| Retour chapitre page précédente |

ANNUAIRE de la SOCIÉTÉ d'HISTOIRE et d'ARCHÉOLOGIE de la LORRAINE
Tome XXXIV - 1930
(Archives départementales de la Moselle)




La si vivante figure du chroniqueur messin Philippe de Vigneulles doit attirer particulièrement notre attention si nous nous intéressons à la vie privée des Messins à l'époque troublée de la fin du XVe siècle. En effet, Philippe de Vigneulles a bien incarné le type du bourgeois messin, marchand, d'esprit aventureux et curieux à la fois, dont la vie était pleine de périls et qui se voyait souvent obligé de tirer l'épée sur les grands chemins pour défendre sa vie et son convoi.
Les Mémoires (1) que Philippe de Vigneulles a eu l'heureuse idée de composer nous permettent d'apprécier ce genre d'existence. Les faits dramatiques y abondent, car Philippe de Vigneulles, à peine âgé de quinze ans, passant à travers la Suisse et l'Italie, gagnait Naples où il exerça divers métiers plus ou moins relevés ; saisi par le mal du pays, il rentre en France et, après bien des péripéties, il revient en 1490 (2), soit quatre ans après son départ, à Vigneulles (3) son village natal, où il retrouve ses parents, son père Jean Gérard, qui était alors maire du lieu, et la simple paysanne qu'était sa mère Magui Poinsay. Tout était joie, tout était liesse, la famille de Phi-lippe de Vigneulles, six semaines après le retour de celui-ci, célébrait le mariage d'un de leurs métayers (4). Notre homme laisse à entendre que l'on fit « grand chair » et que l'on dansa longtemps. Nul ne pouvait se douter du tragique complot qu'une poignée de brigands ourdissait non loin de là contre le malheureux maire de Vigneulles, sa femme et son fils. Ceux-ci, en effet, après la fête, avides de prendre un repos mérité, regagnent leur demeure et se mettent au lit ; ils devaient être cruellement réveillés dans leur premier somme. Songeons, en effet, à la surprise et à l'effroi de ces trois pauvres gens, qui, brusquement tirés d'un lourd sommeil, aperçoivent à la lueur d'une chandelle quatre hommes qui se dressent, l'épée nue, au pied
 
 
 
________
(1) Gedenkbuch des Metzer Bürgers Philippe von Vigneulles aux den Jahren 1471 bis 1522 (nuch des Handschrift des Varfassers) heraugegeben bei Henri Michelant. Bibliotheck des litterarischen Vereins, Stuttgart, 1852.
(2) Mémoires, p. 34.
(3) Vigneulles, Moselle, arr. et cant. de Metz, comm. de Lorry-lès-Metz.
(4) Mémoires, p. 44.
 
2

de leur lit. Philippe de Vigneulles nous a décrit avec vivacité, dans une langue énergique, l'aventure et ses suites romanesques (5). Son père et lui, après une courte tentative de résistance, sont entraînés complètement nus hors de la maison, et par un froid extrême emportés dans une course rapide pour être jetés à demi-morts de froid dans un cachot du château de Chauvency (6). L'on sait par les Mémoires les tortures physiques et morales que subirent le maire et son fils, leur piteuse tentative d'évasion, l'outrecuidance et l'impudence des coquins qui les entouraient et employaient divers moyens de chantage pour obtenir d'eux une forte rançon, et qui, après deux mois et demi, consentirent à relâcher Jean Gérard pour qu'il rapportât la somme de 1.000 florins d'or du paiement de laquelle dépendait la vie de son fils, resté prisonnier.
Rentré à Vigneulles, le pauvre maire raconte son aventure à ses frères qui vont immédiatement la rapporter aux « seigneurs » de Metz. Ceux-ci délèguent deux d'entre eux pour recueillir de la bouche de Jean Gérard le récit de son infortune. L'on reconstitue aisément la scène de la déposition qui eut lieu à Metz dans la maison que possédait Jean Gérard rue de la Haïe. Philippe de Vigneulles a noté cet incident dans ses Mémoires. Son père « gissoit au feu pour sa jambe qui avoit esté traveillie et ne povoit encor aller » (7). Les deux seigneurs, Michel et François le Gournaix (8), le pressent de raconter son histoire, ce à quoi Jean Gérard obtempère. A la fin du récit, les seigneurs lui conseillent de ne pas payer la rançon, disant qu'ils se feraient forts de lui rendre son fils, attitude qui a pour résultat de rendre perplexe le malheureux père, « qui avoit le cuer comme entre II pieres et ne savoit ne que dire, ne que faire ».
Nous avons eu la bonne fortune de retrouver la déposition du maire de Vigneulles que les deux seigneurs enquêteurs avaient pris soin de faire enregistrer (9). Ce témoignage est précieux ; car, rapporté immédiatement après les événements, il nous permet de contrôler les dires de Philippe de Vigneulles. Si l'on excepte d'infimes points de détails, sur lesquels la version fournie par le père et celle donnée par le fils diffèrent, les deux récits concordent entièrement.
Sans doute, la déposition de Jean Gérard est plus sèche que le récit vigoureux de Philippe de Vigneulles ; néanmoins, elle est précise. Le vieil homme qu'était Jean Gérard, malgré les émotions qu'il avait eu à supporter, avait observé les lieux inconnus où ses ravisseurs l'avaient entraîné. Il se rappelle même que lorsqu'il gravissait l'escalier de la tour haute de Chauvency, il y avait « un des degrés de la montée de ladict tour rompus » (10).
__________
(5) Ibid., p. 45-110.
(6) Chauvancy-le-Château, Meuse, arr. et cant. de Montmédy.
(7) Mémoires, p. 69.
(8) Membres de la puissante famille messine des Le Gournaix. Michel Le Gournaix fut maître-échevin en 1504 et 1510, et mourut le 14 octobre 1526. François Le Gournaix, grand-oncle du précédent, naquit en 1540 et mourut en 1524. (Cf. Gérard d’HANNONCELLES, Metz ancien, 1856, t. II, p. 94 et 95).
(9) Bibliothèque nationale, nouv. acq. franç., ms. 22660 [anc. Coll. Emmery], n° 53.
(10) Cf. suprà, p. 9.

3

Mieux qu'une analyse, la publication du texte même de la déposition fera juger de la précision avec laquelle les faits ont été rapportés. Mais cette tragique aventure, on le sait, ne se termina pas au point où la laisse le procès-verbal, Philippe de Vigneulles demeura longtemps encore prisonnier, malgré les multiples démarches de son père, et ne sortit de son cachot que le 21 décembre 1491, soit treize mois et trois semaines après sa capture.
II a décrit dans ses Mémoires, avec bonhomie et humour, son retour dans la demeure paternelle et la joie générale. Il fut « très bien traité » pendant les fêtes, mais, en vrai Messin, il regretta les beaux et nombreux deniers qu'il avait été obligé de débourser pour si piteuse affaire. « Il print soulas et joie de ce qu'il poult nonostant que le cuer luy fit bien mal que ainsy mechantement avoit perdu son temps et de ses biens une partie... » (11).

Marthe MAROT.
- - - - - - -
1491 (n. st.) 22 janvier. - Metz
DÉPOSITION DE JEAN GÉRARD, PÈRE DE PHILIPPES DE VIGNEULLES,
AU SUJET DE SON ENLÈVEMENT ET DE CELUI DE SON FILS.

Original en parchemin, Bibliothèque Nationale, nouv. acq. franç.,
ms 22.660 [collection Emmery], n° 153.

Au nom de Dieu, amen. Par la teneur de cest present publique instrument appaire a tous évidamment que l'an de l'incarnation nostre signeur Jhesu Crist mil quatres cent quatres vingtz et deix l'indiction huictiesme, le vingt deuzieme jour du mois de janvier, environ les deux heures devant midi d'icellui meysme jour, l'an septieme du pontificat de nostre tres sainct pere en Jhesu Crist et signeur, signeur Innocent par la divine providence pape huictieme, en la presence de moy notaire publique et des tesmoings cy desoubz escrips ad ce et pour ce especialement appellés et requis, personnellement estaublies nobles et honnorables parsonnes messire Michiel le Gournais chevalier, et seigneur François le Gournais (12) escuier d'une part et Jehan Geraird maire de Vigneulle (13) ou diocese de Metz d'autre part. Iceulx messire Michiel et signeur François dirent illec et exposerent que les signeurs du conseil et septz de la guerre de la cité de Mets les avoient commis et deputés conjoinctement ensambles pour interroguer, examiner et scavoir dudit Jehan Géraird la maniere, la faiçon et comment ledit Jehan Geraird et Phellippe son fil avoient estez pris nuttemment meutz, envoiez, et detenu prisonnier et par cui et de cui, et en quel lieu ilz ont estez detenus ; veullant dont comme ilz disoient executer
__________
(11) Mémoires, p. 113.
(12) Cf. plus haut, p. 3, n. 3.
(13) Vigueulles, Moselle, arr. et cant. de Metz, comm. de Lorry-lès-Metz.
 
4

leur dite comission, priarent pour ce, requirent et neantmoins en tant qui leur estoit possible commenderent expressement audit Jehan Geraird illec presant et entendant, qu'il vouleist dire, deposer, tesmongnier et attester la pure et parfaicte verité touchant ce que s'ensuyt ; lequel Jehan Geraird veullant comme il affirmoit obtemperer aux prieres, requestes et commendemens dessusdis, a dit, deposé, attesté et tesmongnié par le serment qu'il ait à Dieu son createur, et sur la dampnation de son ame qu'il est environ onzez sepmainnes, que lui estant en sa maison à Vigneulle et son fil Phellippe avec lui lequel estoit pour le propre retourné de Sainct-Nicolais (14), et estant couchiez en leur leictz et en leur premier sompme, vinrent quatres compaignons tenans une chandelle ardent et leur espeez nuez en leur mains et entrarent en la chaimbre et devant le leictz, ou lesdictz Jehan Geraird, sa femme et sondit fil estoient couchiés et frapperent ledit Jehan Geraird par deux fois du pletz d'une espée, et le prinrent avec sondit fil tous nudz, et les menerent malgrés eulx hors de sa maison, et la trouverent deux compaignons avec un paige à chevalz (15). Lesquelz firent descendre le paige, et monter a cheval ledit Jehan Geraird et sondit fil (16) et chevalcherent toute la nuytté tant qu'ilz vinrent pres d'Aixeraille (17) et estoit sur le point du jour et adonc lesdits compaignons de chevalz se despartirent et laisserent aux quatres pietons lesdis prisonniers, et alors ledit Jehan Geraird cogneut entre lesdis quatres pietons ung nommez Rullequin fil gros Jehan de Naweroy (18) et ung nommez Picconet de ladicte Naweroy devant Mets et les guidoit ung nommé le fil le Malperrin d'Aixeraille (19) et leur demanda pour quoy ilz avoient prins et lui faisoient cest oultraige veu que sa maison et ses biens avoient estez tousjours habandonnés a eulx et a ceulx de Naweroy dessusdicte lesquelz respondirent qu'ilz estoit vray et estoient fort malcontens de ce qu'ilz avoient fait, mais à present n'y pouvoient remedier car y les avoient vendus au Lorrain et à Gregoire cents florins de Rin. Adoncque lesdis prisonniers offrirent de paier lesdis cent florins de Rin et qui les vouleissent habandonner et les pietons respondirent que se y le faisoient ilz ne s'oseraient retrouver en paiis ces lesdis Lorrain et Gregoire les feroient pendre et estrangler (20) et enmenont lesdis prisonniers à Billey (21), en l'ostellerie a loyé et trouverent illec lesdis Lorrain et Gregoire couchiez, lesquelz se leverent hactivement et firent le tout souppéz. Ce temp pendent vint le maire de la dicte Billey hurter à l’uis de ladicte hostellerie, demandant quelles gens estoient illec logiez, et
 
__________
(14) Saint-Nicolas-de-Port, Meurthe-et-Moselle, arr. de Nancy.
(15) La déposition est moins détaillée ici que les Mémoires (p. 46-47).
(16) Philippe de Vigueulles rapporte dans ses Mémoires (p. 47) qu’il allait à pied.
(17) Ozerailles, Moselle, arr. de Briey, cant. De Conflans.
(18) Norroy-le-Veneur, Moselle, cant. De Metz.
(19) Cf. n. 17.
(20) Ce passage « A doncque les dis prisonniers… estrangler » manque dans les Mémoires (p. 48).
(21) Billy-sous-Mangiennes, Meuse, arr. de Montmédy, cant. de Spincourt.

5

s'il y avoit aucuns prisonniers, a quoy l’oste respondit qu'il n'y avoit aucuns prisonniers, mais y avoit aucuns compaignons qui buvoient une quarte de vin, et furent lesdis prisonniers mussés (22) et une nappe minze devant les vairmes (23). Après souppés, lesdis prisonniers firent mis à chevalz et enmenés hactivement à Chavancey (24) et quant ilz vinrent pres de Chavancey lesdis Lorrain et Gregoire qui les menoient leur bandirent les yeulz et les menarent en la plaice de Chavancey et furent mis en la grosse tour hault, en une volte, et y a ung des degres de la montée de ladicte tour rompus, et au boutz de trois sepmainnes (25) vinrent lesdis Lorrain et Gregoire parler ausdis prisonniers, et les voulloient mettre à trois milz escus d'or de ranson : a quoy les prisonniers dirent qu'ilz estoient prestz à morir car ilz ne scaroient paier le quairt de ladicte some et ainsi qu'ilz feissent d'eulx ce qu'ilz voulloient. Le soir ensuyans lesdis prisonniers ouyant la somme que lesdis Lorrain et Gregoire voulloient avoir d'eulx, rompirent anz deus par bandes leur linsieulz qu'ilz avoient, et se avellet le fil premier par une fenestre de la tour, et le pere se veullant aveller apres son fil, cheeutte du hault en bas, et se rompit une jambe et cuidvient eschapper, mais quant s'apparceurent que le pere avoit la jambe rompue, s'envinrent pres de la chambre de la capitainne, et l'appellerent disans qu'ilz avoient voulluz eschapper, et que en descendant de la grosse tour le pere avoit la jambe rompuee (26). Adonc le capitainne se leva, et les feist remettre en ladicte grosse tour, et en ladicte volte et envoya querir ung bairbier pour remettre a point ladicte jambe rompue, et merchanda ledit prisonnier au bairbiez nommé Jehan Belvil demeurant à Ouincy (27) de luî reguerir sadicte jambe pour sezes gros et sceurent lesdicts prisonniers par ledict bairbiez et par ung paige qui estoit de dever Nouviant sur Muzelle (28) que ladicte plaice ou ils estoient se nommoit Chavancey (29) et que lesdis Lorrain et Gregoire les tenoient illec. Une autre foy retournerent lesdis Lorrain et Gregoire et voulloient ransonner lesdicts prisonniers à deux milz florins de Rin, disans que de ce estoient contens par le moien de la Capittainne dudict lieu qui sur ce les avoit fort priés. A quoy lesdis prisonniers respondirent qu'ilz n'en scaveroient paier le quart, et firent lesdis Lorrain et Grégoire escrire lettres par lesdis prisonniers à leur parans et amis, et au deboutz d'autres huictz jours lesdis Lorrain et Gregoire rapporterent lettres disans qu'ilz paieroient mil florins de Mets ; a quoy lesdis prisonniers dirent qu'ilz ne le porroient faire (30). Alors le fil prisonnier
__________
(22) Cachés.
(23) Vitres.
(24) Chauveney-le-Château, Meuse, arr. et cant. De Motmédy.
(25) Les Mémoires (p. 54) portent 4 ou 5 jours.
(26) Le récit de la tentative d’évasion est ici beaucoup pus bref que dans les mémoires (p. 54 à 58).
(27) Auncy, Meuse, cant. de Montmédy.
(28) Nouviant-sur-Moselle, arr. de Metz, cant. de Gorze.
(29) Philippe de Vigneulles rapporte que son père sut le nom de la forteresse lors de leur arrivée, en montant en la « voulte » (cf. Mémoires, p. 52).
(30) Dans les Mémoires (p. 61-64) le récit de ce marchandage est plus détaillé, mais assez confus. La déposition aide à interpréter le texte des Mémoires.
 
6

fut mis par huictz jours en la basse tour, et le pere demeura hault. Le jour de la Nostre Dame ensuyant, le pere estant malaide, lesdits Lorrain et Gregoire firent ramener le lilz de costé son pere, et les ransonnerent a mil florins de Rin, et a ce se consentirent lesdis prisonniers par ainsi que s'ilz ne pouvoient fournir de florin de Rin lesdis Lorrain et Gregoire debvoient prendre deux escus d'or pour trois florins de Rin ou deux hernes pour un florin de Rin ou autre or ou monnoie pour telz pris que merchans les prenoient, et leur firent escrire lettre a leur amis qu'ilz apportassent ladicte somme de mil florins de Rin ou la vaullue dedans la vigille de Noel alors prouchien au lieu de Verdun a ung nomé le capitainne de Vienne (31). Et ung homme d'armes nommé Pier, servoit et donnoit a boire et a mainger ausdis prisonniers, aprez les Roys leur dit que Monseigneur la Capitainne leur avoit esté et estoit bon, car il y avoit onzes compaignons venus pour les emmener ailleurs, que se on les chargeoit pour mener ailleur ilz seroient perdus, et se offrit ladit Pier de demeurer pour l'un d'eulx disant qu'il avoit illec ung bon chevalz vaullant trois cens florins. Et de fait diemenche dairien passé fuit fait l'accort que l'un desdis prisonniers sortiroit de prison pour faire leur dicte ranson et fuit fait et passer obligiez, par lequel le pere ait promis de paier ladicte somme de mil florins et de la porter ou faire porter a Nostre Damme de Mance et lui donnerent le chemin par escript, c'est ascavoir a Etains (32), a Dun (33), a Besancey (34) et a Nostre Damme de Maine (35), et le premier qui venra illec, doit faire une croix de croie a la porte de l'eglise, et ou cas que le pere ne paieroit ou porteroit on feroit paier et porter ladicte ranson audict lieu, il pardonnoit la mort de son fil qui est illec demeuré prisonnier, et en faisant ledict traicté, ilz entrarent eulx cincqs en ladicte volte, et ne s'en retournerent que quatres, car l'un d'eulx demeura caichiez desoulz le sappe ou lesdis prisonniers diroient ; et ung peuc apres rentrarent en ladicte volte eulx quatres et en sortirent eulx cincqes (36). Ledit diemenche soir ledit Pier se arma avec deux compaignons, et monterent a chevalz et bandirent les yeulz audit Jehan Geraird, et le mirent sur ung chevalz, lequel cheeutte a terre en la nege de son chevalz emmy la court de Chavancey, et ledit Jehan Geraird se loant dudit capitainne, se feist recommander a lui a cui ledit Jehan Geraird avoit assigné vingtz florins de Rin pour les despens desdis prisonniers,
__________
(31) Ce passage « par ainsi que s’ilz ne pouvoient… nommé le capitaine de Vienne » manque dans les Mémoires (p. 64).
(32) Etain, Meuse, arr. de Verdun.
(33) Dun-sur-Meuse, Meuse, arr. de Montmédy.
(34) Buzancy, Ardennes, arr. de Vouziers.
(35) Notre-Dame de Mainé peut s’identifier avec Méry, dont la paroisse était dédiée à Notre-Dame, localité sise dans la commune de Chuffilly-et-Roche, cant. d’Attigny, arr. de Vouziers. Topographiquement, cette identification correspondrait aux données de l’itinéraire : il y aurait lieu de supposer que le nom a été déformé par Jean Gérard. Nous donnons cette hypothèse sous toutes réserves. La déposition est ici beaucoup plus précise que les Mémoires (p. 66). Elle omet cependant que le paiement doit s’effectuer dans les dix jours.
(36) Les Mémoires (p. 66) rapportent que ce fut seulement le nommé Pierre le geôlier qui dissimula pour écouter ce que disaient les prisonniers.

7

lesquelz vingtz florins de Rin ceulx de Naweroy dolent audit Jehan Geraird et ladite capitainne lui feist donner ung florin d'Ustrich pour ses despens, par ainsi que ledict Jehan Geraird lui debvoit rendre en paiant la ranson dessusdicte (37). En apres ledict Pier et ses deux compaignons et ledit Jehan Geraird les yeulz bandés (38) tous a chevalz partirent de Chavancey et chevalcherent toute la nuytté par boix, et se trouverent sur une riviere disant ledict Pier qu'ilz avoient laissiez le passaige plus hault, et retournerent et sur le jour se trouverent pres de Chavancey, et faindoit ledict Pier d'estre mal content de ce qu'ilz s'avoient aryvez cy pres de Chavancey, car ilz disoit que c'estoit la plus grant lairniere et ou plus de lairons se trouvoient que place que feust en Lorrenne et les craindoit. Adonc ilz prinrent chemin et passerent pres de Monmaidit (39) et en devaullant la coste ledict Jehan Geraird cheeutte de son cheval en la nege et ledit Fier et sesdis compaignons menerent ledict prisonnier jusque a Chastillon (40) mpres Sorbey (41) et la le laisserent et rammenerent leur chevalz avec le chevalz que ledit Jehan Geraird avoit chevaulché disans qu'ilz estoient merchans et qu'ilz avoient amenez jusque illec (42). Et la ledit prisonnier loa une cherrette pour soy amener en son hostel a Vigneulle ou a Mets mais quant il vint à Gorencourt (43) ses parrans et amis renvoyerent ladicte cherrette et paierent le cherton et l'ont amené jusques a Vigneulle en son hostel et depuis il s'a fait amener a Mets. De et sur toutes lesquelles choses dessusdictes et chacune d'elles lesdis messire Michiel et signeur François pour et ou nom des signeurs du conseil de la cité de Mets priarent et requirent a moy notaire publique soubscript estre a eulx fais et donnés un ou pluseurs instrumens publiques. Ces choses furent faictes à Met a en l'ostel de l'abitation dudict Jehan Geraird situé en la rue de la Haitz (44). Soulz l'an l'indiction ou mois, le jour, l'eure et l'an du pontificat dessusdict. Presens ad ce venerables nobles et honnorables parsonnes messire Collin Didiet prieur de Vivier (45) et curé d'Auboncourt (46) ou diocese de Mets, messire Pier Beifz curé de Parveilley (47) oudit diocese de Mets presbtres, messire Conraird d'Ospringen chevalier, Pier Sainct Pier merchant et hoste du petit veaulz a Thaoullon en Champaigne, Geraird Mairesse clerc et serviteur de
__________
(37) Le passage « a cui ledict Jean Geraird... ranson des susdicte » n'est pas rapporté dans les Mémoires (p. 66).
(38) Les Mémoires (p. 68) ne rapportent pas ce détail.
(39) Montmédy, Meuse, ch.-1, arr. Les Mémoires (p. 68) nomment un village Moineville, aujourd'hui Mogneville, Meuse, arr. de bar-le-Duc, cant. de Revigny. Montmédy est préférable, si l'on en juge par l'itinéraire de suivit Jean Gérard.
(40) Châtillon-l’Abbaye, Meuse, arr. de Motmédy, cant. de Spincourt, comm. de Pilon.
(41) Sorbey, Meuse, arr. de Montmédy, cant. de Spincourt.
(42) La déposition rapporte, d'une façon plus précise que les (p. 68) le retour de Jean Gérard.
(43) Gondrecourt, Moselle, arr. de Briey, cant. de Conflans.
(44) Se trouvait dans le quartier d'Outre-Moselle et aboutissait près de l'église Saint-Marcel.
(45) Viviers, Moselle, arr. de Briey, canton de Longuyon.
(46) Aboncourt, Moselle, arr. de Thionville, cant. de Metzerwisse.
(47) Pouilly, Moselle, arron. de Metz, cant de Verny.
 
8

monsigneur le conte de Salme, Piercoupat merchant de Mets et pluseurs autres tesmoings aux choses dessusdictes especialement appellés et requis.
Moy Nicolais Preraird autrement dit Motin clerc du diocese de Mets publique des auctorités apostolicque et impériale notaire, et des cours de Mets juré resident audict Mets qui a dire, deposer, attester et tesmoignier toutes les choses dessusdictes et chacune d'elles quant ainsi comme cy dessus sont escriptes, se faisoient et disoient avec les tesmoings desusdi, fus présent, et les vy et ouy ainsi faire, dire, attester et tesmoingnier pourtant ay je toutes icelles choses notés et mis en ceste forme d'instrument publique lequel escript de ma propre main j'aiz signez et soubscripz de mes seing et nom publiques et acoustumés, en foid et tesmongnaige de verité des choses dessusdictes sur ce nommé dessus pries et requis.

| Retour chapitre page précédente |