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Mardi 1er septembre 1964 (RL) Un remembrement des paroisses est en cours dans le diocèse de Metz, en raison de la crise de recrutement sacerdotal dont souffre notre région
Dans le numéro 13 de « L’Eglise de Metz », distribué aujourd’hui, le chef spirituel du diocèse explique aux fidèles de ces paroisses, les raisons d’une décision qui sera également appliquée dans d’autres villages du département. « Sans doute, la raison de cette lettre vous est-elle déjà connue : dans quelques semaines, la messe dominicale ne sera plus assurée en votre église ». Son Excellence Mgr P.-J. Schmitt poursuit : « C’est une décision qui va douloureusement vous affecter. Vous aviez l’habitude de vous rencontrer tous les dimanches entre vous, dans la prière commune, en une église qui vous est chère à plus d’un titre, et pour la beauté de laquelle vous n’avez ménagé ni la peine ni l’argent. Combien nous comprenons tout cela ! Croyez bien que ce sont des motifs impérieux qui nous ont dicté une décision qui vous touche dans ce qui nous est si cher ». Un seul prêtre pour une paroisse de 7000 âmes « Mais vous connaissez la situation dans laquelle se trouve le diocèse de Metz. Pays riche autrefois en prêtres, notre région souffre aujourd’hui d’une crise de recrutement sacerdotal particulièrement grave. Il est de nouvelles paroisses qui comptent du fait du développement économique de certains secteurs, plus de 7000 habitants, et qui n’ont qu’un seul prêtre à leur service. Notre conscience d’évêque, responsable de tout un diocèse, ne nous autorise pas à remplacer, dans les très petites paroisses, les curés que l’âge contraint à demander leur retraite . Ce serait aux dépens de l’intérêt religieux de l’ensemble du diocèse. Par ailleurs, l’effectif actuel du grand séminaire ne permet guère l’espoir d’un changement dans les années à venir. Vous connaîtrez peut-être la tentation du découragement ; vous pourrez avoir le sentiment d’être abandonnés par ceux qui ont la charge de vos intérêts spirituels. Vous auriez tort de vous y laisser entraîner ». Messe de semaine : baptêmes, mariages, enterrements « Votre église, vous continuerez à l’aimer comme par le passé. Il s’y célébrera une messe une fois par semaine. Les personnes âgées ou infirmes qui ne peuvent plus se déplacer pour aller le dimanche à la paroisse-centre auront la joie et le réconfort de pouvoir assister à la messe de semaine dans leur église. C’est dans votre église aussi qu’auront lieu les baptêmes, les mariages et les enterrements. Votre église, surtout, restera la « Maison de Dieu », bien plantée dans votre village ; le Seigneur demeurera au milieu de vous par Sa présence au tabernacle. Et, croyez-le, vous ne serez pas abandonnés. M. l’abbé Y., nous a dit son désir de ne rien négliger pour assurer une effective présence sacerdotale au milieu de vous ». De nouvelles communautés « Je ne me cache pas, pour autant, les efforts qui vont vous être demandés. Il faudra vous déplacer et entrer dans une église qui ne vous est pas familière. Ce sont là, cependant, des difficultés qui ne sont pas insurmontables ! D’ailleurs, tout peut s’arranger lorsque les problèmes sont abordés dans un esprit de vraie charité . Vous vous déplacez déjà presque tous les jours pour aller travailler et souvent le dimanche après-midi. Les familles qui disposent d’une voiture dont elles n’occupent pas toutes les places voudrons bien inviter les paroissiens qui n’ont pas de moyen de locomotion, à faire route avec eux le dimanche matin. Vous ne serez, d’ailleurs, pas des étrangers dans la paroisse-centre. Vous ne serez pas des gens de l’annexe, ou de la binaison, comme on disait jusqu’ici. Vous allez former avec ceux qui vous accueillent, une seule et même communauté chrétienne. Il pourrait se trouver que certains, déçus de la situation nouvelle, soient tentés de s’abstenir de la messe du dimanche plutôt que de se déplacer. Qu’une telle attitude serait regrettable ! Ce serait un manque de foi, pour vous et vos voisins. Votre fidélité à vos traditions religieuses, maintenues aux heures douloureuses de l’expulsion, me fait penser qu’au contraire, tous, vous saurez trouver dans la foi au Seigneur et à l’Eglise une générosité assez grande pour accepter nos décisions ». Une ouverture vers l’espérance A la lecture de ces lignes, dans le fond de sa conscience, chacun de vous, sans doute, doit se dire : « C’est entendu, puisque, hélas ! il le faut ! »et ceci sur un ton de mélancolie et de regret du passé. Eh bien ! chers paroissiens, votre évêque voudrait vous demander un effort supplémentaire : celui de dépasser votre souffrance du moment, pour vous ouvrir à l’espérance. Car, ce regroupement de paroisses, que nous vous proposons, pourra avoir des conséquences heureuses. Bien des paroisses, dans d’autres diocèses surtout, ont dû être remembrées pour les mêmes raisons que chez nous. Le diocèse de Langres, par exemple, est remembré pour la moitié de ses paroisses. Or, un prêtre de ce diocèse disait il y a quelques mois, à une réunion sacerdotale à Château-Salins, que, loin de porter préjudice à la vie religieuses, ce regroupement avait valu aux paroisses une vitalité nouvelle. Même les paroissiens qui, pourtant, doivent se déplacer, estiment qu’ils se trouvent maintenant plus à leur aise parce qu’ils font partie désormais d’une communauté élargie. D’ailleurs la vie tout court ne nous amène-t-elle pas à cela ? De nos jours, les trop petits groupes humains craquent. Pour entreprendre quelque chose qui ait chance de réussir, un regroupement des forces s’impose dans tous les domaines ». Le témoignage du nombre « Comment en serait-il autrement sur le plan religieux ? Une communauté chrétienne vivante doit être assez nombreuses et variée pour créer, par son assemblée, joie et fierté d’appartenir au Christ. L’unanimité dans la prière et les chants d’une assistance bien étoffée font expérimenter « comme il est bon et agréable pour des frères d’être ensemble ». Il est clair qu’une paroisse dont l’effectif s’est par trop amenuisé, n’est plus apte à créer un tel climat. Et puis, le christianisme est avant tout communautaire : une paroisse se doit de porter, auprès des jeunes en particulier, un témoignage de foi, de prière, d’espérance et de charité. Elle le fera d’autant mieux qu’elle se réunira nombreuses ; et elle sera ainsi bien préparée à accueillir la consigne que le Christ donnera à chacun en rentrant chez lui, d’être le messager de son Evangile là où il vit : « Vous serez mes témoins ». Quel bienfait pour l’Eglise, que nos assemblées dominicales, le jour où elles auront permis aux chrétiens, groupés dans une communauté vraie, d’entendre cet appel ! |
Pour information, une cession diocésaine sur les vocations sacerdotales s'est tenue au grand séminaire de Metz du 1er au 5 juillet 1964. |
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