jacques : il avait déjà, dans l’esprit et au cœur, la prévision du ministère social que le prêtre allait être appelé plus directement par les Papes à remplir auprès des foules, et il a eu sa bonne part dans l'entrée en scène du clergé lorrain, par la parole et par la presse, sur le terrain politique et économique : si nous avons remporté certaines victoires sur le respect humain, si nos prêtres ont joué un rôle si honorable au Parlement et ailleurs dans transition que traverse notre pays, on lui en doit assez pour qu’au nom de tous j’essaie de lui payer ici un peu de notre reconnaissance.
Doué pour la conduite des hommes, il a commencé par les enfants et les jeunes gens comme directeur du collège Saint-Arnould ; mais c’était une époque très difficile : n'ayant pas les grades universitaires allemands il n’y demeura que quelques années, assez cependant pour y conquérir des sympathies fidèles et y laisser des regrets bien amers dans nombre de familles.
Devenu curé de Woippy et s'exerçant avec un succès rare à sa fonction de bon pasteur, il commença de se pencher avec amour sur les travailleurs : s'attaquant à leur routine et bravant notre inertie lorraine, il réussit à susciter autour de lui des initiatives intelligentes et à remuer en même temps le terrain social et le sillon religieux de sa paroisse.
Mais Gorze l'attendait, Gorze avec l'Œuvre du Souvenir Français et surtout celle de l'union populaire. Il a mis autant de soin à refaire la belle et antique église de sa paroisse qu'il mettait de zèle au soin de ses enfants, de sa jeunesse, de tous ses paroissiens, car il était curé dans l'âme, en tout et pour tous : le filial et très sincère chagrin des habitants de Gorze prouve jusqu’à quel point ils le regardaient vraiment comme leur ami et comme leur père.
Gorze néanmoins était pour lui un champ de manœuvres un peu limité : il ressemblait aux officiers que sa vie de caserne ne satisfait qu'à moitié et que la bataille appelle, où qu’elle puisse se livrer. Aussi marchait-il au canon. Tantôt c'était pour chanter les gloires des soldats morts pour la patrie, et tous ses auditeurs savent avec quel cœur et avec quelle correction il avait coutume de le faire : tantôt c'était pour dire dans les grands pèlerinages la dévotion du peuple lorrain à Marie ; d'autres fois, et c'est peut-être là qu’il excellait le plus, puisqu'on l'a appelé non sans raison un tribun catholique, pour entraîner les hommes de l'Union populaire dans le mouvement social de protection économique et de défense religieuse qui est si utile en ce moment à notre Lorraine.
La mort d’un tel homme n’est donc pas un deuil seulement pour sa paroisse, mais pour toutes nos contrées de langue française et pour tout le diocèse par sa bonté, par son talent, par sa mesure, il avait sur bien des gens un ascendant réel, sur bien des choses une influence discrète, et cela se faisait toujours dans le respect le plus délicat de la hiérarchie, dans une indépendance qui savait marcher de pair avec la discipline, avec une simplicité qui excluait toute recherche et toute personnalité, avec une rondeur si lorraine et si courtoise qu’elle attirait de suite la sympathie.
Il meurt quinze jours après le pèlerinage de Lourdes où il avait fait l’édification et la joie de nos hommes qui, un peu pour lui, n’oublieront pas sa « Communion des Quatre Saisons » ; il meurt huit jours après une enquête étrange faite par le gouvernement sur sa présence aux funérailles de l’abbé Faller à Mars-la-Tour, comme s’il avait fallu une nouvelle amertume pour endolorir et sanctifier ses derniers jours, car il l’a vivement sentie, comme si vraiment nos maîtres s’évertuaient à tracasser même les plus calmes et les plus sages d’entre nous ; il meurt en pleine possession de ses facultés, acceptant la mort avec la soumission joyeuse d’un prêtre plein de foi et donnant ainsi à ses paroissiens et à ses confrères un nouvel et précieux exemple.
C’est à lui que je dois d’être encore au
Lorrain pour lui adresser ce dernier adieu : c’est à son intervention et à ses supplications ardentes que j’ai consenti, il y a sept ans, à demeurer à ce poste de combat, et si j’évoque aujourd’hui ce souvenir personnel un peu amer, qu’on me le pardonne, c’est pour me réjouir de pouvoir officiellement et bien fraternellement le remercier et le féliciter, pour le
Lorrain et pour le pays, de ce qu’il a été durant ses 35 ans de ministère, un vrai prêtre, un vrai Lorrain et un grand cœur.
H. C. (LL)
Mercredi 3 juin 1914
Les funérailles de M. l’abbé Laurent
Quelle imposante et magnifique manifestation ! Quel concours de clergé et de peuple ! Paroissiens de Woippy, paroissiens de Gorze, amis de Metz et d'ailleurs, Hommes de Lourdes, quel cortège vous avez fait à notre cher abbé Laurent et comme vous lui avez donné la récompense humaine de son inlassable dévouement !
Mgr Pelt, vicaire général, qui a présidé toute la cérémonie et qui a dit brièvement et si parfaitement l'éloge funèbre du défunt, a eu bien raison d'affirmer que la mort de l'Archiprêtre de Gorze est un deuil universel : l'émotion de tout le pays et la cérémonie d'hier le prouvent abondamment.
Le cortège s'ouvrait par les enfants des écoles, où l'on distinguait surtout les premiers communiants de la veille, et le clergé du canton en surplis ; puis venaient le char funèbre suivi de la belle et nombreuse famille du défunt, le clergé issu de la vieille cité de Gorze, une centaine de prêtres du diocèse et quelques-uns de France à la suite de Mgr Pelt et de M. le chanoine Wagner, vicaires généraux, et dix ou douze chanoines et archiprêtres, le Conseil municipal, le Conseil de fabrique, un beau peloton d'Hommes de Lourdes, beaucoup d'étrangers et toute la population.
La levée du corps a été faite par Mgr Pelt et 1a messe chantée par M. le chanoine Ismert. L'éloge funèbre a relevé surtout le zèle de M. l'abbé Laurent pour les Œuvres de jeunesse, le soin extrême qu'il a pris de restaurer si magnifiquement son antique église, son affection toujours si préoccupée pour ses paroissiens, son apostolat pour les œuvres sociales et pour le culte de l'Eucharistie, son éloquence entraînante et si populaire : en moins d'un quart d'heure tout cela nous a été dit en un beau langage et avec une émotion qui a pénétré l'assistance.
Et puis les hommes de Gorze ont enlevé le cercueil, qu'ombrageaient les tentures et qu'illuminaient mille feux, pour le porter au cimetière plus près des champs de bataille sur lesquels plus d'une fois le cher défunt avait versé de si chaudes paroles et de si bonnes prières pour les morts.
Qu'il repose là en paix sous la garde pieuse de ses chers paroissiens de Gorze ! Ils remplaceront auprès de sa tombe tous les Lorrains fidèles qui gardent si affectueusement le souvenir de ceux qui se sont montrés eux plus complètement fils de la terre et fils de l'Eglise. C'est ce qu'a été plus que d'autres M. l'abbé Laurent avec sa nature abondante et son grand cœur. Il a été sans doute hier déjà bien récompensé par la prière de ces 800 hommes qui l'ont conduit au cimetière en récitant le chapelet ; mais quel accueil lui aura fait là-haut la Vierge de Lourdes qu'il a tant prêchée et devant laquelle il faisait encore pleurer il y a trois semaines nos 350 pèlerins.
Je veux terminer par ce souvenir de notre dernier pèlerinage d'hommes et espérer, pour la récompense du cher défunt, qu'un peuple qui sait communier pareillement à la pensée et à la direction de ses chefs, a encore bien des réserves de foi et de sécurité pour l'avenir.
H. C. (LL)
Mercredi 3 juin 1914
Woippy. Les fraises. On nous écrit :
« Quoique le soleil nous boude, dans certains champs bien exposés les fraises commencent à mûrir. Les marchands du dehors étaient déjà à l'affût vendredi et samedi dernier et prenaient les quelques paniers que les cultivateurs rapportaient des champs. Ils payaient encore le prix de 70 à 80 pf. la livre. Samedi, un wagon de fraises a été expédié à Sarrebruck et un autre à Berlin. » (LM)
Jeudi 4 juin 1914
Woippy. Les fraises. On nous écrit :
« Comme tous les ans, au moment de la cueillette, on entend de nouveau le monde se plaindre de l’expédition des wagons partant pour Berlin et ailleurs. Mais les intéressés n’ont pas à en vouloir à l’administration du chemin de fer. Dans tous les cas, pour cette année, il est de nouveau trop tard de récriminer. Ce n’est pas au moment de partir en guerre qu’il faut regarder si la poudre est sèche ou s’il ne manque pas un bouton de guêtre. Ladite administration ne peut cependant pas faire le nécessaire, si l’on ne lui demande rien On objectera là-dessus que l’on a déjà parlé à M. Un Tel. Etait ce bien où il fallait s’adresser ? Les administrations sont ordinairement des machines si compliquées, qu’il est souvent préférable de s’adresser directement en haut lieu où l’on est plus sûr que sa réclamation est au moins reçue, si ce n’est acceptée. Si les producteurs de fraises étaient groupés en société, il y aurait moyen de s’entendre avec les grandes organisations horticoles, agricoles, déjà existantes en Allemagne, et là au moins, ils rencontreraient un appui dans toutes leurs réclamations.
On se plaint que les produits italiens sont transportés d’Italie à Berlin dans trente-deux à trente-cinq heures et que les fraises, bien plus fragiles que les légumes et autres fruits d’Italie, ont besoin de trente-cinq heures de Metz à Berlin. Ce train d’Italie met exactement de Metz à Berlin quinze heures, et pourquoi les fraises ont-elles besoin de trente-cinq heures ? Pourquoi cette différence pour des produits d’Italie, se demandent certaines personnes ?
Ce n’est pas en se lamentant ainsi qu’on obtiendra un meilleur résultat au sujet des transports. Il ne faut pas oublier que nous vivons dans un siècle dans lequel tout s’organise et que les associations ont toujours plus de chance que les autres d’obtenir gain de cause.
Même pour la vente, une organisation serait dans l’intérêt général. Qui nous dit que les fraises se vendront toujours aux prix de ces dernières années ?
Je me souviens aussi, il y a quelques années déjà, que les cultivateurs étaient contents d’apporter leurs premières fraises au marché de Metz, et alors les habitants de la ville profitaient aussi des premières cueillettes qui sont toujours les plus belles et les plus savoureuses. Maintenant, depuis que l’octroi perçoit des droits sur la fraise, les producteurs préfèrent les expédier à Sarrebruck, Luxembourg, etc. Il faut croire que cela rapporte terriblement à la Ville pour faire payer l’entrée à ces fruits. Il est vrai que nous avons sous les yeux des quittances signées de l’octroi qui prouvent que messieurs les employés ne sont pas là absolument pour rien. Il y en a 12 et de 8 pfg., il y en a même de 6 pfg. Ceux qui ont payé ces énormes sommes, nous disent que cela leur est égal d’en payer le double, mais ce sont les formalités qui leur créent plutôt des ennuis. Il ne faut cependant pas oublier que ces droits d’octroi se font surtout sentir chez l’ouvrier qui mange ou emploie la fraise pour confitures. Ce fruit délicieux est déjà cher par lui-même sans encore l’augmenter avec les droits d’octroi.
Depuis cette nouvelle imposition, bien des vendeurs ne viennent plus en ville pour ne pas avoir à passer l’octroi ; la plupart préfèrent vendre leurs produits meilleur marché au dehors. De cette manière, le marché n’est pas garni comme il devrait l’être et la concurrence n’existe plus. On nous a dit que l’octroi sur les fraises serait supprimé (l’impôt de guerre aussi). Personne ne sera fâché, ni de l’un, ni de l’autre. » (LM)
Samedi 6 Dimanche 7 juin 1914
Les Fêtes. Woippy.
La fête que la Société de musique « La Lyre » a organisée le lundi de la Pentecôte a été des mieux réussies malgré un temps maussade le matin. Le soleil s'est mis de la partie durant l'après-midi.
L'exécution des morceaux, choisis par les sociétés invitées, a été très applaudie. A noter la Société sportive « Union Lorraine » de Rombas, qui s'est très distinguée dans ses exercices de gymnastique, ainsi que son moniteur, par son travail à la barre fixe et au trapèze. La soirée s'est terminée par un bal qui a été des plus animés.
La Société, grâce à son dévoué président, M. Alphonse Ladaique, a su gagner l'estime et la sympathie de tous les assistants.
Un groupe d'invités. (LM)
Dimanche 7 juin 1914
Vendredi 12 juin 1914
LA SAISON DES FRAISES a commencé dans le pays messin. Déjà des trains entiers de fraises sont partis avant-hier de la gare de Woippy pour Erfurt, Leipzig, Hambourg, Berlin, Sarrebruck, etc.
Une balance a été posée à la gare de Woippy spécialement pour le service des fraises, et le chargement des wagons se fait maintenant sur la grande rampe militaire. C’est là un progrès dont il faut être reconnaissant à l’administration des chemins de fer. On n’expédie encore que la fraise printanière. La fraise tardive, la vraie bonne et succulente fraise, va mûrir dans huit ou dix jours. Alors le commerce des fraises battra son plein. C’est toujours dans la dernière dizaine de juin que la saison des fraises est à son apogée. Le prix de gros d’hier était de 52 pfg. la livre.
La récolte cette année-ci sera plus abondante encore que celle de l’année dernière. Il faut compter aussi que la culture de la fraise augmente dans le pays de Metz. Elle s’étend déjà à Plesnois, Norroy-le-Veneur, Lorry, Devant-les-Ponts, Saulny, Semécourt et jusqu’à Moulins, Châtel-St-Germain et plus loin. Le bénéfice est considérable. On dit que les deux tiers de recette constituent le profit dans cette culture qui réussit presque tous les ans. Des wagons spéciaux sont aménagés pour l’expédition des fraises. Après déchargement, ils reviennent vides ou avec les paniers vides à Woippy. On ne couvre plus de gaz les paniers, qui maintenant restent ouverts. Cela vaut mieux pour la marchandise et cela épargne beaucoup de travail. (LM)
Samedi 13, dimanche 14 juin 1914
Le fossé de la route qui va de la gare au village de Woippy est un véritable cloaque indigne d’une commune de l’importance de Woippy. Les étrangers, qui à l’heure actuelle, y viennent très nombreux sont surpris que l’administration supérieure tolère pareille chose sur une route si fréquentée. (LM)
Mardi 16 juin 1914
LES FRAISES sont descendues à Woippy de 52 pfg. la livre, jeudi dernier, à 35 et 30 pfg. samedi, et à 25 pfennigs hier, la cueillette devenant beaucoup plus abondante. Les sortes précoces Marguerite et Laxton vont manquer dans quelques jours déjà, et la fraise tardive, dite Sir Harrey, va seule dominer le marché. Cette fraise est succulente et se conserve le mieux de toutes les espèces. Elle supporte bien le transport et est excellente pour la conserve. C’est cette bonne fraise qui fait la réputation de Woippy et de sa banlieue. Elle est très appréciée partout comme fraise de Metz. On sait que Bühl en Bade plante aussi la fraise précoce. Elle s’y vend actuellement 25 pfg. Le Midi de la France, et surtout aussi le Bretagne, ont également de grandes plantations de fraises. En Hollande, on cultive sur une très grande échelle une espèce Laxton. Les plantations y dépassent celles du pays messin et leurs bas prix font concurrence aux marchands de Metz. On évalue à plus d’un million de Mark par an le produit des plantations de fraises au pays messin, dont la moitié environ pour la commune de Woippy. IL n’y a donc pas lieu de s’étonner de la grande importance attribuée à une bonne réussite de la saison des fraises dans notre pays messin, connu partout pour ses fraises et ses mirabelles. (LM)
Mercredi 17 juin 1914
Woippy.
- (Réunion de producteurs de fraises). D’un correspondant :
Lundi soir a eu lieu une grande réunion de planteurs de fraises au café de la Gare. Le but de cette réunion était d’amener les marchands à fixer le prix de la marchandise dès le matin. Chose singulière et absolument inacceptable, les planteurs ne connaissent le prix de leurs produits que le soir, quand on leur paie les fraises qu’ils ont amenées toute la journée.
Le temps peu favorable rend la cueillette pénible ; mais voici la seconde récolte qui donne un fruit magnifique et très apte à l’expédition : c’est le moment de se procurer un excellent dessert et à un prix très acceptable.
- (La procession et les fraises). Dimanche dernier, la procession été magnifique comme d’habitude. Il n’y aurait de ce chef rien d’extraordinaire à signaler ; mais une chose vraiment originale frappait les regards de tout le monde à l’un de nos reposoirs : c’était une double guirlande de paniers à fraises ornés chacun d’un fruit bien mûr. Il y avait vraiment la couleur locale jointe à un bon goût qui faisait plaisir. (LL)
- A la gare, où l’administration des chemins de fer a créé bien des progrès très appréciés du public, il manque encore un éclairage électrique, qui serait facile à y installer, vu que la conduite électrique passe à dix mètres seulement de la gare. En ce moment de grande presse, un éclairage électrique rendrait d’énormes services. (LM)
- Bien que la gare de Woippy soit bien aménagée, il lui manque toujours l’éclairage par l’électricité. C’est pourtant facile, le courant passe à 10 mètres du bâtiment. Cela ne serait pas un luxe. (MZ)
Lundi 22 juin 1914
Les fraises ont coûté en gros, à Woippy, mardi : 25 pf ; mercredi : 27 et 28 pf. les tardives et 22 pf. les précoces ; jeudi : 29 et 30 pf. ; vendredi : 25 pf. la livre. (LM)
Mardi 23 juin 1914
Woippy. La route d’arrondissement 28a de Woippy à Norroy-le-Veneur est actuellement d’un passage difficile. La fortification fait poser, sur cette voie de communication si peu large, des rails de chemin de fer. On ouvre la route sur une longueur der plus d’un demi-kilomètre, et les voitures courent danger continuellement en passant les unes à côté des autres. Et c’est juste pendant le moment des fraises, c’est-à-dire au moment de grande presse, où la circulation est très intense, que l’on entrave ainsi le commerce. Les travaux ont commencé sans qu’un avis public en ait prévenu la population intéressée. L’administration des routes devrait en tout cas ne pas permettre des tranchées aussi larges et faire poser des rails au fur et à mesure qu’on ouvre la route pour ne pas tant entraver la circulation. (LM)
Lundi 29 juin 1914
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Une nouvelle terrifiante dans sa brièveté, est arrivée, hier, de Bosnie-Herzégovine : l'héritier de la couronne austro-hongroise, celui que le grand âge de l'empereur François Joseph semblait appeler à succéder au vieux souverain, l'archiduc François Ferdinand, neveu de François Joseph, qui avait pris depuis quelques années une influence prépondérante dans les conseils du gouvernement, est tombé, ainsi que la princesse sa femme, sous les ......
Journal "Le Messin" |
Mardi 30 juin 1914
A travers Metz. Conseil départemental.
Dans sa séance extraordinaire du 29 juin, le Conseil départemental a, d'abord, ordonné un supplément d'enquête pour une (...)
Le Conseil départemental s'est ensuite occupé d'une série de recours contre des élections municipales.
(...) M. Rœper, maître-tailleur à Woippy, a formé recours contre l'élection de M. Eugène Hennequin, maire, dont le fils porte le même prénom. Le recours est finalement retiré. (...) (LM)
Jeudi 2 juillet 1914
Woippy. Les fraises. Le trafic des fraises est extraordinaire cette année, grâce à la température favorable qu’il a fait jusqu’ici. Lundi dernier, on a chargé 96, mardi 126 et hier plus de 100 wagons de fraises, si bien qu’à une heure du matin, les chargements ne sont pas encore terminés. Il règne naturellement un grand remue-ménage à la gare de Woippy. (LM)
Lundi 6 juillet 1914
L’accident de chemin de fer de Woippy.
L'abbé Louis Laurent ( 1855-1914 ) |
Le corps du délit ayant été établi dans l’affaire de l’accident de chemin de fer à la gare de Woippy, l’affaire passera probablement le 8 août devant le tribunal. (LL)
Samedi 11 juillet 1914
Woippy. (Service pour l’abbé Laurent). Mercredi prochain, 15 courant, à dix heures et demie, sera célébré en l’église de Woippy un service pour le repos de l’âme de M. L’abbé Laurent, ancien curé de cette paroisse, décédé à Gorze le 30 mai 1914.
Ce service n’a pu avoir lieu plus tôt à cause de la cueillette des fraises. (LL)
Jeudi 16 juillet 1914
Woippy. (Service pour l’abbé Laurent). On nous écrit :
La paroisse a fait hier mercredi un digne service à son ancien et inoubliable curé. Pendant dix ans les paroissiens de Woippy ont eu le bonheur de posséder comme curé celui qui fut un vrai pasteur, un homme de dignité et de loyauté. Aussi, malgré que 14 ans se soient écoulés depuis le départ de M. L’abbé Laurent, plus de 300 anciens paroissiens - dont beaucoup de jeunes – ont tenu avec un clergé nombreux à honorer l’abbé Laurent, à prier pour lui et à entendre des paroles de simplicité cordiale et d’affection. (LL)
Mardi 21 juillet 1914
Le maître peintre Hubert Steffen, de Woippy, cherche deux jeunes aides peintres. (MZ)
Jeudi 23 juillet 1914
La récolte des fraises
du pays messin peut être considérée comme terminée. Elle n'a pas donné aux producteurs les résultats attendus et n'a pas réalisé leurs espérances, surtout en comparaison de l'anné passée, quoiqu'il ait été expédié 1800 transports de chemin de fer, c'est-à-dire une moyenne de 70 wagons par jour. Cette moins value doit être attribuée à différentes causes. C'est d'abord la température, qui était trop variable, des jours de pluie alternant avec des journées de chaleur, vers la fin une chaleur excessive, qui faisait mûrir les fruits trop rapidement, de sorte qu'il a fallu les écouler à prix réduits ; c'est de l'autre côté la concurrence de Moulins et de Châtel d'une part, où l'on a également planté des champs de fraises, de l'autre, celle de la fraise française et hollandaise. Mais si, d'un côté les espérances des producteurs ne se sont pas entièrement réalisées, de l'autre, les consommateurs pouvaient de nouveau se payer un peu ce fruit délicieux, surtout vers la fin de la saison, où, par suite des chaleurs, il a fallu chercher un écoulement rapide et, par conséquent, diminuer les prix, qui, au commencement, étaient vraiment exorbitants, plus élevés même qu'ailleurs. A Trèves, par exemple, les fraises de Woippy étaient annoncées à 25 pf., tandis que le même jour, on les payait à Metz 30 à 40 pf. (LM)
Samedi 25 juillet 1914
Vente au plus offrant à la gare de Woippy, mardi 28 juillet, de 4 000 paniers de fraises neufs. (ZL)
Lundi 27 juillet 1914
Woippy. (Accident mortel d’auto). On nous écrit :
Samedi soir, vers 7 h. ½, l’ouvrier Fr. Schneider, de Woippy, voulait se rendre à La Maxe en vélo, quand, en arrivant en bas de la rampe du chemin de fer à la Maison-Neuve, il fut renversé par l’automobile 926 VI C qui versa. Schneider reçut des contusions à la jambe et se plaignait de douleurs internes. Les personnes dans l’automobile en furent quittes pour la peur. Le soir, l’ouvrier fut emmené à l’hôpital Bonsecours, où il est mort dimanche. (LL)
Mardi 28 juillet 1914
MAISON-NEUVE (près Woippy).
On nous écrit le 26 juillet :
« Samedi, vers 6 heures du soir, une automobile (marque Ford), appartenant à M. E., commerçant à Maizières, venait de la direction de Metz. Arrivée au croisement de la route de La Maxe à Woippy, elle heurta un habitant de Woippy, M. Schneider, qui venait de Woippy, avec une telle violence qu’il fut projeté sur la route et relevé dans un état tel que l’on pouvait croire en le voyant tomber qu’il était tué. Des voisins le transportèrent dans une maison où il revint à lui après un quart d’heure de soins qu’on lui prodigua ; se plaignant de douleurs à la jambe et surtout à la poitrine, puis il perdit de nouveau connaissance.
Lorsque, après avoir prévenu par téléphone la maison Kœssler, on le chargea sur une automobile pour l’emmener à la maison, cela faisait pitié de l’entendre pousser des cris de douleur. Le médecin, mandé en toute hâte, ordonna son transfert immédiat à l’hôpital. La jambe droite doit être cassée et l’on craint des lésions ou une hémorragie interne.
C’est encore un de ces accidents à mettre sur la liste des autos qui croient que les routes n’existent que pour elles. Pauvre père de famille ! Pauvre femme !
On ne peut se rendre compte du choc de la voiture et, par conséquent, de sa vitesse au moment de l’accident en regardant la barrière dans laquelle elle donna. Celle-ci est pliée, comme du fil de fer, et cependant elle est en fer très solide. Un bloc énorme de ciment a été arraché de terre. La voiture versa et les voyageurs quoi furent lancés sur le trottoir, peuvent s’estimer heureux que la barrière était solide, sans quoi la voiture capotait sur eux dans le fossé qui a trois mètres de profondeur, et les tuait net.
Il faudrait qu’il y ait aux environs de l’octroi un tableau indicateur pour prévenir les chauffeurs qu’il a y un croisement très dangereux. La route de La Maxe est masquée par la maison Kempnich, celle de Woippy, par l’auberge Hourt. Il y a à peine huit jours que l’automobile R. 25606 se jetait – et heureusement pour elle et pour les quatre voyageurs – dans une borne d’un mètre de haut, qui se trouve à 1 mètre 50 de l’accident d’avant-hier, car derrière la borne se trouve le fossé de 3 mètres de profondeur et de 3 mètres de large en haut. Cet accident s’est produit parce qu’une autre auto, venant de La Maxe, n’avait pas pris le droite pour tourner vers Metz. Ces quatre voyageurs, des Belges, ont frisé la mort comme ceux de samedi soir.
Il y a quelques temps, un cycliste venant d’une ferme de Saint-Eloi, fut projeté à terre : la roue de derrière de sa bécane fut broyée. Une seconde de retard, et le jeune homme était tué.
Au printemps, une voiture venant de La Maxe, traversait la route pour se rendre à Woippy. Une machine infernale passe et brise ses garde-boue dans les roues de la voiture. Les chats et les chiens se font tuer tous les jours. Les poules et les canards sont perdus s’ils ont le malheur de s’aventurer dehors. Un habitant de Maison-Neuve a compté jusqu’à quinze poules écrasées dans le courant de l’année dernière. Quant aux enfants, il ne peut être question de les laisser sortir sans surveillance sur la route. Celle-ci n’est jamais libre. Si vous croyez pouvoir passer derrière une auto, il y en a déjà une autre qui vous menace ou qui vient en sens inverse. A quoi cela nous mènera-t-il ? Les chauffeurs ne doivent-ils pas ralentir leur marche dans les villages ? Pour gagner une ou deux minutes, ils exposent la vie de tant de braves ouvriers. N’y a-t-il donc pas possibilité de remédier à cet état de chose ? Car, vraiment, cela n’est pas humain, c’est plutôt égoïste de la part des chauffeurs.
Les routes n’ont-elles pas été faites d’abord pour les piétons et les voitures ? A présent, le piéton en est complètement banni et ,d’ici peu, les voitures à traction animale subiront le même sort.
Nous souhaitons un prompt rétablissement à M. Schneider ; mais nous sommes sûr d’avance qu’il n’est pas le dernier qui ait été abîmé ou tué à Maison-Neuve. Un témoin. » (LM)
METZ. MARCHÉ AU FRUITS
Prix de gros : framboises, 35 à 40 pf. ; groseilles, 6 à 10 pf. ; petites groseilles, 12 à 18 pf. ; cerises, 18 à 24 pf. ; cerises aigres, 20 pf. ; prunes, 20 à 25 pf. ; mirabelles, 25 à 35 pf. ; poires, 10 à 15 pf. ; pommes, 15 à 25 pfennig la livre ; noix, 80 pf. le cent. (LM).
Samedi 1er août 1914
A partir d’aujourd’hui, le cachet postal de Woippy sera complété par l’inscription « Kreis Metz ». (MZ)
Avant et après |
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Dimanche 2 août 1914
Vente aux enchères à Maison Neuve de 70 cochons, 7 truies avec des petits, 2 verrats. Le jeudi 6 août à 1 heure de l’après-midi, à l’exploitation porcine et distillerie en face de la gare. (MZ)
Jeudi 11 février 1915
Otto Wilhelm Eberle, 17 ans, employé à la cantine Ste-Agathe, a ouvert la cassette de la cantine avec un couteau et y a dérobé 50 mark. Il a été arrêté à Metz, et il possédait encore 35 mark. Vu son jeune âge et avec un passé sans antécédents, il a été condamné à 2 mois de prison. (ZL)
Mardi 16 février 1915
Otto Wilhelm Eberlé, 17 ans, ouvrier à Ste-Agathe, était employé à la cantine du parc. Le 3 décembre 1914, il cambriola la cantine, pris la cassette qui s’y trouvait, l’ouvrit avec un couteau et en déroba 50 mark. Il fit plusieurs achats à Metz, ce qui étonna un policier qui l’arrêta. Il possédait encore 35 mark. Le prévenu étant encore jeune, fait une bonne impression et n’a jamais été condamné, s’en tire avec 2 mois de prison. (MZ)
Vendredi 11 juin 1915
Il a été décidé à Metz, que la taxe sur l’octroi ne serait plus prélevée sur les fraises, et ceci durant toute la durée de la guerre. Une bonne nouvelle ! (MZ)
Jeudi 8 juillet 1915
Résultat de l’opération « échange des pièces d’or » : 6 000 mark. (ZL)
Jeudi 9 septembre 1915
La commerçante Albertine Teuthons, de Woippy, a été relaxée de l’accusation d’avoir utilisé une fausse carte d’identité. (MZ)
Mardi 26 octobre 1915
Une personne ayant contrevenu aux bonnes mœurs a été arrêtée à St-Remy par deux scouts. En revenant d’une excursion, ils trouvèrent dans un café à St-Remy, la tenancière en grand émoi. Elle raconta qu’elle se trouvait dans son établissement et qu’elle a été attaquée par un valet de ferme qui voulait la violer mais qui s’est enfui à l’appel par ses cris. La femme avait les cheveux défaits et sa blouse déchirée. Les deux scouts se mirent en chasse et rattrapèrent le valet sur la route de Woippy. Comme il nia les faits, ils le ramenèrent au café pour une confrontation. La tenancière l’a formellement reconnu. Il fut amené à la police, il reconnut les faits et fut mis sous les verrous. (MZ)
Jeudi 20 janvier 1916
Location de la chasse communale mardi 1er février à 10 heures à la mairie, portant sur environ 700 hectares. Pour un an en un lot. Le maire : Röper. (ZL)
Samedi 22 janvier 1916
Mardi 1er février à 10 heures, la commune de Woippy procédera à l’adjudication de la chasse pour un an. Environ 700 hectares en un lot. Signé, le Maire : Röper. (MZ)
Mardi 27 juin 1916
Vente forcée aux enchères de terrains divers, sis à Woippy.
Vente de fraises au détail et en petites quantités en face de la Mairie de Woippy. (MZ)
Vendredi 30 juin 1916
La fabrique de conserves Debs, de Woippy, recherche des ouvrières pour équeuter des fraises. (MZ)
Jeudi 27 juillet 1916
Le fermier mesoyer Josef Fabert, né le 16 novembre 1879 à Ladonchamps, commune de Woippy, a été condamné à 150 mark d’amende, et un jour de prison, pour 10 mark non payés à la publication du jugement dans tous les journaux de Metz, pour avoir le 21 mars 1916, vendu à Ladonchamps et à Metz, du lait mouillé à 22,5 %. (MZ)
Mardi 16 janvier 1917
Josef Dietz, actuellement soldat, fait connaître qu’il met chacun en garde, de prêter quoi que ce soit à sa femme Louise Dietz, née Gendarme, de Woippy. Il ne reconnaît aucune dette faite par elle. (ZL)
Samedi 3 février 1917
Le terrassier Dominique Pilla s’est rendu coupable envers l’article 141 du Code pénal. Il avait incité un soldat à la désertion. Le prévenu avait fait son service militaire en 1873, avait 4 fils et 2 filles. Il a perdu sa femme il y a 17 ans. Les enfants n’étaient pas toujours d’accord avec leur père. Son fils Gustave est actuellement prisonnier des Russes. Maintenant, c’est au tour de son fils Eugène d’être prisonnier des Russes, mais il semblerait qu’il se soit rendu volontairement. Ce qui est étonnant, c’est que les deux frères se trouvent dans le même camp de prisonniers. On reproche au père d’avoir incité son fils à déserter, la correspondance avec son fils a été saisie et ne laisse pas doute. Le fils se serait plaint que la ration de pain à l’armée est insuffisante. En outre, la famille est connue pour avoir des sentiments anti allemands et l’on ne parle que le français à la maison. Or, pendant toute l’audience, Pilla n’avait besoin d’aucun interprète, comprenant tout ce qui se disait. Reconnu coupable, il a été condamné à 4 mois de prison. (MZ)
Vendredi 30 mars 1917
Décès mardi dernier après une courte maladie du maire Auguste Röper, 61 ans. Il s’était fait une réputation d’homme intègre, aimable et s’était toujours mis au service de sa commune. Il sera regretté. (MZ)
Lundi 23 avril 1917
Après le changement de Woippy en 1915 en « Wappingen », ce sont maintenant les fermes et les lieux-dits qui prennent des noms allemands :
Grandes Tappes : Grostapelhof
Petites Tappes : Kleintapelhof
Ladonchamps : Landenfeld
Sainte-Adèle : Sankt Adelenhof
Sainte-Agathe : Sankt Agathenweiler
Maison-Rouge : Rothaus
Maison-Neuve : Neuhaus
Saint-Remy : Sankt Remiginersweiler
Saint-Eloy : Sankt Eliginshöfe
Vendredi 1er juin 1917
Karl Haas, 18 ans, ouvrier d’usine, et sa mère Elise Blindauer, femme de Ludwig Haas, de Woippy, sont accusés d’avoir dérobé des lapins dans des clapiers et des chaussures dans des baraques de jardin ; et la mère, en plus de recel. Karl Haas a récolté 2 mois de prison et sa mère 7 mois de la même peine. (ZL)
Vendredi 13 juillet 1917
Margaretha Reimeringer, de Woippy, a été condamnée à 80 mark d’amende ou 10 jours de prison pour n’avoir pas livré les œufs de la production de ses poules. (MZ)
Mardi 31 juillet 1917
La fabrique de conserves Vogel et Cie de Woippy cherche d’urgence des ouvrières. (MZ)
Samedi 21 juillet 1917
Wappingen. Julien Schneider, un enfant de notre commune, soldat dans un régiment d’infanterie en Russie, a reçu la croix de fer de 2e classe. (GdL)
Vendredi 26 octobre 1917
Le soldat du génie Schiltauer du 20ème régiment du génie, fils de l’ouvrier de l’intendance militaire Schiltauer, de Woippy, a été décoré de la Croix de Fer de 2ème classe. (ZL)
Dimanche 2 décembre 1917
Vente de terrains labourables, prairies et forêts à Woippy, appartenant aux conjoints Maire-Lorrain. Mercredi 5 décembre à 2 heures de l’après-midi à la mairie. (ZL)
Mercredi 2 janvier 1918
Charles L., 54 ans, curé de Lessy, a été assigné à résidence hors du rayon de forteresse de Metz et ceci pour toute la durée de la guerre. Il a été autorisé à séjourner à Huenfeld. Il a également reçu l’autorisation provisoire de se rendre à Woippy auprès de sa sœur malade. Il a profité de son séjour à Woippy pour retourner à Lessy, sans avoir son passeport et ceci à plusieurs reprises. Accusé d’avoir contrevenu aux prescriptions concernant la circulation en temps de guerre, il ne s’est pas présenté devant le Tribunal et a tout de même récolté 20 mark d’amende ou 5 jours de prison en cas de non paiement. (MZ)
Samedi 5 janvier 1918
Vente aux enchères de la maison avec jardin rue de l’Eglise n° 39, à Woippy, avec le mobilier suivant : quatre lits complets, une table de nuit, deux armoires, une armoire à provisions, trois tables, des chaises, des fourneaux, des miroirs, une machine à coudre, des montres et horloges, une cuisinière, une baignoire, une balance, des vitres pour couches, etc. Les biens appartiennent aux héritiers Idoux. (ZL)
Lundi 7 janvier 1918
Conseil de guerre extraordinaire, séance du 2 janvier 1918.
Le curé Charles Lapied, 54 ans, de Lessingen, expulsé depuis le commencement de la guerre, avait obtenu l’autorisation de venir voir sa sœur malade à Wappingen. Il en profita pour de là, se rendre plusieurs fois dans sa paroisse, ce à quoi il n’était pas autorisé : 20 mark d’amende ou 5 jours de prison. (GdL)
Samedi 9 février 1918
Notariat TABARY, Metz, Bärenstrasse 0.
VENTE VOLONTAIRE d'une maison avec grand jardin, sise à Woippy, rue de l'Eglise, 39.
Le jeudi 21 février 1918, à 2 h. de l'après-midi, à la salle de la mairie de Wappingen, Me Tabary, notaire, procédera à la vente aux enchères de ladite propriété, comprenant : 6 chambres d'habitation, cuisine, grenier, grande cave voûtée, écurie et poullailler, électricité, conduite d'eau à la maison et au jardin y attenant ; le tout d'une contenance de 42 ares.
Conditions de paiement avantageuses.
Pour tous renseignements, s'adresser au notariat. (GdL)
Mardi 28 mai 1918
Paroisse du Sablon.
M. l'abbé Lapied François-Joseph-Nicolas, natif de Wappingen, prêtre de 1914, a été nommé vicaire au Sablon. M. le curé Mayer se retire pour cause de santé. M. Wilhelm, professeur au petit séminaire de Monteningen, est nommé administrateur de la paroisse. (GdL)
Mercredi 29 mai 1918
EN VILLE
Les fraises.
Ces jours-ci, nos lecteurs auront rencontré, tout aussi bien que moi, des voitures, des charrettes, voire même des camions entiers, chargés de ces récipients bien connus dans les environs de Metz, qui ne sont autres que les paniers de bois blanc qui servent à emballer les fraises. Et cela me faisait déjà à l’avance venir l’eau à la bouche ; car ces chargements me rappelaient que la saison n’était pas loin où nous verrions arriver sur notre marché ces fruits d’autant plus excitants, qu’ils sont les premiers de la saison, et où nous pourrions nous en régaler à bouche que veux-tu.
Mais subitement voilà que des souvenirs mêlés de doutes s’élèvent dans mon esprit.
Nous ne sommes plus, hélas ! au temps jadis, où à partir du commencement de juin, on voyait arriver sur notre marché des voitures entières de fraises, dont chacun, même le plus pauvre, avec peu d’argent, pouvait se payer des portions à volonté. Depuis la guerre, non seulement elles ont, comme tout le reste, augmenté de prix. Ainsi, pas plus tard qu’hier, j’ai assisté à la vente des premières pour la modique somme de 12 M. la livre. Il est vrai que ce sont les primeurs, mais allez donc voir, si, auparavant, même comme primeurs, elles ont jamais approché d’un pareil prix.
Je voulais donc dire que non seulement les fraises ont augmenté de prix, mais encore et surtout – ce qu’il y a de plus désagréable – c’est qu’elles n’arrivent plus sur notre marché qu’en quantité infimes, à moins que pas du tout.
Vous vous souvenez des années passées. Les marchandes de la halle étaient là, à leur heure habituelle, place de la Cathédrale, qui tournaient leurs regards vers le nord, mais qui avaient beau s’écarquiller les yeux, et qui, comme sœur Anne, ne voyait rien venir.
Et alors je me disais que sans doute il allait encore en être de même cette année-ci et que nous autres, Messins, qui sommes aux première loges, nous aurons vu passer les paniers vides, nous les reverrons peut-être aussi repasser pleins, soigneusement emballés et parés avec la coquetterie qu’on sait ; mais nous n’en aurons, la plupart du temps, que la vue. Ils iront faire le bonheur et rassasier les estomacs des habitants du Nord et de l’Est, tandis que ceux qui sont sur les lieux devront se contenter du parfum, et encore !
A quoi cela tient-il ? A plusieurs causes sans doute, mais des causes qu’il serait sans doute possible de supprimer si les différentes commissions qui ont à s’occuper de notre alimentation étudiaient l’affaire et prenaient à l’avance les mesures qu’il faut pour nous éviter un pareil désagrément.
La principale cause à laquelle j’ai attribué ce mal des années dernières, c’est la fixation des prix maxima de cette marchandise. Dès qu’elle était taxée, le producteur s’arrangeait de façon à contourner la loi ; il ne paraissait plus sur le marché, où il n’aurait pas pu dépasser les prix sans se faire remarquer et dénoncer à qui de droit. Il se contentait d’attendre les consommateurs chez lui, dans le champ même où il faisait la cueillette, et là il vendait le prix maximum, quand il ne le dépassait pas. Il n’avait ainsi ni frais de marché, ni frais de déplacement, c’était tout bénéfice. Souvent les militaires, soit pour leur propre compte, soit pour celui de leurs officiers ou de leurs compagnes, allaient à Wappingen, à Lorringen, ou ailleurs, acheter, pour le prix qu’on leur demandait, toute la cueillette d’une journée. D’autres fois, c’étaient des courtiers pour le dehors qui se livraient à la même opération, de sorte que pour nos maraîchers et pour nous autres, habitants de Metz, il n’y avait plus rien.
Or, nos maraîchers ont aussi besoin de gagner leur petite vie, et nous et les nôtres, nous avons besoin de quelque chose à nous mettre sous la dent avec notre ration de mauvais pain, qui va encore être réduite.
Il ne faudrait donc pas que le même abus se renouvelât cette année-ci. C’est notre Kommunalverband, avec la commission du marché, et toutes les autorités chargées de veiller à l’alimentation publique, de chercher et de trouver les moyens de faire en sorte que nous puissions avoir ici à Metz notre part aux fruits que nous voyon,s fleurir, grossir et mûrier sous nos yeux, sans même pouvoir, avec notre argent, nous en payer à discrétion.
Espérons donc qu’il n’en ira pas de même cette année et que nous verrons revenir parmi nous, rempli de leurs beaux fruits les paniers si nombreux que nous y avons vu passer vides et que nous pourrons nous en payer quelques-unes fraîches et les autres en confiture. LE GLANEUR. (GdL)
Mardi 18 juin 1918
La récolte des fraises étant des plus moyennes, le Directeur du Kreis décrète que l’achat et l’expédition des fraises n’est permis qu’aux personnes qui possèdent une autorisation spéciale. Les autorisations d’achat délivrées à la coopérative d’achat ne sont pas valables pour les expéditions citées ci-dessus. En général, seulement deux corbeilles de 8 livres chacune peuvent être envoyées à des parents par les producteurs. (MZ)
Jeudi 22 août 1918
La sage femme Célestine Marguerite Rœper, née Brudener, de Woippy, a reçu de la part de l’Empereur, une broche en récompense de ses longues années de service. (MZ)
Vendredi 25 octobre 1918
Wappingen (Woippy).
Le père oblat Victor Lahaire, décédé le 20 octobre à l'âge de 30 ans, victime de la grippe, a été enterré dans son village natal de Wappingen au milieu du concours de toute la paroisse. Douze prêtres des environs assistaient aussi aux obsèques. M. l'archiprêtre L'Huillier, de Dus, ancien curé de Wappingen, a prononcé l'oraison funèbre, rendant témoignage aux talents, à la piété et à la modestie du jeune prêtre. (GdL)
Vendredi 6 décembre 1918
Nouvelles départementales.
La cérémonie du premier mariage français a eu lieu mardi à WOIPPY.
M. Mangenot, maire, a uni maritalement selon la loi française, M. Martignon, instituteur lorrain, et Mlle Harand, de Novéant. Une foule compacte assistait à la cérémonie. La capitaine Philippi, chevalier de la Légion d’honneur, commandant d’armes de Woippy, a servi de premier témoin aux jeunes époux. Au repas de noce qui suivit la cérémonie religieuse présidée par M. l’abbé Bizerel, le capitaine Philippi leva son verre en l’honneur de « la belle Lorraine redevenue française » après avoir présenté ses vœux de bonheur aux jeunes mariés. (LM, LL, CdM - Edition commune)
Vendredi 13 décembre 1918
Un bon exemple scolaire.
On nous écrit de Woippy : « Les élèves des écoles de Woippy ont, depuis le début de l'occupation française, l'heureux privilège de posséder un conférencier qui, chaque jour, va leur porter à l'école la bonne parole et la chanson bien françaises.
Sous le sympathique patronage de M. Mangenot, maire, et de M. le capitaine Philippi, commandant la 1ère compagnie du 132e R.I.T., le soldat-conférencier Charles Cornu, en de simples, mais saisissantes causeries, vient exalter le patriotisme de nos petits Lorrains. Sa parole, simplement correcte, mais de puissante persuasion, où l'anecdote se mêle à l'histoire et à la géographie, évoquant tour à tour la grande Patrie, ses grands chefs, la grande guerre, les héroïsmes librement consentis, où il révèle à ces braves petits Lorrains l'amour que la France leur a toujours témoigné, où il leur explique tous les devoirs qui incombent à tout bon Français, le grand prestige de leur nouvelle patrie, foyer de liberté et de justice dans le monde, le tout agrémenté de chansons patriotiques en l'honneur de l'Alsace et de la Lorraine, commentant strophe par strophe notre hymne national ; tout cet enseignement concis, bien ordonné, lui a valu un grand succès auprès des écoliers et de leurs dévoués maîtres, heureux de trouver en lui un auxiliaire précieux pour exalter en ces temps de régénération nouvelle, les grandes vertus républicaines.
La population de Woippy, touchée de cette sollicitude est heureuse, par la voix de votre estimable journal de remercier publiquement le conférencier, son dévoué capitaine et M. le maire. C'est un bon exemple. Souhaitons ardemment qu'il trouve dans toute notre Lorraine, des imitateurs aussi zélés.
Un groupe de pères de famille. » (LM, LL, CdM - Edition commune)