( Article extrait du Moniteur de la Moselle - Bibliothèque-Médiathèque de Metz )


Jeudi 28 mai 1874

LA BONNE FONTAINE.
La source ferrugineuse connue sous le nom de Bonne Fontaine se trouve à gauche de la route de Metz à Lorry, dans une petite vallée entre Plappeville et Woippy.
La renommée de cette source est très ancienne, une inscription en caractères romains et portant la date de 1603 était gravée sur un petit bâtiment destiné à réunir les divers affluents de cette source et à abriter ses visiteurs.
Cette inscription déchiffrée en 1753 par M. Descartes, conseiller au Parlement de Metz , et conservée par Y. Dupré de Genestes, était ainsi conçue :

Passant, veux-tu savoir qui premier fit sortir
Cette source en ce lieu et sa vertu secrète?
C'est Nicolas Houllon et Simonne Curette,
Qui pour le bien public l'ont ainsi fait bastir.
Passant, éteins ta soif, ne fais point de dommage
A ce lieu ni autour, car c'est leur héritage.
N. H. - 1603 - S. C.
Nicolas Houlon était bourgeois de Metz, et sa femme, Simouns Curette, était dame d'Urville, et, dit-on, la fondatrice du château de ce nom.
A une centaine de mètres de la Bonne Fontaine se trouvait une petite chapelle où, le 1er mai de chaque année, un prêtre venait dire la messe. Les Messins et les gens des environs y assistaient en grand nombre, mais cet usage dégénéra bientôt en une réunion de plaisir, où l'idée religieuse céda la place aux folies et aux danses des Trimazos.
La chapelle fut détruite en 1638, lors du passage des Croates.
La tradition (un peu légendaire peut-être) nous apprend que les populations de Metz et des environs furent préservées, par l'usage salutaire de l'eau de la Bonne Fontaine, des épidémies meurtrières qui ont régné dans nos contrées à diverses époques.
La confiance et la gratitude populaires ont devancé le savant chimiste, M. Langlois, qui le premier a analysé l'eau de la Bonne Fontaine. Elle contient du fer, c'est entendu. Dans quel cas alors et pour quelle affection doit-on prescrire l'eau ferrugineuse? Voilà la question ! Eh bien, sans être docteur en médecine, nous allons nous permettre de la résoudre, tant la chose et simple.
L'eau ferrugineuse convient pour combattre la chlorose. Qu'est-ce que la chlorose ? C'est la maladie connue dans le monde sous le nom de pâles couleurs. Quelques auteurs la nomment Norbus virginum, d'autres Febris amatoria.
Chlorose vient d'un mot grec qui signifie : de couleur jaune, verdâtre, pâle.
Tel auteur attribue cette maladie à la faiblesse de certains organes, tel autre à l'insuffisance, dans le sang, de deux éléments : la Fibrine et la Matière colorante. Mais l'opinion la plus généralement admise et qui est partagée par les sommités de la science, c'est l'absence du fer dans le fluide sanguin, le fer étant un principe constitutif, normal, et essentiel dans la composition du sang.
Les symptômes de la chlorose sont trop connus, trop visibles, pour que nous les indiquions ici ; nous nous contenterons de conseiller aux personnes qui en sont atteintes le régime suivant, duquel la partie hygiénique ne devra pas être considérée comme secondaire, car elle sera au contraire un des éléments actifs de la guérison.

Régime. - Tous les matins, aller boire, à la source mémo de la Bonne Fontaine, autant d'eau que l'estomac pourra en supporter. Nous disons à la source mémo, car on prétend que l'électricité joue un grand rôle dans l'emploi des eaux auxquelles on attribue une propriété médicale ou curative.
Au dîner : avaler, dans une cuillerée de potage ou de confiture, quelques pilules de sous-carbonate de fer, une, deux ou trois par jour, suivant qu'elles seront plus ou moins facilement digérées. Il est bon de ne commencer que par une seule.
Manger tous les jours des côtelettes de mouton cuites sur le gril et boire de bon vin rouge, sans y mettre d'eau.
Faire tous les jours une promenade dont la durée sera augmentée suivant que les forces reviendront.
Les bains froids ou de rivière sont particulièrement recommandés.
Ce régime, on en conviendra, n'a rien de trop désagréable, la médecine à prendre n'est pas trop amère, et cependant si nos conseils sont strictement suivis, il est plus que probable que trois mois suffiront pour faire re­ naître le coloris et la fraîcheur de la rose sur les visages dont le teint laisse quelque chose à désirer. A. B.

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Woippy aussi avait sa source !...
(Courrier de la Moselle - B.M. Metz)

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Vendredi 28 juillet 1922 (Journal "le Lorrain")
ON VOLE LE CUIVRE…
… Et ceci nous rajeunit. Le vol que nous voulons signaler a été commis au préjudice de la ville de Metz : c’est celui de la plaque en cuivre portant la donation à Metz de la « Bonne-Fontaine » des confins de Lorry, par un philanthrope du XVIIe siècle. La plaque étaient d’ailleurs moderne et n’avait de valeur que pour un bricoleur ignare. Cependant, nous aimerions savoir de qu’elle est devenue – et par la même occasion, nous aimerions savoir pourquoi la Bonne-Fontaine cesse de verser au passant son eau chargée de vertus.