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  Dernière mise à jour : 9 août 2009
Paul SECHEHAYE (1893 - 1975 )
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Dimanche 28 juin 1936
Fête des Fraises et Inauguration du stade Sechehaye

Journal Le Messin du 30 juin 1936.

Dans le terroir lorrain. La Fête des Fraises de Woippy. L’inauguration du stade Sechehaye.

La charmante bourgade de Woippy, capitale du pays des fraises, célébrait ce dernier dimanche de juin, la fête de ce fruit délicieux, mais hélas trop éphémère.
Sous l'impulsion de son maire, M. Sechehaye, dont l'activité sympathique a su réunir tous les suffrages, cette journée se déroula dans une atmosphère d'union de familiarité, de bonne humeur et d'entrain qui reposa de nos divisions et de nos haines politiques urbaines. Ce fut un de ces rares moments où l'on peut encore goûter la douceur de vivre. Pourvu que nos ingénieurs n'aillent pas encore « rationaliser » la culture des fraises ! ! Le « Terroir » reste la citadelle du dur labeur, mais aussi de l'indépendance. Vive le pays où charbonnier est encore maître chez lui.

LA MATINEE

Dès 7 h. 30, un concours de musique et de gymnastique eut lieu au Stade Sechehaye dont c'était l'inauguration. Seule 1a modestie de M. Sechehaye avait omis de relater dans l'invitation adressée aux journaux que cette fête des fraises coïncidait avec l'inauguration d'un stade, auquel la. commune de Woippy a cru devoir donner ce nom en reconnaissance des éminents services rendus par son maire, unanimement reconnus par tous.
Souhaitons au Stade Sechehaye, le bien nommé, de former de bonnes et nombreuses générations d'excellents Français bien trempés d'âme et de corps.
A l'issue de cette manifestation les sociétés se rendirent ensuite à l'office religieux.
A 11 heures, en face de l'église, les sociétés rassemblées reçurent le général Brion. La reine des fraises, Mlle Marthe Schubert, lui offrit une gerbe de fleurs.
Puis le cortège se rendit au monument aux morts de la grande guerre, où le général Brion, en quelques brèves paroles, fit appel à l'union de tous les Français.
A 11 heures 30, eut lieu 1a messe pour les musiciens et gymnastes.
Un banquet familial, tout empreint de cordialité, rassembla les notabilités autour d'une table bien servie.

LE CORTEGE

Le cortège se rassembla à 15 heures, rue de la Gare, pour le défilé à travers le village. Sous un ciel clément de juin, tempéré d'une brise très douce, les fanfares et sociétés se mirent en marche à travers le village en fête.
Citons dans l'ordre : Les Sapeurs de Woippy, la société St-Georges de Basse-Yutz, l'Union Amicale de Herny, l'Escadron Lassalle (l'enfant chéri de M. Sechehaye), le Cercle St-Nicolas de Montigny avec sa clique entraînante, le Cercle St-Hubert de Florange, l'Harmonie St-Martin, de Rémilly, le Cercle St-Louis, de Rombas, le Cercle Athlétique de Sainte-Ruffine, l'Union de Woippy, etc...
Arrivé au Stade Sechehaye, une tribune d'honneur attendait les invités.
Nous avons omis de signaler dans le cortège, afin de lui consacrer une mention toute spéciale, le char de la Reine des fraises qui attirait tous les regards. Ingénieusement conçu pour représenter un immense panier de ces fruits succulents, il offrait aux yeux experts trois fruits encore plus délicieux : Mlle Marthe Schubert, Sa Majesté la Reine des fraises, assistée de ses demoiselles d'honneur, Mlles Paulette Crous et Violette Pierron. M. Desprez, galant homme, se fit, durant toute la fête, leur chevalier servant avec l'amabilité et la distinction qui lui sont coutumières. Une foule nombreuse et enthousiaste suivait et envahit le stade.

LES PERSONNALITES

Nous avons noté la présence à la tribune d'honneur de MM. le général Brion, présidant la fête, M. le curé de Woippy, M. de Ladonchamps, président des syndicats de producteurs de fraises et autres fruits de la Moselle, M. de Bonnegarde, maire de Maizières-lès-Metz, M. Jean Kopp, président du Syndicat des producteurs de fraises de Woippy, MM. Gaspard, ancien chef de fanfare du 28e dragons, et Thévenet, ancien sous-chef de la musique des pompiers de Metz, du jury musical ; M. Boger, président du jury sportif ; M. l'abbé Piétri, etc…

REMISE DE DECORATION

M. le général Brion remet à M. Henry la médaille de la reconnaissance française, après les bans réglementaires, brillamment enlevés par « l'Union de Woippy ».
Puis, M. Gaspard, dirige magistralement le morceau d'ensemble exécuté par toutes les musiques présentes : « Vous n'aurez pas l'Alsace et la Lorraine ». Une tempête d'applaudissements accueillit ce morceau, bien de circonstance, ainsi que l'hymne national qui lui succéda.
Le temps, vraiment splendide, était de la partie et une brise agréable tempérait heureusement l'ardeur d'un beau soleil estival.
Un vin d'honneur permit aux connaisseurs d’apprécier un excellent clairet de pays. M. Sechehaye partout à la fois se prodiguait. Il était vraiment l'âme et l'animateur de cette manifestation. M. Thévenet s'était assigné la tâche de soigner particulièrement les représentants de la Presse. Il s'y montra en tous points digne d'éloges.

LA MANIFESTATION SPORTIVE

Elle débuté par une belle démonstration d’ensemble de l’Escadron Lassalle, dont les jeunes cavaliers firent preuve d’un mérite que tint à souligner M. Sechehaye. Sous la direction de leur dévoué moniteur, secrétaire de l’« Union Jeanne-la-Lorraine », M. Copeaux, instituteur à Woippy, les jeunes pupilles exécutèrent des exercices rythmés du plus bel et du plus gracieux effet.
Bravo à ce maître-éducateur.
Soulignons également les splendides démonstrations aux barres parallèles et à la barre fixe des gymnastes de Rosselange, avec en tête M. Gueux, moniteur général de l' « Union Jeanne-la-Lorraine ».
M. Lang, champion de la Moselle, fit aux haltères un travail de toute beauté. Il arracha avec une aisance et une élégance remarquable 120 kgs. C’est un beau type d'athlète complet.
M. Kopp Jean-Pierre, sous-moniteur de l'Union de Woippy, se montra un « speaker » plein de brio.
La musique de l’Union de Woippy, accompagna tous les exercices rythmés des différentes sociétés.
Après lecture du palmarès et remise des prix aux lauréats, le général Brion fit en quelques paroles simples, l'éloge de la culture physique qui vise à réaliser l'antique formule : une âme saine dans un corps sain. Le stade inauguré ce jour à Woippy permettra de former de jeunes générations pleines de valeur et de santé.

LES REJOUISSANCES DE LA SOIREE

Vers 18 heures, la manifestation achevée, la foule s’en fut terminer la journée dans de joyeuses agapes.
Un bal populaire, dans la grande salle du « Lion d'Or », connut une affluence extraordinaire jusqu'à une heure avancée de la nuit.
Par cette chaude soirée de juin, Woippy, rempli de joyeuses rumeurs, donnait un bel exemple d'optimisme, d'entrain et de bonne humeur française.
Il faut avoir gré à M. Sechehaye, maire de Woippy, d'avoir su organiser cette belle manifestation dans une heureuse atmosphère d'union qui fait contraste avec les haineuses divisions qui assaillent de toutes parts la vie du citadin.
Il fait encore bon vivre sur le terroir français. Ce ne sont pas, quoi qu'en pensent certains, quelques meneurs étrangers qui viendront jeter le désordre et le malheur dans un pays que la nature a comblé pour que la vie s’y déroule dans l'harmonie et l’équilibre de toutes ses forces.
André Maciblon.

Sur cette vue aérienne datant de 1985, on aperçoit encore, au niveau du petit bois, ce qui fut appelé le « stade Sechehaye ».

Paul Copeaux et ses Pupilles devant la tribune d'honneur.
Inauguré au cours de la fête des Fraises 1936, le stade Sechehaye, plus connu sous le nom de « Terrain de Gymnastique », était situé à l'emplacement de l'actuelle place de l'Hôtel de ville ; bordé d'un côté par l'actuel petit bois, on y accédait par la rue du Général Gibon et par un chemin de terre qui rejoignait une ruelle qui est aujourd'hui la rue Foch. Cet espace servait surtout à la pratique de l'éducation physique et à l'athlétisme.
Outre un plateau destiné à la première, il comprenait diverses installations permanentes : sautoirs en hauteur et en longueur, piste de course à pied et terrain de basket-ball.
A la bonne saison, une barre fixe, des barres parallèles et un portique avec trapèze, anneaux et cordes y étaient installés.
Principalement utilisé par les sportifs et les gymnastes de l'Union de Woippy, ce terrain était également fréquenté par les élèves de l'école des garçons qui venaient y préparer, sous la conduite de Paul Copeaux, les épreuves sportives du Certificat d'Etudes et du Brevet Sportif Populaire, ou tout simplement assister à une leçon d'histoire naturelle en plein air.
Le stade Paul Sechehaye a été désaffecté en 1940 par les autorités allemandes lors de la dissolution de toutes les associations françaises en Moselle annexée de fait.

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