WOIPPY, Cité de la Fraise...
... aux horizons industriels nouveaux

(Par M. André DEBS, maire de Woippy, pages 191-197)

Dans un fort loin passé, WOIPPY, petit hameau, est mentionné, pour la première fois dans l'Histoire, dans un bref du Pape Calixte II en date du 9 avril 1123, faisant donation au Chapitre de la Cathédrale de Metz des domaines de Woippy et de Lorry-lès-Metz.
Au cours des siècles, le village de Woippy a connu l'existence et le développement de nos bourgs lorrains : son histoire est essentiellement marquée par les dates de guerres et les grandes calamités naturelles que durent subir nos ancêtres.
Implantée dans la vallée de la sur la Voie Romaine, reliant le Pays messin à Trèves, son sort a pratiquement toujours été lié à celui de sa grande voisine, Metz.
C'est ainsi que Woippy lui a souvent servi de bastion ou de rempart tant lors du siège de Charles Quint en 1552, que plus près de nous, à la bataille de Ladonchamps en 1870 et pendant la Seconde Guerre Mondiale de 1939-1945, à l'issue de laquelle Woippy se retrouvait comme ville sinistrée à plus de 50 %.
Du début du siècle à 1939, petit village à vocation essentiellement agricole, Woippy a connu, au XVIIe siècle, un premier essor avec l'introduction de plantations de tabac.
Puis ce fut, vers 1868, l'apparition des premiers plants de fraises introduits par les frères Vion, fraises qui devaient assurer la renommée mondiale de Woippy.
Depuis 1926, chaque année à la fin juin, est célébrée la traditionnelle fête des Fraises avec l'élection de la Reine et de ses demoiselles d'honneur : un long cortège composé de plus d'une trentaine de fanfare, harmonies, groupes folkloriques et chars somptueux passe dans les rues de la cité woippycienne où se presse une foule d'admirateurs toujours plus dense.
C'est certainement au cours du quart de siècle écoulé -c'est-à-dire depuis 1950- que Woippy a connu le bouleversement le plus important de son histoire, et partant, de son image de marque campagnarde.
La réalisation du projet de reconstruction et d'aménagement dont elle a bénéficié a marqué le coup d'envoi vers un nouvel avenir chargé de promesses il suffit, pour s'en convaincre, de comparer les statistiques suivantes pour constater quelle a été l'extraordinaire poussée démographique enregistrée à Woippy au cours des vingt dernières années.
En effet, la population qui était de 1 859 habitants en 1936 est passée successivement à 2 945 en 1954, 4 075 en 1962, 9 142 en 1968, 13 524 en 1972 pour finalement atteindre 15 000 en 1974.
L'expansion due au modernisme, à l'évolution des conditions de vie et aux besoins nouveaux, a fait éclater son périmètre villageois et a transformé Woippy en une ville prospère de l'agglomération messine.
Comme toute mutation, celle de notre cité ne s'est pas effectuée sans heurts.
Heureusement, suite à une activité intense des élus locaux, l'accroissement démographique a été accompagné par un développement des possibilités d'emplois, grâce à l'implantation d'industries de transformation et de commerces divers.
Ce fut tout d'abord, en 1962, la construction de la gare de triage S.N.C.F. de Woippy ; cette importante réalisation, qui s'étend sur 100 ha, a permis la création de nombreux emplois et l'implantation d'une cité -le quartier du Roi- qui accueille 2 000 personnes.
En 1964, la Ville de Metz a procédé, sur un terrain lui appartenant, au quartier dit de Saint-Eloy, à l'aménagement et à la création d'un lotissement P.S.R.. (Programme Spécial de Relogement) de 250 logements destinés à accueillir les habitants des îlots messins insalubres en cours de rénovation urbaine, tel le quartier du Pontiffroy.
Par la suite, le quartier Saint-Eloy fut complété par la création d' H.L.M. et c'est ainsi que le nombre total d'habitants de ce nouveau quartier est passé à 4 000.
Si l'on ne peut qualifier d'heureuse, l'opération Saint-Eloy la Municipalité woippycienne cherche cependant à limiter l'emprise et c'est la raison pour laquelle elle a demandé l'élaboration d'un P.O.S. (Plan d'Occupation des Sol).
Plus au sud, dans le quartier Bonne-Fontaine, la Société LOGI-EST a réalisé, dès 1970, un lotissement de 578 logements et a entrepris récemment la réalisation d'une seconde tranche de travaux, ainsi que la construction d'un Foyer-Résidence du Troisième Age. De son côté, le Crédit Immobilier de la Moselle a déjà érigé six blocs de 24 logements chacun et cinq autres sont en cours de finition. Dès l'année 1980, le quartier de Bonne-Fontaine comptera une population d'environ 10 000 habitants.
Il va sans dire que l'infrastructure existante devra être complétée par des équipements scolaires, sociaux ou de loisirs.
Dans le domaine scolaire, un C.E.S. 900 a ouvert ses portes à la rentrée de 1973-1974 ; la construction d'un deuxième établissement de ce genre doit démarrer en cette année 1974. En ce qui concerne les équipements primaires, la Municipalité peut faire face à l'augmentation dans les cinq années à venir.
Sur le plan sportif et culturel, la Municipalité de Woippy possède le complexe Saint-Exupéry comprenant deux plateaux d'évolution ainsi qu'une grande salle des fêtes pouvant accueillir 1 100 personnes.
Par ailleurs, des centre socio-culturels sont implantés dans le centre-ville, au quartier de Saint-Eloy et à Bonne-Fontaine.
Quant aux domaine des loisirs, le P.O.S. (Plan d'Occupation des Sols) prévoit la réservation de nombreux espaces verts, la construction d'une piscine à toit ouvrant, permettant d'avoir un bassin (25 m x 15 m) à ciel ouvert en été, d'une patinoire semi-privée, ainsi que la réalisation d'un gymnase type C.O.S.E.C. (Complexe Sportif Evolutif Couvert) de grande dimension, avec deux grandes salles et tribunes destinées au public.
Sa prospérité actuelle, Woippy la doit surtout aux nombreuses industries de transformation qui se sont implantées à proximité de la voie ferrée, en bordure de la route de Thionville. Le plus importantes de ces industries - les Sociétés DAVUM-PRAFER, DUMAS, SCHOLTES, KEIL, S.A., ROLANFER, S.C.R.E.G., etc- emploient plus de 10 000 personnes. Plus modeste, la zone industrielle TILLY, créée en 1967 au nord de Woippy, sur la route de Thionville, affiche complet à l'heure actuelle ; cette zone accueille principalement des ateliers-garages, des dépôts de vente et des magasins de gros (supermarchés).
A proximité immédiate -mais de l'autre côté de la route Metz-Thionville- la nouvelle zone industrielle du Grand-Pré est en cours d'aménagement ; déjà, le garage AUTAVIA-FORD s'est implanté à l'entrée de ce secteur en ouvrant ses portes en mars 1974.
Signalons encore l'existence de la zone industrielle de WOIPPY-BELLEVUE (Chemin des Romains) qui abrite une succursale de la Compagnie DAVUM-PRAFER, des dépôts de la Société DUMAS, ainsi que les entreprises de Bâtiments et de Travaux Publics LES GRANDS TRAVAUX DE MARSEILLE et SALVIAM-BRUN.
Enfin, il faut noter l'implantation depuis 1962, à WOIPPY-SAINT-REMY, de l'importante Société CLAAS-FRANCE, premier constructeur de ramasseuses-presses agricoles de France. Malgré son extraordinaire développement, Woippy a su préserver l'équilibre entre l'habitat, le travail et les loisirs et c'est ainsi que les habitants y retrouvent les avantages et de la ville et de la campagne, dans un environnement fort agréable.
Malgré toutes ses vicissitudes, Woippy a su garder son caractère accueillant et tous ceux ou celles qui, pour une raison ou une autre, sont venus y habiter, s'y fixent définitivement ou la quittent à grand regret.
L'avenir de la ville de Woippy se situe sans contexte dans le cadre du S.D.A.U. (Schéma Directeur d'Aménagement et d'Urbanisme) du Nord-Métropole-Lorraine.
Dans les années à venir, d'importantes réalisations donneront à Woippy un attrait supplémentaire.
Le programme d'aménagement et d'élargissement du réseau routier -principalement la voie express R.N. 412- sera complété, de nouvelles zones commerciales et industrielles seront créées, un hôtel comportant une centaine de chambres sera construit en bordure de l'échangeur autoroutier de La Maxe.
Enfin, dans le domaine de la construction immobilière, plus de 1 000 nouveaux logements seront réalisés dans les trois prochaines années.
Si l'objectif actuel de la Municipalité de Woippy est bien « HORIZON 1980 – VILLE NOUVELLE DE SAINT-ELOY – 25 000-30 000 HABITANTS », il ne faut pas oublier pour autant que les élus locaux veilleront à ce que ce programme soit réalisé à l'échelle humaine, c'est-à-dire à l'abri du gigantisme bétonnier, afin que dans dix, quinze ou vingt ans, comme hier et aujourd'hui, les Woippyciens et les Woippyciennes soient, à juste titre, fiers de leur cité où il fera bon vivre.