30 novembre 1810 (Archives départementales de la Moselle 29 J 683) Concernant une chapelle Il y avait à Woippy une chapelle sous l'invocation de St Proté, qu'avait fait construire du fruit de ses épargnes, Mr l'abbé Duperrier, chanoine de la cathédrale de Metz. Le terrain sur lequel était construite cette chapelle, étant nécessaire à l'agrandissement d'un bâtiment d'un particulier, il proposa à la commune de lui céder cette chapelle à charge de lui en faire reconstruire une autre et de la même dimension. La commune a cru devoir y consentir et le particulier en reconstruisant une autre chapelle a rempli fidèlement son engagement. Dans le cours de la révolution, cette chapelle a été soumissionnée par un habitant de Woippy mais il ne peut produire ni le titre d'acquisition ni la quittance de l'argent qu'il a déboursé. D'ailleurs, pour lever toute difficulté à cet égard, le particulier cède à la fabrique généreusement tous ses droits. Mr le maire de Woippy prétend que cette chapelle, parce qu'elle a été reconstruite sur un terrain appartenant à la commune, est de droit à sa disposition et plein de cette prétention, il a présente à Mr le préfet une pétition pour être autorisé à convertir cette chapelle dans une salle de réunion pour son conseil et la tenue de ses audiences et Mr le préfet n'a pas cru devoir y souscrire et Mr le maire mécontent que sa pétition a été si mal accueillie a conçu le projet de la faire incessamment démolir. Le desservant et les fabriciens, invoquent au contraire le décret du 30 mai 1806, qui déclare que les églises et presbytères qui, par suite de l'organisation ecclésiastique seront supprimés, font partie des biens restitués aux fabriques et sont réunis à celles des cures ou succursales dans l'arrondissement desquels ils sont situés. Mr le maire ne nous paraît pas fondé à revendiquer ladite chapelle comme bien de commune parce qu'elle est bâtie sur une portion de son terrain, puisque la loi, en prononçant la réunion ne fait aucune différence de terrain et que la plupart des églises supprimées et réunies aux fabriques étaient construites sur des terrains appartenant aux communes. En conséquence le desservant et les fabriciens de l'église de Woippy supplient Messieurs les vicaires généraux et les membres du conseil de monseigneur l'Evêque de vouloir bien (si toutefois ils jugent notre réclamation fondée) d'écrire à Mr le maire de Woippy pour l'inviter de renoncer à son projet de démolition de ladite chapelle et d'en remettre les clefs à qui de droit. Fait à Woippy le 30 novembre 1810. Signatures : Stephani, desservant de Woippy, Nicolas Pierret, Paulin, Nicolas Boucheré. Registre des délibérations du Conseil de Fabrique de l'Eglise de Woippy (1825 - 1925), pages 20 et 21. Origine de la chapelle de cette paroisse. Des informations prises et recueillies près de personnes dignes de foi, qui ont été témoins des événements, il résulte ce qui suit de l’origine de la chapelle : Monsieur Sellier, bourgeois de Metz, maître de la propriété qui appartient aujourd’hui à Mr Cunin, la loua à Mr Dupérier, chanoine de la cathédrale de Metz ; le Mr Dupérier désirant avoir une chapelle particulière dan sou près de son château, demanda et obtint du propriétaire un terrain pour en faire construire une. Celui-ci assigna un emplacement, la chapelle fut bâtie, et elle subsista jusqu’en 1789, époque où MM. Dupérier et Sellier partirent pour l’émigration. Alors le district révolutionnaire s’empara du bien Sellier, et la commune de la chapelle Dupérier. Le premier fut vendu à un Sr Barreau, notaire à Metz, qui le soumissionna, et la chapelle resta à la commune (bien ou mal acquise). Mais embarrassée d’un logement pour son jardinier, ledit Sr Barreau trouvait le local fort convenable, il proposa à la commune de l’acheter, il lui en offrit 1 200 francs. Celle-ci refusa, il lui proposa d’en faire bâtir une semblable à ses frais dans le lieu qu’elle lui donnerait. La commune accepta cette dernière proposition, et assigna au Sr Barreau une place publique, devant la maison de cure, sur laquelle était plantée une croix en pierre, entourée de quatre marronniers. La chapelle Dupérier fut donc convertie en logement , et c’est l’appartement qu’occupe aujourd’hui le jardinier Cunin, et une autre chapelle s’éleva à la place où on la voit aujourd’hui. Elle ne fut achevée qu’en 1793. A Monsieur Husson, digne curé de Woippy pendant 32 ans, chassé de sa paroisse le 3 mai 1790, et mort depuis peu à Thiaucourt, sa patrie, succéda un Sr Mathieu, prêtre intrus, qui desservit la paroisse de 1790 à 1794 ; mais il ne dit la messe dans la nouvelle chapelle qu’une année, car l’instituteur y tint son école pendant huit années, et le conseil municipal ses séances. De 1802, elle resta fermée jusqu’en 1819, année où Mr Poulmaire, alors maire de Woippy, conçu et exécuta le projet de la faire exaucer pour y établir une salle d’école, comme elle se voit aujourd’hui. L’instituteur tint donc son école au premier étage, mais le rez-de-chaussée où la chapelle n’était point rendue à la religion, elle servait de remise aux voisins. J'arrivai le 2 février 1821, et les choses étaient dans l’état où je viens de dire, je me hâtai d’en prévenir Monseigneur Jauffret ; le Prélat m’engagea fortement de faire mon possible pour réparer le sanctuaire, et je fus assez heureux pour y parvenir en l’espace de trois mois. Tout étant arrangé, autel, plafond, pavés, etc, Mgr en permit la bénédiction. Ce fut le 21 juin 1821 que Mr Sauce, vicaire-général vint en faire la bénédiction ; le grand-vicaire était accompagné de MM. Jauffret, chanoine de Metz, neveu de Mgr Parisot, chanoine, directeur du grand séminaire ; Dupont, prêtre de Metz ; Stéphani, chanoine, ancien curé de Woippy. Mr Parisot prêcha, Mr Sauce y chanta la messe, la cérémonie était des plus édifiantes. On dédia la chapelle à Saint Jean-Baptiste. Monseigneur m’a accordé et à tous mes successeurs la permission d’y conserver la Ste Réserve ; 2° d’y baptiser, 3° d’y confesser, 4° d’y faire les relevailles, 5° d’y dire la messe basse, mais non de l’y chanter. Et certes, tous ces avantages n’ont pas peu contribuer au bien de la religion dans cette paroisse et au salut des âmes. Dieu a eu plus d’adorateurs pendant la semaine, les fidèles plus de facilité de le servir, et le pasteur plus de satisfaction dans son St ministère. Woippy, le 1er juillet 1827. Déchez, curé. |