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Ladonchamps par les journaux d'époque
1870 - 1918

Mardi 1er mai 1821
Un violent orage a éclaté samedi dernier, au-dessus de Metz. Une grêle abondante a ravagé les territoires de Woippy, de Norroy, de Malroy et de plusieurs autres communes. Les eaux pluviales déversées des côtés de la rive gauche de la Moselle, ont couvert de plus de trois pieds la route de Metz à Thionville près de Ladonchamps. Un fiacre qui y passait, a été soulevé et entraîné, et les personnes qu’il renfermait se trouvaient exposées au plus grand danger, lorsqu’on est venu leur porter des secours. (Journal du département de la Moselle)

Jeudi 19 septembre 1872 (Moniteur de la Moselle)
 
Samedi 15 mai 1875 (Courrier de la Moselle)
Dimanche 10 octobre 1875
On annonce la mort de M. Alexandre-Arthur de Ladonchamps, qui vient de succomber à l'âge de 60 ans, aux suites d'une attaque de paralysie. Il a été inhumé dans le caveau de sa famille au château de Ladonchamps. (CdMo)

Jeudi 25 mai 1876 (Moniteur de la Moselle)
Jeudi 5 avril 1877 (Moniteur de la Moselle)
Mardi 22 mai 1877
M. de Ladonchamps (de Metz), sous-lieutenant au 26ème de ligne, détaché à l’Ecole du camp de Châlons, a obtenu la troisième mention honorable avec mention au Journal militaire, à la suite du concours de tir clos le 10 avril 1877. (MoMo)

Dimanche 24 mars 1878
Etude de Me Lange, notaire à Metz, rue de la Cathédrale, 1.
- Vente aux enchères d'un beau train de culture pour cause de cessation d'exploitation. Le mardi 9 avril 1878 à dix heures du matin à la ferme de Ladonchamps, commune de Woippy, au domicile de M. Maire, par le ministère de Me Lange, notaire à Metz.
Désignation : Dix-huit bons chevaux, dont un étalon, plusieurs juments, 6 poulains, 7 vaches, 2 taureaux, bœuf gras, voitures, charrues à ressorts, quantité d'ustensiles aratoires et autres objets. Crédit aux personnes solvables. (CdMo)

Jeudi 13 janvier 1881
Avec l'autorisation des autorités militaire, on a effectué le transfert des corps des soldats français enterrés au château de Ladonchamps au cimetière communal de Woippy. Le propriétaire du château a payé de ses propres deniers les concessions perpétuelles de ces tombes. Une petite cérémonie a été faite à cette occasion. (Metzer Zeitung)

Dimanche 2 octobre 1881
Le propriétaire du château de Ladonchamps avait fait ouvrir une tombe dans son parc qui contenait les restes de soldats français morts lors des combats du 7 octobre 1870. Les restes furent répartis dans trois cercueils neufs et transférés au cimetière communal de Woippy avec une cérémonie religieuse. Ces restes ont été inhumés dans la partie ouest du cimetière dans une tombe commune. Tout récemment, lorsqu'on a entrepris des travaux dans ce parc, on a à nouveau mis à jour des restes de soldats français mort à Ladonchamps en 1870. Le propriétaire fit ramasser ces restes dans un cercueil qui fut exposé dans la chapelle du château. Ils furent également transférés au cimetière de Woippy. (MZ)

Lundi 1er novembre 1886
On a trouvé samedi matin Madame Lefevre de Ladonchamps, veuve d'il y a 6 ans de M. de Ladonchamps, morte dans son lit. Elle a été victime d'une attaque cérébrale. Elle était âgée de 58 ans et était très bien considérée dans la région. Elle était une femme bienfaitrice et s'occupait beaucoup des pauvres gens. Les obsèques auront lieu demain dans la chapelle du château de Ladonchamps. (Zeitung für Lothringen)

Mardi 19 avril 1887
Nous apprenons que notre compatriote M. René Lefebvre de Ladonchamps, capitaine français démissionnaire, est nommé capitaine de réserve. (Le Lorrain)

Mardi 5 août 1890
Ladonchamps.
Hier est décédé, presque subitement, à l'âge de soixante-dix ans, un bon et loyal serviteur, M. Michel Antoine, dont la fidélité et le dévouement à la famille de ses maîtres ne se sont pas démentis pendant quarante-deux ans. Ses obsèques auront lieu à Woippy, mardi, 5 du courant, à dix heures du matin. (LL)

Vendredi 8 août 1890
Woippy.

On nous écrit le 6 août : Hier, ont été célébrées au milieu d'une nombreuse assistance, les obsèques de M. Michel Antoine. Plusieurs membres de la vieille société messine avaient tenu, par leur présence, à rendre hommage à ce type du vieux et loyal serviteur. Au cimetière, l'enfant de la maison, un bouquet à la main s'est avancé sur la tombe : « Mon cher Antoine, au nom des quatre générations de la famille que vous avez servie, respectée et aimée jusqu'à votre dernier soupir, je viens vous dire Adieu et merci…
La Société d'encouragement au Bien devait vous décerner prochainement la médaille si justement due à vos longs services. Pendant qu'heureux de la douce surprise que vous en éprouviez, nous nous réjouissons à la pensée de vous remettre bientôt ce témoignage de nos cœurs reconnaissants, Dieu vous préparait une bien autre récompense dans le Ciel…
Vous êtes parti si vite, mon pauvre Antoine, que nous n'avons pas eu le temps de vous dire un dernier : merci…
Toujours nous prierons pour vous, toujours nous vous regretterons et toujours aussi votre souvenir restera gravé dans nos cœurs, comme symbole de dévouement et de loyauté. » (LL)

Samedi 5 septembre 1891
Un accident bien triste vient de plonger, le 2 septembre, dans le deuil, la famille de l’excellent M. Fabert, fermier à Ladonchamps, commune de Woippy. Leur petite fille, âgée de 3 ans, s’amusait bien tranquillement avec les autres enfants quand une voiture de denrée qu’on rentrait dans la grange la renversa et lui passa sur la tête. L’enfant est morte sur le coup. (LL)

Dimanche 1er juillet 1900
Une belle chasse à Woippy.
Hier matin, M. de Ladonchamps était informé par son jardinier que le jardin avait été ravagé par des sangliers. Des couches avaient été bouleversées, des plates-bandes étaient retournées. Comme le jardin et le parc attenant sont entourés d’une grille, M. de Ladonchamps organisa immédiatement une battue. Au bout d’une heure il fut assez heureux d’abattre deux jeunes sangliers de 60 livres environ. (LL)

Vendredi 11 décembre 1903
Ladonchamps.
Une des plus nobles figures de l’aristocratie de notre pays vient de disparaître. Mlle de Ponsort est morte dimanche, à Nancy, où elle était allée se faire opérer d’un mal cruel.
Ce deuil inattendu afflige non seulement la baronne de Ponsort, sa mère, la marquise de Méry de Monterrand, sa grand mère, et la famille de Ladonchamps, mais toute la ville de Châlons, où Mlle de Ponsort passait depuis longtemps pour la mère des pauvres et surtout des enfants pauvres.
En rendant hommage aux mérites de la défunte, elle réunissait tous les jours chez elle les déshérités pour leur apprendre avec les éléments de l’instruction primaire la science du catéchisme. Tour à tour organiste dans une pauvre paroisse de faubourg, institutrice, professeur d’allemand, surveillante, quêteuse, elle était toujours au premier rang dès qu’il fallait soutenir la bonne cause, et le clergé de Châlons n’avait point pour le seconder de meilleur apôtre.
Et lorsqu’elle venait se reposer chez sa sœur, à Ladonchamps, qui n’a admiré son dévouement à la chapelle du château et son rare esprit de sacrifice qui lui faisait faire à pied tous les jours et par tous les temps, le chemin de Ladonchamps à l’église de Woippy, car, disait-elle, ce serait bien mal d’aller à la messe en carrosse, quand on prêche aux autres qu’il faut supporter la pauvreté et les misères de la vie. C’est une âme d’élite et une femme de bien qui disparaît et qui laissera un vide profond chez tous ceux qui l’ont connue, aimée et estimée.
Nous nous associons (le journal) très volontiers à notre confrère pour offrir à Mme et à M. de Ladonchamps nos respectueuses condoléances. (Le Messin)

Mardi 4 juin 1907
Mort de M. de Ladonchamps. M. René de Ladonchamps, propriétaire du beau domaine de ce nom, près de Woippy, est mort cette nuit, dans son château. Venant dimanche après-midi de Châlons pour faire faire à Ladonchamps quelques travaux, il fut frappé d'une attaque en chemin de fer. Son cocher l'attendait à la gare, il lut transporté au poste de police, puis sa voiture le ramena à Ladonchamps.
Appelés en toute hâte, le médecin fut impuissant, et le curé lui administra les derniers sacrements. A 2 heures du matin, il rendait le dernier soupir.
Quel coup de foudre pour Mme de Ladonchamps et toute sa famille dont il venait préparer ici 1e prochain retour !
M. René de Ladonchamps, ancien capitaine d'infanterie, était un chrétien de la vieille roche et un homme d'une bonté rare. Sa mort presque foudroyante sera un vrai chagrin pour ses nombreux amis. R.I.P. (LL)

Vendredi 7 juin 1907
Ladonchamps.

M. René Lefèbvre de Ladonchamps, dont nous avons annoncé hier le décès survenu en son château de Ladonchamps, près de Woippy, était fils d’Alexandre-Arthur, qui mourut en 1875. Il était marié depuis 1881 à Philomène de Ponsart, dont il eut plusieurs enfants. Son frère Henry, capitaine d’infanterie comme lui, est marié à Jeanne de Jacob de la Cottière, et sa sœur Marie-Thérèse s’est mariée en 1886 avec le vicomte Louis de Keroüartz. Leur famille, dit le « Messin », est depuis 1670 en possession du beau château de Ladonchamps, illustré par le combat du 7 octobre 1870. (Gazette de Lorraine)

Dimanche 9 juin 1907
(Les funérailles de M. de Ladonchamps).

Vendredi, à 11 heures, au milieu d'une assistance sympathique et attristée, la dépouille funèbre de M. René de Ladonchamps a été descendue des hauteurs du château familial dans la chapelle castrale : la messe d'enterrement a été chantée avec le concours d'un nombreux clergé et le cercueil a été mis au caveau sur place; nous assistions à la messe du dehors, la chapelle étant toute petite ; néanmoins, il y avait en somme peu de monde et nous avons vu là une fois de plus combien l'émigration nous a pris de familles dans notre aristocratie lorraine. Sur le cercueil on avait mis la tunique et le képi du commandant : ce fut d'un effet saisissant pour tous ceux qui se souvenaient du combat de 1870 autour de ce même château de Ladonchamps. Qu'il y a loin de ce temps ! Les morts vont vite et les choses aussi. Tâchons simplement de n'oublier ni les uns ni les autres, surtout ceux qui comme M. René de Ladonchamps se sont fait remarquer par leur modestie et leur bonté. Que Dieu lui donne le repos éternel et console les siens. H.C. (LL)

Vendredi 11 octobre 1907
La mort du commandant territorial de Ladonchamps, dont l'enterrement eut lieu récemment à son château de Ladonchamps, rappelle au général Zurlinden les souvenirs qui se rattachent aux combats livrés autour du château en 1870...
Ce vaillant officier communique au Gaulois ses impressions qui intéresseront certainement aussi nos lecteurs.
C'est vrai. On s'est vaillamment battu autour de Ladonchamps en 1870. Pendant les longues semaines déprimantes du blocus, on a dépensé, dans ce coin des environs de Metz, un peu d'activité et d'énergie. Les souvenirs qu'évoque Ladonchamps, au milieu d'une période attristante, humiliante, peuvent même servir à montrer ce qu'on aurait pu tirer de notre armée. Je vais essayer de les rappeler, en m'appuyant sur mes notes, prises au jour le jour pendant le blocus.
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Lorsque l’armée de Bazaine s'installa dans le camp retranché de Metz, après les sanglantes journées des 14, 16 et 18 août 1870, le 6e corps, commandé par le maréchal Canrobert, fut placé dans la plaine de la Moselle, en aval de la place. Les avant-postes s'étendaient des hauteurs de Woippy à la Moselle, barrant la plaine de Thionville et coupant, à la hauteur de Maison-Rouge, la voie Romaine et la grande route de Metz à Thionville.
En avant de nos lignes, nous apercevions, au pied des collines boisées de Fèves et de Semécourt, le spoints d'appui des avant-postes allemands : la ferme de Sainte-Agathe, le château de Ladonchamps, les fermes des Tapes, le joli village des Maxes. Et même, à la lorgnette, nous distinguions facilement les allées et venues des troupes prussiennes. De notre poste de la Maison-Rouge, on voyait tous les jours à la même heure, sur la Voie Romaine, près de Sainte-Agathe, se former un petit rassemblement, que nos troupes ne tardèrent pas à appeler « le rapport prussien ».
Un matin, nous mîmes fin au « rapport », en lui envoyant quelques décharges de mitrailleuses. Le rassemblement se dispersa et fut bientôt remplacé par des voitures d'ambulance. Par la suite, nos adversaires firent leur "rapport" dans un endroit mieux choisi, mieux défilé... Par dessus tout, l'attention du 6e corps fut attirée sur le château de Ladonchamps, dont ses tourelles noyées au milieu de la verdure sombre des arbres du parc ne tardèrent pas à occuper fortement les imaginations. Les pessimistes -il y en a partout, même parmi nos troupiers racontèrent que le château était occupé par un général prussien se faisant jouer, à notre barbe, des concerts par une musique française faite prisonnière ; que la défense du château avait été rendue formidable, qu'on y avait fait de grands travaux et installé beaucoup d'artillerie... Le commandement français comprit bientôt la nécessité de faire quelque chose de ce côté. L'attaque de Ladonchamps fut plusieurs fois commandée et décommandée. Elle eut lieu enfin le 27 septembre. Pendant qu'une brigade faisait une démonstration sur les Maxes, une autre brigade du 6e corps marcha sur Ladonchamps, par le bois de Woippy, à la ferme de Sainte-Agathe, et s'empara du château. En poussant ses troupes à l'attaque, le général Gibon, qui commandait la brigade, - il nous l'a raconté lui-même - entendit tout à coup ses hommes crier : « Gare à l'artillerie ! » au moment où ils débouchaient de Sainte-Agathe par le chemin bordé d'arbres, qui aboutit au château ; et il crut voir, en effet, au bout de l'allée, un canon braqué sur notre tête de colonne. « En avant ! » s'écria le général. Les hommes se précipitèrent et s'emparèrent du canon, qui n'était qu'un mauvais tuyau de poêle monté sur une charrue.
Les travaux de défense n'existaient pas plus que l'artillerie. Les Allemands avaient laissé le château en bon état ; dans le jardin, je vis beaucoup de fleurs, des dahlias s'étalant au soleil...
Le général Gibon se contenta de faire fouiller Ladonchamps, et l'abandonna aussitôt après, conformément aux ordres qu'il avait reçues. Quelques jours plus tard, dans la nuit du 2 octobre, il reprit le château ainsi que Sainte-Agathe, pour les occuper définitivement. A la pointe du jour, l'opération avait réussi; pour parer aux contre-attaques de l'ennemi, on avait posté toute l'artillerie du 6e corps aux avant-postes. Dans la matinée, grand combat d’artillerie ; nos batteries prennent facilement le dessus sur les batteries allemandes qui veulent s'avancer dans la plaine.
Mon chef, le général de Berckheim, commandant l'artillerie du 6e corps, m'emmène alors à Ladonchamps, il veut y faire construire un épaulement en terre pour une batterie destinée à appuyer énergiquement la défense. Nous galopons vers le château par la grande route de Thionville sous une jolie fusillade, dont nous saluent les Prussiens postés aux Tapes, et qui ne nous fait aucun mal.
L'emplacement de la batterie déterminé, nous entrons dans les bâtiments du château. Sur la table d'ardoise de la salle du billard, je lis : « M. de Ladonchamps serait bien aimable de venir faire une partie de billard avec ces barbares d'Allemands ». C'est une plaisanterie de quelque officier prussien ; peut-être de ce jeune officier que j'ai vu étendu à l'entrée du château, pâle, blessé, mourant, soigné par nos médecins.
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Le 7 octobre, notre batterie de Ladonchamps est prête ; elle a été très vite, très bien construite par un officier de Crimée, le capitaine Blondel. Ce jour-là, toute une brigade du 6e corps vient de bonne heure s’installer dans le château et la ferme de Sainte-Agathe, reliés par une tranchée.
Le maréchal Bazaine a donné l'ordre de faire un fourrage armé sur les Tapes.
L'opération commence à midi. Elle est commandée par le maréchal Canrobert ; à droite de la brigade destinée à tenir coûte que coûte Ladonchamps et Sainte-Agathe, la division des voltigeurs de la garde doit s’avancer dans la plaine de Thionville, entre la grande route et la Moselle.
A gauche, les chasseurs de la garde marchent vers Bellevue, et plus à gauche encore, la brigade de l’héroïque général Gibon, qui se fait tuer ce jour-là, progresse par les pentes boisées vers Fèves et Semécourt.
Le général de Berckheim suit les premières troupes et installe deux batteries au-delà de Sainte-Agathe, pour canonner l’ennemi. Les bois de gauche sont inoccupés et pourraient permettre aux Allemands d'enlever nos canons. On m’envoie demander un soutien au maréchal Canrobert. A Maison-Rouge, j'apprends que le maréchal est parti pour Ladonchamps ; j'y cours par la grande route, et alors j’assiste à l'acte décisif de la journée.
Je côtoie les voltigeurs de la garde au moment même où ils prennent leur attaque. Ils s’avancent sur une longue ligne, la tête haute, d'un pas résolu, sans tirer, dans la grande plaine. Autour d'eux, de tous côtés, sur les hauteurs de la rive droite, comme sur celles de notre gauche, comme au fond de la plaine, l’ennemi a installé une artillerie formidable, qui fait un feu d'enfer. Les obus éclatent de toutes parts. Je vois tomber bien des hommes, se creuser dans les rangs des voltigeurs bien des trous aussitôt comblés. Rien n'arrête la marche de ces merveilleux soldats... Quand ils ont dépassé les Tapes, ils s’arrêtent, par ordre, s’alignent, se couchent et ouvrent le feu.
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Quand j'arrive à la grille de Ladonchamps, tout enthousiasmé par ce spectacle grandiose, inoubliable, le château subit un bombardement furieux. Les éclats d’obus, les pierres des murs, les tuiles brisées par les projectiles volent de tous côtés, dans un fracas épouvantable. Je n’aperçois âme qui vive ; tous nos hommes sont dans les tranchées. J’attache aux barreaux de la grille mon infatigable et excellent cheval d’armes, et après l’avoir caressé, je pénètre dans le jardin, puis dans la cour pavée, balayée par les obus, et je vais droit au capitaine de la batterie. Il m’apprend qu’après avoir passé bienveillant, ayant un mot réconfortant pour chacun, le maréchal Canrobert s’était engagé, vingt minutes auparavant, dans les tranchées, pour voir l’infanterie et rentrer à Maison-Rouge par Sainte-Agathe. Je n’avais plus qu’à rejoindre mon cheval, au plus vite. Il hennit gaiement en me revoyant, et ne se fait pas prier pour s’en retourner, trouvant sans doute qu’il y a des endroits plus agréables à fréquenter qu’un château en train d'être bombardé.
A Maison-Rouge, j’apprends que l’opération est terminée. Le fourrage n’aura pas lieu, parce que les voituriers ne pourraient pas s’avancer sous le feu de l’artillerie allemande. La retraite se fait en bon ordre. Les chasseurs à pied de la garde ramènent quelques prisonniers, et à leur tête un officier de la Landwehr, sac au dos, ayant grand air. Aux questions qu’on lui pose, il répond que, le mois précédent, il a été employé à conduire en Allemagne plus de mille prisonniers français pris à Sedan.
Le soir, tout est calmé ; le feu s’est éteint, lorsque, vers neuf heures, nous entendons pendant dix minutes, du côté de Ladonchamps, des coups de canon et une fusillade des plus vives ; les Prussiens avaient voulu, par la nuit noire, réoccuper le château ; ils avaient été entendus par l'adjudant de la batterie, qui avait donné l’alarme en tirant un coup de canon, et rappelé ainsi nos hommes dans les tranchées. L'attaque fut arrêtée net.
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Général Emile-Auguste Zurlinden
(1837 Colmar - 1929 Paris)
(Journal Le Messin, 19 janvier 1898)
Le lendemain et les jours suivants, les Allemands continuèrent le bombardement méthodique de Ladonchamps. Un de leurs projectiles tua du coup l’adjudant, un maréchal des logis, quatre hommes de la batterie. On m’envoya sur les lieux ; je n'y trouvai pas la moindre trace de démoralisation. Le capitaine me dit simplement à haute voix devant sa troupe : « Mes canonniers savent bien que c'est un coup malheureux sur cent mille... »
Le 18 octobre, armistice pour enterrer les morts -ils étaient nombreux- autour de Ladonchamps. J’assistai à la cérémonie, qui ne manqua pas de grandeur. Néanmoins, nos pauvres troupiers ne résistèrent pas à l’envie d'aller cueillir dans les champs quelques pommes de terre...
Ce fut le dernier acte militaire du blocus. L’agonie de la superbe armée de Metz se poursuivit tristement à partir de ce jour-là, par un temps atroce, dans les camps transformés en lacs de boue, au milieu des chevaux morts de faim et de misère.
Et malgré tout, sous leurs petites tentes trempées par la pluie, nos soldats n’en restèrent pas moins admirables de discipline, de résignation et d’énergie. Comme dans les grandes batailles du mois d’août, dans les combats du blocus, ils étaient encore prêts à tous les dévouements, à tous les sacrifices...
Hélas ! Que n’a-t-on mieux su les utiliser, pour l’honneur de la France !
Général Zurlinden. (LM)

Vendredi 29 août 1913
Espionnite.

M. Henri de Ladonchamps, propriétaire du château dont il porte le nom, situé à quelques kilomètres de Metz, a vendu ces derniers temps quelques parcelles de terrain au fisc militaire qui y construit une redoute. Pendant les travaux, le génie militaire a fait couper la conduite d’eau qui alimente le château de Ladonchamps, d’où réclamations réitérées du propriétaire pour qu’on lui rétablisse sa conduite d’eau.
Fatigué des réclamations et ne pouvant sans doute donner rapidement satisfaction, l’officier du génie dénonça M. de Ladonchamps pour espionnage et le fit emprisonner 24 heures. M. de Ladonchamps n’a pas porté plainte. (Le Courrier de Metz)
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