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Dernière mise à jour : 9 janvier 2013
René PAQUET (1845 - 1927 ) - 7 / 7 - |
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Quelques vues du Rucher, ( d'hier à aujourd'hui )
et la rue René-Paquet
Et à la suite :
(Journal Le Républicain Lorrain), Dimanche 13 septembre 1998 : Une inscription « bicentenaire » dans la rue René-Paquet
Le Pays Lorrain, N° 1 - Janvier-Mars 1994 (p. 62-64) : Un chantre du Pays Messin : René Paquet d’Hauteroche (1845-1927), par Pierre Brasme
et actuellement, mai 2006... | |
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L'entrée rue Catherine-Welfringer |
Vue depuis la rue du Rucher |
La Rue René-Paquet
Dimanche 13 septembre 1998 (Journal Le Républicain Lorrain) Une inscription « bicentenaire » dans la rue René-Paquet Après la rue de Nachy, nous poursuivons avec Pierre Brasme, notre découverte des rues et quartiers de Woippy. Aujourd’hui, une rue -ou plutôt une ruelle- elle aussi évocatrice du passé woippycien : la rue René-Paquet. Le 24 juin 1927, le conseil municipal de Woippy décidait de donner à la voie reliant la rue de Metz à la rue de l' Eglise et aboutissant sur celle-ci à la Haute Maison, le nom de René-Paquet. Plus connu sous l'anagramme de Nérée Quépat (c'est ainsi qu'il signa ses nombreux ouvrages), René Paquet est une figure illustre de l'histoire woippycienne, dont il fut dans les années 1870 le premier historien. Né à Charleville en 1845, il est le fils d'un capitaine de frégate qui, deux ans plus tard, vient s'installer à Metz et achète à Woippy la propriété du Rucher ; celle-ci est lors du siège de Metz en 1870 le quartier-général du général Gibon, qui y meurt le 19 octobre des suites des blessures reçues lors de la bataille de Ladonchamps. Avocat, René Paquet s'intéresse à l'ornithologie et étudie les oiseaux du Pays messin ; mais il est surtout un historien il publie en 1878 son Histoire du village de Woippy, dont le précieux volume fait la fierté des bibliophiles, et surtout, en 1926, sa monumentale Bibliographie analytique de l'histoire de Metz pendant la Révolution, encore consultée aujourd'hui par de nombreux chercheurs. A la fin de cette année-là, René Paquet se rend à Paris pour y passer l'hiver, mais il meurt le 30 avril 1927 des suites d'une chute. Deux mois plus tard, la commune de Woippy décide de lui rendre hommage par le nom d'une rue ; en 1991, la Société d’Histoire de Woippy crée le Prix René-Paquet, décerné chaque année en novembre à un jeune chercheur de l'Université de Metz. Ruelle étroite, peu fréquentée, cette rue vaut néanmoins le détour, et elle fait obligatoirement partie du circuit des visites de Woippy organisées par la Société d'histoire de Woippy. On peut en effet y voir, à mi-hauteur du mur d'une maison, une inscription de première pierre provenant sans doute d'un autre bâtiment et rapportée là on ne sait quand (photo ci-contre). Or, cette inscription a cet automne -ou peut-être l'an prochain- 200 ans, puisqu'elle date de l'an VII de la République (qui allait de septembre 1798 à septembre 1799) ; la France vivait alors les dernières années du Directoire, et le temps approchait où le général Bonaparte, après le coup d'État du 18 Brumaire, allait devenir maître du pays : « Cette première pierre a été posée par moi, Caroline Bouland, âgée de quatre ans et demi, et par Charles Marcus, âgé de deux ans et demi. L'an 7 républicaine » (l'année 1798 a sans doute été gravée par la suite). Les deux enfants appartiennent à une famille qui donnera à Woippy un autre nom illustre : Rose Marcus, donatrice de l'église actuelle, consacrée en 1850. |
Ecriture de René Paquet (Carte postale)
Le Pays Lorrain, N° 1 - Janvier-Mars 1994 (Pages 62-64)
Par Pierre Brasme « Les habitants de Woippy n'ont que peu de propriétés, la plupart de celles qui sont situées dans cette commune appartiennent à de riches propriétaires ainsi s'exprimait, dans une lettre adressée le 29 mai 1837 au préfet de la Moselle, l'inspecteur des écoles primaires Weyland en évoquant la pauvreté de la population du village (1). Quelques années plus tard, le conseil municipal de Woippy se félicitait de la présence dans la commune d'« un assez grand nombre d'habitants riches ou aisés connus par leurs sentiments de charité » (2). Double traduction des contrastes socio-économiques qui, à l'instar de nombreuses communes proches de Metz, caractérisent le Woippy du XIXe siècle : une majorité de villageois vivant aux marges de la pauvreté et de l'indigence, cultivant terres et vignes de quelques riches propriétaires issus de la bourgeoisie messine. Parmi ces rentiers de la terre, quelques familles enracinées à Woippy depuis la Révolution : les Sechehaye, qui vers 1810 y possèdent, acquis en biens nationaux, une douzaine d'hectares de terres et de bois, le vieux château du Chapitre de la cathédrale de Metz, la maison en Biche (3) et quelques maisons ; une famille qui donnera à Woippy plusieurs de ses maires et des magistrats de talent, comme Jules-Ferdinand Sechehaye (1841-1908). Les Pêcheur, originaires de Luppy, dont l'un des plus éminents représentants, Jean-Pierre Pêcheur, est député au Conseil des Anciens sous le Directoire et Président de la Cour d'Appel de Metz jusqu'à sa mort en 1808. Les Bouland-Marcus, dont la fortune permettra en 1850, grâce à la pieuse générosité de Rose Marcus, la construction de la nouvelle église de Woippy. Citons encore Michel-Richard Weyer, payeur-général de la Moselle sous l'Empire, le notaire Simon-Joseph Roget, à deux reprises maire de la commune, et surtout René Paquet d'Hauteroche, dont les parents achètent en 1849 (il n'a alors que 4 ans) le Rucher, l'une des plus belles propriétés des environs de Metz : sans le savoir, Woippy accueillait son futur historien et l'un des plus éminents hommes de lettres du Pays messin. René Paquet d'Hauteroche - qui signera ses ouvrages de l'anagramme Nérée Quépat - est né à Charleville le 29 septembre 1845, de Claude-Joseph-Henri Paquet (1799-1872), capitaine de frégate, et de Julie-Anne-Marguerite Boussard d'Hauteroche ; c’est peu après sa naissance que ses parents quittent les Ardennes pour s'installer à Metz (rue de l'Esplanade) : quelque temps plus tard, ils achètent à Woippy la propriété du Rucher, ancien manoir du Chapitre de la cathédrale (4), et construisent à son emplacement une élégante villa, que nous aurons l'occasion de décrire ultérieurement. Le futur historien de Woippy fait ses études au collège Saint-Clément, où il remporte plusieurs prix d'histoire et de géographie, de discours français et de philosophie. Mais c'est le droit qui l'attire, et le jeune René Paquet se décide tout naturellement pour le barreau : il part faire son droit à Paris, et y présente en mai 1869 une thèse de doctorat - Des servitudes établies par le fait de l'homme - qui lui permet de se faire inscrire à la Cour d'Appel. En septembre 1870, durant le blocus de Metz, la propriété familiale devient le quartier-général du 25e régiment de ligne et de son chef, le général Emile-Armand Gibon ; blessé lors du combat de Bellevue, celui-ci y meurt le 19 octobre. René Paquet se trouve alors à Paris ; lors du siège de la capitale, il s'engage dans les mobiles de l'Ecole Polytechnique. Dès sa démobilisation, il publie son premier ouvrage : Simples notes prises pendant le siège de Paris (1871). Mais le juriste se double d'un ornithologue de premier plan, qui se passionne surtout pour les oiseaux du Pays messin. La même année est publié à Paris Le chasseur d'alouettes au miroir et au fusil ; deux ans plus tard, il donne une Monographie du chardonneret, puis L'Ornithologie au salon de peinture de 1876. Plus tard ce sera L'Ornithologie du Val de Metz. Catalogue des oiseaux sédentaires et de passage qui vivent à l'état sauvage sur le territoire de Woippy et autres localités voisines, avec notes critiques et dates de la migration et du retour de chaque espèce (1899). C'est pourtant l'histoire qui achève de donner à René Paquet une notoriété nullement usurpée. D'abord passionné par l'histoire et les traditions de Metz et du Pays messin, il publie en 1878 les Chants populaires messins recueillis dans le Val de Metz en 1877. Son premier véritable terrain d'investigation est son village d'adoption : la même année est en effet publiée sa célèbre Histoire du village de Woippy, rehaussée de deux gravures d'Adolphe-Nicolas Bellevoye (le vieux château et la Haute Maison) : un précieux volume que sont fiers de posséder les bibliophiles, woippyciens en particulier, surtout lorsqu'il porte la signature plus que séculaire désormais de son auteur. Dans la préface de son ouvrage, René Paquet rend hommage au Woippy qui a su l'inspirer : « Jusqu'à ce jour, Woippy n'a pas trouvé d'historien ; c'est, je tiens à le dire, l'attachement profond que j'ai pour cette localité où se sont écoulées les plus heureuses années de ma vie, qui m'a donné le courage d'entreprendre, le premier, de reconstituer son passé ». Le 30 mars 1878, « Le Lorrain » annonce et salue l'événement : « Ce que d'autres font pour une province... M. Nérée Quépat l'a fait pour un village, entrant ainsi plus avant dans la mine fouillée, y découvrant de nouveaux filons. Il est jeune, bien doué, travailleur : son style est ferme, simple, allant droit au but ; il aura certainement, il commence déjà à avoir la langue calme, précise et claire de l'historien. Son Histoire de Woippy est un coup d'essai qui lui fait honneur et qui promet à notre cher pays un chercheur et un érudit de plus. Le volume orné de jolies gravures dues au burin élégant de notre concitoyen Bellevoye, enrichi de notes savantes et de pièces justificatives, tiré sur beau papier, édité avec un grand soin typographique, occupera une belle place dans nos bibliothèques... et c'est un frère aîné dont notre monde lettré attend les cadets ». L'attente ne sera pas longue ! Deux ans plus tard en effet, en 1880, René Paquet écrit ses Recherches sur la Grande Thury près Metz (5). En 1887, après des recherches opiniâtres et assidues, il récidive en publiant un Dictionnaire biographique de l'ancien département de la Moselle, contenant toutes les personnes notables de la région, ouvrage que son auteur lui-même considère modestement comme un supplément à la Biographie de la Moselle de Bégin. Ses diverses publications donnent à René Paquet une notoriété qui lui vaut d'être accueilli au sein de diverses sociétés savantes : membre titulaire de la Société d'Histoire Naturelle de la Moselle depuis 1877, il est nommé membre associé libre de l'Académie de Metz en 1885, avant d'en devenir, en 1899, membre honoraire. Mais, plus que Messin, il se considère comme Woippycien, et c'est un personnage généreux, affable et simple, qui côtoie les villageois. Elie Fleur écrira de son ami et collègue : « Très libéral envers l'église de son village, il ne voulut néanmoins jamais y occuper qu'une place très humble, craignant de paraître poser pour un modèle ; il pratiquait simplement, franchement. Au sortir de la grand'messe, le dimanche, il rassemblait parfois autour de lui les enfants et leur distribuait des dragées. Il savait qu'on le traitait d'original ; loin de s'en offusquer, il soignait au contraire sa renommée en ce sens et, avec un bon rire, disait de lui-même qu'on l'appelait en patois « lo fou d'Woèppy » ; mais c'était par sa bonté qu'il voulait justifier ce vocable irrespectueux » (6). Quelques pages plus loin, Elie Fleur rappelle que cet homme modeste n'en était pas moins le propriétaire d'une des plus belles villas du Pays messin, qu'il décrit en termes bucoliques : « Du côté de la vallée, un mur bas (la) sépare de la route ; un épais rideau de verdure, parsemé de grands arbres, dérobe au passant la vue de l'intérieur ; par ci par là, quelque tronc gigantesque a, de la masse de son bois, de ses racines, disloqué ou soulevé un mur. Du côté du village, des constructions, des communs donnant passage à plusieurs portes. Du coté des vergers et de la colline, de très hauts murs que dominent des frondaisons magnifiques » (7). Un contrat d'assurance souscrit par René Paquet en novembre 1915, ainsi qu'un inventaire de la propriété établi par les autorités allemandes en janvier 1916 - le Rucher est alors mis sous séquestre - nous en offrent une description assez précise (8). Le Rucher se compose d'un bâtiment principal à deux ailes, sur deux niveaux : au rez-de-chaussée une cuisine, une salle à manger, un salon, ainsi qu'une cave et une remise ; à l'étage, un petit salon et 9 chambres. Jouxtant la maison d'habitation, divers bâtiments : une serre, un kiosque, un poulailler, un hangar ainsi qu'une construction abritant chambre à four, cuverie, cellier et distillerie à pressoir. L'inventaire du mobilier et des objets de décoration (dont une centaine de tableaux et de reproductions) nous fait pénétrer dans une maison de maître qui était l'une des plus riches du Pays messin... et l'on ne peut que regretter le bâtiment actuel, pleurant de son propre délabrement, et être chagriné en voyant aujourd'hui ce qui reste de la propriété de René Paquet. À l'approche de la guerre, celui-ci quitte Woippy pour s'installer à Paris. Il met à profit son séjour parisien pour dépouiller, aux Archives Nationales, les fonds relatifs à l'histoire de la Révolution à Metz et en Moselle, sujet sur lequel il travaille depuis de longues années déjà. Travail de longue haleine, qui aboutit en 1926 à la publication, en deux gros volumes, de son œuvre maîtresse : Bibliographie analytique de l'Histoire de Metz pendant la Révolution (1789-1800), véritable somme, indispensable à tout historien de la Moselle révolutionnaire, et qui compense plus que partiellement les archives détruites durant la dernière guerre. Dans une bibliographie qu'il lui consacrera l'année suivante dans Les Cahiers Lorrains, Roger Clément (conservateur de la Bibliothèque et des Musées de Metz) décrit l'ouvrage en ces termes : « Par un labeur méthodique, poursuivi sans faiblesse pendant près d'un quart de siècle, M. Paquet d'Hauteroche a rassemblé la plus grande partie des sources de l'histoire de Metz pendant la Révolution, et il s'est mérité par là, non seulement la gratitude des savants et des chercheurs, mais aussi celle de sa chère ville de Metz et de la France. Par son importance, sa méthode rigoureusement scientifique et la richesse de sa documentation, l'œuvre historique de M. René Paquet d'Hauteroche ne peut être comparée qu'à celle des Bénédictins, auteurs de l'Histoire de Metz, et à celle d'Auguste Prost » (9). C'est en tout cas la dernière publication de René Paquet. À la fin de 1926, il se rend à Paris pour y passer l'hiver, selon son habitude. Le 9 mars 1927, il est victime d'une chute apparemment sans gravité, mais son état de santé s'altère ; il meurt le 30 avril et est enterré au cimetière de Montparnasse. Dans Le Pays Lorrain de juillet, André Gain rend à l'érudit messin l'hommage qu'il se devait de recevoir : « Grand travailleur et bon Français, René Paquet rappelle les infatigables et les modestes artisans de la famille bénédictine ; il a bien mérité de 1a petite et de la grande patrie. Ce n'était point seulement une silhouette originale, mais un bon mainteneur de l'idée française et un beau type d'érudit provincial. Aussi ceux qui l'ont connu ne pourront évoquer sans émotion son inlassable labeur, sa probité scientifique et son exquise courtoisie ». Quelques mois plus tard, en hommage à son historien et illustre concitoyen, la commune de Woippy décide de donner son nom à l'une des nouvelles rues du village, perpétuant ainsi le souvenir de celui qui avait consacré à sa petite patrie l'une de ses œuvres les plus célèbres. En 1991 enfin, souhaitant encourager la recherche historique régionale, 1a Société d'Histoire de Woippy crée le Prix René-Paquet, récompensant un mémoire de maîtrise d'Histoire de l'Université de Metz : à l'égard de Nérée Quépat, chantre de Woippy et du Pays messin, ces deux initiatives n'étaient que justice ! NOTES 1. A.D. Moselle, Série 0 - Woippy (1800-1870). 2. Ibid., X 186 (délibération du 14 janvier 1855). 3. Le Chapitre cathédral est seigneur de Woippy jusqu'à la Révolution. Le château, construit aux XIIIe-XIVe siècles, appartiendra à la famille Sechehaye jusqu'en 1978. La maison en Biche (du nom du lieu-dit, évoquant sans doute la bise) est devenue le presbytère de Woippy en 1893. 4. Le Rucher a appartenu successivement, à partir de 1791, à la sœur de Mgr Francin, évêque constitutionnel de Metz, puis aux familles Melin, Bouchotte (le colonel d'artillerie Jean-Baptiste Bouchotte fut député de Metz er 1830), Bertrand et Belon. 5. La ferme de Thury était située l'emplacement de la centrale EDF de La Maxe. 6. FLEUR (Elie), René Paquet d'Hauteroche, Société d'impressions typographiques, Nancy, 1929, page 7. 7. Ibid., page 14. 8. A.D. Moselle, 14 AL 270. 9. Les Cahiers Lorrains, 1927, pages 110-111. |
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