Année 1906

Jeudi 4 janvier 1906
La Chambre correctionnelle, dans son audience du 28 décembre, a rendu les jugements suivants : (…)
Gérard Surmund, 27 ans, ouvrier, autrefois à Devant-les-Ponts, avait pénétré dans la nuit du 3 novembre dernier, dans l’écurie du nommé Haubrich, voiturier à Maison-Neuve, commune de Woippy pour y voler un cheval d’une valeur de cinq cents marks et un bouc évalué à quarante marks. Le cheval fut vendu pour soixante marks, le bouc pour treize marks et l’argent avait déjà disparu, lorsque le voleur fut arrêté. S. est condamné à deux ans d’emprisonnement. (LL)

Mardi 16 janvier 1906
Fait divers. Vendredi, vers 11 heures du matin, on a trouvé, la tête enfouie dans la vase d’un étang des glacis situés dans la zone militaire près de la porte de Thionville, le cadavre d’un homme de forte constitution et âgé de 35 à 40 ans. Le noyé est un domestique de M. Schm…, fermier à la ferme St-A…, commune de Woippy. Le cadavre a été transporté, à 1 h. de l’après-midi, à la morgue à Metz. (GdL)

Vendredi 2 février 1906
Tribunal des échevins. Audience du 30 janvier.
L’ouvrier Charles R., de Woippy, avait donné, au mois de décembre dernier, à un bal, un soufflet à une demoiselle, parce qu’elle dansait avec un autre que lui. Peu de temps après le père de la jeune fille, le charron St., rencontra le trop bouillant danseur et lui rendit ledit soufflet… avec les intérêts. R. se fâcha et lança au père un porte-allumettes à la tête. Tout en bénéficiant des circonstances atténuantes, il est condamné, pour coups et blessures, à 30 marks d’amende ou cinq jours de prison. (GdL)

Mardi 13 février 1906
Devant-les-Ponts. On nous écrit le 8 février :
« Mardi dernier, vers 9 heures du soir, au passage à niveau de la route de Woippy, un homme en rossait un autre d’importance. N’allez pas crier à la brutalité, car voici ce qu’il en était. Il s’agissait d’un vélo. L’homme a la poigne était le propriétaire et le lascar rossé était le voleur dudit vélo. La machine avait été dérobée à notre homme, qui habite Woippy, à Metz, rue du Pontiffroy, pendant qu’il était entré dans un magasin. Force lui fut de s’en retourner à pied. Arrivé à l’endroit indiqué, il attendait à la barrière le passage d’un train, quand, au bout de quelques minutes, un cycliste mit pied à terre, tout à côté de lui. Le hasard voulu que ce fût précisément le voleur de la bécane. On sait le reste. Notre homme s’en fut à Woippy gai comme un pinçon, en songeant que les barrières sont tout de même bonnes à quelque chose. Quant au filou, il avait endossé sa rossée sans trop crier. Jarrez d’Hyniez. » (GdL)

Mardi 20 février 1906
Woippy. On nous écrit le 18 février :
« Permettez-moi, Monsieur le Rédacteur, de signaler à M. Quidedroit un petit travail qui lui vaudrait, si on s’empressait de le faire exécuter, les applaudissements de bien des gens. Il s’agit de la route allant de notre gare à Sainte-Agathe et Bellevue et qui ressemble depuis un certain temps déjà à un véritable bourbier. N’y aurait-il pas moyen de la rendre un peu plus praticable ? Je suis convaincu que si M. Quidedroit la voyait, il ferait procéder à un raclage en règle, et les nombreuses personnes obligées de l’utiliser journellement lui en sauraient vivement gré.
Un vieux marcheur. » (GdL)

Samedi 3 mars 1906
Mercredi matin, un nommé E. Schück, de Saint-Remy - Woippy, a reçu en pleine poitrine un coup de pied de cheval. Il s’est produit une hémorragie interne qui l’a privé de l’usage de la parole. Le médecin déclare son état complètement désespéré. (LL)

Vendredi 9 mars 1906
Annonce :
« On demande de suite 1 jeune homme libre du service militaire et muni de bonnes références, comme aide jardinier. Bons gages. S’adresser au Rucher, à Woippy. » (GdL)

Dimanche 11 mars 1906
Vente à Saint-Remy-lès-Woippy.
Jeudi 15 mars 1906, à 9 heures du matin, je vendrai à St-Remy, au domicile du défunt M. Schück :
4 hongres de 6 à 8 ans, 5 harnais, 1 break avec deux coussins de voiture, 4 tombereaux, 2 voitures, 2 charrues.
A crédit. Reuter, Huissier. (GdL)

Mardi 13 mars 1906
Attentat contre un train.
Deux coups de revolver ont été tirés vendredi soir entre Maizières et Woippy, sur le rapide Ostende-Bâle, qui quitte Thionville à 7 heures 20. Le premier projectile, dit le lorrain, s’est logé dans la boiserie d’un des premiers wagons, le second a traversé la glace d’un des derniers compartiments du train, et est ressorti par l’autre portière dont la glace était abaissée. Aucun des six voyageurs qui se trouvaient dans le compartiment n’a été blessé. A l’arrivée du train à Metz, les voyageurs ont informé le chef de gare de l’attentat. Tout ce que l’on sait du malfaiteur, c’est qu’il était posté du côté des hauts-fourneaux de Maizières. Les voyageurs ont distinctement entendu le coup de feu. (GdL)

Mercredi 21 mars 1906
Maizières-lès-Metz.
Des ouvriers de la Société Diss et Cie qui exécutent momentanément de grands travaux à Maizières, ont trouvé près de cette localité, à 10 mètres de profondeur, des restes très bien conservés d’un mammouth. Une défense mesurant 1 mètre 64 de longueur était enfouie dans une couche de gravier. Malheureusement les ouvriers ont brisé l’énorme dent en trois morceaux, le plus grand morceau a néanmoins la longueur respectable d’un mètre. A côté d’os énormes, on a trouvé une molaire de la grosseur d’une tête d’enfant. Il est question de doter un Musée de ces restes intéressants. (GdL)

Dimanche 25 mars 1906
Woippy. ( Nécrologie ). On nous écrit le 23 mars :
« Hier, jeudi, un cortège nombreux et sympathique que pouvait à peine contenir la grande église de Woippy, conduisait à sa dernière demeure, un homme de bien, M. Eugène Mangenot-Pierret, ancien cultivateur, décédé mardi à l’âge de 71 ans.
Tout Woippy était à ses funérailles ; on était venu de Metz et de tout le voisinage, car M. Mangenot était très apprécié.
Doux et calme, et tout à la fois actif et énergique, affectueux et bienveillant, tel était le cher et regretté défunt. Il n’avait que des amis ; on ne lui connaissait pas d’ennemis et il ne pouvait en avoir.
Président du Conseil de fabrique pendant plus de vingt ans, il fut dévoué à la bonne cause et se montra toujours et partout l’homme du devoir.
M. Mangenot laisse des regrets unanimes.
A sa veuve éplorée, à ses enfants, aux familles Mangenot, Deville, Even et Dubrot, à son beau-frère, M. Pierret, ancien maire de Woippy, et à M. l’abbé Pierret, ancien archiprêtre de Pournoy, nous offrons nos meilleures et nos plus sincères condoléances.
Un vieil ami. » (LL)

Mardi 27 mars 1906
L’Union populaire à Woippy.
A la même heure où les hommes catholiques de la banlieue de Metz se réunissaient à Montigny, pour entendre parler de l’Union populaire, les habitants de langue française de Woippy et des localités voisines s’étaient donné rendez-vous dans le même but à la nouvelle salle du cercle catholique à Woippy. Si le nombre de 200 hommes, qui ont assisté hier à la réunion, semble modeste, il ne faut pas oublier que ce temps de neige, que nous avons eu, avec les routes détrempées et tous les désagréments qu’il apporte, a certainement empêché un grand nombre de venir entendre les deux orateurs, qui ont été fort applaudis. Du reste les localités de Devant-les-Ponts, Plappeville et Lorry-lès-Metz étaient bien représentées.
C’est au sons d’une marche entraînante, exécutée brillamment par la fanfare de Woippy, sous l’habile direction de son chef de musique, M. Boda, que la séance a été ouverte. Puis M. l’abbé L’Huillier prend la parole pour souhaiter la bienvenue à l’assistance, réunie dans une salle, où seront formés les futurs membres de l’Union populaire. Pour se rendre compte de l’importance de l’Union populaire, l’orateur invite l’assemblée à comparer la situation religieuse actuelle de la France à celle de l’Allemagne. Si les Lorrains ne veulent pas arriver à l’état des choses, tel qu’il existe au-delà des frontières, il leur faut se grouper, réunir leurs efforts pour lutter efficacement contre l’ennemi. C’est là un des buts de l’Union populaire.
Sur la proposition de M. le Curé, M. Hennequin, maire de Woippy, est nommé président de l’assemblée ; MM. Pierret, ancien maire, Tabellion, adjoint de Plappeville, et L. Calmet, adjoint de Lorry-lès-Metz, sont nommés assesseurs. Sur l’estrade on remarque également M. l’abbé Louis, l’infatigable propagateur de la section française de l’Union populaire en Lorraine.
Comme premier orateur, nous allons entendre M. Jeannin, boulanger à Montois-la-Montagne. Nous n’avons plus à faire l’éloge de M. Jeannin qui parle avec une simplicité et un bon sens qui lui assurent toujours les sympathies des auditeurs. Pour aujourd’hui, l’orateur parle des combats que la pensée et les idées des ennemis de l’Eglise font à cette dernière. Rappelant la phrase célèbre : « Les idées mènent le monde », M. Jeannin explique que les idées bonnes et saines améliorent la situation de la société humaine, tandis que des idées mauvaises conduisent finalement le monde à la ruine.
Parmi les idées hostiles à l’Eglise il faut citer en premier lieu le socialisme et ses théories. Bebel l’a suffisamment défini : Au point de vue économique, c’est le collectivisme et au point de vue religieux, l’athéisme. Les socialistes disposent, par malheur d’une presse nombreuse, de ressources inépuisables et d’agitateurs et d’orateurs habiles et audacieux. Grâce à tout cet appareil ils ont réalisé des progrès effrayants dans les villes et les centres industriels, et commencent même à s’introduire dans nos campagnes, où ils dupent les foules par leurs beaux discours. A l’Union populaire et à ses membres d’annihiler ces efforts des socialistes dans notre pays.
Un vent d’irréligion et d’impiété commence à souffler sur nos contrées. Les libres-penseurs et les francs-maçons s’attaquent à nos dogmes, à la famille chrétienne, aux autorités ecclésiastiques, en un mot à la religion. Cette dernière nous est absolument nécessaire, comme l’a affirmé une fois de plus l’Empereur Guillaume II dans un discours, prononcé à Aix-la-Chapelle.
Tout le monde est aujourd’hui à la poursuite du bonheur, personne ne peut le trouver autre part que dans la religion. La détruire serait anéantir les bons sentiments dans toutes les classes de la société.
Parmi les idées lancées il en est une plus particulièrement condamnable. L’école sans Dieu où l’on apprendrait à l’enfant une morale athée qui serait identique avec une morale lamentable. Une protestant, M. Guizot, ministre français, avait bien raison lorsqu’il a dit : « Pour que l’instruction primaire soit vraiment bonne, il faut qu’elle soit profondément religieuse ». La perversité et la criminalité augmentent d’une manière anormale depuis que l’école sans Dieu est devenue une triste réalité.
Pour combattre tous ces ennemis, qui tôt ou tard jetteront le masque en Lorraine, faisons ce qu’on fait les Belges, les Bavarois, les Badois et les Rhénans, écoutons les conseils donnés par Windthorst et groupons-nous sous le drapeau de l’Union populaire.
M. Jeannin, applaudi à plusieurs reprises, cède la parole à M. Teitgen, un juriste qui manie la parole avec un art consommé et qui a su captiver pendant une heure et demie l’attention de son auditoire.
Avec une aisance parfaite l’orateur traite la question intéressante et difficile : l’Eglise catholique est-elle une force sociale appréciable ?
Cette question est d’un intérêt général. Elle se pose dans le domaine scientifique, dans le domaine social, dans le domaine économique et dans le domaine politique. Vaut-il mieux, pour notre société moderne, marcher avec l’Eglise catholique ou se séparer d’elle, comme le proposent les anticléricaux.
L’Eglise catholique n’a jamais été l’ennemi des sciences. Longtemps avant l’Etat, ses moines se sont occupés de la science dans leurs couvents et de nos jours encore les véritables savants sont des chrétiens convaincus ; à l’appui de son assertion l’orateur cite un des plus grands savants du siècle passé : Pasteur, le bienfaiteur de l’humanité souffrante.
Passant au domaine social, M. Teitgen dit combien la question sociale est complexe et combien difficile est le problème de l’amélioration du sort des classe inférieures. Deux aspirations sont à remarquer de nos jours : Le désir de plus de liberté et une aspiration intense vers plus d’égalité et de justice.
A aucune époque de l’histoire, l’Eglise catholique ne s’est posée en adversaire de la liberté bien comprise. Les premiers et véritables penseurs libres n’ont pas été les hommes de 1979, mais bien les 13 millions d’hommes, femmes et enfants qui ont écrit le mot « Liberté » avec leur sang dans le sable des cirques romains. Sur le terrain économique, l’Eglise catholique a proclamé l’égalité du maître et de l’esclave, du riche et du pauvre, du puissant et du faible. Elle a relevé la femme et a réhabilité le travail. Au XIIIe siècle, l’Eglise défend les droits du peuple contre l’oppression des seigneurs, et à l’époque agitée de 1848, des hommes catholiques tels que Mgr de Ketteler, Veuillot, Montalembert, Gibbons et d’autres travaillent en Allemagne, en France, en Angleterre et en Amérique à la solution de la question sociale. Au moment de la crise aiguë entre le monde des capitalistes et celui des ouvriers, Léon XIII, le pape des ouvriers, publie son admirable Encyclique Rerum novarum, qui apaise tout de suite les esprits.
C’est ainsi que l’Eglise a travaillé de tout temps et sur tous les terrains à la solution de la question sociale et a prouvé à la société qu’elle est vraiment la force sociale par excellence.
Cette démonstration de M. Teitgen est souvent interrompue par des applaudissements enthousiastes et c’est au milieu de bravos frénétiques que l’orateur regagne sa place.
A sept heures moins le quart la réunion a pris fin et beaucoup d’auditeurs sont allés déposer leurs cartes comme membres de l’Union populaire.
Nos félicitations sincères aux organisateurs de cette belle réunion et à M. Teitgen, qui nous pouvons bien le dire, est un des braves compagnons de lutte de M. Marc Sangnier. (LL)

Dimanche 24 juin 1906
La saison des fraises
« Représentez-vous une ruche d'abeilles par un beau soleil de printemps et vous aurez une idée de Woippy en ce moment. De tous les points de la campagne arrivent, chargés d'un odoriférant butin, les cueilleurs et cueilleuses de fraises. Des paniers de fraises partout, des voitures de fraises partout, des acheteurs de fraises partout. Il n'y a pas moins de sept grands marchands installés au village, sans parler des revendeurs de Metz, sans parler de la gare et de la poste, qui sont encombrées de fraises, Et puis, il faut voir toutes ces figures gaies et contentes ! C'est que, cette année, les belles et bonnes fraises se vendent admirablement bien. Les prix se maintiennent élevés. Tous les jours le tambour se fait entendre, annonçant que tel marchand donne plus, tel autre plus encore, etc., etc. Enfin, bref, après avoir vécu embaumés par le parfum des fraises, nous vivrons des deux cent cinquante mille marks qu'elles rapportent en moyenne tous les ans à Woippy. Avis aux amateurs, mais toutefois nous avertissons les Messins que le dimanche nous doublerons les prix, s'ils ne veulent pas nous laisser en paix ce jour-là ! » (PL)

Dimanche 1er juillet 1906
Agriculture. Culture du Fraisier.
La culture du fraisier n’offre aucune difficulté. On plante en mars ou en septembre, de préférence à cette dernière date pour avoir des fruits dès l’année suivante, en sol frais, substantiel, enrichi d’engrais bien décomposés. Les plantes ne sont autres que les rejets des anciennes plantations. En bordure des allées, distance des plantes entre eux 25 à 40 centimètres ; même distance en planche. Biner et arroser de temps en temps. Pailler les plantes pour l’été afin de maintenir la fraîcheur. Supprimer les filets. Il y a en abondance de bonnes et belles variétés de fraises.
D’abord la fraise des quatre saisons, petite mais délicieuses et produisant sans cesse ; on apprécie surtout la sous-variété dite belle de Meaux.
Parmi les fraises à gros fruits : Docteur Morère, Général Chanzy, Marguerite Lebreton, Princesse royale, Louis Vilmorin, Jucunda, etc., et surtout les variétés à gros fruits dites remontantes, c’est-à-dire donnant des fleurs et des fruits tout l’été comme celle des quatre saisons : la Constante féconde, Rubicunda, Saint-Joseph, Jeanne d’Arc, Orégon, Léon XIII, Saint-Antoine-de-Padoue. (PL)

Le vendredi 6 juillet 1906, le Tour de France passe à Woippy. Henri Desgrange, directeur de l’« Auto » et instigateur du Tour de France, après avoir demandé l’autorisation « de faire pénétrer par la frontière de Longwy les concurrents pour les faire aller jusqu’à Metz et renter ensuite en France » au Président de Lorraine, le comte von Zeppelin, la deuxième étape Douai-Nancy (400 kilomètres) franchit la frontière et traverse Saint-Privat, Saulny, Woippy et Metz. Voir l'article ci-dessous.

Dimanche 8 juillet 1906
Cyclisme. (Le tour de France).
La deuxième étape Lille-Nancy (via Metz) du tour de France organisé par notre confrère l'Auto a été courue hier.
Pour cette gigantesque randonnée 102 concurrents avaient envoyé leur engagement et au départ de Paris plus de 90 coureurs ont pris part à la course. Tous les grands champions de la route y participent: Aucouturier, Dartignac, Trousselier, le gagnant de l'an dernier, Watelier, Poties, Garin, Pothier, la qualité n'est donc pas en-dessous de la quantité.
Nous avons donné le résultat de la première étape Paris-Lille.
Le point terminus de la seconde étape est Nancy (400 kilomètres).
Le passage à Metz avait attiré hier vers 1 heure une foule nombreuse à la bifurcation de la route de Woippy, devant la porte de Thionville. On savait que les coureurs devaient arriver par St-Privat-Saulny-Woippy. Le temps était magnifique, une légère brise rafraîchit la température. Il est exactement 1 h 27 lorsque les avant-coureurs annoncent le premier arrivant.
Quelques secondes plus tard, on aperçoit une silhouette couverte de poussière. C'est Breton-Petit. On s'empresse autour de lui et tandis que les uns jettent un coup d'oeil sur la machine, d'autres obligent le coureur à prendre un cordial. Celui-ci paraît excessivement énervé. D'une main agitée, il signe la feuille de contrôle, enfourche sa bécane au milieu d'applaudissements et disparaît vers la gare de Devant-les-Ponts. Il faut dire que la Société cycliste de Metz escortait les coureurs pour leur monter l'itinéraire à suivre à travers la ville.
Quelques minutes plus tard, on signale le second, Pothier. Il signe à 1 h 31 et d'un mouvement allègre saute sur sa machine. Pothier ne trahit pas la moindre fatigue ; lorsqu'il se remet en route, il devance la motocyclette qui doit l'accompagner et qui a peine à le suivre. On s'amuse de cet incident qui fait l'éloge des jarrets du coureur.
A 1 h 30, on aperçoit le troisième, Decaup. Celui-ci paraît très fatigué et fléchit lorsqu'il met pied à terre. Cependant les acclamations lui redonnent du nerf et lorsqu'il a pris le cordial il semble complètement remis et repart très vigoureux.
Puis arrive Georget à 1 h 51. Georget était arrivé premier à Lille.
Il a eu un accident de machine près de Woippy et est arrivé à Metz sur une machine de prêt. On lui rechange sa bicyclette, puis il repart également acclamé.
Successivement arrivent Passerieu à 2 h 01 et Trousselier à un mètre, tous deux très dispos. Beaugendre à 2 h 12.
Il s'écoule un certain laps de temps et à 2 h 47 seulement on signale un nouveau groupe, Watelier et Cadolb, ce dernier à un tour de roue. Le dixième arrivant est Dortignac, à 2 h 50. Suit ensuite un trio, Ringeval, Aucouturier et Christophe, puis successivement Fleury, Georget aîné, Gaboriau, Gauban, Payan, Tauchon, Carrrère.
A 6 heures, vingt-trois coureurs avaient passé le contrôle de la porte de Thionville. Les coureurs se sont succédé à intervalles assez longs jusque 11 heures du soir. C'est Tivache qui est passé le dernier à 11 h 08 et a continué bravement la route vers Nancy.
A minuit, heure de la clôture, on avait enregistré trente-huit passages. Les coureurs sont arrivés à Nancy, dans l'ordre suivant :
1er, Pothier à 2 h 36 mm 30 s ; 2ème, Petit-Breton, à 2 h 38 ; 3ème, Decaup, à 2 h 46 ; 4ème Georget Emile, à 3 h 3 mm 30 s.
Ajoutons que l'épreuve totale ne comprend pas moins de 4800 kilomètres à parcourir, en treize étapes. Les prix sont de 5000, 2000, 1000, 700, 600, 300, 200 et 100 Francs.
Les prix de l'étape Lille-Nancy sont les suivants :
1er prix, 500 F, 2ème, 250 F, 3ème, 150 F, 4ème, 100 F, 5ème, 60 F, 6ème, 40 F.
Le contrôle était dirigé par M. Weydert de la maison Aulner-Thiery. Les coureurs ont exprimé à différentes reprises leur satisfaction sur la réception cordiale qu'ils ont trouvé à Metz.
Un bon mot d'Aucouturier. A peine descendu de machine et le contrôle signé, le coureur s'enquit de la distance qui le séparait encore de Nancy. On lui répondit 56 kilomètres. Allons, ça va bien, de répondre le coureur qui avait déjà parcouru 344 kilomètres. (LL)

Vendredi 3 août 1906
Woippy. (Pigeon voyageur). Un pigeon s’est réfugié, il y a quelques jours chez M. Félix Lapied, à Woippy. Le pigeon porte à la patte gauche un anneau en caoutchouc avec le numéro 271. Sur l’aile droite deux ou trois fois le cachet : F. Vermimmen Blochmaker Rupelmonde, et les chiffres 0120 ou 6120. Sur l’aile gauche quelques lettres illisibles. On le tient à la disposition du propriétaire. (LL)

Samedi 4 août 1906
Woippy. (Champ d’orge en feu). Hier, sur la route de Woippy, le feu a pris dans une pièce d’orge sur pied. Sans l’intervention des habitants de Woippy, le feu aurait pu faire de grands dégâts par la chaleur qu’il fait. La perte est sensible. Il est probable que quelque passant aura jeté imprudemment une allumette qui flambait encore. Pour arrêter les progrès du feu, on a creusé à la hâte une tranchée en travers du champs. (LL)

Jeudi 9 août 1906
Avis mortuaire.
« René MANGENOT décédé le mardi 7 août 1906, à l’âge de 7 ans.
Domicile mortuaire : 26 rue de Briey. » (LL)

Dimanche 26 août 1906
Etude de Me HAMM, Metz.
Le lundi 3 septembre 1906, à une heure de l’après-midi, à Woippy, chez M. Hennequin, aubergiste.
Adjudication volontaire pour cause de départ d’une MAISON située à Woippy, rue de l’Eglise, n° 1, formant l’angle de cette rue et de la rue de Metz, en face le Café Hennequin, dans laquelle est exploitée une boucherie, et d’un JARDIN de 18 ares situé à Woippy.
L’installation de boucherie sera vendue avec ou sans la maison et immédiatement après, vente d’un bon cheval, de 2 voitures à ressorts, et le cas échéant, de l’installation de boucherie.
Appartenant à M. HENRIQUET. (LL)

Jeudi 5 septembre 1906
La ferme de Saint-Eloi en feu.
Cette nuit, vers minuit un quart, un incendie s’est déclaré dans la ferme Saint-Eloi, située à un kilomètre de Woippy. Un factionnaire du 12e régiment saxon s’empressa de donner d’abord l’alarme au fort Hindersin, situé en face de Saint-Eloi. Les soldats se rendirent de suite sur les lieux et, avec les habitants de la ferme, ils attaquèrent vigoureusement le feu qui avait commencé dans le grenier à fourrage, au-dessus des écuries. Vers 1 heure arrivèrent les pompiers de Woippy et de La Maxe, qui durent se borner à préserver le corps de logis et une dépendance de la ferme, car le reste ne formait plus qu’un immense brasier. Grâce aux efforts et à l’énergie déployée par les pompiers et les habitants de Woippy, avec le maire et le curé en tête, tout le bétail a pu être sauvé. Avec l’étang qui se trouve à proximité de la ferme, on a pu organiser une chaîne, de sorte que le fonctionnement des pompes s’est opéré dans les meilleures conditions et avec une grande rapidité. On a travaillé toute la nuit et ce matin encore l’incendie n’était pas complètement éteint.
On attribue le sinistre à une vengeance exercée par un jeune domestique qui avait été congédié par M. Keller. Le factionnaire déclare avoir vu cet individu avec un autre vers minuit. Tous deux venaient de Maison-Neuve en chantant. Après avoir d’abord rebroussé chemin, il s’approchèrent du factionnaire pour lui offrir à boire, mais le militaire refusa. Ils remontèrent ensuite vers la ferme pour redescendre quelques minutes après du côté de Maison-Neuve. Dix minutes s’étaient à peine écoulées depuis cet incident que le factionnaire voyait déjà les flammes jaillir du grenier à fourrage. Le feu a été mis par la gerbière qui donne sur la route de La Maxe.
La propriété, appartenant aux sœurs de la Visitation, est exploitée par M. Charles Keller. Les dégâts, évalués à 40 000 marks, sont couverts par une assurance à la Compagnie Rhin et Moselle. La gendarmerie est à la recherche de l’incendiaire. (LL)

Mercredi 12 septembre 1906
Commune de Woippy. Location de la chasse.
Le lundi 1er octobre 1906, à 3 heures du soir, en la salle de mairie, il sera procédé à la location du droit de chasse sur le ban de Woippy, comprenant environ 692 hectares, en 1 lot.
Woippy, le 22 août 1906. Le Maire : E. Hennequin. (LL)

Dimanche 23 septembre 1906
Woippy. Le tribunal des Echevins de Metz avait condamné le chaudronnier Jean-Etienne Simon, 37 ans, pour s’être servi d’un couteau dans une rixe, à deux semaines d’arrêts. Sur appel du ministère public l’accusé a comparu jeudi devant le tribunal correctionnel qui lui a infligé trois mois de prison. (LM)

Samedi 20 octobre 1906
Locations de chasse. La chasse de Woippy, qui a été louée le 30 octobre, a produit 1 250 marks contre 900 précédemment. Les adjudicataires sont comme auparavant MM. René de Ladonchamps, et René Paquet, de Woippy. (LL)

Dimanche 21 octobre 1906
Etude de Me WEBER, Rue du Palais n° 24, Metz. Successeur de Me Martzloff.
Adjudication sur enchère d’une belle MAISON comprenant 2 corps de bâtiments, cour, grange, écurie, buanderie, laiterie, bâtiment comprenant des écuries pour 100 porcs avec double allée, rails pour wagons, jardin et terre, d’une contenance totale de 100 ares 53 centiares, située à Woippy, route de Thionville, Maison-Neuve, n° 9, entre Pierre Hourt et Mangenot.
Le mercredi 14 novembre 1906, à 2 heures de l’après-midi, à Metz, en l’étude.

Avis mortuaire
« Madame Prosper KELLER, née Marie-Adeline Bertard, décédée le 22 octobre 1906, à 5 heures du matin. Obsèques le mercredi 24 octobre, à 10 heures du matin, à Woippy. » (LL)

Dimanche 11 novembre 1906
Etude de Me HAMM, Metz.
Le mardi 4 décembre 1906, à 3 heures après midi, à Woippy, chez M. Mangenot, aubergiste. Adjudication volontaire d’une belle PROPRIETE DE MAÎTRE sise à Woippy, comprenant belle maison d’habitation ayant belle vue, 10 pièces, mansarde, cave et grenier, remise et écuries, jardin potager et d’agrément, verger, le tout entouré de murs d’une superficie d’environ 23 ares, avec 2 entrées.
Provenant de M. et Mme Prosper Keller.
Nota : La propriété se trouve à environ 300 mètres de la nouvelle gare projetée. (LL)

Dimanche 2 décembre 1906
Devant-les-Ponts - Woippy. (Enquête). Il a été dressé un plan d’alignement pour déterminer les futures limites de la route impériale n° 17 dans les traverses de Devant-les-Ponts et Woippy.
Ce plan, avec les profils en long et en travers à l’appui, sera déposé au secrétariat de la Mairie de Devant-les-Ponts du 28 novembre au 7 décembre 1906 inclusivement et au secrétariat de la Mairie de Woippy du 8 au 17 décembre 1906 inclusivement.
Pendant ce délai fixé pour chacune des deux communes, les intéressés seront admis à en prendre connaissance et à faire leurs déclarations et réclamations sur le plan, soit verbalement devant le Maire de leur commune qui les inscrit sur un procès-verbal, soit par écrit pour être annexées au procès-verbal.
Il est loisible aux intéressés de présenter de nouvelles observations, savoir pour le ban de Devant-les-Ponts pendant le délai du 8 au 17 décembre 1906 et pour le ban de Woippy du 18 au 27 décembre 1906, au président de la commission d’enquête, M. le Directeur d’arrondissement à Metz.
La commission d’enquête se réunira à l’effet de vérifier le plan précité, ainsi que les déclarations et observations présentées, le 28 décembre 1906, à midi, à la Direction d’arrondissement à Metz. (LL)

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Samedi 23 février 1907
Woippy (Pour les victimes de la catastrophe de Reden). Un groupe de gens, qui avait organisé un cortège pendant les jours gras, a fait une quête au profit des familles des victimes de la catastrophe de Reden. Cette quête a produit la jolie somme de 160 M. qui a été transmise à M. le Président de la Lorraine pour être adressée aux bénéficiaires. (LL)

La commune de Woippy a fait remettre à M. le Président du département la somme de 160 M. 45, produit d’une quête faite sur le passage du cortège carnavalesque au profit de survivants de victimes de Reden. M. le comte de Zeppelin a envoyé cette somme au Comité de secours de Trèves. Nos félicitations aux habitants de Woippy pour leurs dons charitables. (GdL)

Samedi 2 mars 1907
Woippy (Une gare). La halte de Woippy sera remplacée par une gare. L’adjudication publique des travaux de maçonnerie pour le bâtiment du débarcadère avec le hangar des marchandises et les bâtiments accessoires aura lieu le mercredi 13 mars. Les délais pour l’achèvement des travaux sont fixés ai 1er septembre et au 1er octobre prochain. (LL)

Woippy. La halte de cette localité, célèbre par ses fraises, va être remplacée par une gare. L’adjudication des travaux nécessaires aura lieu mercredi, le 13 mars. La nouvelle gare devra être terminée le 1er septembre, éventuellement le 1er octobre 1907. (GdL)

Mardi 19 mars 1907
Soumissions. Deux importantes adjudications ont eu lieu mercredi et jeudi par les soins de l’administration des chemins de fer. La première concerne la nouvelle gare de Woippy avec bâtiments accessoires. Ont soumissionnés pour le premier lot, maçonnerie et taille de pierres, les entrepreneurs suivants : Leister, 20 067 M. 69 ; Teuschler et Fröhlich, 20 782 M. 46 ; Schüller et Raming à Maizières-lès-Metz, 20 805 M. 27 ; les héritiers Flügge, 21 202 M. 15 ; Jost à Devant-les-Ponts, 21 716 M. 72 ; Haase et Schott, 22 057 M. 29 ; Servais, 22 696 M. 77 ; Genth, 23 916 M. 62 ; Romain et Kiss à Bouzonville, 23 320 M. 21 ; G. Enders, 26 792 M. 64 ; et Schnitzler, 27 573 M. 32.
Pour le second lot, charpenterie et ferrements, ont été présentées les soumissions suivantes : Leister, 6 001 M. 82 ; Jost, 6 160 M. 49 ; Romain et Kiss, 6 345 M. 54 ; Teuschler et Fröhlich, 6 346 M. 97 ; J. Bissinger, 6 386 M. 87 ; Haase et Schott, 6 478 M. 13 ; Genth, 6 470 M. 96 ; les héritiers Flügge, 6 512 M. 88 ; Kern, 6 544 M. 02 ; Schüller et Raming, 6 732 M. 26 ; Enders, 7 131 M. 99, et Schnitzler, 7 216 M. 54.
La seconde adjudication concerne les travaux de terrassement et de maçonnerie pour une rampe à la gare de Peltre... (GdL)

Mercredi 24 avril 1907
Faits divers. Dans la nuit de samedi à dimanche, des individus restés inconnus se sont introduits dans les bureaux de la gare à Woippy et ont tenté de fracturer le coffre-fort qui s’y trouve. Dérangés dans leur besogne, ils ont pris la fuite sans avoir rien pu emporter. Une enquête est ouverte. (GdL)

Dimanche 28 avril 1907
Woippy (Enquête). M. Simon Oun, négociant à Metz, se propose d’établir un hangar devant servir au salage et au séchage de peaux fraîches et de dépôt de chiffons, sur le territoire de la commune de Woippy, confins « Pré Génie » , inscrit au cadastre sous la section D, n° 217 p. La description ainsi que les plans d’élévation et de situation sont déposés à la connaissance des intéressés pendant les heures de bureau réglementaires tant à la Mairie de Woippy que dans les bureaux de la Direction d’arrondissement. Les observations qui pourront être soulevées contre l’établissement de ce hangar devront être formulées soit par-devant le Directeur d’arrondissement, soit par-devant le Maire de la commune sus-nommée dans la délai préclusif de quinze jours, passé ce délai aucune réclamation ne sera plus admise. (LL)

Mercredi 1er mai 1907
Faits divers. Samedi, entre les stations de Maizières et Devant-les-Ponts, un individu a tiré sur le train express qui arrive à Metz à 5 h. 19 de l’après-midi. La balle, après avoir brisé une glace, est allée sortir par la portière opposée qui était ouverte ; elle a frôlé le chapeau sur la tête d’un voyageur du coupé qui était au complet. (GdL)

Vendredi 3 mai 1907
Club Vosgien. La section messine du Club Vosgien d’embellissement vient de faire parvenir à ses membres le plan des excursions de l’année courante. La première excursion dite : « des fleurs », aura lieu le dimanche 5 mai prochain. Le départ en est fixé à 2 h. 30 de la grande gare, 2 h. 42 à Devant-les-Ponts, pour Woippy. Tournée par Saulny et Vigneulles jusqu’à Lorry, où l’on prendra quelques rafraîchissements. Retour à Metz par la Bonne-Fontaine. Durée de l’excursion, deux heures et demie. (GdL)

Samedi 25 mai 1907
Woippy (Les fraises). A moins d’un changement imprévu dans la température, la récolte des fraise sera probablement fort belle cette année. C’est ce que promettent du moins les fleurs, qui s’épanouissent magnifiquement. L’espèce printanière, qui avait un peu souffert sous les premières gelées, se remet peu à peu et arrivera à maturité avec les autres fraises. Espérons que les prix baisseront un peu vis-à-vis de ceux qui payaient les ménagères l’année dernière. (LL)

Jeudi 6 juin 1907

Mardi 4 juin 1907
Mort de M. de Ladonchamps. M. René de Ladonchamps, propriétaire du beau domaine de ce nom, près de Woippy, est mort cette nuit, dans son château. Venant dimanche après-midi de Châlons pour faire faire à Ladonchamps quelques travaux, il fut frappé d'une attaque en chemin de fer. Son cocher l'attendait à la gare, il lut transporté au poste de police, puis sa voiture le ramena à Ladonchamps.
Appelés en toute hâte, le médecin fut impuissant, et le curé lui administra les derniers sacrements. A 2 heures du matin, il rendait le dernier soupir.
Quel coup de foudre pour Mme de Ladonchamps et toute sa famille dont il venait préparer ici 1e prochain retour !
M. René de Ladonchamps, ancien capitaine d'infanterie, était un chrétien de la vieille roche et un homme d'une bonté rare. Sa mort presque foudroyante sera un vrai chagrin pour ses nombreux amis. R.I.P. (LL)

Vendredi 7 juin 1907
Ladonchamps. M. René Lefèbvre de Ladonchamps, dont nous avons annoncé hier le décès survenu en son château de Ladonchamps, près de Woippy, était fils d’Alexandre-Arthur, qui mourut en 1875. Il était marié depuis 1881 à Philomène de Ponsart, dont il eut plusieurs enfants. Son frère Henry, capitaine d’infanterie comme lui, est marié à Jeanne de Jacob de la Cottière, et sa sœur Marie-Thérèse s’est mariée en 1886 avec le vicomte Louis de Keroüartz. Leur famille, dit le « Messin », est depuis 1670 en possession du beau château de Ladonchamps, illustré par le combat du 7 octobre 1870. (GdL)

Dimanche 9 juin 1907
Woippy (Les funérailles de M. de Ladonchamps). Vendredi, à 11 heures, au milieu d'une assistance sympathique et attristée, la dépouille funèbre de M. René de Ladonchamps a été descendue des hauteurs du château familial dans la chapelle castrale : la messe d'enterrement a été chantée avec le concours d'un nombreux clergé et le cercueil a été mis au caveau sur place; nous assistions à la messe du dehors, la chapelle étant toute petite ; néanmoins, il y avait en somme peu de monde et nous avons vu là une fois de plus combien l'émigration nous a pris de familles dans notre aristocratie lorraine. Sur le cercueil on avait mis la tunique et le képi du commandant : ce fut d'un effet saisissant pour tous ceux qui se souvenaient du combat de 1870 autour de ce même château de Ladonchamps. Qu'il y a loin de ce temps ! Les morts vont vite et les choses aussi. Tâchons simplement de n'oublier ni les uns ni les autres, surtout ceux qui comme M. René de Ladonchamps se sont fait remarquer par leur modestie et leur bonté. Que Dieu lui donne le repos éternel et console les siens. H.C. (LL)

Dimanche 16 juin 1907

Dimanche 7 juillet 1907
La grêle. Hier soir, un peu après cinq heures, le ciel s'est assombri ; le vent a soufflé avec violence et nous avons eu à Metz un orage assez court d'ailleurs, marqué par quelques coups de tonnerre et une forte ondée.
Ce matin nous apprenons que cet orage a été un véritable désastre pour le Pays-Haut où la grêle a fait d'énormes ravages. La grêle est tombée drue pendant plusieurs minutes. Les récoltes, seigles et blés, les pommes de terre et les légumes dans les jardins sont hachées. Un meunier arrivé à la suite de l'orage à Metz avait encore sur la bâche de sa voiture de grandes quantités de grêlons.
La grêle paraît avoir surtout éprouvé les localités de Saint-Privat, Amanvillers, Malancourt, Saulny ; on en a eu aussi à Lorry, Plesnois, Norroy, Woippy, Scy, etc. A Lorry on a pesé un grêlon qui accusait le poids de 110 grammes.
Ce matin, les personnes de ces régions venues au marché, racontent le désastre irréparable occasionné en quelques minutes par cet orage.
Aux environs du fort « Kaiserin », les grêlons avaient la grosseur de noix et même de petits œufs. Des ouvriers qui venaient de quitter le chantier vers 6 heures du soir, ont été blessés assez sérieusement par les grêlons. De nombreuses vitres de la caserne de la compagnie qui tient garnison pris du fort et de la cantine voisine ont été brisées. Deux heures après l'orage, on pouvait encore voir dans les fossés une couche de grêlons d'une épaisseur de 20 à 30 centimètres. On s'imagine ce qu'ont été les dégâts dans ces conditions. Les populations sont consternées. (LL)

Jeudi 11 juillet 1907
Environs de Metz (Encore l’orage du 5 juillet). On nous écrit :
« Venant du sud-ouest, il a fait ses ravages d’abord sur Mars-la-Tour, la ferme de Corps près de Saint-Marcel, Rezonville et le fort Kaiserin, les fermes de La Folie et de Leipzig ; passant au-dessus de la vallée de Monvaux, il s’est abattu sur le plateau d'Amanvillers et Lorry, ravageant les fermes Saint-Vincent et Saint-Maurice ; de là, il a gagné le fort de Saulny, pour redescendre sur Plesnois, Villers, annexe de Norroy, jusqu’à la Moselle, attaquant une partie du ban de Maizières et de La Maxe.
Sur toute cette ligne, large de un à deux kilomètres, le fléau a passé terrible. Les dégâts occasionnés de chaque côté de cette bande sont moins considérables, quoique réels, mais dans les fermes de Saint-Vincent et Saint-Maurice en particulier, il ne reste rien de toutes les récoltes qui n'avaient peut-être jamais tant promis.
Cela n'a duré que sept à huit minutes ; les glaçons, chassés en ouragan, s'entrechoquaient avec des sifflements effrayants, hachaient tout et formaient une couche de glace de 10 à 15 centimètres d’épaisseur.
J’ai cru périr, disait un charretier qui se trouvait sur la route, mes chevaux ruaient et se cabraient, j'étais moi-même criblé de coups qui me faisaient crier de douleur et le lendemain, j’en étais encore tout courbaturé. Je n'ai jamais eu peur, me disait un autre, mais cette fois j'ai cru ma fin arrivée et j'ai fait ma prière.
C’est une désolation pour les fermiers ; sur 75 hectares, il n’y a pas une corbeille de blé à Retirer, impossible même de distinguer et de reconnaître les différentes espèces de récoltes, le plateau est comme un désert. Les alouettes et autres oiseaux ont disparu ; on retrouve quantité de lièvres et de perdreaux qui ont péri.
Dans les vignes de Norroy et de Plesnois, les dégâts sont aussi considérables.
De la foudre et de la grêle, délivrez-nous, Seigneur !
P.-S. - Quelques-uns des sinistrés sont assurés contre la grêle, ils seront loin de recevoir l'équivalent de leurs pertes ; d'autres ne le sont pas ; il est trop facile de le leur reprocher ; le fermage, les contributions, les prestations, les syndicats et autres assurances, sont aussi une grêle d’une autre façon.
Le gouvernement viendra-t-il au secours de ces pauvres malheureux ? (LL)

Samedi 20 juillet 1907
Woippy. Mardi soir, vers 6 heures, M. François Sic, 75 ans, ancien ouvrier maçon, venait au cimetière du Sud à Nancy, après avoir bu quelques chopes chez un débitant du faubourg Saint-Pierre. Il voulait, disait-il, aller mourir sur la tombe de sa femme. Après s’être dirigé vers le carreau S., il se coucha sur une fosse couverte de broussailles. Tirant ensuite de sa poche un couteau fraîchement aiguisé, il s’en porta au cou un coup furieux de gauche à droite, puis il tomba baigné dans son sang. Quelques instants après, des visiteurs, entendant des gémissements, se dirigèrent vers cet endroit et trouvèrent le malheureux. M. Wurtz, conservateur de la nécropole, fut informé. Il donna les premiers soins au blessé, qui fut transporté à l’hôpital civil. Quoique la blessure de Sic soit fort grave, on espère le sauver. M. Sic est originaire de Woippy. Il est veuf depuis 1904 et habite rue Charles III, n° 57, à Nancy. Ajoutons que le blessé est père de deux fils presque quinquagénaires. (GdL)

Jeudi 5 septembre 1907
Woippy (Incendie). Cette nuit, vers 1 heure, le feu a pris dans la ferme de Saint-Eloy, exploitée par M. Charles Keller. L’écurie des chevaux et le marcairie sont devenues la proie des flammes. Il ne reste plus que les quatre murs. On a eu beaucoup de peine à faire sortir le bétail et les chevaux. Il y avait de l’eau en suffisance dans un petit étang qui se trouve dans la cour de la ferme, sans quoi les dégâts eussent été plus importants. Les pompiers de Woippy et de La Maxe ont vigoureusement contribué à combattre l’incendie. Les denrées n’ont pas été atteintes. Il y a assurance. On ignore la cause du sinistre. (LL)

Vendredi 6 septembre 1907
Woippy. L’incendie de la ferme Saint-Eloy que nous avons signalé hier, paraît avoir été allumé par une main criminelle. Le factionnaire du fort Hindersin aperçut peu avant l’incendie deux individus se dirigeant vers Maison-Neuve. On croit qu’il s’agit d’un acte de vengeance de la part d’un garçon de ferme renvoyé il y a quelques temps. Les dégâts sont évalués à 40 000 M. (LL)

Woippy. L’avant-dernière nuit, vers 1 h., le feu a pris dans la ferme de Saint-Eloi, exploitée par M. Charles Keller. L’écurie des chevaux et la marcairie sont devenus la proie des flammes. Il n’en reste plus que les quatre murs. On a eu beaucoup de peine dit le »Lorrain », à faire sortir le bétail et les chevaux. Il y avait de l’eau en suffisance dans un petit étang qui se trouve dans la cour de la ferme, sans quoi les dégâts eussent été plus importants. Les pompiers de Woippy et de La Maxe ont vigoureusement contribué à combattre l’incendie. Les denrées n’ont pas été atteintes. Il y a assurance. On ignore la cause du sinistre.
Le « messin » donne au sujet de cet incendie les détail suivants :
« L’avant-dernière nuit, vers minuit un quart, un incendie s’est déclaré dans la ferme Saint-Eloi, située à un kilomètre de Woippy. Un factionnaire du 12e régiment saxon s’empressa de donner d’abord l’alarme au fort Hindersin, situé en face de Saint-Eloi. Les soldats se rendirent sans retard sur les lieux et, avec les habitants de la ferme, ils attaquèrent vigoureusement le feu qui avait commencé dans le grenier à fourrage, au-dessus des écuries. Vers 1 heure arrivèrent les pompiers de Woippy et de La Maxe, qui durent se borner à préserver le corps de logis et une dépendance de la ferme, car le reste ne formait plus qu’un immense brasier. Grâce aux efforts et à l’énergie déployée par les pompiers et les habitants de Woippy, avec le maire et le curé en tête, tout le bétail a pu être sauvé. Avec l’étang qui se trouve à proximité de la ferme, on a pu organiser une chaîne, de sorte que le fonctionnement des pompes s’est opéré dans les meilleures conditions et avec une grande rapidité. On a travaillé toute la nuit et hier matin encore l’incendie n’était pas complètement éteint.
On attribue le sinistre à une vengeance exercée par un jeune domestique qui avait été congédié par M. Keller. Le factionnaire déclare avoir vu cet individu avec un autre vers minuit. Tous deux venaient de Maison-Neuve en chantant. Après avoir d’abord rebroussé chemin , ils s’approchèrent du factionnaire pour lui offrir à boire, mais le militaire refusa. Ils remontèrent ensuite vers la ferme pour redescendre quelques minutes après du côté de Maison-Neuve. Dix minutes s’étaient à peine écoulées depuis cet incident que le factionnaire voyait déjà le flammes jaillir du grenier à fourrage. Le feu a été mis par la gerbière qui donne sur la route de la Maxe. La propriété appartenant aux sœurs de la Visitation, est exploitée par M. Charles Keller. Les dégâts évalués à 40 000 M. sont couverts par une assurance à la Compagnie Rhin-et-Moselle. La gendarmerie est à la recherche de l’incendiaire. (GdL)

Jeudi 4 décembre 1907

Samedi 7 septembre 1907
Woippy. On écrit au « Messin » :
« Pendant toute la journée d’hier, à Saint-Eloi, le feu n’a cessé de consumer le tas de fourrage, et à maints endroits les flammèches léchaient les pans de murs restés debout. Une section des pompiers de Woippy, sous le commandement de M. Hennequin, qui est restée toute la journée sur le théâtre de l’incendie, a travaillé constamment à l’extinction complète du feu. La ferme de Saint-Eloi est incendiée pour la deuxième fois, la première en 1880, à la rentrée des récoltes, qui furent détruites en grande partie. A cette époque, un taureau périt également dans les flammes. » (GdL)

Samedi 21 décembre 1907
Woippy (Un flibustier). Comme tous les ans, à cette saison, la banlieue se plaint de l’insécurité en présence des vagabonds qui la parcourent. Ce sentiment d’insécurité est d’autant plus irrésistible que l’on est encore sous le coup de l’affreux crime de Lorry, dont le souvenir, au lieu de gêner les opérations des malfaiteurs, semble plutôt les favoriser.
Le « Messin » raconte qu’une dame Vian, habitant seule dans sa maison, reçut l’autre jour la visite d’un inconnu qui se présentait au nom de l’administration du chemin de fer, en disant qu’il venait réclamer une somme de 80 M. qu’elle aurait reçue de trop sur le pris de vente de son terrain au chemin de fer. Pour donner plus de poids à sa réclamation, il raconta qu’il venait justement de chez un autre habitant, M. Mangenot, qui lui avait rendu également une somme indûment touchée. La brave dame, toute suffoquée en songeant au crime de Lorry, ne crut pas devoir discuter et se contenta de s’excuser en disant qu’elle n’avait que 40 M. sur elle. « Cela ne fait rien », dit le quidam, « ce sera un acompte, je reviendra toucher le solde dans trois mois ». Il prit les 40 M., naturellement sans donner quittance, et disparut. Mme veuve Vian, en racontant son aventure, apprit que M. Mangenot n’avait pas reçu de visite et comprit qu’elle avait été refaite, encore bien contente d’en être quitte à si bon compte. (GdL)

Mardi 24 décembre 1907
Saint-Remy, commune de Woippy (Accident). On nous écrit :
« Dimanche matin, vers 10 heures, un jeune homme nommée Pierre Gravier, âgé de 23 ans, travaillant aux forges de Maizières, maniait un vieux fusil à baguette qu’il avait chargé lui-même de poudre et de plomb. Comme il voulait tirer, l’arme éclata et lui enleva toute la main, il ne restait que le pouce. On a conduit de suite le blessé à l’hôpital Bonsecours. (LL)