Un article du Républicain Lorrain du Vendredi 21 août 1998 pour présenter la rue de Nachy :
A la découverte de la rue de Nachy
En complément à l'opération « La Lorraine vue du ciel », nous proposerons à nos lecteurs de découvrir, avec la complicité de M. Pierre Brasme, historien de Woippy et au rythme de un dossier par mois, l'histoire d'un quartier de la ville. Aujourd'hui « La rue de Nachy ».
Parcourir la rue de Nachy, aux confins du vieux village et des friches ou jardins séparant Woippy de Lorry, c'est plonger dans un petit univers pittoresque, plein de charme et de secrets, loin des bruits et de l'animation de la ville. Devenue impasse depuis qu'en 1865 1'ouverture de la route de Lorry cessa d'en faire une voie passante menant aux vignes -seul un chemin la prolongeant rappelle cette vocation d'antan-, la rue de Nachy a pourtant été au cœur de l'histoire woippycienne, que nombre de ses souvenirs rappellent encore.
L'eau à la source
A commencer par son nom. Contrairement à ce que l'on peut lire sur une carte postale du début du siècle (et qui figure parmi d'autres, agrandie, dans le péristyle de l'Hôtel de Ville), rien à voir avec Nancy, c'était une coquille de l'éditeur. En fait, l'étymologie de Nachy est la même que celle de villes connues comme Aix (la Chapelle, les-Bains, en Provence) ou Aigues-Mortes, c'est-à-dire du latin aqua, l'eau, présente autrefois sous forme d'une source (en haut) et d'une mare (en bas). D'où le lavoir de la Folie, ouvert en 1825, et réaménagé il y a une dizaine d'années ; un arrêté du 22 juillet 1847 y interdisait « de savonner ou laver du linge... l'eau étant destinée au service de la table et des ménages ». Au Moyen Age, aqua a donné aixy ou aixey, et comme l'on disait « en aixey » ou « en aixy », la lettre N s'est accolée avec l'usage à la lettre A, et le tout est devenu... Nachy.
Et pour individualiser les lieux, on disait « le hameau de Nachy » et (les plus anciens) l’on habitait « en Nachy ».
Une autre particularité de la rue, encore perceptible au vu des maisons qui la bordent, c'est que l'on y trouve les plus anciennes demeures de Woippy, avec en particulier les millésimes 1562 et 1564. Certains de ces bâtiments, dont beaucoup ont été restaurés, étaient des maisons de vignerons (vers 1810, la rue comptait deux pressoirs sur les cinq du village), voisinant avec des demeures plus riches, propriété avant la Révolution du Chapitre de la cathédrale de Metz (seigneur de Woippy), et après de bourgeois messins : l'une d'entre elles appartint au docteur Joseph Ibrelisle, médecin des épidémies, qui y résida avec ses cinq enfants et son épouse, Virginie Desalle, morte du choléra en 1832.
De vieilles pierres témoignent aujourd'hui encore du passé et donnent à la rue un cachet historique indéniable, même si elles ne sont pas, ou en partie, visibles aux yeux du promeneur. C'est le cas d'un petit bas-relief scellé sur le muret d'un jardin, représentant les armes du Chapitre, avec l'épée de saint Paul et les deux pierres de la lapidation de saint Etienne. A l'arrière d'une maison située en haut de la rue, un curieux linteau de pierre évoque le passé viticole de Woippy : il montre un tonnelet gravé de l'année 1562, surmonté d'un écusson orné d'une carafe et d'un verre ; sous deux ceps portant feuilles et grappes sont inscrits les noms de Nachy et, curieusement composé à l'envers, de Woippy (noms sans doute gravés ultérieurement).
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Le nom de Nachy présent dans le "rôle des bans" du XIIIème siècle : (
Extrait de : Die Metzer Bannrollen, Dr. Karl Wichmann, 1910)
- 1279 / n° 151 (extrait) : Katerine, li fille Jennat Hurteruel, p.b. (entre autres et ailleurs) sus les III jornals de vigne k’elle avoit ou ban de Wappey, et sus teil droit et teil raison com elle avoit en VII osteils* a
Wappey en Aisey ……
- 1293 / n° 670 : Thieriotels, li fils Baduyn
d’Aixey de Wapey, p.b. sus teil droit et sus teil raison et sus teil avenant com Thierias Malleboche avoit por lui et por son frere en la maison Thieriotel dessor dit meimes, ke siet
a Wapey en Aixey, k’il ait en waige de Thieriat desor dit, per escrit en arche, et dont il est tenans.
* osteil = demeure, maison (
Régime ancien de la propriété, Aug. PROST, p. 250).
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